Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Le FMI dévoile une nouvelle méthode pour évaluer le niveau approprié des réserves d’un pays

le 24 avril 2015

  • Le FMI a mis au point le premier cadre global pour déterminer le niveau souhaitable des réserves d’un pays
  • Le but est de trouver un juste équilibre entre les coûts et les avantages de la détention de réserves
  • C’est la structure économique et financière d’un pays qui détermine le niveau de réserves à considérer comme «prudent»

Pour déterminer le niveau approprié des réserves internationales de ses pays membres, le FMI a mis au point un nouveau cadre qui met l’accent sur la prise en compte des besoins particuliers des différents types d’économie.

Les réserves — en devises et en or, détenues par la banque centrale — sont un instrument important de la politique économique de la plupart des pays (photo: Kamran Jebreili/AP/Corbis)

Les réserves — en devises et en or, détenues par la banque centrale — sont un instrument important de la politique économique de la plupart des pays (photo: Kamran Jebreili/AP/Corbis)

CRISES DE BALANCE DES PAIEMENTS

Les réserves — composées des actifs libellés en monnaies étrangères et de l’or détenus par une banque centrale — sont un instrument important de la politique économique de la plupart des pays. Utilisées en conjonction avec des politiques bien conçues, elles peuvent contribuer à réduire la probabilité de crises de balance des paiements et préserver la stabilité économique et financière. Les réserves présentent donc des avantages importants, mais elles ont aussi un coût.

La crise financière mondiale a mis en évidence l’importance pour un pays de détenir suffisamment de réserves, mais aucune méthode ne fait l’unanimité pour déterminer le niveau souhaitable de ces réserves. Un nouveau rapport du FMI tente de remédier à ces divergences de vues en proposant un cadre pour examiner la question de l’adéquation des réserves dans le contexte des «bilans de santé» des pays membres que dresse régulièrement le FMI, connus sous le nom de «consultations au titre de l’article IV».

«Ce cadre fournit des instruments pour quantifier les risques auxquels est exposé un pays», explique Nathan Porter, du Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation du FMI, coauteur du rapport. «En se fondant sur les risques contre lesquels un pays doit se prémunir, ce cadre permet aux autorités nationales de décider la quantité de réserves dont elles pourraient avoir besoin».

Le rôle des réserves

Les pays détiennent des réserves pour diverses raisons : donner confiance dans la monnaie nationale, contrer le dérèglement des marchés, soutenir la politique monétaire, accumuler des actifs pour les générations futures ou influencer le taux de change, rappellent les auteurs du rapport.

Les pays peuvent aussi souhaiter détenir des réserves à titre de précaution, afin de disposer de la marge de manœuvre nécessaire pour contrer des chocs éventuels, prévenir les désordres sur les marchés et éviter des perturbations de l’économie. Ils peuvent aussi en détenir pour d’autres raisons; par exemple, un pays exportateur de pétrole peut mettre de côté une partie de ses recettes pour préserver la richesse du pays dans l’intérêt des générations futures.

Il n’est pas simple d’évaluer le niveau approprié des réserves — à cause non seulement des multiples fonctions qu’elles remplissent, mais aussi de la difficulté de quantifier les risques externes pour tous les pays, note le rapport du FMI.

Un cadre plus détaillé

Étant donné que le rôle joué par les réserves et, par conséquent, le besoin de réserves d’un pays varient en fonction du type et de la structure de l’économie, les instruments nécessaires pour évaluer le niveau de réserves diffèrent suivant le pays considéré. Le nouveau cadre classe donc les pays en fonction de leur degré d’accès aux marchés, de la profondeur et de la liquidité de leurs marchés et de la souplesse de leur économie.

En général, indique le rapport, les pays matures (avancés) ont besoin de réserves surtout pour limiter les dysfonctionnements des marchés, et parer notamment au manque de liquidité en devises des établissements financiers. Les pays émergents et les pays à faible revenu qui ont accès aux marchés (les pays pré-émergents) s’attachent généralement à atténuer le risque de crise découlant de déficits des transactions courantes et du compte de capital. Les pays qui ont un accès limité aux marchés ont souvent besoin de réserves pour amortir les effets intérieurs d’une évolution défavorable du compte des transactions courantes.

Pour chaque groupe de pays, le rapport propose un cadre permettant d’évaluer le niveau approprié des réserves en fonction de ses caractéristiques. À cette fin, le rapport précise aussi comment évaluer des réserves pour les différents types de pays au sein de chaque groupe : par exemple, les pays ayant institué un contrôle des mouvements de capitaux, les pays dont l’économie est largement tributaire des produits de base et les économies dollarisées.

Ce cadre — qui s’appuie sur les travaux publiés en 2011 et 2013 — est considérablement plus détaillé que les méthodes d’évaluation antérieures pour ce qui est des caractéristiques des pays, indique M. Porter. Il accorde aussi une plus large place aux pays avancés, groupe dont les besoins de réserves n’étaient guère pris en compte avant la crise financière mondiale.

Trop, trop peu, juste ce qu’il faut

Détenir trop peu de réserves peut être problématique, mais en détenir trop aussi, observe le rapport. Pour toutes les catégories de pays, la détention de réserves comporte un coût d’opportunité, autrement dit les réserves peuvent rapporter moins que si elles étaient utilisées à d’autres fins. Pour les pays à faible revenu en particulier, le capital public qui est affecté aux réserves pourrait, s’il ne l’était pas, servir à construire les infrastructures dont ces pays ont tant besoin, ce qui rapporterait sans doute un dividende bien plus élevé à long terme.

«Il existe un point à partir duquel les avantages de la détention de réserves supplémentaires n’est plus justifiable par rapport au coût que cela implique, explique M. Porter. Pour tous les pays, souligne-t-il, il y a une fourchette de réserves dont la détention est souhaitable et c’est cela que le nouveau cadre cherche à déterminer.»

Comme la détention de réserves comporte à la fois des coûts et des avantages, le rapport propose que les consultations au titre de l’article IV incluent une discussion plus approfondie des objectifs déclarés de la détention de réserves, une évaluation du besoin de détenir des réserves à titre de précaution et un examen du coût des réserves.

L’existence d’amortisseurs externes au-delà des réserves — par exemple les accords de crédit réciproques entre banques centrales et les lignes de crédit consenties par les institutions financières internationales — devrait aussi être prise en compte lorsqu’il s’agit d’examiner l’adéquation des réserves d’un pays, de même qu’une évaluation des risques à moyen terme.

L’accumulation de réserves par un pays peut aussi avoir d’importantes répercussions sur d’autres pays. Cet aspect de l’accumulation de réserves est examiné dans le Rapport sur les effets de contagion et le Rapport sur le secteur extérieur du FMI.