Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Zone euro : il faut poursuivre les réformes pour conforter la reprise

le 14 juillet 2014

  • Soutenir la demande pour remédier à une faible inflation et doper l’emploi.
  • Redresser les bilans et achever l’union bancaire pour relancer le crédit et inverser la fragmentation financière.
  • Mettre en œuvre des réformes structurelles pour stimuler l’investissement, l’emploi et la productivité et corriger les déséquilibres extérieurs.

La zone euro est en phase de reprise, mais les décideurs doivent remédier aux causes profondes de la faiblesse de la croissance pour assurer un redressement solide et durable; telles sont les conclusions du dernier rapport du FMI sur la zone euro.

Drapeaux de pays membres de la zone euro à Bruxelles. Le FMI engage les dirigeants à faire avancer les réformes afin d’accompagner la reprise de la zone euro (photo: Yves Herman/Rueters/Corbis).

Drapeaux de pays membres de la zone euro à Bruxelles. Le FMI engage les dirigeants à faire avancer les réformes afin d’accompagner la reprise de la zone euro (photo: Yves Herman/Rueters/Corbis).

BILAN DE SANTÉ ÉCONOMIQUE

Il y a enfin de bonnes nouvelles à propos de la zone euro, d’après les auteurs du rapport. L’activité économique reprend peu à peu des forces et les marchés financiers sont bien orientés. Il a fallu des mesures énergiques pour opérer ce redressement.

La reprise est cependant plus faible que prévu et la croissance n’est pas au rendez-vous dans tous les pays. La production et l’investissement sont encore bien au-dessous de leurs niveaux d’avant la crise. Le chômage élevé, le poids des dettes publiques, le haut niveau des taux d’intérêt réels dans des pays en difficultés, les faiblesses des banques et la contraction du crédit font obstacle à la résurgence de la demande intérieure. La région est de ce fait trop tributaire de la demande étrangère et elle est exposée à des aléas externes — fissures géopolitiques ou ralentissement de la croissance des partenaires commerciaux. La croissance s’annonce modérée.

L’inflation est basse dans l’ensemble de la zone, soulignent les auteurs du rapport, qui notent que si elle reste bien inférieure à l’objectif de stabilité des prix de la Banque centrale européenne (BCE), la charge de l’endettement public va s’alourdir et les taux d’intérêt réels demeureront indûment élevés, asphyxiant la demande, ce qui pourrait nuire à la crédibilité de la banque centrale.

Il y a aussi des obstacles à la croissance du côté de l’offre. Les rigidités et les lacunes des marchés des capitaux, du travail et des produits continuent à freiner la productivité, la création d’emplois et le transfert de ressources du secteur des biens non échangeables à celui des biens échangeables. La persistance de niveaux de chômage élevés et de faibles taux d’investissement pourrait handicaper la croissance dans l’avenir prévisible.

Un sentiment de saturation commence à se faire sentir à l’égard des réformes, notent les auteurs du rapport. Les résultats des élections européennes pourraient ne pas être de bon augure pour l’approfondissement de l’intégration de la zone euro, ce qui compromettrait les réformes nécessaires pour soutenir la reprise.

Face à ces risques, le FMI appelle à des efforts concertés pour affermir la reprise économique et relever l’inflation.

Accompagner la demande jusqu’à ce que l’Europe soit remise sur pied

Des politiques doivent être engagées pour étayer la demande intérieure jusqu’à ce que la menace de la faible inflation soit passée et que les banques recommencent à prêter. C’est le but des récentes mesures décidées par la BCE. Mais il en faudrait plus, si l’inflation reste obstinément basse, et, d’après les auteurs du rapport, elle pourrait devoir se résoudre à amplifier sensiblement son bilan, à l’instar d’autres banques centrales, pour transmettre un message explicite et affirmer qu’elle usera de tous les instruments dont elle dispose pour remplir sa mission de gardienne de la stabilité des prix.

L’orientation neutre de la politique budgétaire constitue le juste équilibre entre la maîtrise de l’évolution de la dette publique et le soutien de la demande. Mais les décideurs devraient éviter de couper dans les dépenses si la croissance déçoit les attentes.

Redresser les bilans, réamorcer le crédit

Les décideurs de la zone euro ont bien progressé dans la voie d’une union bancaire plus complète. Le mécanisme de surveillance unique (MSU) deviendra opérationnel dans les mois qui viennent, ce qui facilitera les flux transfrontaliers et réduira la fragmentation financière. Le mécanisme décisionnel du mécanisme de résolution unique (MRU) a été simplifié et le système de partage des charges du Fonds de résolution unique (FRU) a été amélioré.

Dans le même temps, les bilans bancaires sont en voie de redressement. L’évaluation approfondie entreprise par la BCE est bien avancée. Le calendrier ambitieux fixé aux banques pour remédier à leurs déficits de fonds propres devrait être tenable, compte tenu de la nette amélioration de la conjoncture du marché. Il convient toutefois d’insister pour que les établissements bancaires s’emploient énergiquement à accroître leurs fonds propres.

La nécessité d’un dispositif de soutien budgétaire commun continue à s’imposer pour briser le lien pernicieux entre les bilans des banques et les comptes publics. L’accord politique sur l’institution du Mécanisme européen de stabilité est un pas en avant, mais il faut veiller à ne pas placer la barre trop haut, ce qui en rendrait l’accès difficile pour les banques. Dans le secteur des entreprises, il sera important de faciliter la restructuration des dettes, notamment en consolidant les mécanismes nationaux de résolution des faillites.

Exploiter le potentiel de croissance en améliorant les structures économiques

D’après le rapport, la croissance aura du mal à décoller dans de bonnes conditions tant que les obstacles structurels ne seront pas réduits. Cela signifie qu’il faut développer les marchés de capitaux afin que les petites et moyennes entreprises aient d’autres sources de financement que les banques et que les banques puissent gérer convenablement les risques et ménager plus de marges dans leurs bilans pour accroître leurs prêts. Il importe que les réformes des marchés des produits et du travail soient poursuivies afin de stimuler la productivité et l’investissement, de rendre les exportations de la zone euro plus compétitives et de stimuler l’emploi. La réduction des coûts de recrutement et l’établissement de programmes de formation efficaces aideraient à faire baisser les taux de chômage des jeunes, par exemple. Il importe de mettre en œuvre la Directive sur les services afin d’ouvrir les professions protégées et de promouvoir la concurrence en encourageant la fourniture de services transfrontaliers.

À moyen terme, il y aurait lieu de simplifier le système budgétaire exagérément compliqué et d’en simplifier le fonctionnement. Pour préserver les investissements publics vitaux, il importe de doter le centre de capacités de financement accrues pour permettre la réalisation de certains projets — tels que les investissements transfrontaliers dans les réseaux de transports, de communications et d’énergie.

Les services du FMI concluent en résumé que la zone euro doit continuer à se réformer afin de poursuivre et d’affermir son redressement.