Le Conseil d’administration du FMI conclut les entretiens annuels sur les politiques communes de la CEMAC et les politiques communes à l’appui des programmes de réforme des pays membres

le 20 décembre 2017

Le 15 décembre 2017, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les entretiens annuels avec la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sur les politiques communes des pays membres et les politiques communes à l’appui des programmes de réforme des pays membres [1] .

La chute marquée des recettes pétrolières depuis 2014 continue de peser sur la situation économique de la région. La croissance a fortement reculé depuis 2014 pour se situer à -1 % en 2016, du fait de la détérioration de la production pétrolière (-6 %) et de l’atonie de la croissance du PIB non pétrolier (de l’ordre de 1 %). Ceci s’explique par une réduction notable des dépenses publiques dans la plupart des pays et l’importante accumulation d’arriérés budgétaires durant cette période. Les perspectives à court terme de la région demeurent faibles puisqu’il est prévu que la croissance reste négative à -½ % en 2017, en raison de la réduction des dépenses publiques et de la poursuite de la baisse de la production de pétrole. L’inflation demeure faible car l’activité économique est atone.

Du fait de la poursuite des efforts d’assainissement budgétaire, le déficit primaire moyen hors pétrole devrait continuer à baisser, jusqu’aux alentours de 8 ½ % du PIB non pétrolier en 2017 contre 13 ½ % en 2016. Le ratio total dette publique/PIB estimé pour la région a été révisé à la hausse à légèrement plus de 50 % du PIB à la fin de 2016, contre 28 % à la fin de 2014. Il est prévu que le déficit courant baisse de 10 % du PIB en 2016 à 5 % du PIB environ en 2017, grâce à une hausse des exportations pétrolières et non pétrolières et à une compression des importations. Après une baisse rapide du taux de couverture des réserves, qui est passé de 5,8 mois d’importations à la fin de 2014 à 2,2 mois à la fin de 2016, les réserves extérieures se sont stabilisées puis se sont redressées au troisième trimestre 2017, du fait à la fois des décaissements du FMI et de l’ajustement budgétaire sous-jacent des pays membres. Dans le même temps, le secteur financier continue de montrer des signes de faiblesse avec une diminution des dépôts bancaires, un crédit à l’économie en stagnation et une hausse des prêts improductifs.

Les autorités nationales et les institutions régionales de la CEMAC ont commencé à prendre des mesures pour rétablir la stabilité extérieure et budgétaire après la forte chute des cours du pétrole. Elles ont décidé d’engager une riposte énergique et concertée dans tous les pays membres, et chacun d’entre eux a convenu de faire appel au concours du FMI pour mettre en œuvre cette stratégie. Trois pays (Cameroun, Gabon et Tchad) ont adopté de nouveaux programmes appuyés par le FMI, tandis que la République centrafricaine a ajusté un programme existant. La banque centrale régionale (BEAC) et l’autorité régionale de contrôle bancaire (COBAC) ont commencé à mettre en œuvre des mesures de soutien pour contribuer à reconstituer les réserves régionales et assurer la stabilité du secteur financier dans le cadre d’un ensemble complet d’engagements de politique économique. La BEAC a notamment durci sa politique monétaire en relevant son taux directeur en mars 2017 et en contrôlant strictement le refinancement bancaire, et a décidé de supprimer les avances statutaires d’ici à la fin de 2017. La COBAC a commencé à prendre des mesures pour améliorer le contrôle fondé sur les risques et traiter la situation de plusieurs banques en difficulté.

Les perspectives à moyen terme restent délicates. Elles laissent prévoir une amélioration progressive de la situation économique et financière dans la région, en supposant que les États membres de la CEMAC et les institutions régionales tiennent tous leurs engagements de politique économique. Elles supposent aussi la poursuite de l’assainissement budgétaire (avec une amélioration du solde budgétaire global de l’ordre de 6 % du PIB entre 2016 et 2019), dans un premier temps en réduisant les investissements publics non prioritaires et en accroissant progressivement les recettes budgétaires non pétrolières. Des politiques visant à diversifier l’économie en améliorant le climat des affaires, notamment par un renforcement de la gouvernance et de la transparence, soutiendraient une croissance plus forte à moyen terme. La politique monétaire resterait restrictive, reflétant le besoin de favoriser la stabilité extérieure et l’accumulation de réserves. Ces perspectives comportent des risques importants liés à l’évolution de l’économie mondiale et à ses répercussions sur les cours du pétrole, à la possibilité que les politiques soient plus faibles que prévu en raison de contraintes et/ou d’un manque de soutien politique, à des retards possibles dans l’achèvement des programmes avec le reste des pays de la CEMAC et à une situation sécuritaire encore difficile.

Évaluation du Conseil d’administration [2]

Les administrateurs notent que la chute marquée des recettes pétrolières depuis 2014 continue de peser sur la région, avec une croissance économique régionale qui est devenue négative et des déséquilibres budgétaires et extérieurs qui se sont creusés depuis deux ans. Si la phase aigüe de la crise s’est quelque peu atténuée, les perspectives vont continuer à comporter des risques importants. Les administrateurs soulignent qu’il sera essentiel que les institutions régionales et les États membres de la CEMAC tiennent pleinement leurs engagements pour favoriser une amélioration progressive de la situation économique et financière de la région à moyen terme.

Les administrateurs saluent les mesures initiales prises par les institutions régionales et les autorités nationales de la CEMAC pour prévenir une crise et rétablir la stabilité extérieure et budgétaire. Ils notent que la mise en œuvre de politiques budgétaires nationales dans le cadre de programmes appuyés par le FMI a été globalement satisfaisante et que, parallèlement au resserrement de la politique monétaire de la BEAC et au soutien financier des partenaires au développement, elle a contribué à reconstituer les réserves en devises de la BEAC.

Les administrateurs appellent les autorités nationales des pays de la CEMAC à tenir pleinement leurs engagements d’opérer résolument un assainissement des finances publiques afin de rétablir la viabilité extérieure de chaque pays membre. La poursuite des efforts de diversification de l’économie, notamment dans le cadre du programme régional de réformes économiques et financières, devrait aussi contribuer à réduire les vulnérabilités aux chocs pétroliers et ouvrir la voie à une croissance durable et inclusive. Les administrateurs notent que la stratégie régionale reste incomplète tant que tous les membres de la CEMAC n’auront pas engagé des programmes de réforme pouvant être appuyés par les partenaires au développement. Au vu de cela, ils encouragent la BEAC à continuer d’atténuer les risques de pressions excessives par certains pays membres sur les réserves régionales.

Les administrateurs se félicitent de la détermination de la BEAC à soutenir la stratégie régionale et à mettre en œuvre des réformes destinées à la rendre plus efficace. Ils soutiennent le resserrement de la politique monétaire en 2017 et saluent la décision rapide de supprimer les avances statutaires. Ils se félicitent de l’engagement de la BEAC à envisager un nouveau durcissement de la politique monétaire si l’accumulation des réserves n’atteint pas les objectifs de la BEAC. Les administrateurs notent que la modernisation du cadre de politique monétaire va contribuer à renforcer sa transmission et se félicitent des mesures prises pour mettre en œuvre les recommandations restantes en matière de sauvegardes. Il sera aussi important de poursuivre les efforts en vue de renforcer l’application de la réglementation des changes.

Les administrateurs saluent les premières mesures prises par l’autorité régionale de contrôle bancaire visant à atténuer les risques qui pèsent sur le secteur financier. Ils encouragent la COBAC à mettre en œuvre plus fermement les mesures visant à corriger les faiblesses du secteur bancaire, en particulier à collaborer avec les banques pour réduire les prêts improductifs, améliorer l’application des règles prudentielles et résoudre les banques insolvables. Ils se félicitent aussi du passage à la supervision fondée sur les risques.

Les administrateurs notent que le nouveau cadre de convergence régionale pourrait contribuer à renforcer les politiques macroéconomiques dans les pays membres, mais qu’il faudrait mieux l’appliquer. Ils appellent les institutions régionales à continuer d’améliorer leur capacité de gestion macroéconomique et de remédier aux lacunes des statistiques régionales.

Les administrateurs considèrent que la BEAC et la COBAC ont respecté les assurances apportées dans la lettre d’appui de juin 2017 et souscrivent aux mesures décrites dans la lettre de suivi du Gouverneur de la BEAC. Ils soulignent qu’il est important d’évaluer régulièrement les politiques au niveau de l’union et de demander de nouvelles assurances à ce niveau s’il devenait nécessaire d’apporter des modifications substantielles aux politiques ou aux réformes. Ils se félicitent de l’intention des services du FMI de rendre régulièrement compte de leurs entretiens avec les autorités régionales sur leurs politiques en faveur des programmes de réforme des pays de la CEMAC.

Les avis aujourd’hui exprimés par les administrateurs feront partie des échanges relatifs aux consultations au titre de l’article IV avec les pays membres de la CEMAC qui auront lieu d’ici les prochaines délibérations du Conseil d’administration sur les politiques communes de la CEMAC. Il est prévu que les prochains entretiens sur les politiques communes de la CEMAC se déroulent selon le cycle habituel de 12 mois.

CEMAC : Principaux indicateurs économiques et financiers, 2014-21

2014

2015

2016

2017

2017

2018

2019

2020

2021

Estim.

Rap.4 17/176 4

Proj.

Proj.

Proj.

Proj.

Proj.

(variation annuelle en %)

Revenu national et prix

PIB à prix constants1

4,6

1,6

-1,0

0,7

-0,6

1,6

3,2

3,8

3,7

PIB pétrolier1

3,6

2,5

-6,2

-1,6

-3,7

7,0

1,7

0,3

-3,7

PIB non pétrolier1

4,3

0,9

1,1

1,8

1,3

1,9

3,9

4,6

5,0

Prix à la consommation (moyenne de la période)2

2,7

2,8

1,3

1,2

1,1

1,5

1,8

2,2

2,3

Prix à la consommation (fin de la période)2

2,4

1,9

0,4

1,3

1,3

1,7

1,8

2,3

2,4

(variation annuelle en % de la monnaie au sens large en début de période)

Monnaie et crédit

Avoirs extérieurs nets

-7,6

-17,7

-28,4

0,5

-1,1

2,3

2,2

Avoirs intérieurs nets

17,0

15,6

23,5

3,4

-2,4

4,8

3,9

Monnaie au sens large

9,4

-2,2

-4,9

3,9

-3,5

7,1

6,2

(% du PIB, sauf indication contraire)

Épargne nationale brute

28,9

13,8

12,6

17,4

15,6

16,8

17,8

19,3

20,2

Investissements intérieurs bruts

30,4

26,8

22,5

22,5

20,6

21,0

23,0

21,9

21,7

Dont : publics

13,0

9,0

7,3

7,3

5,1

4,9

4,9

4,9

4,9

Opérations financières de l'État

Recettes totales hors dons

23,2

19,1

16,1

17,5

15,8

16,5

16,8

17,0

17,0

Dépenses publiques

28,3

27,2

24,4

21,4

20,2

18,9

18,4

17,9

17,7

Solde budgétaire primaire de base 3

-1,7

-5,0

-4,3

0,2

-0,2

1,6

2,4

3,0

3,2

Solde budgétaire global, hors dons

-5,2

-7,2

-7,9

-4,0

-4,8

-2,9

-1,8

-1,2

-0,7

Solde budgétaire primaire

-4,0

-6,5

-6,2

-1,4

-1,9

-0,1

0,6

1,2

1,2

(% du PIB non pétrolier, sauf indication contraire)

Solde budgétaire global hors pétrole, hors dons

-25,6

-18,3

-15,5

-11,7

-12,0

-9,8

-8,1

-7,0

-5,9

Solde budgétaire primaire hors pétrole, dons compris -23.9

-17,4

-13,5

-8,5

-8,5

-6,4

-5,2

-4,2

-3,7

Total dette publique (% du PIB)

28,3

42,7

50,4

46,7

52,1

52,5

51,4

49,2

46,7

Secteur extérieur

(% du PIB, sauf indication contraire)

Exportations de biens et services non facteurs

43,5

34,5

30,2

36,4

32,2

31,4

30,8

31,0

30,7

Importations de biens et services non facteurs

40,4

43,2

35,0

35,9

32,8

31,9

32,6

30,4

29,1

Solde des biens et services non facteurs

3,1

-8,7

-4,7

0,5

-0,6

-0,5

-1,8

0,6

1,6

Compte courant, dont compris

-1,5

-13,0

-9,9

-5,1

-5,0

-4,3

-5,2

-2,6

-1,5

Dette publique extérieure

19,4

28,1

29,9

26,9

32,6

34,2

35,6

35,2

34,2

Réserves officielles brutes (fin de période)

Millions de dollars

15 823

10 344

4 969

5 610

5 890

7 199

8 422

10 003

10 770

Mois d'import. de biens et services (moins

5,8

4,8

2,2

2,7

2,7

3,0

3,6

4,2

4,5

importations intrarégionales)

Pourcentage de la monnaie au sens large

71,5

54,1

28,2

30,4

31,1

35,4

38,8

42,5

44,3

Pour mémoire :

PIB nominal (milliards de francs CFA)

51 590

46 449

45 093

45 323

46 206

47 633

49 990

52 861

55 825

Francs CFA pour un dollar, moyenne

494

591

593

Francs CFA pour un dollar, fin de l'année

532

603

622

Production de pétrole (milliers de barils/jour)

902,2

941,1

879,0

854,0

828,4

884,5

889,7

881,6

827,7

Cours du pétrole (dollars/baril)

96,2

50,8

42,8

55,0

50,3

50,2

50,5

51,1

51,9

Sources : autorités ; estimations et projections des services du FMI.

1 Faute d'année de référence commune pour tous les pays, les taux de croissance régionaux sont calculés sous forme de moyennes pondérées des taux de croissance nationaux (pondérés par le PIB nominal de l'année précédente, estimé en PPA pour le PIB total, et sans PPA pour le PIB pétrolier et non pétrolier).

2 En utilisant comme pondération la part des pays membres dans le PIB de la CEMAC en dollars en PPA.

3 Hors dons, investissements financés sur ressources extérieures et charges d'intérêts.

4 Projections publiées dans le rapport du FMI no 17/176.



[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Dans le contexte de ces consultations bilatérales au titre de l’article IV, les services du FMI tiennent des discussions annuelles séparées avec les institutions régionales responsables des politiques communes dans quatre unions monétaires — la zone euro, l’Union monétaire des Caraïbes orientales, l’Union économique et monétaire de l’Afrique centrale et l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Pour chacune de ces unions monétaires, les équipes des services du FMI se rendent dans les institutions régionales responsables des politiques communes de l’union monétaire, recueillent des données économiques et financières, et s’entretiennent avec les responsables de l’union monétaire de l’évolution et des politiques économiques de l’union. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d’administration. Les entretiens des services avec les institutions régionales et l’examen du rapport par le Conseil d’administration font partie intégrante des consultations au titre de l’article IV avec chaque pays membre.

[2] À l’issue de ces délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d’administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du Conseil d’administration à l’adresse http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm

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