Press Release: M. Strauss-Kahn préconise une action rapide, résolue et concertée face à la détérioration de la conjoncture économique et financière mondiale

le 11 octobre 2008

Communiqué de presse n° 08/245 (F)

Dans un discours prononcé au Peterson Institute for International Economics, le Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a déclaré que le monde devait agir de façon rapide, résolue et concertée pour contenir la détérioration de la conjoncture économique et financière.

Intervenant à l'occasion d'une conférence sur le thème « Dix ans d'euro : la prochaine devise mondiale ? », M. Strauss-Kahn a souligné que les turbulences des marchés financiers avaient abouti à une crise de confiance qui appelle une intervention résolue des pouvoirs publics. Selon lui « c'est l'intervention des gouvernements qui permettra de rétablir la confiance, c'est-à-dire une démarche claire, globale et concertée des pays », ajoutant « le secteur privé ne peut pas ramener la confiance à lui seul. Les politiques macroéconomiques des gouvernements ne peuvent pas non plus la rétablir à elles seules. Les mesures au coup par coup sur les marchés financiers, à elles seules, ne peuvent pas non plus y parvenir ».

Pour contribuer à la stabilisation des marchés financiers et au rétablissement de la confiance, M. Strauss-Kahn a souligné qu'il fallait agir sur quatre fronts en s'appuyant sur la responsabilisation des pouvoirs publics :

Une garantie publique explicite des engagements du système financier. La crise de confiance est telle qu'une garantie publique explicite des engagements du système financier est inéluctable; cette garantie doit, bien entendu, être temporaire et assortie de mesures de sauvegarde. Elle doit s'appliquer non seulement aux dépôts des banques de détail mais peut-être aussi à ceux des marchés interbancaires et monétaires, afin que l'activité puisse reprendre sur ces marchés fondamentaux.

Le rachat par l'État des actifs dévalorisés afin d'obliger à la constatation des pertes. Les pouvoirs publics doivent purger ces actifs dépréciés en les rachetant à leur juste valeur de marché. Cela forcera les institutions financières à reconnaître ces pertes.

Des injections de capitaux par les pouvoirs publics. Les fonds privés se faisant rares dans la conjoncture actuelle, le soutien de l'État devient nécessaire. Il est une stratégie qui a donné des résultats lors de précédentes crises : celle d'un abondement de l'État aux souscriptions privées, l'emploi des fonds publics étant soumis à l'épreuve du marché.

Une coopération internationale poussée. Durant la semaine écoulée, la défiance manifeste sur les marchés a eu pour corollaire une crise de confiance entre les pays. Ce climat a déclenché une tendance à l'adoption de mesures unilatérales dans le souci de promouvoir des intérêts nationaux, au risque de provoquer dans d'autres pays les conséquences inopinées du « chacun pour soi ».

S'agissant de la situation macroéconomique mondiale, M. Strauss-Kahn a mis en garde contre les effets que la crise actuelle des marchés aura a plus long terme. Aux États-Unis les entreprises et les ménages ont peut-être une attitude plus saine face au risque, mais des politiques macroéconomiques d'appui à l'économie peuvent devenir nécessaires si l'investissement privé et la consommation s'essoufflent à court terme. L'Europe occidentale a également été durement touchée. M. Strauss-Kahn a signalé que si la région n'avait pas connu de crise monétaire majeure du fait de la réussite de l'euro, les pays européens ont tout de même de redoutables défis à relever dans la crise financière actuelle.

S'agissant des pays émergents, M. Strauss-Kahn a déclaré que même si nombre d'entre eux sont mieux équipés que par le passé, ils restent menacés du fait de leurs considérables besoins en financement extérieur et, dans certains cas, de la fragilité de leur système bancaire. Il appartient aux gouvernements de prendre des mesures adaptées à leur situation particulière, mais le cas échéant le FMI sera prêt à fournir un soutien rapide aux pays émergents.

« Nous déclencherons des procédures d'urgence pour réagir rapidement aux demandes, en offrant des programmes financiers à niveau d'accès élevé fondés sur une conditionnalité simplifiée, elle-même centrée sur les ripostes prioritaires à la crise ».

M. Strauss-Kahn a également souligné l'impact de la flambée des prix des produits alimentaires et énergétiques sur les pays en développement, rappelant que « dans beaucoup de pays en développement, la crise la plus urgente n'est pas celle qui sévit sur les marchés financiers mais celle que connaissent les marchés des matières premières. Nous ne devons pas oublier cette autre crise ». Les autorités doivent évaluer les options pour amortir le choc, mais M. Strauss-Kahn a souligné que le FMI et la Banque mondiale étaient prêts à apporter leur concours, qu'il s'agisse de conseils de politique économique, d'assistance technique ou d'appui financier. Il a par ailleurs engagé les pays donateurs qui subissent des contraintes budgétaires à ne pas réduire l'aide extérieure aux plus vulnérables.

Quels enseignements tirer de la crise ? M. Strauss-Kahn a insisté sur le renforcement de la réglementation et du contrôle du secteur financier et sur la réforme de l'architecture du système financier international.

« La crise s'explique par trois échecs : celui de la réglementation et de la supervision dans les pays avancés ; celui de la gestion des risques dans les institutions financières privées; et celui des mécanismes de discipline des marchés » selon M. Strauss-Kahn, qui estime que « le FMI peut contribuer à coordonner le travail nécessaire pour y remédier, en faisant appel au savoir-faire de tiers ».

Pour réformer l'architecture internationale il faudra renforcer la légitimité et l'efficacité du système. « La légitimité doit s'appuyer sur des groupes plus vastes. Il est un changement très simple qui consisterait à étendre le G8 au moins à la Chine, à l'Inde et au Brésil, voire à d'autres. Mais cela doit aller de pair avec un recours plus affirmé aux institutions multilatérales quasi-universelle, de sorte qu'aucun pays souhaitant participer au système international ne soit tenu à l'écart ». Des résultats effectifs peuvent être obtenus grâce à une meilleure coordination entre organisations internationales et un meilleur suivi des accords internationaux.

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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