Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Ne pas relâcher l’effort pour éviter une rechute de la crise mondiale

le 17 janvier 2013

  • Mettre en œuvre les politiques annoncées pour dissiper les incertitudes
  • Mener à terme la réforme du secteur financier
  • Se recentrer sur une croissance véritablement génératrice d’emplois

Après avoir évité l’effondrement économique suite à la crise financière mondiale, les dirigeants ont encore du travail à accomplir et ne peuvent pas revenir à une simple gestion des affaires courantes, a déclaré Christine Lagarde, Directrice générale du FMI.

Photo : FMI

Conférence de presse de Christine Lagarde à Washington : «Nous avons évité l’effondrement, mais le danger n’est pas écarté pour autant; il est hors de question de relâcher l’effort» (photo FMI)

CONFÉRENCE DE PRESSE DE CHRISTINE LAGARDE

Le 17 janvier dernier, à l’occasion d’une conférence de presse au siège du FMI, à Washington, elle a signalé qu’il fallait se centrer sur l’économie réelle et sur la croissance —«pas n’importe quelle croissance, une croissance réellement génératrice d’emplois»

Évoquant les priorités pour 2013, Mme Lagarde a ainsi résumé la situation : «Nous avons évité l’effondrement, mais le danger n’est pas écarté pour autant; il est hors de question de relâcher l’effort».

Elle a précisé que l’effondrement avait été évité dans la plupart des régions du monde, grâce aux politiques adoptées par les banques centrales et par les gouvernements — notamment dans les économies avancées. Elle a toutefois précisé qu’il restait encore beaucoup à faire. Les décideurs et les gouvernants ne peuvent pas relâcher leur attention en supposant que comme une certaine reprise est en vue et que les marchés tablent sur de bonnes nouvelles, ils peuvent lever le pied et revenir à une gestion normale des affaires courantes.

Mme Lagarde a précisé qu’il fallait agir sur trois fronts.

Premièrement, mettre en œuvre les politiques adoptées afin de dissiper les incertitudes. Il est essentiel de mettre fin aux incertitudes pour insuffler une nouvelle confiance.

• Dans la zone euro il faut avancer sur le dossier de l’union bancaire et il convient de maintenir l’assouplissement monétaire pour entretenir la demande.

• Aux États-Unis, toutes les parties doivent se mobiliser dans l’intérêt national pour parvenir à temps à un accord sur le relèvement du plafond de la dette et sur un désendettement à moyen terme.

• Les pays émergents et à faible revenu doivent générer un taux de croissance durable et nécessaire pour assurer le bien-être de leur population. Certains de ces pays sont beaucoup plus ouverts et vulnérables au risque de contagion provenant des pays avancés, tandis que d’autres sont plus interconnectés au plan régional et moins exposés à ce risque. En tout état de cause ils doivent reconstituer leur marge de manœuvre face aux conséquences de la crise.

Une détermination qui fléchit

Deuxièmement, mener à terme la réforme du secteur financier. «Nous reconnaissons que des progrès ont été réalisés, mais le processus a été particulièrement laborieux et il contribue encore au climat d’incertitude. La détermination semble fléchir», a ajouté Mme Lagarde. Certaines réformes sont diluées ou édulcorées à la marge, ou bien encore leur exécution marque le pas et des démarches discordantes ouvrent la porte à de possibles arbitrages. «Il importe que les régulateurs, les superviseurs et les autorités répondent au ferme rejet que manifeste le secteur».

Parmi les principaux risques il convient de mentionner un affaiblissement encore plus marqué des normes de fonds propres et de liquidités et des progrès insuffisants sur les dossiers des résolutions transfrontalières, des banques parallèles et des dérivés. Mme Lagarde a rappelé que l’objectif ultime est de veiller à ce que le secteur financier accompagne la croissance et l’économie réelle.

Troisièmement, se centrer sur l’économie réelle et sur la croissance — «pas n’importe quelle croissance, une croissance qui soit réellement génératrice d’emplois». Rappelant qu’il y a aujourd’hui 200 millions de personnes sans emploi dans le monde, et que deux chômeurs sur cinq ont moins de 24 ans, Mme Lagarde a affirmé «il nous faut une croissance pour l’emploi, et des emplois pour la croissance. Nous devons entretenir ce cercle vertueux».

Elle a préconisé des mesures pour promouvoir une croissance solidaire qui distribue les fruits de l’expansion à l’ensemble de la société. Cela signifie remplacer les subventions aux produits énergétiques par des transferts monétaires et des dispositifs de protection sociale «correctement ciblés pour venir en aide à ceux qui en ont véritablement besoin, et qui ne soient pas universels au risque de profiter à tout le monde — y compris à ceux qui peuvent largement s’en passer».

Mme Lagarde a en outre engagé les autorités à promouvoir une croissance équilibrée qui soit plus compatible avec la viabilité de l’environnement et avec la lutte contre le changement climatique.

Appui aux pays membres du FMI

Soulignant que le FMI s’est renforcé, qu’il était mieux équipé sur le plan financier et qu’il avait affiné ses outils analytiques, Christine Lagarde a déclaré que l’institution continuera d’étoffer sa surveillance, notamment celle des effets de débordement et du secteur financier. Elle renforcera en outre davantage l’aide qu’elle apporte à l’ensemble des pays membres, sous la forme de prêts, de développement des capacités, de formation ou d’assistance technique.

«Si l’on jette un coup d’œil à la carte du monde pour voir où sont déployées nos équipes, qu’elles se consacrent au renforcement des capacités, à l’assistance technique ou à la mise en œuvre de programmes avec ou sans financement, nous constatons que nous sommes partout», a-t-elle précisé. Elle a ajouté que le FMI ne relâcherait pas les efforts pour mener à bien la réforme des quotes-parts et de la gouvernance, entreprise importante et qui reste inachevée.

Répondant aux questions des journalistes, Mme Lagarde a salué les priorités du programme élaboré par les autorités russes dans la perspective des prochaines réunions du Groupe des Vingt qui se tiendront en Russie. Elle a déclaré que la priorité accordée à la création d’emplois, à la réforme du secteur financier et à l’évaluation mutuelle pour guider les politiques nationales était importante et qu’elle recevra l’appui du FMI.

Prêts à la Grèce et au Portugal

Mme Lagarde a noté que le 16 janvier le Conseil d’administration du FMI avait approuvé un décaissement de 3,24 milliards d’euros en faveur de la Grèce dans le cadre de l’accord de prêt quadriennal conclu avec ce pays, ce qui porte le total des montants décaissés par le FMI au titre de cet accord à 4,86 milliards d’euros. Elle a manifesté l’espoir que la population grecque apporte son soutien aux efforts déployés par les autorités pour rétablir la croissance.

Mme Lagarde a salué les progrès enregistrés par le Portugal dans la réduction de son déficit budgétaire, notant que le 16 janvier le Conseil d’administration du FMI avait approuvé un décaissement de la tranche suivante de 838,8 millions d’euros dans le cadre de l’accord triennal de prêt conclu entre le Portugal et le FMI.

Répondant à une question relative aux études du FMI sur les multiplicateurs budgétaires, Mme Lagarde a déclaré que le FMI n’obéissait pas à des principes immuables. «Cette institution peut s’enorgueillir de remettre en question, revoir, réexaminer et mettre à l’épreuve sans relâche ses hypothèses et ses conclusions, de manière à suivre aussi fidèlement que possible les événements» a conclu Mme Lagarde.