Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Une économie mondiale plus dynamique et plus créatrice d’emplois, thème du programme de travail du FMI

le 19 juin 2014

  • Le retrait des mesures monétaires exceptionnelles au centre de l’analyse
  • Le FMI va examiner l’influence des réformes structurelles sur l’emploi et la croissance
  • La coopération est essentielle pour stimuler la croissance et limiter les retombées négatives

Le programme de travail du FMI pour la période à venir est centré sur la transformation de la reprise actuellement modeste, inégale et fragile en une croissance plus rapide, équilibrée et durable.

Ouvrier du bâtiment à Paris : le FMI va étudier dans les prochains mois les interactions entre politique budgétaire, croissance à long terme et emploi (photo: Mal Langsdon/Reuters/Newscom)

Ouvrier du bâtiment à Paris : le FMI va étudier dans les prochains mois les interactions entre politique budgétaire, croissance à long terme et emploi (photo: Mal Langsdon/Reuters/Newscom)

PROGRAMME DE TRAVAIL DU FMI

En procédant à l’examen semestriel du programme de travail du FMI, le Conseil d’administration s’est attaché à traduire les orientations énoncées en avril dans le Plan d’action mondial et le communiqué du Comité monétaire et financier international (l’organe directeur du FMI) en un plan concret pour les douze prochains mois.

Le nouveau programme de travail met l’accent sur la nécessité de bien gérer la normalisation monétaire, le rôle de l’investissement public dans la croissance économique, l’importance des réformes structurelles pour stimuler l’emploi et la croissance et réduire les facteurs de vulnérabilité, ainsi que sur les mesures à prendre pour faciliter le rééquilibrage des comptes extérieurs.

Dans l’interview qui suit, Siddharth Tiwari, Directeur du Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation du FMI, commente les priorités de l’institution pour les prochains mois.

Bulletin : La gestion du retrait des mesures monétaires exceptionnelles a été au centre de l’attention ces derniers mois. Comment le FMI compte-t-il avancer dans ce domaine?

M. Tiwari : Les questions touchant au retrait des mesures monétaires exceptionnelles continueront de figurer en bonne place dans le programme de travail du FMI. Pour les pays membres, cette évolution engendre plusieurs défis. Pour les pays avancés qui ont mené une politique monétaire non conventionnelle, la question qui se pose est celle du moment et de la manière de retirer en douceur les mesures de stimulation exceptionnelles, en tenant compte des répercussions que cela peut avoir pour le reste du monde (retombées) et des conséquences pour les pays avancés eux-mêmes — ce que nous appelons les «effets de retour».

Pour les pays émergents et en développement, la question est de savoir comment réagir si les flux de capitaux et les monnaies deviennent plus instables. Ces pays veulent savoir dans quelle mesure ils peuvent calibrer leurs taux de change et leurs autres politiques pour bien gérer les retombées et nous nous efforcerons de répondre aux questions qu’ils peuvent avoir sur l’approfondissement du secteur financier comme moyen de devenir plus résilients.

Au delà des défis immédiats, nous comptons aussi, plus fondamentalement, réfléchir à la politique monétaire à mener une fois que les conditions financières seront revenues à la normale.

Pour un grand nombre de pays, l’une des grandes priorités consiste à poursuivre le rééquilibrage des finances publiques tout en préservant la croissance économique. Comment le FMI les aide-t-il dans ce domaine?

Tiwari : Cette question est importante pour beaucoup de pays avancés qui connaissent un chômage élevé, une croissance modeste et un fort niveau d’endettement — mais aussi pour les pays émergents et les pays pionniers qui subissent un ralentissement des taux de croissance économique, un rétrécissement de leur marge de manœuvre et une volatilité accrue sur les marchés. Les services du FMI effectueront des analyses pour évaluer les interactions entre politique budgétaire, croissance à long terme et emploi.

Nous réfléchirons aussi au moyen de rehausser la productivité de l’investissement public dans un environnement marqué dans beaucoup de régions par la diminution du stock de capital public et une marge de manœuvre budgétaire restreinte pour lancer de nouveaux projets. Bien entendu, le FMI aidera aussi à renforcer les capacités dans des domaines tels que la gestion des finances publiques et la politique fiscale, et il se tient prêt à apporter un soutien financier, le cas échéant.

Le CMFI encourage vivement les pays à procéder à des réformes structurelles en cette période de transition pour l’économie mondiale. Comment le programme de travail traite-t-il cette question, ainsi que la nécessité de faire en sorte que la croissance économique soit plus durable, crée davantage d’emplois et bénéficie au plus grand nombre?

Tiwari : Vous avez raison. Comme la marge de manœuvre pour mener une politique d’accompagnement se rétrécit dans de nombreux pays, les réformes structurelles sont de plus en plus nécessaires en tant que levier d’action pour les pouvoirs publics. Elles peuvent prendre beaucoup de formes; par exemple, elles peuvent concerner les politiques de l’emploi, de l’éducation et de la santé, pour n’en citer que quelques-unes. Bien évidemment, nous ne pouvons pas fournir des conseils et une assistance dans tous les domaines. C’est la raison pour laquelle l’examen triennal de la surveillance 2014, qui sera terminé cet automne, fournira des orientations quant aux réformes structurelles sur lesquelles le FMI devrait concentrer son attention.

Entre-temps, notre programme de travail comprend déjà plusieurs éléments qui ont trait à l’importance des réformes structurelles pour faire en sorte que la croissance économique soit plus durable, crée davantage d’emplois et profite au plus grand nombre. L’édition à paraître des Perspectives de l’économie mondiale examinera l’importance des infrastructures publiques pour la croissance économique. Nous nous intéresserons aussi au rôle que l’approfondissement du secteur financier peut jouer dans les pays émergents et en développement en soutenant la croissance et en rendant les économies plus résilientes.

D’autres travaux analytiques sur les réformes structurelles seront adaptés aux besoins de chaque pays — dans les pays de la zone euro, les responsables cherchent à financer les petites et moyennes entreprises et s’inquiètent du chômage des jeunes, tandis que dans les pays à faible revenu, «transformation» et «diversifications» sont les maîtres-mots.

Comment le FMI s’appuiera-t-il sur les initiatives en cours pour encourager la coopération et la cohérence en matière de politique économique?

Tiwari : Le monde est de plus en plus interconnecté — nous sommes tous logés à la même enseigne, pour ainsi dire. Étant donné que la croissance mondiale est inférieure à ce qu’elle devrait être et que les marchés ont de temps à autre des accès de fébrilité, il est de la plus haute importance que nous coopérions pour soutenir la croissance et limiter les risques. Pour encourager la coopération, nous continuerons d’analyser la cohérence multilatérale des politiques économiques des pays membres ainsi que les conséquences des actions d’un pays pour les autres, notamment au moyen du rapport sur les effets de contagion et du rapport pilote sur le secteur extérieur, qui paraîtront en juillet. En outre, il est prévu d’étendre notre méthode d’évaluation du secteur extérieur à un groupe plus large de pays et d’évaluer l’expérience des différents pays en matière de rééquilibrage à l’échelle mondiale.

En même temps, il est important de réfléchir à ce que nous pouvons faire pour mieux comprendre les risques et les retombées, et pour mettre à profit ces connaissances afin de fournir des conseils adaptés aux défis auxquels les pays sont confrontés aujourd’hui, à savoir devenir plus résistant aux chocs et rendre la croissance économique plus durable. Étant donné que l’efficacité de nos conseils dépend de plus en plus du degré de collaboration entre les pays, l’examen triennal de la surveillance 2014, que j’ai déjà mentionné, considère aussi le rôle du FMI dans la coopération mondiale.

Nous voulons aussi développer le regroupement des consultations au titre de l’article IV, c’est-à-dire mener des consultations avec un groupe de pays qui ont en commun certains défis et caractéristiques, ou qui sont liés sur le plan économique. Nous avons achevé récemment des consultations regroupées pour les pays baltes et des consultations regroupées sont prévues au cours des douze prochains mois pour les pays du groupe ASEAN 5 ainsi que pour les pays européens qui ont connu une crise immobilière. Le regroupement de pays est une innovation récente — il fait prendre conscience du fait que nous avons plus de points en commun que de choses qui nous séparent, et montre que la coopération est nécessaire.

Qu’est-ce qui est prévu pour les pays à faible revenu?

Tiwari : Jusqu’à présent, les pays à faible revenu ont fait preuve d’une résilience impressionnante et affiché une croissance vigoureuse. Pour la période à venir, le principal enjeu pour eux sera de maintenir le rythme accéléré de la croissance, notamment en développant les échanges commerciaux et l’investissement, pour rehausser les niveaux de vie. Nous avons achevé récemment des analyses sur l’importance de la transformation structurelle et de la diversification pour stimuler la croissance, ainsi que sur la gestion des richesses naturelles — la prochaine étape consistera à transposer ces travaux sur le plan opérationnel pour aider les responsables des pays membres.

Cet automne, nous ferons aussi le point des perspectives et des vulnérabilités des pays à faible revenu. En plus de ses concours financiers, qui restent nombreux, le FMI continuera de renforcer les capacités sur le terrain, notamment par le biais des centres régionaux d’assistance technique, pour aider à la mise en place de cadres de politique monétaire plus robustes, améliorer les statistiques et apporter d’autres formes d’assistance.