Le conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2018 au titre de l’article IV avec le Cameroun, achève la deuxième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit et approuve un décaissement de 77,8 millions de dollars

le 6 juillet 2018

  • Selon les estimations, la croissance est tombée à 3,2 % en 2017, principalement en raison d’une forte baisse de la production de pétrole en dépit du rebond progressif des prix internationaux.
  • Les perspectives macroéconomiques pour 2018 restent positives ; la croissance devrait rebondir à 4 %, portée par le lancement de la production de gaz et les activités de construction en vue de la Coupe d’Afrique des nations 2019.
  • Les autorités camerounaises ont adopté un vaste programme de réformes économiques en vue de rétablir la viabilité budgétaire et extérieure, et de favoriser une croissance inclusive et tirée par le secteur privé, soutenue par l’accord FEC conclu avec le FMI.

Le 6 juillet 2018, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l’article IV [1] et a achevé la deuxième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur de la République du Cameroun. L’achèvement de cette revue permet le décaissement de 55,2 millions de DTS (environ 77,8 millions de dollars).

L’accord triennal FEC, avec un accès total de 483 millions de DTS (environ 680,7 millions de dollars, ou 175 % de la quote-part du Cameroun) a été approuvé par le conseil d’administration du FMI le 26 juin 2017.

À l’issue de l’examen de la revue de l’accord FEC par le conseil d’administration,
M. Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint et président par intérim, a prononcé la déclaration ci-après :


« La performance du Cameroun dans le cadre de son programme appuyé par l’accord FEC a été mitigé sur fond de ralentissement de l’activité économique et de problèmes de sécurité. Les dépassements de dépenses en fin d’année ont compensé la bonne tenue des recettes non pétrolières, si bien que le déficit budgétaire a été plus élevé que prévu. Néanmoins, la mise en œuvre des réformes structurelles a été globalement satisfaisante et les avoirs extérieurs nets se sont accumulés plus rapidement que prévu en raison d’un resserrement du déficit du compte courant.

« Les autorités ont réitéré leur engagement par rapport au programme et ont mis en œuvre des mesures correctrices pour remettre l’ajustement budgétaire sur la bonne voie en 2018, notamment au travers de la préparation d’une loi de finances 2018 révisée et du resserrement du contrôle sur les dépenses. Il sera essentiel de s’en tenir strictement aux objectifs budgétaires révisés de 2018 pour soutenir la constitution de marges de manœuvres budgétaires et extérieures pour le Cameroun et la région. Étant donné les pressions considérables sur les dépenses liées aux élections de 2018, à la détérioration des conditions sécuritaires et à la Coupe d’Afrique des nations de football 2019, il conviendra d’économiser toutes recettes pétrolières supplémentaires.

« La dette publique a augmenté en 2017 en raison d’une exécution plus rapide que prévu des projets d’investissement. Pour préserver la viabilité de la dette, il sera essentiel de strictement limiter les nouveaux emprunts et de recourir davantage à des emprunts concessionnels. L’encours de la dette contractée mais non décaissée doit également être réduit. Des réformes structurelles et du secteur financier devraient réduire les vulnérabilités et s’attaquer aux goulets d’étranglement qui subsistent en matière de compétitivité.

« Le programme du Cameroun est appuyé par la mise en œuvre de mesures d’accompagnement et de réformes de la part des institutions régionales — dans les domaines de la réglementation des changes et du cadre de la politique monétaire, et ce pour favoriser une augmentation des avoirs extérieurs nets régionaux —, qui sont essentielles pour le succès du programme. »

Contexte

Selon les estimations, la croissance est tombée à 3,2 % en 2017, principalement à cause d’une forte baisse de la production de pétrole en dépit du rebond progressif des prix internationaux. L’inflation est restée faible, en deçà de 1 % par an. L’ajustement budgétaire et extérieur contribue à la reconstitution des réserves de la BEAC. La consolidation budgétaire s’est poursuivie, quoique plus lentement que prévu dans le programme, en raison d’une accélération considérable des dépenses à la fin de l’année. Cependant, la mobilisation des recettes non pétrolières a dépassé les objectifs du programme, et les réformes structurelles dans le domaine de la gestion des finances publiques progressent. Le déficit des transactions courantes s’est réduit à 2,7 % du PIB, tandis que les flux de capitaux se redressent. Le secteur bancaire est stable, mais la croissance du crédit au secteur privé est restée atone, à 2,3 % (en glissement annuel).

Les perspectives macroéconomiques pour 2018 restent positives. La croissance devrait rebondir à 4 %, portée par le lancement de la production de gaz, les activités du BTP en vue de la Coupe d’Afrique des nations 2019 et une amélioration de l’approvisionnement en énergie, tandis que l’inflation devrait rester faible. À moyen terme, la croissance devrait atteindre progressivement son niveau potentiel de 5–5 ½ %, portée par la mise en exploitation d’infrastructures importantes dans les secteurs de l’énergie et du transport, ainsi que par l’augmentation de l’investissement privé.

Les aléas entourant les prévisions sont plus ou moins équilibrés. Parmi les risques figurent une évolution défavorable des prix des produits de base, une détérioration de la situation sécuritaire, une lassitude face aux réformes à la veille de l’élection présidentielle de l’automne prochain et la matérialisation de passifs contingents qui pourraient peser sur la dynamique de la dette. Du côté positif, une hausse des prix du pétrole faciliterait une constitution plus rapide de marge de manœuvre budgétaires et extérieurs, tandis qu’un rebond plus vigoureux que prévu de l’activité hors pétrole dans le contexte des préparatifs de la Coupe d’Afrique des nations 2019 pourrait davantage stimuler la croissance.

Les autorités camerounaises ont adopté un vaste programme de réformes économiques afin de rétablir la viabilité budgétaire et extérieure, et de favoriser une croissance inclusive tirée par le secteur privé, soutenue par l’accord FEC conclu avec le FMI. Afin de maintenir la consolidation budgétaire sur la bonne voie, les autorités ont révisé la loi de finances 2018 afin de tenir compte de dépenses imprévues dues à la hausse des subventions énergétiques et à l’augmentation des dépenses de sécurité, avec un objectif de déficit de 2,6 % du PIB. En outre, les autorités ont pris des mesures pour renforcer les contrôles de dépenses et assurer une exécution transparente et efficiente du budget, ainsi que pour mieux suivre le décaissement des projets financés sur ressources extérieures. Les autorités mettent également en œuvre des réformes visant à maintenir la stabilité du secteur financier tout en élargissant l’accès aux services financiers, et à améliorer le climat des affaires.

Évaluation par le conseil d’administration [2]

Les administrateurs notent que l’activité au Cameroun a ralenti sur fond de problèmes de sécurité, et que la consolidation budgétaire a été plus faible que prévu en 2017. Ils soulignent que le rôle de chef de file joué par le Cameroun pour ramener son ajustement budgétaire en conformité avec les objectifs du programme a été essentiel pour la constitution des marges de manœuvres budgétaires et extérieures de la région. Dans ce contexte, ils saluent les mesures que les autorités ont prises pour reprofiler l’ajustement budgétaire et renforcer les contrôles des dépenses, tout en maintenant leurs objectifs en matière de mobilisation des recettes non pétrolières. Étant donné les risques considérables qui entourent le programme, les administrateurs engagent les autorités à s’en tenir strictement aux objectifs budgétaires révisés pour 2018 et à économiser toutes recettes exceptionnelles issues de la hausse des prix du pétrole. Ils saluent la détermination des autorités à cet égard.

Les administrateurs soulignent le besoin d’améliorer la gestion des finances publiques. Ils insistent sur le fait que le renforcement des contrôles et la production des informations budgétaires conformément à la circulaire révisée relative à l’exécution du budget seront essentiels pour atteindre les objectifs fixés dans le programme. Ils saluent l’audit des arriérés intérieurs, mais ils notent qu’il sera important de continuer d’améliorer la gestion de la liquidité afin de réduire l’occurrence de nouveaux arriérés. La mise en œuvre en 2019 des lois transposant deux directives importantes de la CEMAC en matière de gestion des finances publiques permettrait de continuer à améliorer la gouvernance et la transparence des finances publiques.

Les administrateurs soulignent qu’il importe d’accroître les recettes non pétrolières, tout en augmentant l’efficacité des dépenses. L’expansion prévue de la couverture de l’impôt foncier et la réduction des exemptions fiscales, à compter de la loi de finances 2019, sont essentielles pour élargir l’assiette fiscale et créer un espace budgétaire supplémentaire pour les dépenses prioritaires. Les administrateurs soulignent aussi la nécessité d’améliorer l’efficacité des dépenses sociales et des dépenses d’investissement, notamment à travers des transferts ciblés et une meilleure sélection des projets d’investissement public, pour continuer de réduire la pauvreté, les inégalités et les disparités liées au genre.

Les administrateurs s’inquiètent de la hausse rapide de la dette publique. Ils soulignent qu’il importe de respecter le plafond fixé pour les emprunts non concessionnels et de recourir davantage à des prêts concessionnels. Ils encouragent aussi les autorités à redoubler d’efforts pour réduire l’encours de prêts contractés mais non décaissés. Les administrateurs saluent l’amélioration de l’information sur la dette des entreprises publiques, mais ils soulignent qu’il importe de poursuivre les réformes afin d’assurer la viabilité financière de ces entreprises. En particulier, ils recommandent de procéder à une revue des prix administrés afin d’assurer le recouvrement des coûts pour les principaux services publics, tout en protégeant les populations pauvres.

Les administrateurs saluent les efforts déployés par les autorités pour consolider la stabilité financière et accroître la compétitivité. Ils soulignent qu’il importe d’accomplir des progrès concrets sur le plan de la résolution des banques en difficulté, tout minimisant les coûts budgétaires, ainsi que de la réduction des prêts non performants élevés. Il sera important aussi de continuer de renforcer le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Les administrateurs notent que l’achèvement des projets d’infrastructures prioritaires en cours, l’amélioration du climat des affaires, l’achèvement de la stratégie d’inclusion financière et la réduction des barrières non tarifaires, y compris la mauvaise gouvernance, pourraient stimuler la compétitivité et la croissance durable.

Les administrateurs notent que le programme du Cameroun est soutenu par la mise en œuvre de mesures et de réformes de la part des institutions régionales, qui sont essentielles au succès du programme. Il s’agit de la mise en œuvre des trois mesures figurant dans la lettre d’appui aux programmes de juin 2018 et dans le document de référence sur l’ensemble de l’union monétaire. L’achèvement de la troisième revue continuera de dépendre de la mise en œuvre de ces mesures.


Tableau 1. Cameroun : principaux indicateurs économiques et financiers, 2017–23

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Est.

Proj.

(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Comptes nationaux et prix

PIB à prix constants

3,2

4,0

4,5

4,8

5,0

5,2

5,4

Déflateur du PIB

0,4

0,5

1,3

1,5

1,5

1,6

1,6

Prix à la consommation (moyenne)

0,6

1,1

1,3

2,0

2,0

2,0

2,0

Commerce extérieur

Volume des exportations

-0,3

4,1

3,8

4,0

4,6

5,4

5,6

Volume des importations

-4,8

2,2

4,4

4,3

4,0

3,8

3,4

Taux de change effectif nominal (dépréciation -)

Taux de change effectif réel (dépréciation-)

Termes de l’échange

-2,6

-10,2

-4,2

-4,1

-4,0

-3,3

-2,8

Monnaie et crédit

Monnaie au sens large (M2)

5,9

5,5

5,8

6,6

7,1

7,5

8,1

Avoirs extérieurs nets 1/

6,1

0,9

0,4

-1,0

0,3

1,7

1,8

Avoirs intérieurs nets 1/

-0,2

4,6

5,4

7,6

6,8

5,8

6,2

Crédit intérieur au secteur privé

2,3

4,6

5,8

6,7

8,6

9,9

11,0

(En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Épargne nationale brute

23,4

23,8

24,3

24,8

25,3

25,9

26,3

Investissement intérieur brut

26,2

26,8

27,2

27,7

28,2

28,7

29,2

Investissement public

8,8

6,2

6,1

5,9

6,1

6,1

6,3

Investissement privé

17,3

20,6

21,2

21,7

22,1

22,6

22,9

Opérations de l’administration centrale

Total des recettes (y compris dons)

15,4

15,8

15,8

15,8

15,9

16,1

16,1

Total des dépenses

20,4

18,4

17,8

17,3

17,5

17,5

17,5

Solde budgétaire global (y compris dons, base ordres de paiement)

-5,0

-2,6

-2,0

-1,5

-1,5

-1,5

-1,4

Solde budgétaire global (y compris dons, base caisse)

-4,6

-4,0

-2,9

-2,5

-1,5

-1,5

-1,4

Solde primaire hors pétrole (base paiements, en pourcentage du PIB non pétrolier)

-6,3

-4,0

-3,1

-2,3

-2,2

-2,1

-2,1

Secteur extérieur

Solde des transactions courantes

Hors dons officiels

-3,1

-3,4

-3,3

-3,2

-3,2

-3,2

-3,2

Y compris dons officiels

-2,7

-3,0

-2,9

-2,8

-2,8

-2,9

-2,9

Dette publique

Encours de la dette publique 2/ 3/

38,2

39,1

38,9

38,2

36,8

35,4

34,1

Dont : dette extérieure

25,6

26,7

26,7

27,7

27,2

26,7

26,3

Sources : autorités camerounaises ; estimations et projections des services du FMI, sur la base du PIB nominal mis à jour.

1/En pourcentage de la monnaie au sens large en début de période.

2/Y compris le déficit de financement cumulé.

3/Les projections sont tirées d’une mise à jour de l’analyse de viabilité de l’année 2015, qui exclut l’encours de la dette pour laquelle la France a accordé un allégement au titre du contrat de désendettement et de développement (C2D).



[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des informations économiques et financières et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission préparent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d’administration.

[2] À l'issue des délibérations, la Directrice générale, en qualité de Présidente du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays.

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