Le Conseil d’administration du FMI approuve un accord élargi de 642 millions de dollars au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) en faveur du Gabon

le 20 juin 2017

  • Le programme aidera le Gabon à assurer la stabilité macroéconomique et à jeter les bases d’une croissance durable et équitable.
  • L’accord triennal élargi contribuera à ancrer des politiques budgétaires prudentes et une situation viable de balance des paiements.
  • L’assainissement budgétaire contribuera à assurer la viabilité de la dette et à appuyer la stabilisation des réserves de change régionales.

Le 19 juin 2017, le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un accord triennal élargi au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) en faveur du Gabon pour un montant de 464,4 millions de DTS (soit environ 642 millions de dollars et 215 % de la quote-part du pays) à l’appui du programme de relance à moyen terme défini par les autorités.

Le programme appuyé par le MEDC aidera le Gabon à assurer la stabilité macroéconomique et à jeter les bases d’une croissance durable et équitable. Il vise à atteindre la viabilité de la dette au niveau national et à contribuer à rétablir et préserver la stabilité extérieure pour la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).

La décision adoptée hier par le Conseil d’administration ouvre la voie au décaissement immédiat de 71,43 millions de DTS, soit environ 98,8 millions de dollars. Le montant restant sera étalé sur la durée du programme et son décaissement sera subordonné à des revues semestrielles.

À l’issue des délibérations du Conseil d’administration sur le Gabon, M. Mitsuhiro Furusawa, Directeur général adjoint et Président par intérim, a fait la déclaration suivante :

«Le Gabon se heurte à de redoutables défis macroéconomiques en raison de la chute marquée des cours du pétrole. La croissance a ralenti, les marges de manœuvre budgétaire et extérieure se sont rétrécies et les niveaux d’endettement public se sont accrus. Le programme économique des autorités appuyé par le FMI se centre à juste titre sur la correction de ces grands déséquilibres budgétaires et extérieurs, ainsi que sur les réformes structurelles propres à accroître l’efficience et la transparence des dépenses publiques, et les politiques visant à renforcer la stabilité du secteur financier et la diversification économique.

«L’accord triennal au titre du mécanisme élargi de crédit aidera à ancrer des politiques budgétaires prudentes et une situation de balance des paiements viable. À court terme les risques baissiers sont certes considérables, mais les autorités ont présenté un ensemble adéquat de mesures pour gérer les risques. À moyen terme, les perspectives économiques demeurent positives, pour autant que les politiques envisagées dans le cadre du programme appuyé par le FMI soient rigoureusement mises en œuvre.

«L’assainissement budgétaire contribuera à assurer la viabilité de la dette et à appuyer la stabilisation des réserves de change régionales. Les autorités entendent maîtriser les dépenses courantes tout en protégeant les programmes sociaux, et mener un travail de mobilisation des recettes non pétrolières grâce à l’amélioration de l’administration de l’impôt et à la rationalisation des exonérations fiscales. Une gestion financière prudente contribuera à accroître l’efficience et la transparence des dépenses publiques, notamment pour prévenir les problèmes récurrents de dépenses extrabudgétaires et d’accumulation d’arriérés. Les efforts visant à améliorer la gestion des recettes pétrolières devraient également jouer un rôle important.

«La sauvegarde de la stabilité du secteur financier et la promotion de l’inclusion financière feront en sorte que le secteur financier accompagne les objectifs économiques. Une résolution rapide des trois banques publiques en difficultés et le renforcement du dispositif de supervision des banques commerciales permettront aussi d’appuyer l’intermédiation financière et contribueront à une croissance économique tirée par le secteur privé.

«Une amélioration plus poussée du climat des affaires — notamment en ce qui a trait à la création d’entreprises, à l’obtention de permis de construire, au transfert de propriété, au paiement des taxes et impôts et à l’exécution des contrats — aiderait à diversifier l’économie. Il est en outre nécessaire d’améliorer la production et la diffusion de statistiques économiques.

«La réussite du programme du Gabon dépendra aussi de la mise en œuvre de politiques et réformes d’accompagnement par les institutions régionales».


Annexe

Évolution récente de la situation économique

Depuis le milieu de 2014, le repli des cours du brut provoque une forte chute des exportations de pétrole et des recettes budgétaires. Dans ce contexte, le Gabon doit relever trois grands défis macroéconomiques : le ralentissement de la croissance, l’augmentation des niveaux d’endettement public et l’insuffisance des marges de manœuvre budgétaire et extérieure. Le repli de l’activité économique s’est poursuivi en 2016, avec un taux de croissance de 2,1 %, contre 3,9 % en 2015. Malgré l’ajustement budgétaire considérable opéré depuis 2014, la situation budgétaire globale s’est fortement détériorée. En outre, le creusement du déficit budgétaire global a entraîné une augmentation des besoins financiers qui s’est traduite par un financement intérieur bancaire élevé et par une accumulation d’arriérés. Le déficit des transactions courantes s’est creusé sensiblement en 2016, dépassant 10 % du PIB, contre un excédent moyen d’environ 14 % du PIB sur la période 2010-14. L’inflation moyenne a grimpé à 2 % en 2016, mais elle reste alignée sur le critère de convergence de la CEMAC.

Les perspectives économiques à moyen terme demeurent favorables, pour autant que des politiques prudentes soient mises en œuvre comme prévu. La croissance peut renouer avec les niveaux antérieurs de 4-5 % grâce à la stratégie de diversification menée par les autorités. D’importants investissements dans l’agriculture et la logistique devraient développer un avantage comparatif dans l’agroalimentaire et mettre en valeur les activités d’aval liées à d’autres produits de base hors pétrole. La stratégie de diversification du Gabon axée sur ces projets pourrait contribuer à doper la compétitivité et la productivité et à rétablir la stabilité extérieure dans la durée.

Synthèse du programme

Le programme triennal appuyé par le MEDC repose sur la stratégie tracée par les Chefs d’État de la CEMAC au Sommet de décembre 2016 de Yaoundé. Conscients des graves perturbations économiques et politiques qui pourraient résulter d’un changement de régime de change, ils ont convenu d’une stratégie basée sur le maintien de la parité fixe actuelle, tout en opérant d’importants ajustements budgétaires dans chaque pays, avec l’accompagnement d’un durcissement de la politique monétaire au niveau régional. Dans ce contexte, le programme du Gabon appuyé par le MEDC contribuera aux grands objectifs du programme national de relance économique. Le programme appuyé par le MEDC repose sur trois grands piliers : un assainissement budgétaire bien équilibré réduisant dans toute la mesure du possible l’impact sur la croissance et protégeant les populations vulnérables; des réformes structurelles pour accroître l’efficience et la transparence des dépenses publiques; et des politiques destinées à renforcer la stabilité du secteur financier et la diversification économique.

Dans le cadre du programme appuyé par le FMI, les autorités sont déterminées à protéger les dépenses en faveur des secteurs sociaux et à redéployer une partie des ressources budgétaires vers ces secteurs. Le principal objectif est de veiller à ce que les dépenses en faveur des secteurs prioritaires — santé, éducation et protection sociale — continuent de promouvoir la mise en valeur du capital humain et protègent les couches de population les plus vulnérables face à l’impact de l’ajustement budgétaire qui s’impose.

La politique budgétaire du programme vise à ramener le déficit global (base caisse) à 4,6 % du PIB en 2017, contre 6,6 % en 2016, et le déficit primaire hors pétrole à 8,9 % du PIB non pétrolier, contre 11 % en 2016. En outre, le gouvernement a entrepris d’améliorer la mobilisation des recettes non pétrolières, de renforcer le civisme fiscal et la lutte contre la fraude fiscale, de moderniser les déclarations d’impôts et les procédures de paiement, d’élargir l’assiette fiscale en réduisant les régimes spéciaux et les exonérations, notamment en matière de TVA, et de créer un office des recettes.

Une stratégie de remboursement intégral des arriérés sera également mise en œuvre durant la période du programme appuyé par le MEDC et le gouvernement accélérera les réformes de gestion des finances publiques, y compris pour la mise en œuvre des directives de la CEMAC, l’amélioration de la transparence budgétaire et de la gestion des investissements publics, et le renforcement de la surveillance financière des entreprises publiques et des organismes d’État.

Rappel

Le Gabon, qui a adhéré au FMI le 10 septembre 1963, dispose d’une quote-part de 216 millions de DTS.

Pour plus d’informations sur le FMI et le Gabon :

http://www.imf.org/external/country/GAB/index.htm

Département de la communication du FMI
RELATIONS AVEC LES MÉDIAS

ATTACHÉ DE PRESSE: Lucie Mboto Fouda

TÉLÉPHONE:+1 202 623-7100COURRIEL: MEDIA@IMF.org