Le conseil d’administration du FMI achève les deuxièmes revues des accords avec le Cameroun au titre de la facilité élargie de crédit et du mécanisme élargi de crédit

le 25 juillet 2022

  • Le Cameroun va recevoir de nouveaux décaissements équivalant à 72,9 millions de dollars de la part du FMI.
  • Le début de reprise économique du milieu de 2021 est maintenant l’objet d’incertitudes accrues en raison des retombées de la guerre en Ukraine, des fortes pressions inflationnistes, en particulier sur les prix des produits alimentaires et des carburants, et d’un durcissement des conditions financières mondiales. Le pays reste également vulnérable à de nouvelles vagues de COVID-19 à cause d’un taux de vaccination faible. Toutefois, les perspectives économiques à moyen terme demeurent positives.
  • Les résultats globaux du programme sont mitigés, avec des retards dans les réformes structurelles dans certains domaines clés.

Washington: Aujourd’hui, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les deuxièmes revues de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) et de l’accord élargi au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) pour le Cameroun. L’achèvement des deuxièmes revues permet des décaissements de 18,4 millions de DTS (environ 24,3 millions de dollars) au titre de la FEC et de 36,8 millions de DTS (environ de 48,6 millions de dollars) au titre du MEDC, ce qui porte le total des décaissements au titre des accords à 262,2 millions de DTS (environ 346,1 millions de dollars).

Les accords triennaux au titre de la FEC et du MEDC ont été approuvés le 29 juillet 2021 et s’articulent autour de cinq axes: i) atténuer les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie tout en garantissant la viabilité budgétaire et extérieure ; ii) renforcer la bonne gouvernance, la transparence et le cadre de lutte contre la corruption ; iii) accélérer les réformes budgétaires structurelles pour moderniser les administrations fiscale et douanière, accroître les recettes, améliorer la gestion des finances publiques, renforcer l’efficience des investissements publics et réduire les risques budgétaires associés aux entreprises publiques ; iv) renforcer la gestion de la dette et garantir que celle-ci reste à un niveau viable ; et v) conduire des réformes structurelles pour accélérer la diversification économique, accroître la résilience et l’inclusion du secteur financier et promouvoir l’égalité entre les sexes et le verdissement de l’économie.

Avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, le Cameroun avait commencé, en 2021, à se remettre du choc causé par la COVID-19. Après avoir atteint un taux historiquement bas de -2,2 % en glissement annuel au deuxième trimestre 2020, la croissance du PIB réel s’est redressée progressivement pour atteindre 3,6 % en 2021, soutenue par une forte reprise des secteurs primaire et tertiaire. Le début de reprise économique de 2021 est maintenant l’objet de grandes incertitudes en raison des retombées de la guerre en Ukraine, des fortes pressions inflationnistes, en particulier sur les prix des produits alimentaires et des carburants, et d’un durcissement des conditions financières mondiales.

Les perspectives économiques pour 2022 demeurent positives mais elles sont entourées de grandes incertitudes. En 2022, la croissance du PIB réel devrait s’élever à 3,8 %, contre 4,5 % escompté au moment des premières revues du programme. L’inflation devrait augmenter à 4,6 % en 2022 mais devrait rester inférieure à 3 % à moyen terme.

En tant qu’exportateur de pétrole brut, le Cameroun a enregistré certains effets positifs au niveau de ses finances publiques et de sa situation extérieure. Toutefois, l’intensification de la hausse des prix mondiaux et des perturbations de l’approvisionnement a alourdi considérablement le coût des subventions aux carburants et fait peser une pression supplémentaire sur les prix intérieurs, en particulier pour ce qui est des produits alimentaires et des engrais.

Les risques liés à la guerre en Ukraine ont aggravé les risques liés à la pandémie. Les risques de détérioration comprennent la hausse et la volatilité des prix des produits alimentaires, des engrais et de l’énergie, ainsi que des perturbations de l’approvisionnement ; de nouvelles flambées de variants de la COVID-19 mortels et hautement contagieux ; une forte augmentation des primes de risque à l’échelle mondiale suite au durcissement de la politique monétaire en cours dans les pays développés ; et des progrès insuffisants concernant les subventions aux prix des carburants.

Pour ce qui est des aléas positifs, le Cameroun pourrait tirer profit des nouvelles possibilités relatives au pétrole et au gaz, ainsi que de l’achèvement de grandes centrales hydroélectriques. Les risques sont atténués par un solide bilan des autorités concernant la mise en œuvre des programmes macroéconomiques, une étroite collaboration avec les donateurs, un programme complet de renforcement des capacités et une planification d’urgence, y compris le plan de riposte à la COVID-19.

À l’issue de la réunion du conseil d’administration, M. Kenji Okamura, directeur général adjoint et président par intérim, a fait la déclaration ci-après :

« L’économie du Cameroun a démontré sa résilience face au choc causé par la COVID-19, mais la reprise fait désormais l’objet d’incertitudes accrues, compte tenu des pressions inflationnistes, des faibles taux de vaccination et du durcissement des conditions financières mondiales. Les accords au titre de la FEC et du MEDC ont soutenu les efforts des autorités visant à assurer une reprise rapide après la pandémie, à accroître la viabilité extérieure et budgétaire à moyen terme, à renforcer la viabilité de la dette et à mettre en œuvre leur stratégie de réforme structurelle en faveur d’une croissance soutenue, plus inclusive et diversifiée.

« Les résultats du Cameroun au titre du programme restent conformes aux objectifs et les réformes structurelles progressent, même si des retards sont observés dans certains domaines essentiels. Les autorités sont déterminées à atteindre les objectifs du programme et à accélérer le rythme de mise en œuvre des réformes pour soutenir la diversification de l’économie sous l’impulsion du secteur privé. La mise en œuvre effective et résolue des réformes des autorités, en particulier pour renforcer la transparence, la bonne gouvernance et le cadre de lutte contre la corruption, est essentielle pour obtenir des financements supplémentaires de la part des donateurs.

« La stratégie des autorités consistant à poursuivre l’assainissement budgétaire et à réduire progressivement les subventions aux carburants à compter de 2023, tout en protégeant les personnes vulnérables, contribuera à atténuer les conséquences des chocs récents. La poursuite de la mobilisation des recettes non pétrolières et de la rationalisation des dépenses contribuera à la reconstruction d’un espace budgétaire pour renforcer les filets de protection sociale et stimuler la reprise tout en préservant la viabilité de la dette.

« Le programme du Cameroun est soutenu par la mise en œuvre de mesures et de réformes de la part des institutions régionales de la CEMAC, qui sont essentielles au succès du programme. L’achèvement des deuxièmes revues dépendra de la mise en œuvre d’assurances indispensables à l’échelle de l’Union, comme le prévoit le document de référence de décembre 2021 pour l’ensemble de l’Union. »

Tableau 1. Cameroun : Principaux indicateurs économiques et financiers, 2021-27

(En milliards de FCFA, sauf indication contraire)

2021

2021

2022

2022

2023

2024

2025

2026

2027

1er Rév.

Est.

1er Rév.

Proj.

Proj.

Proj.

Proj.

Proj.

Proj.

Revenu national et prix

PIB à prix constants

3.5

3.6

4.5

3.8

4.6

4.7

5.0

4.9

4.9

PIB pétrolier à prix constants

0.1

-3.2

0.1

4.2

-3.0

0.2

0.2

0.3

0.3

PIB non pétrolier à prix constants

3.6

3.8

4.6

3.8

4.8

4.8

5.1

5.0

5.0

Déflateur du PIB

2.6

3.3

2.9

4.8

2.4

2.6

2.1

2.0

2.0

PIB nominal (aux prix du marché, en millions de FCFA)

24,951

25,158

26,828

27,389

29,325

31,506

33,766

36,152

38,682

Pétrolier

929

801

1,009

1,187

1,090

992

927

883

859

Non-pétrolier

24,021

24,357

25,819

26,201

28,235

30,513

32,839

35,269

37,823

Prix à la consommation (moyenne)

2.3

2.3

2.1

4.6

2.8

2.6

2.1

2.1

2.0

Prix à la consommation (fin de période)

2.1

3.5

2.0

4.1

2.9

2.1

2.1

2.1

2.0

(Pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Monnaie et crédit

Monnaie au sens large (M2)

13.8

17.2

10.7

15.6

10.1

8.1

6.7

6.1

7.0

Avoirs nets extérieurs 2/

1.9

4.3

6.5

5.1

4.0

1.7

1.5

2.0

3.6

Avoirs intérieurs nets 2/

11.9

12.9

4.2

10.5

6.1

6.4

5.2

4.1

3.4

Crédit intérieur au secteur privé

5.4

9.7

5.6

9.1

12.4

10.9

7.4

7.5

3.1

Epargne et investissement

Épargne nationale brute

26.9

14.0

29.8

16.3

17.3

18.8

20.4

21.8

23.2

Investissement intérieur brut

30.3

17.9

31.8

18.4

20.0

22.0

23.6

25.0

26.0

Investissement public

5.4

4.6

5.5

5.2

5.4

5.8

6.0

6.7

6.8

Investissement privé

24.9

13.4

26.2

13.2

14.6

16.2

17.6

18.3

19.2

Opérations de l'administration centrale

Recettes totales (donc compris)

13.9

14.1

14.9

15.4

15.9

15.7

15.5

15.5

15.4

Recettes pétrolières

1.9

1.9

2.4

2.9

2.7

2.3

2.0

1.7

1.6

Recettes non pétrolières

11.7

12.0

12.0

12.0

12.8

13.1

13.4

13.6

13.7

Recettes non pétrolières (en pourcentage du PIB non pétrolier)

12.1

12.4

12.5

12.5

13.3

13.6

13.8

13.9

14.0

Dépenses totales

17.0

16.5

16.7

17.4

16.1

16.0

15.9

16.7

16.7

Solde budgétaire global (base ordres de paiement)

Dons non compris

-3.4

-2.6

-2.4

-2.5

-0.5

-0.6

-0.6

-1.4

-1.4

Dons compris

-3.1

-2.4

-1.8

-1.9

-0.2

-0.3

-0.4

-1.3

-1.3

Solde budgétaire global (base caisse)

Dons non compris

-3.8

-3.0

-2.7

-3.0

-1.0

-0.9

-0.8

-1.4

-1.4

Dons compris

-3.5

-2.8

-2.2

-2.5

-0.7

-0.6

-0.6

-1.3

-1.3

Solde primaire non pétrolier (base paiements, en pourcentage du PIB non pétrolier)

-4.0

-3.4

-3.4

-4.2

-2.3

-1.9

-1.7

-2.3

-2.2

Secteur extérieur

Balance commerciale

-1.1

-1.5

-0.8

-0.7

-1.3

-2.0

-2.1

-2.1

-1.9

Exportations pétrolier

4.7

4.9

5.2

7.5

6.0

4.8

4.1

3.6

3.3

Exportations non pétrolières

8.0

8.0

8.6

9.4

8.7

8.1

7.9

7.7

7.7

Importations

13.8

14.5

14.6

17.6

16.0

14.9

14.1

13.5

12.9

Solde des transactions courantes

Dons officiels non compris

-3.7

-4.4

-2.4

-2.6

-3.0

-3.5

-3.6

-3.5

-3.1

Dons officiels compris

-3.4

-4.0

-2.0

-2.1

-2.6

-3.2

-3.3

-3.2

-2.9

Termes de l'échange

5.2

7.0

3.4

7.1

-7.1

-6.9

-4.6

-3.2

-2.5

Dette publique

Encours de la dette publique 3/ 4/

47.2

45.5

45.0

44.0

40.8

37.9

35.3

33.9

32.6

Dont : dette extérieure

33.9

31.6

32.8

31.2

30.3

29.2

28.2

27.6

26.9

Sources : Autorités camerounaises ; et estimations et projections des services du FMI utilisant le PIB nominal actualisé.

1/ Pourcentage de monnaie au sens large au début de la période.

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