Conférence Téléphonique au Sujet des Consulatations au Titre de l'Article 4 avec le Maroc, avec Marc Lewis chef de mission pour le Maroc au FMI

le 23 février 2010

Washington, D.C.
Le 23 février 2010

P R O C E E D I N G

MR. THOMSON : Bonjour, je suis Alistair Thomson, le responsable de presse du FMI à Washington et bienvenue sur notre conférence téléphonique pour les médias, aujourd’hui au sujet des consultations au titre de l’article quatre avec le Maroc. Je suis à Washington avec le chef de mission du FMI pour le Maroc, monsieur Mark Lewis, je vais lui donner l’occasion maintenant de se présenter et de présenter aussi les conclusions des consultations pour le Maroc, puis, nous allons vous donner l’occasion de poser vos questions. Donc, voici monsieur Mark Lewis.

MR. LEWIS : Alistair, merci. Je suis donc Mark Lewis, le chef de mission pour le Maroc au FMI et j’ai l’occasion de vous parler des conclusions des consultations au titre de l’article quatre avec le Maroc. Ces consultations ont été conclues le 25 janvier. Vous trouverez sur le site internet du FMI, c’est le www.imf.org, deux documents en français, d’abord sur les conclusions préliminaires de la mission du FMI, qui s’est déroulée en novembre 2009 ; puis bien sûr le résumé de la réunion du conseil d’administration du FMI, cette réunion s’est déroulée le vingt-cinq janvier. Finalement vous verrez très bientôt sur le site Internet dans les jours qui viennent le rapport du service en anglais et en français sur les consultations au titre de l’article quatre. Bon, je vais faire très vite un résumé de la situation, suivi par nos analyses et notre perspective et puis nous allons ouvrir la discussion à vos questions.

Je vais donc résumer et souligner quatre à cinq thèmes. D’abord en ce qui concerne l’impact de la crise sur le Maroc, cet impact a été biensûr mitigé pour plusieurs raisons : l’économie et la situation macro-économique étaient très solides avant la crise. Bien sûr, le secteur financier était très sain avec des liens très petits entre le secteur financier du Maroc et en fait, les marchés financiers à l’extérieur. Ensuite, les politiques actives des autorités ont aussi mitigé l’impact de la crise, notamment les politiques budgétaires et monétaires, les interventions ciblées dans les secteurs touchés, et les aléas climatiques ont certainement aidé la situation, c’est-à-dire une campagne agricole historique qui a soutenu l’activité économique, la consommation et le revenu réel de la population. Néanmoins, il y avait des impacts à travers les liens avec l’Europe. L’Europe a été vraiment touchée par la crise et le Maroc n’a pas été totalement épargné à travers une diminution des exportations, des transferts, des recettes du tourisme et aussi une diminution des investissements directs de l’étranger.

Mais maintenant, le Maroc sort de la crise et je vais tourner la discussion vers l’avenir, d’abord le proche avenir et puis le moyen terme. D’abord, quelles sont les perspectives pour l’année 2010 ? La relance économique a commencé en Europe, mais la relance sera très lente et très longue. Malheureusement, même si nous avons commencé à voir ces signes de relance, ils sont très faibles. Cela aura un impact positif pour le Maroc notamment par une demande extérieure positive, mais cet impact sera très mitigé. Dans ce contexte, pour le Maroc nous voyons les politiques annoncées par les autorités comme des politiques appropriées à la situation, notamment le budget 2010 qui envisage un déficit d’environ quatre et demi pour cent du PIB, ce qui reste approprié à la situation. Je vais y revenir lors de mon analyse à moyen terme. À court terme, comme je le disais, le secteur financier reste très solide, très sain, avec des liens très limités vis-à-vis des marchés financiers à l’extérieur mais bien sûr, il faut toujours comme d’habitude avoir une vigilance soutenue sur le secteur financier. Pour le moyen terme, quelles sont les priorités ? Au niveau de la stabilité macro-économique, qui est un acquis au Maroc depuis une décennie, il faut toujours faire attention au solde budgétaire et comme je le disais pour le budget 2010 qui vise un déficit budgétaire d’environ quatre et demi pour cent du PIB, cela reste approprié à la situation d’aujourd’hui. Mais à moyen terme, il faut progressivement réduire le déficit budgétaire en dessous d’une barre d’environ trois pour cent du PIB comme c’était le cas par le passé. Cela peut stabiliser l’endettement de l’état par rapport au PIB et cela peut soutenir une situation macro-économique saine, solide, stable. À moyen terme, il y a toujours le défi de la compétitivité, c’est-à-dire la position du Maroc vis-à-vis ses concurrents dans les marchés des biens et services dans le monde et quelles sont les politiques appropriées pour faire face à ces défis de compétitivité ? Il y a des (efforts ?) continus pour assainir au niveau des finances publiques, il faut assainir les politiques fiscales et continuer d’améliorer l’administration des impôts, des droits de douane, etc. Toujours dans le domaine des finances publiques, il faut continuer de rendre plus efficaces les dépenses publiques, d’assurer qu’il y a un (bon)rendement de ces dépenses publiques notamment dans les investissements physiques et humains. Il y a aussi toute une gamme de réformes dites structurelles, c’est-à-dire dans les secteurs, par exemple pour améliorer le climat des affaires, l’agriculture, le tourisme et l’énergie. Finalement, en ce qui concerne les priorités à moyen terme, il s’agit toujours de renforcer le développement humain dans le pays. Le Maroc a fait beaucoup de progrès ces dernières années dans la réduction de la pauvreté et dans l’amélioration du chômage et des services sociaux, mais en même temps, on peut toujours faire mieuxpour soutenir l’éducation, la santé avec, pour objectif, la réduction de la pauvreté et du chômage. Voilà, je vais m’arrêter là, je voudrais vous remercier encore et je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.

JOURNALISTE : Bonjour monsieur Lewis. Alors, j’avais trois questions. Peut-être avez-vous déjà répondu à deux d’entre elles. La première c’était comment le Maroc a pu faire face à la crise internationale et quels sont les atouts qui lui ont permis de relever le défi indu par cette crise. Ma deuxième question, comment évaluez-vous les efforts du Maroc pour lutter contre cette crise par rapport à d’autres pays de la région, notamment du Maghreb ? Et troisième question, quels sont vos pronostics pour la situation économique et financière, au Maroc en particulier et au Maghreb en général, pour les prochaines années ? Merci.

MR. LEWIS: D’accord, très bien, merci, vous avez raison, au moins en partie j’ai répondu déjà à certains éléments de vos questions mais pour répondre en ordre donc, en ce qui concerne la première question, quels sont les éléments qui ont aidé le Maroc à résister aux effets de la crise financière ? Comme je disais, en fait les liens entre le secteur financier du Maroc et les marchés internationaux, les institutions financières à l’extérieur, sont très limités, c’est-à-dire d’abord, il n’y avait pas dans les bilans des institutions financières et des sociétés et même des ménages, des actifs toxiques qui ont précipité en fait certains éléments de la crise dans les pays avancés. Ensuite, il n’y avait pas un problème que l’on a vu dans d’autres régions, notammentil n’y avait pas de passifs des banques à l’extérieur, c’est un problème qui s’est posé dans d’autres régions où il y avait des banques ayant des passifs à court terme en devises à l’extérieur et ce mode de financement n’est pas présent au Maroc. Donc, c’était vraiment une source ? de résilience et stabilité pour le système financier du Maroc. Finalement, j’ai parlé des passifs ainsi que des actifs toxiques, les institutions financières marocaines n’ont pas vraiment beaucoup d’actifs même venant des marchés extérieurs. Bon, en ce qui concerne votre deuxième question, c’est-à-dire la réponse des autorités en comparaison avec d’autres pays, j’ai noté tantôt quenous constatons des politiques actives,appropriées et très ponctuelles de la part des autorités. À notre avis, cela a aidé le Maroc à mitiger l’impact de la crise. Par exemple, au niveau des finances publiques,elles ont poursuivi la réduction des impôts. C’était une action qui était prévue avant la crise. Ce n’était pas exactement une réponse directe, mais en tout cas, elles ont continué avec ces réformes. Cela a aidé vraiment à soutenir le pouvoir d’achat ainsi que l’augmentation des salaires pour les travailleurs dans les premier et deuxième tranches de salaires. Bien sûr, il y a eu une certaine augmentation du déficit budgétaire, par rapport à 2007et 2008, quand il y avait un surplus budgétaire. Les autorités n’ont pas résisté l’impact de la crise au niveau des finances publiques, c’est-à-dire ils n’ont pas gardé totalement le niveau et essayé d’atteindre le niveau de surplus en 2008 par exemple. Donc dans tous les pays du monde touchés par la crise, il y a eu un impact sur les finances publiques, et ce fut la même chose au Maroc. Ils n’ont pas résisté à la réduction des revenus fiscaux, qui est normale quand on a une réduction de l’activité économique, et c’était une politique appropriée dans le contexte. Bien sûr, comme je le disais, il y avait des interventions ciblées aux secteurs touchés et, dans ce contexte, il y avait des mesures très ciblées et, à notre avis, cela a aidé ces secteurs à résister au pire moment de la crise. En fait, que peut-on dire par rapport aux autres pays ? En général, c’était une action appropriée des politiques et à l’heure parce qu’ils ont répondu très vite. Ils ont en fait une surveillance pratiquement quotidienne de l’activité économique et sur des secteurs touchés. Je pense que par rapport à d’autres pays, ces actions comme on peut le dire, sont certainement des actions appropriées et avec la meilleure performance possible pour répondre à la crise. Dans le reste du Maghreb, la situation de chaque pays était différente, donc j’hésite à faire des commentaires parce que, par exemple, en Tunisie, en Algérie, et dans d’autres pays, la situation et les défis sont un peu différents. Chaque pays a ses propres défis et les politiques appropriées sont différentes. Finalement, les priorités à l’avenir, je pense, en résumé pour le Maroc, à moyen terme, au niveau de la stabilité économique, les réformes structurelles, les défis dans les secteurs sociaux, je pense certainement en ce qui concerne d’autres pays de la région, certains de ces défis restent pertinents. Je m’arrête là et je prends la prochaine question, merci.

MR. THOMSON: S’il n’y a pas d’autres questions, on s’arrête là et bonne journée à tout le monde et merci d’avoir participé à cette conférence.

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