La Standard Bank d’Afrique du Sud a été l’une des premières banques africaines à poursuivre de façon déterminée une stratégie de croissance panafricaine (photo : Graeme Williams / South Photos / Newscom)

Les banques panafricaines en pleine expansion

le 13 février 2017

Dans les années qui ont suivi la crise financière mondiale, l’Afrique a vu les activités bancaires transfrontalières se développer rapidement sous la conduite de groupes bancaires basés sur le continent, dont l’action stimule l’intégration financière et économique et transforme le paysage financier de la région. Ces établissements occupent l’espace libéré par le retrait de plusieurs groupes bancaires mondiaux au lendemain de la crise.

Cette expansion est manifeste dans toute la région. Des banques africaines originaires des quatre coins du continent ont chacune créé des activités commerciales dans dix pays au moins. Ecobank, dont le siège est au Togo, est implantée dans plus de 30 pays africains.

Les banques ont favorisé de nombreuses évolutions positives : elles offrent à leur clientèle des produits et services nouveaux et de meilleure qualité, elles exploitent des systèmes d’information et de gestion plus modernes, et elles appliquent des normes réglementaires et comptables plus strictes. Mais ces groupes sont aussi source de nouvelles difficultés pour les autorités africaines de réglementation et de contrôle, ce qui risque d’influer sur la stabilité économique et financière. Bon nombre de ces difficultés ont été ressenties à l’échelle mondiale, notamment en Europe, et ont amené les autorités à renforcer la réglementation bancaire et à durcir le contrôle.

Il appartient aux autorités africaines de réglementation et de contrôle du système financier de s’attaquer rapidement à ces nouveaux problèmes. Elles ont entrepris d’améliorer les procédures et pratiques de contrôle et établi à cette fin une coopération sans précédent avec leurs homologues dans l’ensemble du continent, ainsi qu’avec les autorités de contrôle internationales, confrontées aux mêmes difficultés.

C’est sur cet ensemble complexe d’enjeux qu’a porté la conférence sur les conséquences pour l’Afrique des activités bancaires transfrontalières et des réformes réglementaires, qui s’est tenue à Maurice les 1er et 2 février derniers. La conférence a réuni plus de 80 responsables africains et européens (dont 12 gouverneurs de banques centrales africaines) et des directeurs de banque, ainsi que l’équipe du FMI avec à sa tête sa Directrice générale, Mme Christine Lagarde.

Dans son discours liminaire , Mme Lagarde a évoqué la nécessité capitale de veiller à ce que le contrôle des sociétés faîtières s’effectue sur une base consolidée, ce qui impose une lourde charge aux superviseurs. Il est également essentiel que les autorités de contrôle des pays qui accueillent des filiales bancaires d’importance systémique soient impliquées dans le processus, et participent dans ce but aux réunions des collèges de surveillance et échangent des informations.

«Il faut être équilibriste, car il s’agit de renforcer la réglementation et la supervision selon les normes internationales tout en tenant compte de la réalité locale, a déclaré Mme Lagarde, heureusement, vous n’êtes pas seuls. Le FMI, ainsi que d’autres organes sont conscients des défis auxquels vous êtes confrontés et sont déterminés à mettre leur expérience mondiale à votre service.»

La conférence, qui s’est tenue à huis clos, a examiné en détail les difficultés liées à la supervision des activités bancaires panafricaines, en particulier la coordination entre des pays dont les secteurs financiers sont à des stades de développement très différents, et où le rôle des filiales bancaires est plus grand, voire de haute importance systémique, — dans les économies locales où elles opèrent.

À l’évidence, ces problèmes ne sont pas propres à l’Afrique. En fait, bon nombre d’entre eux, qu’il s’agisse d’échanges de données ou de résolutions des banques transfrontalières en faillite, sont communs aux pays avancés et aux pays émergents.

Un élément central de la conférence a donc été la participation des autorités de contrôle européennes, aux prises avec les mêmes défis. Leur groupe était dirigé par Stefan Ingves, gouverneur de la Banque centrale suédoise et Président du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. Dans son discours sur la résolution des banques transfrontalières, M. Ingves a évoqué les problèmes auxquels les superviseurs des pays nordiques et baltes ont été confrontés, en particulier pendant et après la crise financière mondiale.

Le FMI a joué un rôle de premier plan en fournissant ses compétences techniques pour accompagner la mise en place d’une réglementation et d’un contrôle transfrontaliers efficaces, y compris au moyen de ses travaux de renforcement des capacités. La conférence a eu lieu à l’Institut de formation pour l’Afrique qui, tout comme le centre régional d’assistance technique AFRITAC Sud, basé à Maurice, et d’autres centres régionaux, est profondément impliqué dans ce projet.

Dans son allocution, M. Ingves a mentionné un autre rôle pour le FMI dans le cadre des travaux sur les activités bancaires transfrontalières : «Outre le savoir faire qu’il est en mesure d’apporter, pour ne rien dire de ses moyens financiers, souvent, le FMI joue aussi un rôle central en tant que tiers neutre», a-t-il déclaré.

Dans son discours, Mme Lagarde a évoqué la finalité plus large d’un secteur financier solide en Afrique : «À terme, la solidité du cadre de réglementation et de supervision peut contribuer à garantir que les banques saines soient en mesure de fournir les ressources essentielles qui sont nécessaires à la relance économique de l’Afrique. Il s’agit là d’un effort de longue haleine et nous serons à vos côtés tout au long du chemin», a-t-elle conclu.