Un gros porte-conteneurs décharge sa cargaison au port de Djibouti, port polyvalent majeur qui stimule l’économie (photo : Nigel Pavitt/Getty Images)

Grâce aux investissements en infrastructures, Djibouti pourrait devenir un pôle régional

le 6 avril 2017

Le boum des investissements dans les infrastructures que Djibouti a connu récemment pourrait bien faire du pays une plateforme régionale pour l’Afrique de l’Est, créer des emplois et aider à revenir à un niveau soutenable d’endettement, indique le FMI à l’issue du dernier bilan annuel de l’état de santé de Djibouti.

«Les autorités devraient rapidement mettre en œuvre les réformes indispensables pour que les investissements se traduisent en une croissance forte, inclusive et créatrice d’emplois» déclare Eric Mottu, Chef de mission du FMI pour Djibouti.

Ce petit État situé dans une région aride de la Corne de l’Afrique, voisin de l’Éthiopie, pays enclavé, est fortement tributaire de son port en eau profonde. Djibouti développe son infrastructure de transports et de services publics pour tirer profit de sa situation stratégique qui en fait un centre de transbordement et un lieu d’établissement de bases militaires.

Les avantages de son emplacement stratégique n’ont toutefois pas été pleinement exploités. Dans le passé, la croissance a été irrégulière et insuffisante pour sortir la population de la pauvreté et créer assez d’emplois. Le taux de pauvreté est donc de 41 % environ, le taux d’extrême pauvreté de 23 % et le taux de chômage de 39 %.

Djibouti en quelques chiffres :

  • Population : 999.300 (est. 2016)
  • Capitale : Djibouti
  • Monnaie : franc djiboutien
  • PIB par habitant : 1.908 dollars (est. 2016)
  • Taux de chômage : 39 % (2015)

Parier sur l’investissement

Pour relever ces défis, la stratégie de développement des autorités, Vision Djibouti 2035 , vise à transformer le pays en plateforme logistique et commerciale de l’Afrique de l’Est. Cette stratégie prévoit des investissements de grande ampleur axés sur des projets dans le secteur public (construction d’un chemin de fer vers l’Éthiopie et d’un aqueduc par exemple) et vise une croissance à moyen terme de 7,5 % à 10 % par an, un triplement du revenu par habitant et une baisse du chômage. Des investisseurs chinois financent un grand nombre de ces projets.

Les premiers résultats de ces investissements sont encourageants. D’après les estimations, la croissance a atteint 6,5 % en 2016, tirée par les investissements publics. En 2017–19, elle devrait grimper à 7 %, portée par le chemin de fer, le port polyvalent et d’autres investissements publics, qui devraient stimuler l’activité du secteur privé et l’investissement direct étranger.

Accumulation de la dette

Malgré la croissance accrue, le pays présente un risque élevé de surendettement car la plupart de ces investissements dans les infrastructures ont été financés sur ressources extérieures, ce qui a porté la dette extérieure de 50 % à 85 % du PIB en seulement
deux ans.

Les obligations accrues au titre du service de la dette non seulement comportent des risques budgétaires considérables — en 2016, le déficit du budget de l’État, dépenses au titre de l’aqueduc et du chemin de fer incluses, était de l’ordre de 16 % du PIB — mais aussi pourraient amputer des dépenses sociales prioritaires.


Priorité aux réformes

Pour récolter les fruits de ces investissements massifs et faire en sorte qu’ils profitent à tous, les autorités devront donc se concentrer sur plusieurs réformes fondamentales, qui visent à transformer le boum des investissements en une croissance forte et inclusive qui réduira la pauvreté, créera des emplois et remettra la dette sur une trajectoire viable.

  • Stratégie d’endettement : Élaborer une stratégie d’endettement coordonnée destinée à assurer la viabilité de la dette, compte tenu du risqué élevé de surendettement ; adopter une loi sur la dette publique et instaurer un ancrage explicite de la dette, sous forme d’un ratio dette publique/PIB par exemple.
  • Politique budgétaire : Poursuivre la réforme du système fiscal en s’inspirant des recommandations de la conférence nationale sur la fiscalité de 2015 ; lancer un examen exhaustif des dépenses fiscales, des exonérations et des régimes dérogatoires, en vue de les supprimer progressivement.
  • Réformes structurelles : Mettre l’accent sur les réformes des entreprises publiques afin de les rendre plus efficientes, de renforcer la gouvernance et d’améliorer leur capacité à gérer les projets d’investissement ; engager des réformes visant à améliorer le climat des affaires et accroître la concurrence.
  • Secteur financier : Axer les politiques monétaires et financières sur la stabilité du système bancaire, l’inclusion financière et la stabilité extérieure.
  • Données : Améliorer les statistiques, en particulier les calculs du PIB et les états financiers du secteur public pour de meilleures prises de décision.
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