Communiqué de presse: M. Dominique Strauss-Kahn, Directeur général du FMI, plaide pour une stratégie mondiale face aux enjeux de l’après-crise

le 4 avril 2011

Communiqué de presse n° 11/114
Le 4 avril 2011

Dans un discours intitulé «À enjeux mondiaux, solutions mondiales», prononcé aujourd’hui à l’Université George Washington à Washington, M. Dominique Strauss-Kahn, Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a plaidé en faveur d’une nouvelle approche des réalités économiques, aux lendemains de la récente crise mondiale. Il a énuméré trois axes stratégiques : une nouvelle approche de la politique macroéconomique et du secteur financier, une nouvelle approche de la cohésion sociale et une nouvelle approche de la coopération et du multilatéralisme.

Analysant la situation économique actuelle, M. Strauss-Kahn a noté que la reprise mondiale est déséquilibrée, au plan international comme au plan national, et que l’incertitude continue à planer sur les perspectives mondiales. Il a en particulier évoqué le Moyen-Orient, qui vit en ce moment «une transformation historique», car «les citoyens revendiquent plus de liberté, ainsi qu’une répartition plus juste des chances et des ressources économiques». L’enjeu immédiat au Moyen-Orient, a-t-il déclaré, «consiste à préserver la cohésion sociale sans compromettre la stabilité macroéconomique».

Dans la sphère macroéconomique mondiale, a ensuite expliqué M. Strauss-Kahn, il ne faut pas s’en tenir à la stabilité des prix, mais veiller à maintenir la stabilité financière, en maniant les armes de la réglementation macroprudentielle. La crise a démontré la valeur de la politique budgétaire, qui avait longtemps été laissée pour compte dans la panoplie des instruments de gouvernement. M. Strauss-Kahn a aussi appelé à faire progresser plus résolument les réformes du secteur financier, y compris les réformes transfrontalières, et il a plaidé pour l’institution d’une taxe sur les activités financières.

«La conception d’un nouvel ordre macroéconomique pour le monde d’aujourd’hui exige que la main passe — au moins dans une certaine mesure — du marché à l’État et que, d’une simplicité relative, l’on s’achemine vers relativement plus de complexité.»

M. Strauss-Kahn a recommandé aux décideurs de prêter davantage d’attention aux inégalités et à la cohésion sociale. «Le cocktail explosif du chômage élevé persistant et des inégalités flagrantes peut miner la cohésion sociale et la stabilité politique, et, par contrecoup, la stabilité macroéconomique.» Il a suggéré que les inégalités, qui ont été un facteur au Moyen-Orient, ont sans doute aussi été une des causes profondes de la crise mondiale, et qu’une croissance mondiale durable va de pair avec une répartition plus équitable des revenus.

«Il nous faut une nouvelle forme de mondialisation, une forme plus juste de mondialisation, une mondialisation à visage plus humain», a-t-il ajouté. «Les fruits de la croissance doivent être largement partagés, et non accaparés par quelques privilégiés. Si le marché doit rester au devant de la scène, la main invisible ne doit pas devenir le poing invisible.»

M. Strauss-Kahn a souligné les vertus d’une coopération plus active et du multilatéralisme dans le monde de l’après-crise, notant «que les grands enjeux d’aujourd’hui appellent tous une solution collective». Il a lancé une mise en garde aux pays qui seraient tentés de manipuler leurs monnaies ou d’user de restrictions commerciales pour faire des profits sans lendemain.

«Dans ce monde nouveau, les institutions multilatérales, foyers de coopération mondiale, vont prendre encore plus d’importance. Mais il faut qu’elles gardent leur pertinence. Elles doivent s’adapter à la nouvelle mondialisation», a rappelé M. Strauss-Kahn. Il a expliqué que le FMI s’efforce de mieux comprendre les interconnexions complexes qui traversent l’économie mondiale, afin d’être mieux capable de prévenir les crises, et non simplement de les gérer. Mais pour ce faire, il a besoin de légitimité, a-t-il noté, et c’est pourquoi les récentes réformes de la gouvernance de l’institution ont une importance particulière.

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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