Groupe intergouvernemental des vingt-quatre pour les questions monétaires internationales et le développement communiqué

le 11 octobre 2012

le 11 octobre 2012

1. Nous, les ministres du Groupe intergouvernemental des Vingt-Quatre pour les questions monétaires internationales et le développement, avons tenu notre quatre-vingt-huitième réunion à Tokyo, Japon, le 11 octobre 2012, sous la présidence de M. P. Chidambaram, Ministre des finances de l'Inde, assisté de M. José Antonio Meade, Secrétaire aux finances et au crédit public du Mexique, Premier Vice-Président, et de M. Ashraf El-Araby, Ministre de la planification et de la coopération internationale de l'Égypte, Second Vice-Président.

2. Nous tenons à féliciter M. Jim Yong Kim pour sa nomination en qualité de 12e Président du Groupe de la Banque mondiale et remercier M. Robert Zoellick, son prédécesseur, pour sa contribution à la communauté internationale.

Gestion des risques et consolidation de la reprise

3. Nous sommes très préoccupés par la fragilité de la situation économique et financière, compte tenu en particulier de la faiblesse de la croissance et de la persistance des incertitudes et des risques dans la zone euro, nonobstant les mesures prises récemment et le renforcement des pare-feu, ainsi que des risques découlant d’un éventuel resserrement budgétaire résolu aux États-Unis. En outre, l’instabilité des marchés financiers, les ajustements budgétaires et le désendettement des banques ont pesé sur la croissance, avec des répercussions négatives sur de nombreux pays émergents et pays en développement. La croissance du commerce mondial a sensiblement ralenti et les entrées de capitaux dans les pays émergents et les pays en développement sont devenues de plus en plus irrégulières. Les prix de l'énergie et des denrées alimentaires restent très instables, la flambée de ceux des céréales menaçant la sécurité alimentaire dans les pays pauvres et vulnérables.

4. Nous demandons aux pays avancés de prendre des mesures décisives pour s'attaquer aux incertitudes entourant leur action, qui freinent le retour de la confiance. Nous estimons aussi que des actions immédiates et concertées sont nécessaires pour stimuler la croissance mondiale grâce à des politiques macroéconomiques appropriées, à la promotion d’un commerce ouvert et de l'investissement, à la remise en état des secteurs financiers, en particulier dans les grandes places, et à de vigoureuses réformes structurelles, tout en jetant les bases d'un rééquilibrage budgétaire à moyen terme crédible, une fois la reprise bien installée. Nous continuons de demander instamment aux pays avancés d’adopter des politiques qui réduisent la volatilité des flux de capitaux et la spéculation sur les cours des produits de base, tout en résistant au protectionnisme et en éliminant les subventions à l'exportation.

5. Nous réaffirmons notre ferme attachement à une croissance forte, durable et solidaire dans nos pays. La récente crise mondiale a mis en avant le problème d’un chômage persistant sinon croissant, plus particulièrement chez les femmes et les jeunes. Nous notons les conclusions du récent Rapport sur le développement dans le monde de la Banque mondiale, selon lequel le moyen le plus efficace de lutter contre la pauvreté, de responsabiliser les gens et de promouvoir la cohésion sociale est de privilégier l’emploi. Nous convenons de mettre l’accent sur la création d’emplois et l’établissement de filets de sécurité sociale efficaces et viables sur le plan budgétaire qui protègent les pauvres et les personnes vulnérables.

6. Nous demandons des actions concertées pour atténuer la volatilité excessive des cours des produits de base, surtout des denrées alimentaires et de l’énergie, qui ont des répercussions sur tous nos pays et plus particulièrement sur les pauvres et nos populations vulnérables. Nous nous engageons à renforcer la sécurité alimentaire et énergétique, surtout dans les pays à faible revenu.

7. Nous accueillons avec satisfaction les mesures prises récemment pour améliorer la réglementation financière mondiale et demandons instamment de les mettre en œuvre plus rapidement et plus rigoureusement. Nous avons hâte de prendre part aux discussions en cours, notamment en ce qui concerne les conséquences pour les pays émergents et les pays en développement.

Financement du développement

8. Nous saluons les résultats de la récente Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) et la mise en place d’un processus intergouvernemental sous l’égide de l’Assemblée générale des Nations Unies pour évaluer les besoins de financement du développement, examiner l’efficacité des instruments et des cadres en vigueur, et étudier de nouvelles initiatives. Nous rappelons combien il est important que les pays en développement disposent d’un accès régulier et prévisible à un financement suffisant provenant de diverses sources afin de leur apporter le soutien voulu dans les efforts qu’ils déploient pour promouvoir un développement durable; nous attendons avec intérêt le rapport des Nations Unies proposant des solutions pour une stratégie efficace de financement du développement durable.

9. Nous réaffirmons notre engagement de ne ménager aucun effort pour accélérer la réalisation d’ici à 2015 des objectifs du Millénaire pour le développement, qui ont été fixés à l’échelon mondial, et pour renforcer la coopération internationale en vue de relever les défis persistants liés au développement durable. Nous sommes extrêmement préoccupés par le déficit de l’aide et demandons à tous les donateurs d’honorer leurs engagements intégralement et en temps voulu.

10. Nous soulignons l’importance d’une forte mobilisation des ressources et de l’investissement, surtout en matière d’infrastructures, pour que nos pays puissent réaliser leurs objectifs cruciaux dans les domaines du développement, de la solidarité et de l’environnement. Nous reconnaissons toutefois que la crise financière mondiale actuelle a de graves répercussions sur l’offre de financement à long terme pour des projets d’infrastructure et de développement. Nous préconisons un renforcement de l’architecture et des institutions financières en vigueur, mais anticipons un déficit de financement considérable, étant donné l’ampleur des besoins. Nous lançons un appel en faveur de nouvelles initiatives pour multiplier les flux de ressources privées, notamment par des partenariats publics-privés renforcés, et réaffirmons notre soutien à la coopération Sud-Sud. Nous estimons qu’il est crucial de trouver de nouveaux circuits pour orienter l’épargne mondiale vers le financement d’infrastructures dans les pays émergents et les pays en développement, et nous attendons avec intérêt le résultat des discussions en cours avec nos pays membres et d’autres instances sur la façon d’améliorer l’architecture du financement. Nous encourageons nos membres à assurer un contexte propice à un engagement à long terme du secteur privé dans les investissements d’infrastructure (y compris par la création d’une série de projets susceptibles d’être financés) et reconnaissons le rôle important que jouent les banques multilatérales de développement en aidant à catalyser les financements du secteur privé dans le domaine des infrastructures.

11. Nous exprimons notre préoccupation devant le fossé qui ne cesse de se creuser entre le volume des besoins de financement dans le domaine du changement climatique et le décaissement des ressources que les pays avancés se sont engagés à fournir, y compris les engagements initiaux à décaissement accéléré, qui prendront fin cette année. Nous réaffirmons l’importance du Fonds vert pour le climat de la CCNUCC pour mobiliser le financement international proposé et demandons de faire en sorte qu’il devienne pleinement opérationnel.

12. Nous soutenons vigoureusement les efforts déployés à l’échelle mondiale en matière de solidarité financière, car ils offrent un moyen puissant de responsabiliser les pauvres et d’améliorer leur niveau de vie, ainsi que de contribuer à une croissance solidaire. Nous accueillons avec satisfaction la décision de créer l’Alliance pour l’inclusion financière (AIF), réseau permanent piloté par les pays émergents et les pays en développement en vue de créer du savoir, d’échanger et de dialoguer sur les actions à engager. Nous comptons sur une poursuite de la collaboration entre l’AFI et le G-24.

Rôle et réforme des institutions financières internationales

13. Nous répétons qu'il est important de respecter intégralement et en temps voulu les engagements pris en ce qui concerne les réformes de 2010 des quotes-parts et de la gouvernance du FMI, afin de rendre crédibles les mesures que le FMI prend actuellement pour renforcer son efficacité et sa légitimité. Il s'agit de procéder à un examen approfondi de la formule de calcul des quotes-parts d'ici à janvier 2013 et d'achever la quinzième révision générale des quotes-parts d'ici à janvier 2014. Nous sommes d'avis que l'objectif ultime doit être de mieux refléter le rôle croissant de l’ensemble des pays émergents et pays en développement dans l'économie mondiale, tout en renforçant la participation et la représentation des pays pauvres et des petits pays à revenu faible ou intermédiaire. Cela nécessite de s’attaquer aux lacunes de la formule en vigueur. Nous continuons d’estimer que la modification des quotes-parts calculées doit refléter la position relative des pays membres du FMI dans l’économie mondiale, qui a considérablement changé compte tenu de la croissance des pays émergents et des pays en développement dynamiques, sans que les autres pays émergents et pays en développement en souffrent. Nous estimons également que le PIB en PPA est la mesure la plus robuste de l’importance économique relative, et qu’il est impérieux d’accroître son rôle dans la formule, tout en réduisant le biais résultant de la taille par une compression adéquate et de s’attaquer aux graves déficiences des mesures de l’ouverture et de la variabilité, voire de les éliminer. Il sera également important d’examiner comment la formule de calcul des quotes-parts peut assurer une représentation équitable de tous les membres, et plus particulièrement des pays pauvres et des petits pays à revenu faible ou intermédiaire.

14. Nous notons avec préoccupation que la majorité des voix attribuées nécessaire à l’approbation de la réforme de 2010 des quotes-parts et de la gouvernance du FMI n’a pas été réunie avant l’Assemblée annuelle d’octobre 2012. Cela peut conduire à un risque de réputation pour le FMI. Nous sommes également préoccupés par le fait que la recomposition du Conseil d'administration n’aboutira pas dans la pratique à une augmentation du nombre de sièges détenus par les pays émergents et les pays en développement. Nous réitérons la demande que nous formulons depuis longtemps d’un troisième siège pour l'Afrique subsaharienne, sans pour autant éliminer un siège détenu par un pays émergent ou en développement. Nous estimons que toutes les options devraient être étudiées sans idées préconçues pour y parvenir.

15. Nous prenons note de l’adoption de la décision de 2012 sur la surveillance bilatérale et multilatérale du FMI, qui marque une nouvelle étape dans l’adaptation de cette surveillance à l’évolution de la situation mondiale afin de permettre au FMI de nouer un dialogue plus efficace avec ses pays membres. Nous soulignons que l’efficacité de la surveillance du FMI et l’intérêt qu’elle suscite dépendront de la qualité et de l’impartialité de ses conseils et de ses travaux analytiques, de l’importance qu’il accordera à la surveillance bilatérale et aux retombées multilatérales qui ont des effets systémiques mondiaux et des progrès qui seront accomplis dans les réformes de la gouvernance.

16. Nous saluons les mesures prises afin de veiller à ce que le FMI dispose de ressources suffisantes pour jouer le rôle qui lui revient face aux risques accrus dans l’économie mondiale et pour répondre aux besoins de tous les pays membres qui peuvent être touchés. Nous soulignons que les efforts déployés pour renforcer la capacité de prêt du FMI ne doivent pas compromettre sa nature d’institution fondée sur les quotes-parts et doivent reposer sur une ferme volonté de réforme de sa gouvernance.

17. Nous nous félicitons de la récente décision du Conseil de faciliter l’affectation des bénéfices exceptionnels des ventes d’or à des prêts concessionnels à des pays à faible revenu par l’intermédiaire du fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (fonds fiduciaire RPC). Tout en reconnaissant les contraintes qui pèsent sur l’offre de ressources concessionnelles, et la nécessité de rendre viable le fonds fiduciaire RPC, nous conseillons de ne pas réduire les limites d’accès en proportion des quotes-parts. Nous demandons instamment au FMI de continuer de s’efforcer de mobiliser l’aide des donateurs et d’envisager la possibilité d’établir un mécanisme régulier de mobilisation de fonds afin de rendre le fonds fiduciaire RPC davantage auto-suffisant.

18. Nous notons avec préoccupation qu’une baisse des prêts de la Banque mondiale est prévue à un moment où nombre de nos pays ont besoin d’un financement accru et à plus long terme à un coût abordable. Nous demandons à nouveau de trouver de nouvelles solutions pour renforcer les capacités financières de la Banque mondiale et de la SFI, y compris un examen par les actionnaires de l’adéquation de leurs fonds propres.

19. Nous notons avec satisfaction que la Banque mondiale se préoccupe davantage de maintenir son dialogue avec les pays à revenu intermédiaire pour répondre à leurs besoins de développement et pour tirer parti de leurs capacités en tant que partenaires du développement. Nous prenons note de la proposition d’un examen des instruments, des connaissances et des financements de la Banque mondiale qui permettrait de trouver des solutions innovantes pour soutenir les pays clients et promouvoir avec eux les objectifs mondiaux de réduction de la pauvreté et de développement durable. Nous demandons instamment à la Banque mondiale d’améliorer la souplesse et la capacité d’ajustement de ses politiques et de ses instruments. Par ailleurs, nous reconnaissons que le FMI a renforcé son dialogue avec les petits pays à revenu intermédiaire. Nous nous réjouissons de la tenue, récemment, d’un forum de haut niveau dans les Caraïbes et la table ronde du G-24 sur les petits État avec la présidence du G-20 du Mexique, premières étapes d’un approfondissement du dialogue du FMI avec certains de ses plus petits pays membres.

20. Nous demandons à la communauté internationale d’apporter un soutien plus large aux efforts de réforme des pays arabes, et au FMI et à la Banque mondiale de renforcer leurs travaux analytiques, leurs conseils, leur assistance technique, leur formation et leur aide financière en faveur de des pays arabes en transition. Il convient d’accorder l’attention voulue aux réalités politiques et sociales, et d’offrir des possibilités d’action pour s’attaquer aux problèmes urgents et soutenir les efforts que ces pays déploient actuellement pour rétablir la confiance et stimuler la croissance.

21. Nous demandons également au FMI et à la Banque mondiale de fournir une aide suffisante aux pays et régions touchés par des pénuries alimentaires et d’autres catastrophes, notamment au Sahel. Nous convenons qu’il est nécessaire de trouver une solution plus complète et plus durable en soutenant le développement à long terme, notamment en investissant dans l’agriculture durable.

22. Nous réaffirmons notre ferme conviction que le financement accordé par les institutions financières internationales devrait être fondé sur la qualité de leur développement, et non sur des considérations politiques.

23. Nous soulignons les avantages que présente la diversité du personnel pour renforcer la légitimité et l’efficacité des institutions financières internationales, et nous reconnaissons les progrès accomplis dans ce domaine. Nous demandons de redoubler d’efforts pour mettre à profit les initiatives en matière de diversité afin d’accroître la part du personnel qui provient des régions sous-représentées.

Autres questions

24. Nous remercions l’Inde d’avoir assuré la présidence du groupe, et accueillons le Mexique qui lui succède. Nous accueillons aussi le Liban aux fonctions de Second Vice-Président. La prochaine réunion des ministres du G-24 devrait avoir lieu le 18 avril 2013 à Washington.

LISTE DES PARTICIPANTS1

Les ministres du Groupe intergouvernemental des Vingt-Quatre pour les questions monétaires internationales et le développement ont tenu leur quatre-vingt-huitième réunion à Tokyo, Japon, le 11 octobre 2012, sous la présidence de M. P. Chidambaram, Ministre des Finances de l'Inde, assisté de M. José Antonio Meade, Secrétaire des Finances et du crédit public du Mexique et Premier Vice-président, et de M. Ashraf El-Araby, Ministre de la Planification et de la coopération internationale de l'Égypte et Second Vice-président.

La réunion des ministres a été précédée le 10 octobre 2012 par la centième réunion des suppléants du Groupe des Vingt-Quatre, sous la présidence de M. Arvind Virmani, Administrateur du FMI pour le Bangladesh, le Bhoutan, l’Inde et Sri Lanka.

Groupe africain : Karim Djoudi, Algérie; Jean-Baptiste Aman, Côte d’Ivoire; Jean Claude Masangu, République démocratique du Congo; Mohamed Hammam, Égypte; Sufian Ahmed, Éthiopie; Luc Oyoubi, Gabon; Fifi Kwetey, Ghana; Sanusi Sanusi, Nigéria; Pravin Gordhan, Afrique du Sud.

Groupe asiatique : Arvind Mayaram, Inde; Minoo Kianirad, République islamique d'Iran; Alain Bifani, Liban; Abdul Hafeez Shaikh, Pakistan; Cesar Purisima, Philippines; Sarath Amunugama, Sri Lanka; Maya Choueiri, Syrie.

Groupe latino-américain : Adrian Cosentino, Argentine; Paulo Nogueira Batista, Brésil; María Suarez, Colombie; Edgar Barquín, Guatemala; Vanessa Rubio, Mexique; Julio Velarde, Pérou; Winston Dookeran, Trinité-et-Tobago; José Rojas-Ramirez, Venezuela.

Observateurs : Jassim Almannai, Fonds monétaire arabe; Xiaoson Zheng, Chine; Alvaro Hernandez, Équateu; Inés Bustillo, Stephen Pursey, OIT; Ahmet Tiktik, BIsD; Karim El Aynaoui, Maroc; Manuel Montes, South Centre; Suleiman Al-Herbish, OFID; Sulaiman Al-Turki, Arabie saoudite; Sultan Alsuwaidi, Émirats arabes unis; Yuefen Li, CNUCED; Shamshad Akhtar, UNDESA; Liane Halfhide, Suriname.

Invités : Christine Lagarde, Directrice générale, Fonds monétaire international

Jim Yong Kim, Président, Banque mondiale

Secrétariat du G-24 : Amar Bhattacharya, Analisa Bala, Susanne Quadros, Ndzouli Mendouga

Secrétariat du FMI pour le G-24 : Rosalind Mowatt, Iulia Teodoru, Dalila Bendourou


1 Personnes assises à la table de discussion.

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