Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Politique monétaire pour les pays en développement : perspectives

le 3 décembre 2015

  • Les pays à faible revenu cherchent à mieux maîtriser l’inflation par la politique monétaire
  • Des principes de politique monétaire solides pour guider les pays.
  • Le FMI continuera d’accompagner les pays dans leurs efforts de modernisation des cadres de politique monétaire

D’après une nouvelle étude du Fonds monétaire international, de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire souhaitent se doter d’un dispositif moderne de politique monétaire permettant un meilleur ancrage de l’inflation et favorisant la stabilité macroéconomique et la croissance.

Des femmes ougandaises participant à un programme de microfinance comptent pièces et billets. Bien que son système financier soit peu développé, l’Ouganda a stabilisé ses taux courts et adopté un régime de ciblage de l’inflation (photo : Macduff Everton/National Geographic/Corbis)

Des femmes ougandaises participant à un programme de microfinance comptent pièces et billets. Bien que son système financier soit peu développé, l’Ouganda a stabilisé ses taux courts et adopté un régime de ciblage de l’inflation (photo : Macduff Everton/National Geographic/Corbis)

POLITIQUE MONÉTAIRE

Durant les vingt dernières années d’importants progrès ont été réalisés sur le front de la libéralisation et du développement des marchés financiers. Mais d’après le FMI, la plus grande indépendance des banques centrales, la moindre prépondérance des considérations budgétaires et l’exposition accrue aux marchés financiers mondiaux incitent un nombre grandissant de pays à faible revenu à moderniser leur cadre de politique monétaire.

Les solides principes de politique monétaire restent de mise

L’étude des services du FMI, intitulée Evolving Monetary Policy Frameworks in Low-Income and Other Developing Countries, a pour but de fournir des orientations à ce groupe de pays. Elle développe les mêmes principes que ceux qui caractérisent les dispositifs de politique monétaire efficaces dans les pays à même de mener une politique monétaire indépendante. «Ces principes regroupent les caractéristiques fondamentales que doit avoir tout cadre prospectif et rigoureux de politique monétaire» notent les auteurs, ajoutant que les pays doivent réfléchir à la manière de les appliquer au mieux pour mener leurs programmes de réformes.

D’après le rapport, les principes qui caractérisent un cadre efficace de politique monétaire pour les banques centrales sont les suivants :

• un mandat clair et une autonomie d’action dans la poursuite des objectifs;

• la stabilité des prix comme objectif premier de la politique monétaire à moyen terme;

• un objectif d’inflation à moyen terme qui guide les décisions et la communication de la politique monétaire;

• la prise en compte de la stabilité macroéconomique et de la stabilité financière pour déterminer les politiques;

• un cadre opérationnel clair et efficace aligné avec la situation des marchés et l’orientation de la politique;

• une stratégie transparente et prospective;

• une communication claire contribuant à l’efficacité globale de la politique monétaire.

S’il est vrai que ces principes sont compatibles avec les régimes de ciblage de l’inflation, l’étude souligne que ces régimes ne sont pas les seuls possibles. «Premièrement, le sens du ciblage de l’inflation varie et évolue dans le temps. Les principes énoncés dans l’étude insistent sur la primauté d’un objectif d’inflation à moyen terme, mais ne signifient pas qu’il faille se focaliser exclusivement sur l’inflation sans se préoccuper des conséquences pour l’économie réelle et le système financier» précise l’étude.

La stabilité des prix, première étape cruciale d’un programme de réformes

Le rapport souligne en outre l’importance de la stabilité des prix comme objectif fondamental d’un programme de réformes national, à mesure qu’un pays évolue vers un cadre basé sur le taux d’intérêt et une plus grande flexibilité du taux de change. Il est également essentiel de développer des outils analytiques pour guider les politiques et des stratégies de communication efficaces pour mieux ancrer les anticipations inflationnistes, précise le document.

Il existe d’importantes différences dans la manière dont les pays ont modernisé leur cadre de politique monétaire, et le document tire enseignement des expériences de plusieurs pays dans un document de référence. Certes, il n’y a pas de conditions préalables particulières à remplir, mais il est essentiel de pouvoir compter sur un engagement à préserver la stabilité des prix comme objectif premier et sur la capacité de la banque centrale à poursuivre cet objectif. «Beaucoup de difficultés viennent de la coexistence de cibles et d’objectifs multiples et souvent discordants», précise l’étude. Les auteurs recommandent également aux pays de chercher à avancer sur une multiplicité de fronts, car toute avancée peut en faciliter d’autres; les réformes susceptibles de jouer un rôle catalyseur doivent être menées dès le début dans le processus de modernisation.

Autre objectif important du processus de modernisation : le renforcement du contrôle sur les taux d’intérêt à court terme, en mettant en place les instruments monétaires appropriés pour la banque centrale (le plus souvent une combinaison de facilités permanentes, d’opérations d’open-market et de réserves obligatoires). La transition vers un régime fondé sur le taux d’intérêt peut se faire rapidement, mais son aboutissement doit être un cadre dans lequel la politique monétaire est menée via le signal du «taux directeur», qui ancre les taux d’intérêt dans le système financier.

Le renforcement de la capacité d’analyse doit également figurer parmi les objectifs du processus de modernisation, ajoute le rapport. Améliorer la capacité de la banque centrale à interpréter les données, c’est donner plus de cohérence à ses prévisions à moyen terme et à ses analyses et permettre l’élaboration de recommandations qui tiennent compte de la situation actuelle et anticipée de l’économie ainsi que des objectifs de l’action publique. Pour cela, il faut élaborer des cadres quantitatifs d’analyse et de prévision de la politique monétaire, et notamment un modèle de projections trimestrielles.

L’étude du FMI conclut en rappelant que le FMI se maintient à la disposition des pays à revenu faible et intermédiaire pour les aider à renforcer et moderniser leurs cadres de politique monétaire en dispensant des conseils sur les aspects institutionnels, tant dans le cadre de la surveillance que de celui de programmes, et en leur fournissant de l’assistance technique et de la formation.