Communiqué de presse : Déclaration de M. Dominique Strauss-Kahn, Directeur général du FMI, à l'issue de sa visite au Burkina Faso

le 26 février 2008

Communiqué de presse no 08/30 (F)

M. Dominique Strauss-Kahn, Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a publié la déclaration suivante à Ouagadougou, à l'issue de sa visite au Burkina Faso:

«C'était ma première visite au Burkina Faso en tant que Directeur général du FMI, et je suis très heureux que cette possibilité m'ait été donnée. Je tiens à remercier le Président Compaoré pour sa chaleureuse hospitalité et pour cette table ronde très réussie, qui m'a permis de rencontrer les dirigeants des pays de l'Afrique de l'Ouest. Je remercie également le Président Yayi, le Président Gbagbo, le Président Touré, le Président Gnassingbé et le Premier Ministre Cabi et le Premier Ministre Oumarou d'avoir pris le temps de se rendre à Ouagadougou pour participer aux discussions qui se sont tenues sous l'égide du Président Compaoré. Les débats francs et productifs que j'ai eu avec eux au sujet des défis lancés à la région et au continent m'ont permis de mieux comprendre comment le FMI peut aider le plus efficacement ces pays à lutter contre la pauvreté, à accélérer la croissance et à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. Enfin, je veux aussi remercier le Premier Ministre Zongo et le Ministre des finances, M. Compaoré, ainsi que tous les autres hauts responsables avec lesquels j'ai eu des échanges constructifs.

Lors des entretiens que j'ai eu avec le Président Compaoré, je l'ai félicité des efforts déployés pour combattre la pauvreté et améliorer les conditions de vie de la population burkinabé malgré un environnement macroéconomique difficile. La faiblesse des prix mondiaux du coton, l'appréciation de l'euro et du franc CFA et les cours élevés du pétrole continueront de poser de sérieux problèmes en 2008. Le gouvernement s'emploie à y remédier par des mesures appropriées. L'orientation budgétaire prévue pour 2008 marque un juste équilibre entre l'ajustement à la détérioration des perspectives de viabilité de la dette et les dépenses publiques prioritaires dans des conditions économiques défavorables. Le Président Compaoré a aussi exposé les dispositions prévues en 2008 pour renforcer encore l'administration des impôts et des douanes tout en menant à bien une vaste réforme de la politique fiscale. Nous avons convenu qu'il est essentiel de travailler aux réformes qui s'imposent pour favoriser une croissance tirée par le secteur privé et améliorer la compétitivité. La réduction prévue de l'implication de l'État dans la filière coton marque une étape positive dans la viabilisation du secteur. Afin d'accompagner le pays dans les efforts qu'il consent pour répondre à l'impact du renchérissement des produits pétroliers et du choc sur le secteur du coton, le Conseil d'administration du FMI a approuvé le mois dernier une augmentation de l'accès aux ressources de l'institution dans le cadre d'un accord triennal appuyé par la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC).

Lors de mes entretiens avec le Président Gbagbo, je l'ai félicité pour les résultats positifs du dialogue direct engagé avec le Premier Ministre Soro par l'entremise du Président Compaoré il y a un an. L'accord de Ouagadougou qui en résulte a consolidé le processus de paix et devrait déboucher, je l'espère, sur la tenue d'élections présidentielles en milieu d'année. Nous avons discuté de l'importance d'un programme économique robuste pour la reprise de l'économie ivoirienne. Alors que le processus de paix et de réunification s'affermit, il est primordial que les autorités puissent dégager les dividendes de la paix en mobilisant des recettes sur l'ensemble du territoire et en jugulant les dépenses improductives au profit des dépenses dans l'éducation, la santé et les infrastructures de base. Nous avons discuté aussi de l'importance d'améliorer la gouvernance en veillant : premièrement, à respecter scrupuleusement les allocations budgétaires et à publier régulièrement les modalités d'emploi des crédits; deuxièmement, à améliorer l'information sur les flux du secteur énergétique — dans le but aussi d'assurer l'allocation de recettes suffisantes au budget — et, troisièmement, à améliorer la gestion du secteur du café/cacao et à abaisser les prélèvements parafiscaux pour accroître les revenus des agriculteurs. J'ai assuré le Président Gbagbo que le FMI est prêt à continuer d'appuyer la Côte d'Ivoire dans le cadre de son dispositif d'aide d'urgence aux pays sortant d'un conflit (AUPC), qui pourrait aussi être le point de départ d'un accord FRPC et d'un allégement de la dette au titre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), le moment venu.

Avec le Président Touré, nous avons évoqué les défis que le Mali doit relever afin d'atteindre les taux de croissance durablement plus élevés indispensables pour faire reculer la pauvreté. À cet égard, nous avons évoqué la nécessité d'approfondir les réformes structurelles pour encourager l'initiative privée et répondre au fléchissement de la compétitivité occasionné par l'augmentation des recettes tirées de l'or et l'essor des transferts privés et de l'aide extérieure. J'ai aussi noté que le maintien d'une orientation budgétaire plus prudente aiderait le Mali à surmonter les chocs extérieurs auxquels il est confronté. Enfin, j'ai assuré le Président Touré que le FMI est prêt à aider le Mali à mener à bien la prochaine phase de l'approfondissement des réformes structurelles, y compris, au besoin, par le biais d'un nouvel accord FRPC ou de notre instrument de soutien à la politique économique (ISPE).

Lors de mes entretiens avec le Président Faure Gnassingbé, je l'ai félicité de l'amélioration très sensible du climat politique, qui a ouvert la voie à une reprise de l'aide financière des bailleurs de fonds. J'ai félicité également son gouvernement pour les réformes économiques importantes qu'il a lancées — lesquelles ont été suivies dans le cadre d'un programme de référence réussi — et en particulier pour les mesures prises en vue de renforcer la gouvernance budgétaire et de commencer à remédier aux facteurs de fragilité des entreprises publiques et des banques. Ces réformes ont entraîné une amélioration de la situation macroéconomique, notamment sur le front budgétaire, avec une meilleure mobilisation des recettes et une réduction des arriérés intérieurs de l'État. Nous sommes convenus qu'il sera essentiel, à l'avenir, que le Togo continue d'améliorer la gestion des dépenses publiques, d'accroître les dépenses sociales et les dépenses d'infrastructures, de consolider le secteur financier et de s'attaquer à une dette qui a atteint des proportions insoutenables. Le FMI est prêt à appuyer le programme économique du gouvernement togolais par un accord FRPC triennal dès qu'une solution aura été trouvée pour apurer les arriérés considérables du Togo envers la Banque mondiale et les autres créanciers multilatéraux.

Durant mon entretien avec le Prémier Ministre Seyni Oumarou de Niger, nous avons discuté les bons résultats obtenus par le Niger dans cadre d'un accord FRPC, soutenu par le FMI. La croissance économique, y compris dans l'agriculture, s'est poursuivie de façon raisonable et l'inflation controlée. Avec le soutien des donateurs, cela a amélioré la sécurité alimentaire. Je me suis félicité de l'interêt pour un autre accord FRPC.

Lors des entretiens que j'ai eu avec le Premier Ministre Cabi, je l'ai félicité pour l'approbation récente, en faveur de la Guinée-Bissau, d'une aide d'urgence du FMI aux pays sortant d'un conflit (AUPC) ainsi que pour les progrès accomplis dans le retour à la stabilité budgétaire et l'amélioration de la gouvernance et de la transparence, malgré des conditions difficiles. Pour 2008, le gouvernement concentre ses efforts sur les besoins immédiats, à savoir stimuler les recettes, équilibrer les dépenses — et en particulier la masse salariale — avec les ressources disponibles, améliorer la gestion des finances publiques et rétablir la confiance dans l'économie. Leur programme a d'ores et déjà recueilli un solide appui des bailleurs de fonds, et l'amélioration persistante des résultats devrait aider à catalyser, auprès des donateurs, le surcroît d'aide indispensable pour les réformes structurelles primordiales et les dépenses prioritaires. Le programme appuyé par l'AUPC pourrait ouvrir la voie à un accord FRPC, au passage au point d'achèvement prévu dans l'initiative PPTE et à un allégement de la dette au titre de l'IADM, une fois que le pays aura établi des antécédents positifs suffisants.»

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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