Communiqué de presse : Le conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2013 avec le Canada au titre de l’article IV

le 3 février 2014

Communiqué de presse No. 14/39
Le 3 février 2014

Le 29 janvier 2014, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations avec le Canada au titre de l’article IV1

Après des résultats modérés en 2012, l’économie canadienne a enregistré une reprise en 2013, mais la croissance sous-jacente est restée modeste. La composition de la croissance n’indique pas, à ce stade, que le rééquilibrage si nécessaire se soit opéré de la consommation des ménages et de la construction de logements aux exportations et aux investissements des entreprises. En particulier, en dépit de la dépréciation du taux de change, les exportations non énergétiques sont restées bien inférieures aux niveaux atteints lors des récessions précédentes. Ces faibles niveaux d’exportations témoignent non seulement de la lenteur de la reprise de la demande extérieure, mais aussi des nouveaux enjeux de la compétitivité. Grâce à la richesse croissante des ménages et aux conditions financières encore aisées, la croissance de la consommation privée reste robuste, mais le ratio d’endettement des ménages a atteint un nouveau pic historique au cours de la seconde moitié de 2013. Le marché du logement s’est tassé, en partie grâce aux mesures macro-prudentielles adoptées par le passé, et les prix des logements restent surévalués, bien qu’il existe d’importantes différences régionales.

La croissance économique devrait s’accélérer à 2¼% en 2014, au lieu d’une estimation de 1¾% en 2013. La croissance des exportations du Canada devrait tirer parti de la reprise projetée de la croissance américaine en 2014, ce qui doperait les investissements des entreprises. À terme, une contribution plus élevée des exportations nettes et des investissements des entreprises à la croissance devrait plus que compenser le ralentissement de la consommation privée et des investissements résidentiels. Pour autant, d’importants risques baissiers pèsent encore sur les perspectives, imputables à un dépassement des taux d’intérêt à long terme lorsque la Réserve fédérale a mis fin à l’assouplissement quantitatif, qui sont susceptibles d’entraver la reprise de l’activité économique aux États-Unis; une croissance encore atone dans zone euro et inférieure aux attentes dans les marchés émergents pourrait aussi faire baisser les prix des produits de base. L’endettement élevé des ménages et les prix du logement, qui constituent un risque, pourraient amplifier l’impact des chocs extérieurs négatifs sur la croissance. Le secteur énergétique pourrait être une source de risques à la fois baissiers et haussiers, ce qui dépend largement des progrès accomplis pour remédier aux goulets d’étranglement de l’infrastructure. Une accélération plus rapide de l’économie américaine, de même que le renforcement du marché immobilier au Canada, présente des risques haussiers pour nos prévisions; ce renforcement augure de risques supplémentaires à l’avenir.

Le rééquilibrage des finances publiques s’est poursuivi, et le déficit global des administrations publiques devrait s’améliorer d’environ ¼ de point pourcentage du PIB en 2013 pour atteindre 3,1 % du PIB. Le déficit budgétaire du gouvernement fédéral a diminué plus rapidement que prévu sous l’effet d’une meilleure maîtrise des dépenses; il devrait atteindre sa cible d’un budget équilibré en 2015. En revanche, un certain nombre de provinces ont retardé le retour à un budget équilibré et l’orientation budgétaire agrégée au niveau des provinces est restée globalement inchangée en 2013.

Alors que l’écart de production s’est creusé et que l’inflation est restée modérée, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 1 %, le même niveau depuis septembre 2010, et a davantage mis l’accent sur les risques associés à une faible inflation. En réaction à la réorientation perçue de la politique de la Banque du Canada, les marchés ont estimé que le premier relèvement du taux directeur serait probablement repoussé.

Le secteur bancaire du Canada reste bien capitalisé et ses niveaux de prêts non productifs sont peu élevés. Les tests de résistance suggèrent que les principales institutions financières (les banques et les compagnies d’assurances) continueront de bien résister à un scénario sévère de résistance, bien que des risques subsistent du fait que les taux d’intérêt restent faibles. Le cadre réglementaire et de supervision est solide et est complété par un système fédéral crédible de filets de sécurité, bien qu’il n’existe pas d’organe unique avec un mandat explicite qui ait une vue exhaustive des risques systémiques ou qui entreprenne une préparation à la crise. L’amélioration de la coopération entre les autorités fédérales et provinciales permettrait de renforcer les dispositifs de supervision dans tout le système. Des mesures ont été prises en vue d’une réglementation plus coordonnée des marchés des titres et les progrès du programme de réforme financière internationale se poursuivent.

Évaluation du conseil d’administration

Les administrateurs ont félicité les autorités dont la gestion du secteur macroéconomique et financier reste saine. Les administrateurs notent, qu’après des résultats modérés en 2012, l’économie canadienne s’est renforcée en 2013, mais que le rééquilibrage attendu de la consommation des ménages et de la construction de logements vers les exportations et les investissements des entreprises ne s’était pas concrétisé.

Les administrateurs saluent l’amélioration des perspectives de croissance à court terme, mais notent que les risques continuent d’être orientés à la baisse et que d’importantes vulnérabilités subsistent, notamment l’endettement élevé des ménages. Les administrateurs sont d’accord que les politiques doivent continuer à soutenir l’activité économique jusqu’à ce que la transition vers une croissance plus équilibrée se confirme, mais aussi veiller à continuer à éliminer progressivement les déséquilibres intérieurs. Les administrateurs considèrent que la hausse de la croissance de la productivité et l’élargissement de l’accès du marché aux ressources énergétiques du Canada sont essentiels pour doper le potentiel de croissance.

Les administrateurs estiment que l’orientation actuelle de la politique monétaire accommodante est adéquate compte tenu de la faible inflation, des anticipations inflationnistes bien ancrées, de l’écart de production négatif et des futurs risques baissiers. Toutefois, l’existence de déséquilibres intérieurs réduit la marge de manœuvre pour abaisser le taux directeur en dépit de la récente modération du secteur du logement et des emprunts des ménages. Dans le cas d’une nouvelle accélération des déséquilibres du logement, les administrateurs considèrent que des mesures macro-prudentielles supplémentaires constituent la première ligne de défense.

Les administrateurs soulignent que la politique budgétaire doit établir l’équilibre adéquat entre l’appui à la croissance et la reconstitution des marges de manœuvre budgétaire. Si d’importants risques baissiers pour la croissance se concrétisent, le gouvernement fédéral est en mesure de ralentir son retour prévu à un budget équilibré. Les provinces dont la situation budgétaire est faible pourraient devoir envisager des mesures supplémentaires pour assurer qu’elles s’en tiennent au calendrier de réduction de leur déficit.

Les administrateurs ont mis en exergue l’importance de relever les défis à long terme de la viabilité budgétaire au niveau des administrations publiques. Ils saluent les récentes mesures prises au niveau provincial pour limiter l’augmentation des dépenses de soins de santé et ont insisté sur la nécessité de pérenniser ces économies à l’avenir, notamment moyennant des gains d’efficacité. Les administrateurs sont d’accord que la publication des analyses de viabilité budgétaire à long terme, à la fois au niveau des provinces et des administrations publiques, pourrait contribuer à faire connaître au public les enjeux de l’avenir et à dégager un consensus sur les politiques requises.

Les administrateurs sont d’accord qu’il est possible à long terme de réexaminer le rôle des assurances hypothécaires garanties par l’État. Tout en reconnaissant les avantages du système actuel, les administrateurs saluent les récentes initiatives prises par les autorités pour imposer des limites aux assurances hypothécaires garanties par l’État et notent qu’il sera nécessaire d’envisager de nouvelles mesures pour encourager le secteur privé à assumer une part appropriée des risques de même qu’une affectation plus efficace des ressources.

Les administrateurs se déclarent satisfaits de la solidité du cadre de réglementation et de supervision financière du Canada. Ils appuient les récentes mesures prises en faveur d’une meilleure coordination de la régulation des marchés des titres provinciaux, de même que la poursuite des progrès du programme international de réforme financière. Ils saluent également les bons résultats des tests de résistance réalisés pour les grandes institutions financières du Canada dans le contexte de l’actualisation de 2013 du Programme d’évaluation du secteur financier. Les administrateurs avancent que pour renforcer davantage le système financier du Canada, il faudra améliorer sa surveillance macro-prudentielle et mieux préparer le système dans son ensemble aux crises, promouvoir une coopération accrue entre les autorités fédérales et provinciales de même que renforcer les responsabilités prudentielles du régulateur fédéral du secteur financier.


Canada: Principaux indicateurs économiques
(Variation en pourcentage, sauf indication contraire)
 
  2010 2011 2012 2013 2014
        Proj. Proj.
 

Comptes nationaux en prix constants

         
  • PIB réel

3.4 2.5 1.7 1.7 2.2
  • T4/T4

3.6 2.4 1.0 2.2 2.3
  • Exportations nettes 1/

-2.0 -0.4 -0.5 0.1 0.2
  • Demande intérieure finale

5.0 2.4 2.3 1.5 2.1
  • Consommation privée

3.4 2.3 1.9 2.2 2.1
  • Consommation publique

2.7 0.8 1.1 0.6 1.1
  • Investissements intérieurs privés fixes

11.6 7.0 5.1 0.8 2.9
  • Investissements privés 2/

18.6 19.1 19.9 19.7 19.8
  • Investissements publics

10.5 -7.0 0.5 1.0 1.8
  • Variations des stocks 1/

0.2 0.5 0.0 0.0 0.0
  • PIB nominal

6.1 5.8 3.4 3.2 4.1

Emploi et inflation

         
  • Taux de chômage 3/

8.0 7.5 7.3 7.0 6.9
  • Inflation IPC

1.8 2.9 1.5 1.0 1.5
  • Déflateur du PIB

2.6 3.2 1.7 1.5 1.9

Taux de change

         
  • Dollar EU/ dollar canadien

0.97 1.01 1.00 0.97 s.o.
  • Variation en pourcentage

11.0 4.1 -1.0 -2.9 s.o.
  • Taux de change effectif nominal

9.8 2.0 0.9 n.a. s.o.
  • Taux de change effectif réel

9.3 1.4 0.0 n.a. s.o.

Indicateurs des politiques budgétaires

(Pourcentage du PIB)
  • Solde budgétaire fédéral

-2.4 -1.7 -1.0 -0.8 -0.4
  • Solde budgétaire provincial

-3.2 -2.7 -3.1 -3.0 -2.8
  • Solde budgétaire des administrations publiques 4/

-4.9 -3.7 -3.4 -3.1 -2.6
  • Bons du trésor à trois mois 3/

0.6 0.9 1.0 1.0 1.1
  • Rendement des obligations d’État à 10 ans 3/

3.2 2.8 1.9 2.3 3.0

Indicateurs extérieurs

         
  • Solde du compte courant 2/

-3.5 -2.8 -3.4 -3.3 -3.2
  • Balance commerciale marchandises 2/

-0.6 0.0 -0.7 -0.5 -0.3
  • Volume d’exportations

8.4 5.0 2.1 1.5 3.9
  • Volume d’importations

14.0 5.9 3.3 1.9 3.7
  • Termes de l’échange

5.0 3.4 -0.9 0.3 0.4

Épargne et investissement

(Pourcentage du PIB)
  • Épargne nationale brute

19.8 21.1 21.2 21.1 21.3
  • Administrations publiques

0.0 0.7 1.1 1.2 1.6
  • Privée

19.8 20.3 20.2 19.9 19.7
  • Investissements intérieurs bruts

23.3 23.8 24.7 24.4 24.4
 

Sources: Haver Analytics et estimations des services du FMI.

1/ Contribution à la croissance.

2/ Pourcentage du PIB.

3/ Pourcentage.

4/ Inclut les soldes du Plan de pension du Canada et du plan de pension du Québec.

Canada: Principaux indicateurs économiques
(Variation en pourcentage, sauf indication contraire)
 
  2010 2011 2012 2013 2014
        Proj. Proj.
 

Comptes nationaux en prix constants

         
  • PIB réel

3.4 2.5 1.7 1.7 2.2
  • T4/T4

3.6 2.4 1.0 2.2 2.3
  • Exportations nettes 1/

-2.0 -0.4 -0.5 0.1 0.2
  • Demande intérieure finale

5.0 2.4 2.3 1.5 2.1
  • Consommation privée

3.4 2.3 1.9 2.2 2.1
  • Consommation publique

2.7 0.8 1.1 0.6 1.1
  • Investissements intérieurs privés fixes

11.6 7.0 5.1 0.8 2.9
  • Investissements privés 2/

18.6 19.1 19.9 19.7 19.8
  • Investissements publics

10.5 -7.0 0.5 1.0 1.8
  • Variations des stocks 1/

0.2 0.5 0.0 0.0 0.0
  • PIB nominal

6.1 5.8 3.4 3.2 4.1

Emploi et inflation

         
  • Taux de chômage 3/

8.0 7.5 7.3 7.0 6.9
  • Inflation IPC

1.8 2.9 1.5 1.0 1.5
  • Déflateur du PIB

2.6 3.2 1.7 1.5 1.9

Taux de change

         
  • Dollar EU/ dollar canadien

0.97 1.01 1.00 0.97 s.o.
  • Variation en pourcentage

11.0 4.1 -1.0 -2.9 s.o.
  • Taux de change effectif nominal

9.8 2.0 0.9 n.a. s.o.
  • Taux de change effectif réel

9.3 1.4 0.0 n.a. s.o.

Indicateurs des politiques budgétaires

(Pourcentage du PIB)
  • Solde budgétaire fédéral

-2.4 -1.7 -1.0 -0.8 -0.4
  • Solde budgétaire provincial

-3.2 -2.7 -3.1 -3.0 -2.8
  • Solde budgétaire des administrations publiques 4/

-4.9 -3.7 -3.4 -3.1 -2.6
  • Bons du trésor à trois mois 3/

0.6 0.9 1.0 1.0 1.1
  • Rendement des obligations d’État à 10 ans 3/

3.2 2.8 1.9 2.3 3.0

Indicateurs extérieurs

         
  • Solde du compte courant 2/

-3.5 -2.8 -3.4 -3.3 -3.2
  • Balance commerciale marchandises 2/

-0.6 0.0 -0.7 -0.5 -0.3
  • Volume d’exportations

8.4 5.0 2.1 1.5 3.9
  • Volume d’importations

14.0 5.9 3.3 1.9 3.7
  • Termes de l’échange

5.0 3.4 -0.9 0.3 0.4

Épargne et investissement

(Pourcentage du PIB)
  • Épargne nationale brute

19.8 21.1 21.2 21.1 21.3
  • Administrations publiques

0.0 0.7 1.1 1.2 1.6
  • Privée

19.8 20.3 20.2 19.9 19.7
  • Investissements intérieurs bruts

23.3 23.8 24.7 24.4 24.4
 

Sources: Haver Analytics et estimations des services du FMI.

1/ Contribution à la croissance.

2/ Pourcentage du PIB.

3/ Pourcentage.

4/ Inclut les soldes du Plan de pension du Canada et du plan de pension du Québec.


1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des renseignements économiques et financiers et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui est soumis à l'examen du Conseil d'administration. À l'issue des délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés du Conseil d’administration à l’adresse suivante : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm.




DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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