Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Le FMI accorde à la Guinée un concours complémentaire de 37,7 millions de dollars pour combattre le virus Ébola

le 17 février 2015

  • Le Conseil d’administration du FMI approuve un décaissement de 25,9 millions de dollars au titre du programme en cours
  • Le Conseil débloque en outre une rallonge de 37,7 millions de dollars
  • La Guinée crée un compte budgétaire spécial pour administrer les dépenses liées à la lutte contre l’épidémie d’Ébola

Le Conseil d’administration du FMI approuve un décaissement de 25,9 millions de dollars en faveur de la Guinée au titre du programme en cours dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’une rallonge de 37,7 millions de dollars.

RESSOURCES POUR LA LUTTE CONTRE LE VIRUS ÉBOLA

Le FMI explique que cette initiative vise à étoffer les réserves de change de la Guinée, à boucler son budget et à satisfaire les besoins de balance des paiements urgents liés à l’épidémie d’Ébola.

La rallonge financière débloquée en faveur de la Guinée s’ajoute aux dons octroyés pour financer l’allégement de la dette, grâce à un fonds doté de 100 millions de dollars dont le FMI a annoncé la création dans le courant du mois. L’allégement de la dette fait suite à l’assistance d’urgence totalisant 130 millions de dollars octroyée par le FMI en septembre 2014 aux pays d’Afrique les plus gravement affectés par l’épidémie d’Ébola (Guinée, Libéria et Sierra Leone).

Le FMI a déclaré que le Conseil d’administration a achevé la revue des résultats économiques de la Guinée dans le cadre du programme appuyé par un prêt de 199 millions de dollars au titre de la facilité élargie de crédit approuvé en février 2012. Tous les critères de réalisation quantitatifs avaient été respectés, mais, comme l’attention des autorités était rivée sur la lutte contre l’épidémie d’Ébola, les réformes structurelles s’étaient ralenties et la réalisation de certains repères avait été retardée. Le programme a été prolongé jusqu’à la fin-décembre 2015.

Les services du FMI ont indiqué dans leur rapport que la politique économique de la Guinée programmée pour 2015 soutiendrait le combat contre l’épidémie du virus Ébola, qui risque fort de persister pendant une bonne partie de l’année et de faire sombrer l’économie dans la récession cette année. Ils considèrent qu’un effort concerté de la communauté internationale est nécessaire pour aider les autorités à mener à bien leur plan d’action face au virus Ébola.

Un compte budgétaire spécial

Les projections budgétaires de la Guinée pour 2015 font entrevoir un creusement du déficit, en partie pour assurer les dépenses liées à l’épidémie. Les autorités guinéennes ont créé un compte budgétaire spécial pour consacrer les ressources provenant de dons et de prêts concessionnels à la lutte contre le virus. Les services du FMI ont aussi noté que ce compte spécial permettra aussi de garantir la transparence et de donner des gages aux bailleurs de fonds.

D’après le rapport des services du FMI, l’épidémie d’Ébola a freiné l’activité économique en Guinée, la projection de croissance pour 2014 se situant à 0,4 %, contre 2,3 % en 2013. L’activité a été gravement entravée par la fermeture des frontières et les contrôles, les déplacements de populations qui ont créé des pénuries de main-d’œuvre agricole, la baisse du nombre de visiteurs internationaux et la chute des investissements étrangers.

Le taux d’infection par le virus a diminué en Guinée, et s’est stabilisé à la fin de 2014. Bien que concentrée dans la région frontalière du Sud-Est avec le Libéria et la Sierra Leone, l’épidémie s’est récemment propagée vers le nord du pays, en direction des zones de production de bauxite et d’or.

Le gouvernement poursuit ses efforts énergiques pour contenir l’épidémie, est-il noté dans le rapport. Au quatrième trimestre de 2014, cinq nouveaux centres de traitement ont été ouverts, ce qui en porte le total à sept.

Pour 2015, les projections font entrevoir une activité économique encore perturbée, notamment par les effets secondaires de l’épidémie d’Ébola, dont les fermetures d’entreprises et les licenciements. La production et les investissements seront restreints en raison de l’offre de main-d’œuvre limitée et de sa faible mobilité, et l’investissement mettra du temps à se relever à cause de l’aversion au risque des investisseurs et de la baisse des cours des matières premières.

Incertitudes pour 2016

L’incertitude plane sur les perspectives économiques à moyen terme de la Guinée, selon le rapport. L’éradication du virus Ébola cette année devrait permettre un vaste redressement de l’activité et un rebond de croissance du PIB en 2016. Mais la persistance de foyers épidémiques au-delà de 2015 et la chute continue des cours des matières premières pourraient réduire l’intérêt que les investisseurs portent au développement du potentiel minier de la Guinée.

La croissance et l’investissement pourraient aussi être affectés négativement par le retard continu des réformes structurelles, surtout si la lutte contre le virus Ébola accapare les ressources administratives et si l’assistance technique prévue est retardée. En outre, de nouvelles tensions sociopolitiques et incertitudes politiques pourraient se faire jour à l’approche des élections présidentielles prévues vers la fin de l’année 2015.