Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

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Bulletin du FMI : Le Canada supporte bien la baisse des cours du pétrole

le 13 juin 2016

  • Malgré la force du choc pétrolier, la croissance devrait rebondir modérément en 2016
  • Les autorités cherchent avant tout à stimuler la croissance et à préserver la stabilité financière
  • Un rôle accru est assigné à la politique budgétaire, par le biais de la fiscalité et des dépenses

Le choc pétrolier constitue le premier test majeur de la résilience économique et financière du Canada depuis la crise financière mondiale de 2008, et l’économie s’adapte bien, indique le FMI dans son évaluation périodique de l’économie du pays.

(photo : Corey Hochachka/Newscom)

Pompage du pétrole à Morinville, dans l’Alberta : confronté à la chute des cours du pétrole, le Canada n’a pas attendu pour en amortir les effets sur l’économie (photo : Corey Hochachka/Newscom)

BILAN DE SANTÉ ÉCONOMIQUE

L’économie canadienne a été mise à mal pendant plus d’un an par la chute des cours du pétrole, principal produit d’exportation du pays, qui ont diminué de plus de moitié depuis 2014 et entraîné l’effondrement des investissements des entreprises, les compagnies énergétiques révisant à la baisse leurs plans d’investissement. De ce fait, la croissance du PIB réel est tombée à 1,2 % en 2015.

Mais la croissance va vraisemblablement remonter à 1,7 % en 2016 et se rapprocher ainsi du taux de croissance potentielle de 2% à moyen terme, précise le rapport.

Une politique monétaire d’accompagnement et la dépréciation de la monnaie ont contribué à atténuer les effets du choc pétrolier. L’inflation reste faible et le marché de l’emploi a relativement bien résisté, le chômage n’ayant que légèrement dépassé la barre des 7 % (contre 6½ % fin 2014). Cependant, note le rapport, ces perspectives de croissance sont exposées à certains risques. Les effets économiques et financiers du choc pétrolier ne se sont pas encore fait pleinement sentir et les vulnérabilités financières s’accentuent, comme en témoigne l’augmentation du taux d’incidents de paiement, même si son niveau de départ était bas.

Plus généralement, l’affaiblissement de l’économie suscite des craintes en raison des vulnérabilités liées au marché de l’immobilier résidentiel. Les taux d’intérêt bas ont encouragé les ménages à s’endetter davantage.

Un nouveau dosage des politiques économiques : une relance plus budgétaire et moins monétaire

Étant donné que l’économie manque encore de tonus, la politique monétaire doit rester accommodante et il pourrait être envisagé d’abaisser encore les taux d’intérêt si l’activité ralentit. Cependant, la politique monétaire ne doit pas supporter seule la charge du soutien de l’économie, étant donné les risques pour la stabilité financière dans un environnement où les taux d’intérêt sont bas.

Dans ce contexte, il est possible de faire appel à la politique budgétaire pour alléger la contribution de la politique monétaire au soutien de la demande à court terme. À cet égard, le FMI se félicite des mesures de relance prévues dans le budget fédéral 2016 qui accroissent considérablement les dépenses pour diverses initiatives, qui vont des projets d’infrastructure aux prestations sociales.

L’endettement net de l’État étant relativement faible (compte tenu de la taille de l’économie) de même que les coûts d’emprunt, le Canada, indique le rapport, dispose de la marge de manœuvre nécessaire pour mener une politique budgétaire expansionniste afin de soutenir l’activité. En outre, d’après les analyses de viabilité de la dette réalisées par les services du FMI et différents tests de résistance, il n’y a pas lieu de se préoccuper outre mesure de la dynamique de la dette.

De grandes différences régionales

Au niveau provincial, il convient toutefois d’être plus prudent. Parmi les grandes provinces, le Québec a une dette relativement élevée et l’Ontario a un déficit relativement élevé. Dans ces provinces, l’assainissement des finances publiques devrait se poursuivre, mais à un rythme progressif afin de ne pas annuler l’effet des mesures de relance du gouvernement fédéral et de soutenir la reprise en cours. Du fait que l’Alberta est fortement tributaire des redevances pétrolières, le solde budgétaire de la province est devenu négatif, mais elle reste très peu endettée. Étant donné que son économie est aussi nettement plus faible que celle du reste du pays, il conviendrait de laisser jouer complètement les stabilisateurs automatiques (laisser les dépenses et les impôts varier naturellement avec les fluctuations de l’économie). À moyen terme, l’Alberta devrait recourir à des mesures touchant à la fois aux recettes et aux dépenses pour combler son déficit budgétaire.

Il est important de renforcer le cadre budgétaire à moyen terme pour rehausser la crédibilité de l’action menée. Le rapport du FMI appuie la détermination des autorités de placer le ratio dette/PIB sur une trajectoire descendante, mais il préconise une nouvelle règle budgétaire pour ancrer la viabilité de la dette et entretenir la confiance des marchés.

Des politiques fiscales et de dépense axées sur la croissance à long terme

L’enjeu à long terme consiste à utiliser au mieux l’espace budgétaire disponible pour accélérer les réformes structurelles, catalyser l’investissement privé et diversifier les sources futures de la croissance du Canada. Une ferme volonté politique et une étroite collaboration entre les autorités fédérales et provinciales s’imposent pour aller de l’avant et assurer la mise en œuvre efficiente des mesures décidées. Un plan d’infrastructure national aiderait à améliorer la qualité et l’efficience des investissements d’infrastructure.

Plus généralement, il convient d’agir sur plusieurs fronts pour améliorer la croissance de la productivité et la compétitivité extérieure. En particulier, note le rapport, une politique budgétaire ciblant les incitations fiscales sur la recherche et le développement de manière à encourager l’innovation et la concurrence, accordant des subventions plus généreuses à la garde d’enfants pour encourager les femmes à entrer sur le marché de l’emploi, et prévoyant des programmes de formation financés par l’État pour aider les travailleurs à acquérir de nouvelles compétences, améliorerait la capacité du Canada d’affronter la concurrence sur les marchés d’exportation existants et nouveaux.

La vigilance reste de mise face aux vulnérabilités du marché immobilier résidentiel

Les mesures macroprudentielles ont permis globalement de freiner la croissance du crédit hypothécaire, mais le rapport recommande de les durcir encore si les déséquilibres du marché immobilier résidentiel menacent de s’accentuer.

Les politiques prudentielles ont renforcé les bilans des banques et contribué à assurer la stabilité du système. Le rapport salue les progrès qui ont été accomplis dans la mise en œuvre des principales recommandations de la mise à jour de 2014 du Programme d’évaluation du secteur financier, notamment la création de la nouvelle Autorité des marchés financiers pour mieux surveiller les risques systémiques sur les marchés de capitaux, et encourage les autorités à continuer d’apporter des améliorations là où cela est nécessaire.