Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Mme Lagarde préconise une «mise à niveau des politiques» face aux incertitudes qui pèsent sur les perspectives mondiales

le 30 octobre 2015

  • La croissance mondiale reste décevante et inégale
  • Une mise à niveau des politiques s’impose face aux défis actuels
  • La coopération internationale est vitale pour gérer les transitions économiques

Dans un discours prononcé au Conseil des Amériques, la Directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a engagé les gouvernants à renforcer leurs politiques pour relever les défis actuels et contribuer à la reprise de l’économie mondiale.

ASSEMBLÉE ANNUELLE DU FMI ET DE LA BANQUE MONDIALE

«Je lance un appel aux gouvernants en faveur d’une mise à niveau de leurs politiques afin de pouvoir relever les défis du moment» a déclaré Mme Lagarde.

Intervenant à la veille de l’Assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale qui aura lieu à Lima, Pérou, du 9 au 11 octobre, Mme Lagarde a précisé que la situation mondiale était «difficile et complexe».

Les perspectives de la montée des taux d’intérêt aux États-Unis, le ralentissement de l’économie chinoise, le net recul de la croissance du commerce mondial et la chute rapide des prix des matières premières contribuent, selon elle, aux incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale.

Par-delà la tragédie des conflits et des migrations forcées, Mme Lagarde a évoqué les souffrances provoquées par les bouleversements économiques et la chute de l’activité. Il y a dans le monde plus de 200 millions de chômeurs, les inégalités de revenu et de patrimoine ne cessent de se creuser et les femmes continuent d’être lésées sur le plan des salaires et des débouchés professionnels.

«Mon message est le suivant : avec les politiques appropriées, un leadership vigoureux et une coopération mondiale, nous pouvons gérer ces difficultés », a précisé Mme Lagarde.

Grandes transitions économiques

Signalant que la semaine prochaine le FMI allait publier ses dernières projections pour l’économie mondiale, Mme Lagarde a prévenu que «la croissance mondiale sera vraisemblablement plus faible cette année que l’année dernière, et seule une légère accélération est attendue en 2016».

La «bonne nouvelle», a-t-elle ajouté est celle d’un rebond modeste dans les pays avancés, en signalant toutefois une moins bonne nouvelle : celle d’un repli probable des taux de croissance dans les pays émergents. «Le panorama d’ensemble est celui d’une croissance mondiale décevante et inégale».

Ces perspectives, a expliqué Mme Lagarde, sont fortement tributaires de plusieurs «grandes transitions économiques», à savoir la transition de la Chine vers un nouveau modèle de croissance et la normalisation de la politique monétaire des États-Unis, phénomènes qui ont un retentissement à travers le monde, sous la forme de «retombées et d’effets de retour».

Mais Mme Lagarde a souligné que ces transitions sont «nécessaires et salutaires» : «elles sont bonnes pour la Chine, pour les États-Unis et pour le reste du monde. La difficulté consiste à les gérer de la manière la plus efficiente et avec le moins d’à-coups possible».

Une «mise à niveau des politiques» s’impose

Mme Lagarde a noté que ces transitions peuvent être gérées en accompagnant la demande, en préservant la stabilité financière et en menant des réformes structurelles, et précisé toutefois que le moment était venu d’agir.

«Au bout du compte, plus que jamais, il importe que tous les pays… mènent une gestion volontariste», a-t-elle déclaré.

Elle a ainsi engagé les gouvernants à redoubler d’efforts en mettant à niveau leurs politiques pour relever les défis actuels, par exemple en :

• Tenant compte des risques de retombées dans les processus décisionnels de politique monétaire, dans les pays avancés.

• S’attaquant de front aux créances improductives dans la zone euro afin d’accroître l’offre de crédit aux entreprises et aux ménages.

• Utilisant des outils macroprudentiels dans les pays émergents pour faire face à l’endettement, notamment en devises, des entreprises.

La coopération internationale, plus vitale que jamais

Mme Lagarde a souligné que la mise en œuvre des politiques «exige savoir-faire et clairvoyance», notamment dans cette conjoncture de faible croissance et de grandes incertitudes.

«Compte tenu de la nature collective de beaucoup des dossiers concernés – comme le changement climatique, le commerce international, les migrations et le dispositif de protection financière mondial – il est plus essentiel et plus urgent que jamais d’intensifier la coopération internationale», a-t-elle précisé.

Pour sa part, le FMI a entrepris d’adapter ses recommandations de politique économique et d’affiner ses activités primordiales afin de renforcer son appui aux pays membres à l’heure où ils doivent faire face à ces transitions.

L’objectif du FMI (aim en anglais) est «d’améliorer l’action sur trois axes : l’agilité, l’intégration et l’optique des pays membres, a ajouté Mme Lagarde.

«L’efficacité du FMI est tributaire de celle du soutien qu’elle reçoit de ses pays membres»
a-t-elle signalé, engageant les pays membres à adopter les réformes des quotes-parts et de la gouvernance de 2010 «pour reconnaître les changements dynamiques à l’œuvre au sein de nos pays membres, et pour veiller à ce que le FMI dispose des ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins, aujourd’hui et demain».