Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Le Tchad recueille les fruits des projets pétroliers et des cours élevés du brut

le 27 mars 2014

  • Une infrastructure renforcée avec la construction d’écoles, d’hôpitaux, de routes et de centrales électriques
  • Les recettes pétrolières étant volatiles et épuisables, l’ajustement budgétaire doit se poursuivre
  • La diversification de l’économie est un atout de croissance inclusive et de viabilité de la dette

Le taux de croissance du PIB du Tchad devrait culminer à plus de 10 % en 2014, contre 3,6 % l’an dernier, grâce au niveau élevé des cours du brut, à la mise en service de nouveaux projets pétroliers et au dynamisme de la production agricole. C’est ce qui ressort d’un bilan de l’économie tchadienne effectué par le FMI.

BILAN DE SANTÉ ÉCONOMIQUE

Dans le cadre de l’évaluation dont fait l’objet l’économie tchadienne à intervalles réguliers, le FMI a noté les progrès tangibles réalisés dans le développement des infrastructures — notamment la construction d’écoles, d’hôpitaux et de routes — et dans la diversification de l’économie.

Le revenu par habitant du Tchad a plus que doublé depuis le démarrage de la production pétrolière en 2003. Parmi les principaux jalons industriels, il convient de citer l’ouverture d’une raffinerie de pétrole en juin 2011, l’augmentation de la capacité de production d’électricité et l’inauguration d’une cimenterie en février 2012.

Toutefois, le Tchad a enregistré des progrès limités dans la réduction globale de la pauvreté et dans l’amélioration de l’accès aux services publics. La pauvreté n’a connu qu’un repli modéré — de 54,8 % en 2003 à 46,7 % en 2011 — et celui-ci a été inégal, la pauvreté ayant reculé plus dans les régions urbaines qu’en milieu rural.

Des perspectives de croissance positives

Impulsée par une mécanisation grandissante de l’agriculture et les subventions aux intrants, l’expansion du secteur non pétrolier donnera un coup de fouet la croissance du PIB à moyen terme, tandis que la croissance du PIB pétrolier devrait atteindre un maxima en 2016 puis amorcer un repli continu, à moins que de nouveaux gisements ne soient découverts (voir graphique).

Le Tchad doit utiliser de manière judicieuse sa manne pétrolière face à ses considérables besoins de développement, en appuyant sa politique budgétaire sur une réduction durable du déficit primaire hors pétrole. Ce faisant, le pays pourra dégager la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour parer à la volatilité des recettes pétrolières.

Par ailleurs, les plans de développement devront dépendre de plus en plus d’une augmentation des recettes non pétrolières et de la qualité de la dépense. À long terme, au vu de la diminution et de la volatilité des exportations et des recettes pétrolières, le Tchad va devoir diversifier davantage son économie et renforcer sa compétitivité en intervenant sur les axes suivants :

• Amélioration du climat des affaires pour développer le secteur privé.

• Promotion soutenue du secteur agricole.

• Efficacité accrue de la prestation des services publics de base.

• Expansion de l’intermédiation financière et de l’accès à la finance.

Une inflation modérée

L’inflation a chuté à près de 0,2 %, contre 7,7 % en 2012. Ce repli, qui résulte principalement de la forte diminution des prix des produits alimentaires, s’est produit en dépit du fait que certains prix, en particulier ceux du ciment et des carburants, aient été libéralisés ou augmentés pour assurer le recouvrement des coûts.

Le Tchad connaît sa plus longue période de stabilité politique intérieure depuis son indépendance en 1960, mais il doit faire face à de fortes demandes de dépenses récurrentes en raison des coûts liés à la sécurité aux frontières. C’est ainsi que les autorités ont dû financer une assistance aux réfugiés des pays voisins que sont le Niger, le Nigeria, le Soudan, la Libye et, en particulier, la République centrafricaine, d’où de nombreux Tchadiens ont dû être rapatriés. Le Tchad a également contribué aux opérations internationales visant à rétablir l’ordre au Mali.

En 2014, le FMI a dressé le bilan de santé annuelle de l’économie tchadienne et, en coopération avec la Banque mondiale, a également évalué les perspectives de viabilité de la dette du pays. Lors de la réunion du Conseil d’administration du FMI du 21 février dernier, les administrateurs ont félicité les autorités tchadiennes des solides résultats macroéconomiques enregistrés en 2013 en dépit d’un environnement sécuritaire régional difficile.

Le Conseil d’administration a cependant engagé des autorités à répondre aux besoins en développement du pays et à maintenir le cap de l’ajustement budgétaire tout en dégageant une marge de manœuvre suffisante pour parer à la volatilité des recettes pétrolières, en assurant la viabilité de la dette et en encourageant une croissance diversifiée et inclusive.

Risque lié aux cours du pétrole

Compte tenu du niveau actuel des cours du brut et des projections en la matière, les finances publiques et les banques locales sont plus que jamais exposées au risque issu des prix du pétrole.

Une chute des cours comme celle enregistrée en 2009 entraînerait un manque à percevoir considérable. Sans épargne suffisante, les pouvoirs publics seraient contraints de ralentir leur ambitieux programme d’investissements publics et auraient plus de mal à régler leurs fournisseurs en temps et en heure. Ces derniers, à leur tour, auraient des difficultés à assurer le service de leur dette et les banques commerciales pourraient voir leurs créances improductives s’accroître.

Sécurité alimentaire

Avant 2013, la sécurité alimentaire constituait une grave préoccupation pour le Tchad. La sécheresse de 2011 — qui a provoqué une chute de 50 % de la production céréalière — et les inondations de 2012 ont poussé les autorités à définir une stratégie nationale pour renforcer la résilience de l’économie tchadienne face aux chocs climatiques.

Cette nouvelle stratégie, mise au point en 2012 en collaboration avec les partenaires internationaux, dont l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), se centre sur l’amélioration de la gestion des ressources en eau, des capacités d’entreposage et des systèmes d’information pour les pouvoirs publics, les partenaires techniques et financiers et les agriculteurs. À en juger par l’évolution des prix des produits alimentaires de l’an dernier, il semblerait que cette nouvelle stratégie ait placé le Tchad sur la voie de la résilience en matière alimentaire.

Renforcement des capacités

Durant ces dernières années, le Tchad a engagé des réformes de gestion des finances publiques destinées à améliorer les opérations budgétaires, à établir de meilleurs liens entre les crédits annuels, les objectifs à moyen terme et les indicateurs de performance, et à informatiser la gestion budgétaire et les contrôles de dépenses.

Les organisations internationales, dont le FMI, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le Programme des Nations Unies pour le développement, de même que les bailleurs de fonds tel que l’UE et la France, mobilisent leur financement et leur savoir-faire pour aider le Tchad à renforcer ses capacités de gestion des finances publiques et d’analyse et mise en œuvre de politiques économiques. Ces partenaires accompagnent les efforts visant à améliorer la gestion de la dette, les marchés publics, la politique fiscale non pétrolière et les recettes y afférentes, l’efficience des dépenses publiques, la supervision bancaire et le recueil et diffusion de statistiques.