Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Le magazine F&D consacre son édition de septembre à l’Amérique latine, minée par une croissance faible, après une décennie prospère

le 27 août 2015

  • L’Amérique latine entre dans une phase d’incertitude après une décennie de forte croissance économique
  • En dépit de progrès notables, les inégalités sont encore frappantes dans la région
  • La corruption et d’autres problèmes de gouvernance peuvent faire obstacle aux progrès

Les nations d’Amérique latine, de même que les pays émergents du monde entier, ont connu entre 2004 et 2013 une croissance fulgurante, qui n’a que brièvement fléchi pendant la crise financière de 2008-2009 qui a déferlé sur les États-Unis et l’Europe.

PERSPECTIVES RÉGIONALES

Mais cette ère de prospérité a pris fin il y a deux ans et «la région donne pour une large part le sentiment d’une promesse non tenu», déclare le Professeur José Antonio Ocampo, de Columbia University dans l’édition de septembre 2015 de Finance & Développement. La soudaine dégradation des perspectives économiques latino-américaines s’explique par la conjoncture internationale — principalement marquée par la baisse des cours des matières premières et le ralentissement de l’expansion du commerce international.

Pour se remettre sur pied, explique Ocampo dans ce numéro de F&D consacré à l’Amérique latine, les pays de la région doivent «entreprendre des réformes afin de diversifier l’économie et de mettre à niveau la technologie de leurs structures de production afin d’être moins tributaires des fluctuations des matières premières».

La soudaine érosion de la situation économique de l’Amérique latine crée l’incertitude quant à ses perspectives d’avenir, mais peut aussi ruiner une décennie de progrès social.

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Moins d’inégalité

L’inégalité des revenus, par exemple, a diminué dans presque tous les pays d’Amérique latine depuis le début du siècle — à la différence du reste du monde —, comme l’explique Nora Lustig, Professeure à Tulane University. Couplée à une croissance économique en plein essor, la réduction des inégalités a fait reculer la pauvreté, surtout l’extrême pauvreté, en Amérique latine. Lustig considère que le déclin de l’inégalité est dû à deux grands facteurs : la répartition plus équitable des revenus et les transferts publics.

Elle constate que, bien que la situation se soit améliorée au cours des quinze dernières années, les inégalités restent plus marquées en Amérique latine que dans une grande partie du reste du monde. Et les chances de progrès sont subordonnées à la durée du ralentissement de la croissance et à son incidence sur la rémunération des emplois à faible et à haut revenu.

Enjeux régionaux

Daniel Kaufmann, considère que la piètre qualité de la gouvernance reste un obstacle majeur à l’amélioration continue de la situation économique et sociale en Amérique latine. Il note que l’amélioration sensible de la transparence de la gestion économique ne s’est pas accompagnée de réformes, notamment politiques et institutionnelles, à plus long terme. Au cours des 15 dernières années, on constate en moyenne, une stagnation de l’efficacité du gouvernement, de la lutte contre la corruption et de la participation à la vie publique et la responsabilisation, et une dégradation de la qualité globale de la réglementation et de la primauté du droit.

Alejandro M. Werner, Directeur du Département de l’Hémisphère occidental du FMI, pointe la défiance des consommateurs et des entreprises à l’égard des décideurs et de leurs politiques pendant les temps difficiles que connaît maintenant l’Amérique latine. Pour rétablir la confiance, écrit-il à la rubrique «Entre nous» de F&D, les gouvernements de la région doivent «clarifier l’orientation de leur politique économique et affermir les démocraties et les institutions de marché latino-américaines.»

D’autres articles traitent de la nécessité d’un recentrage de la politique commerciale des pays d’Amérique latine sur la participation aux chaînes de valeur mondiales; des conséquences que pourrait avoir un exode massif des capitaux et de ce que pourrait signifier pour les banques centrales l’extension de leurs responsabilités économiques au-delà de la maîtrise de l’inflation.

Nicole Laframboise, économiste au FMI, examine les perspectives que le dégel des relations entre les États-Unis et Cuba pourrait ouvrir pour le tourisme dans ce pays insulaire — et les autres nations des Caraïbes.

Autres articles

L’édition de septembre 2015 de F&D passe aussi en revue le déclin à long terme de du taux de participation à la vie active aux États-Unis, qui résulte principalement — mais pas intégralement — du vieillissement démographique.

Un autre article conclut que la politique monétaire non conventionnelle adoptée par la Réserve fédérale américaine à la suite de la crise financière mondiale a eu un effet plus tangible sur les pays émergents que la politique plus conventionnelle menée pendant les années qui ont précédé la crise.

Le magazine brosse aussi le portrait de l’économiste Sabina Alkire, qui a consacré ses travaux à l’étude de la pauvreté et a mis au point un indice qui permet de nuancer la description de la pauvreté au lieu de se limiter à la définition type — un revenu inférieur à 1,25 dollar par jour. Cet indice prend en compte des facteurs tels que la santé, l’éducation et le niveau de vie.