Communiqué de presse: Le Conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2014 au titre de l’article IV avec l’Algérie

le 11 décembre 2014

Communiqué de presse N°14/566F
Le 11em décembre 2014

Le 1er décembre 2014, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l’article IV1 avec l’Algérie.

L’activité économique s’est raffermie en 2014 : la croissance du PIB réel devrait, d’après les projections, se hisser à 4,0% contre 2,8% en 2013. Le secteur des hydrocarbures devrait progresser pour la première fois en huit ans et dans les autres secteurs, la croissance reste porteuse. L’inflation a marqué un net repli pour se situer à 2,1% grâce en partie au resserrement de la politique monétaire.

L’Algérie continue à avoir d’importantes marges de manœuvre sur les plans extérieur et budgétaire mais les menaces qui pèsent sur la stabilité macroéconomique s’accentuent. Pour la première fois en près de 15 ans, le compte des transactions courantes devrait se solder par un déficit. À moyen terme, les déficits devraient se creuser car la forte consommation intérieure d’hydrocarbures et la baisse des cours du pétrole sont défavorables aux exportations, tandis que les importations, stimulées par les dépenses publiques, continuent d’augmenter. Les exportations ne sont pas suffisamment diversifiées et l’IDE est freiné par les restrictions sur l’actionnariat.

Le déficit budgétaire devrait se creuser à plus de 7% en raison du recul des recettes d’hydrocarbures, de la nette hausse des dépenses d’investissement et de la poursuite des fortes dépenses courantes. Les recettes hors hydrocarbures sont inférieures à leur potentiel, la masse salariale est élevée, et les subventions et transferts sont coûteux, représentant environ 26% du PIB. L’épargne budgétaire devrait baisser pour la deuxième année consécutive.

L’Algérie jouit certes d’une stabilité macroéconomique, mais elle a besoin d’une croissance plus rapide et plus solidaire pour créer suffisamment d’emplois à l’intention de sa population jeune. Dans le secteur public, les investissements sont peu efficients, et dans le secteur privé, la croissance est entravée par un lourd climat des affaires, un secteur financier insuffisamment développé et une intégration internationale limitée. Enfin, les rigidités sur le marché du travail et l’inadéquation des qualifications limitent l’impact que peut avoir la croissance économique sur la création d’emplois.

Évaluation par le Conseil d’administration2

Les administrateurs se félicitent du regain d’activité économique, du nouveau recul de l’inflation et de l’ampleur des marges de manœuvre. Ils constatent en même temps des vulnérabilités croissantes dans un contexte de baisse des prix du pétrole : détérioration de la situation budgétaire et du solde des transactions courantes et diminution de l’épargne budgétaire et des réserves de change. Ils préconisent de prendre rapidement des mesures pour préserver la stabilité macroéconomique, en les complétant par des réformes de grande envergure pour diversifier l’économie, améliorer la compétitivité et promouvoir une croissance solidaire et la création d’emplois.

Les administrateurs soulignent la nécessité d’un assainissement persistant des finances publiques, ancré sur des règles budgétaires crédibles pour remédier au déficit budgétaire croissant et assurer la viabilité des finances publiques. Ils considèrent qu’il est possible d’accroître les recettes hors hydrocarbures, en élargissant l’assiette fiscale, en renforçant l’administration des impôts et en réduisant les exonérations fiscales. Du côté des dépenses, il convient d’intensifier les efforts pour contenir les dépenses courantes, notamment la masse salariale, et pour remplacer progressivement les subventions par un dispositif ciblé de transfert monétaire pour protéger les plus vulnérables. Les administrateurs saluent l’intention des autorités de passer à un cadre budgétaire à moyen terme et de continuer à renforcer la gestion des finances publiques. Un petit nombre d’entre eux ont souligné les avantages de la création d’un fonds souverain constitué de l’épargne pétrolière afin d’accompagner les efforts de stabilisation économique et d’assurer l’équité intergénérationnelle.

Compte tenu du risque de réapparition de tensions inflationnistes, les administrateurs encouragent les autorités monétaires à rester prudentes et à se tenir prêtes à absorber davantage de liquidités et à augmenter les taux d’intérêt. Ils sont favorables à une augmentation des émissions de bons du trésor pour contribuer à résorber les liquidités, en réduisant le besoin de recourir au fonds d’épargne pétrolière pour financer le budget, tout en approfondissant en même temps le marché de capitaux. Les administrateurs se félicitent de l’élaboration prévue de nouveaux instruments de politique monétaire, avec l’appui du FMI, pour assurer la gestion des liquidités.

Les administrateurs reconnaissent d’un commun accord que la sauvegarde de la stabilité extérieure est prioritaire et exige une stratégie efficace, visant à diversifier les exportations du pays tout en améliorant la capacité d’exportation du secteur des hydrocarbures. Ils recommandent d’intensifier les efforts d’ouverture aux échanges commerciaux, d’assouplir les restrictions sur l’investissement direct étranger et de créer un climat des affaires plus favorable aux exportations. Ils se félicitent aussi de l’engagement pris par les autorités de laisser le taux de change refléter les paramètres fondamentaux de l’économie.

Les administrateurs soulignent l’importance d’entreprendre des réformes structurelles plus vastes pour accélérer la croissance sous l’impulsion du secteur privé et réduire encore le chômage, notamment des réformes visant à améliorer les infrastructures, la productivité et l’efficacité de l’investissement public. Ils encouragent aussi les autorités à poursuivre leurs efforts pour assouplir les réglementations du marché du travail, remédier à l’inadéquation des compétences, et promouvoir l’emploi des femmes et des jeunes. Il serait également utile de procéder à une évaluation exhaustive des politiques actives du marché du travail pour en connaître l’efficacité globale.

Les administrateurs saluent les efforts en cours pour renforcer encore la stabilité du secteur financier, notamment les mesures prises récemment pour passer à un contrôle basé sur les risques et adopter les normes de fonds propres de Bâle II/III. Ils attendent avec intérêt les prochains progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations du PESF de 2013. Ils soulignent également la nécessité d’améliorer l’accès des petites et moyennes entreprises au secteur financier et de remédier aux lacunes existantes dans le cadre de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).


Algérie: principaux indicateurs macroéconomique du scénario de référence, 2013–15
 
  2013 2014 2015

 

Prel. Proj. Proj.
 
(Variation annuelle en pourcentage)

Production

 

 

 

PIB réel

2.8 4.0 3.9

PIB réel hors hydrocarbures

7.1 5.5 5.0

Emploi

 

 

 

Taux de chômage (en pourcentage)

9.8 10.7 ...

Prix

 

 

 

Prix à la consommation (fin de période)

1.1 5.6 4.0

Prix à la consommation (moyenne de la période)

3.3 3.0 4.0
(En pourcentage du PIB)

Finances Publiques

 

 

 

Recettes

35.9 33.5 31.8

Hydrocarbures

22.2 19.4 17.1

Dépenses et prêts nets

37.4 40.5 41.3

Solde budgétaire

-1.5 -7.0 -9.5

Solde primaire hors hydrocarbures (en pourcentage du PIBHH)

-33.5 -36.6 -35.1

Total dette publique

8.3 8.8 9.0
(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Secteur monétaire

 

 

 

Crédit à l’économie

19.9 21.7 12.0

Monnaie au sens large

8.4 14.5 9.0

Vitesse de circulation de la monnaie au sens large (niveau)

1.4 1.3 1.2
(En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Balance des Paiements

 

 

 

Exportations d’hydrocarbures (en dollars, variation en pourcentage)

-10.3 -7.2 -15.4

Exportations d’hydrocarbures (en pourcentage du total des exportations de marchandises)

98.4 97.5 96.8

Importations de marchandises (en dollars, variation en pourcentage)

6.6 5.0 0.9

Transactions courantes

0.4 -4.0 -7.7

Investissement direct étranger

0.9 0.7 0.7

Total dette extérieure

1.6 1.9 1.5

Réserves brutes (en milliards de dollars)

194.0 187.6 172.6

En mois d’importations de biens et de services de l’année prochaine

33.7 32.3 28.3

Taux de change

 

 

 

Taux de change effectif réel (2005 = 100)

103.6 ... ...

Unités de monnaie nationale/dollar EU (moyenne de la période)

79.4 ... ...

Secteur du pétrole et du gaz

 

 

 

Total des exportations de produits pétroliers et de gaz (en milliards de dollars)

63.3 58.8 49.8

Production d’hydrocarbures (en millions de TEP)

137.0 137.5 139.3

Prix d’exportation moyen du pétrole brut (en dollars le baril)

109.5 104.1 89.0

Prix d’exportation moyen des hydrocarbures (variation en pourcentage)

-3.4 -5.0 -14.5

Investissement et épargne

 

 

 

Formation brute de capital

34.6 38.0 39.8

Dont: hors administrations publiques

23.2 24.1 25.9

Épargne publique brute

35.0 34.1 32.1

Dont: hors administrations publiques

25.1 27.1 27.7

Poste pour mémoire:

 

 

 

PIB nominal (en milliards de dollars EU)

209 211 208
 

Sources: autorités algériennes; estimations et projections des services du FMI.


1 Conformément aux dispositions de l’article IV de ses statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des informations économiques et financières et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission préparent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d’administration.

2 À l’issue des délibérations, le Directeur général, en sa qualité de Président du Conseil d’administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des réunions du Conseil d’administration à l’adresse suivante :http://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm.




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