Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Mme Lagarde esquisse les prochaines étapes de la transformation de la Chine

le 24 mars 2014

  • Un secteur des services moderne stimulerait l’emploi et la consommation et rehausserait le niveau de vie
  • Un système financier solide et intégré favorise la croissance et améliore le bien-être
  • Promouvoir une croissance inclusive et des politiques respectueuses de l’environnement pour assurer une croissance durable

La Chine pourrait promouvoir une croissance plus durable et de meilleure qualité en libérant le potentiel du secteur des services, en se dotant d’un secteur financier moderne et intégré dans l’économie mondiale et en adoptant des mesures pour préserver l’environnement, déclare la Directrice générale du FMI.

Employée d’une usine électronique à Guangdong, Chine. La participation de la femme au marché du travail est un atout de croissance inclusive, déclare Christine Lagarde (photo : Bobby Yip/Corbis)

Employée d’une usine électronique à Guangdong, Chine. La participation de la femme au marché du travail est un atout de croissance inclusive, déclare Christine Lagarde (photo : Bobby Yip/Corbis)

La transformation à venir en Chine

Intervenant au Forum du développement de la Chine organisé dans la capitale chinoise, Christine Lagarde a déclaré qu’en dépit des énormes progrès accomplis ces dernières années, la Chine est aujourd’hui confrontés à ce qu’elle a décrit comme de «graves obstacles à sa transformation à venir».

«L’enjeu est clair : faire en sorte que la croissance soit plus solidaire, plus respectueuse de l’environnement et plus durable» a déclaré Mme Lagarde, au cours de sa visite de quatre jours dans le pays.

Les trois «étapes» qu’elle a décrites — déréglementation du secteur des services, création d’un secteur financier moderne intégré dans l’économie mondiale et promotion d’une croissance inclusive, accompagnée de politiques respectueuses de l’environnement, cadrent avec le plan de réformes annoncé lors du troisième Plénum en novembre dernier.

Débloquer le potentiel du secteur des services

Le décollage économique de la Chine des deux dernières décennies a été tiré par l’industrie manufacturière, mais la prochaine série de réformes doit faire jouer au secteur des services un rôle plus important, a-t-elle déclaré.

«Cela aura pour effet non seulement de débloquer l’énorme potentiel de croissance du secteur, mais aussi de stimuler l’emploi et la consommation, et de rehausser les niveaux de vie» a-t-elle ajouté.

Bien que la Chine occupe la première place dans le monde pour ce qui est des «exportations créatives» — de produits de marque de fabrique exclusive déposée en Chine — a poursuivi Mme Lagarde, la productivité et l’innovation ne peuvent propérer qu’avec un système éducatif moderne, un système de santé perfectionné et un système financier intégré.

«Il faut donc réduire les obstacles à l’entrée qui subsistent dans ces domaines cruciaux, pour que l’innovation puisse maintenir la Chine à la pointe du progrès économique» a-t-elle déclaré.

Un secteur financier plus robuste et compétitif

Mme Lagarde a expliqué que le secteur financier peut aussi être pour la Chine une source de croissance plus vive, et d’amélioration du bien-être. Mais il faut ouvrir ce secteur à la concurrence et au transfert des connaissances, en renforçant par ailleurs le cadre de la politique macroéconomique et en améliorant la réglementation et la supervision financières.

La Directrice générale du FMI a indiqué que l’ouverture progressive du compte de capital faciliterait la création d’un secteur financier moderne et intégré dans l’économie mondiale, «tout en contribuant à diversifier l’épargne intérieure et à rendre l’économie plus résistante aux chocs».

Cela pourrait en outre permettre au renminbi de jouer un rôle plus important parmi les devises mondiales, a-t-elle poursuivi. «Le renminbi pourrait à terme accéder au rang de monnaie de réserve internationale — et occuper une situation en rapport avec la taille économique de la Chine».

Réduire les inégalités et protéger l’environnement

La réduction des inégalités et la préservation de l’environnement auraient pour effet non seulement d’améliorer la qualité de la croissance, mais aussi de la rendre plus durable. Mme Lagarde a cité un certain nombre de mesures propices à une croissance inclusive, notamment la promotion de la participation des femmes à la vie active.

Elle a fait l’éloge des mesures que la Chine a prises en vue de préserver l’environnement, y compris le projet d’instauration d’une taxe de protection environnementale, le recours aux technologies nouvelles et l’adoption rapide de l’énergie éolienne.

Mais, a souligné Mme Lagarde, il faut aller plus loin dans le sens d’une croissance plus verte. «Un des points sur lesquels le FMI insiste dans beaucoup de pays est l’amélioration de la fixation des prix des ressources naturelles — et l’application plus stricte des règles.»

La Chine, «force stabilisatrice»

S’agissant du rôle que joue le pays dans l’économie mondiale Mme Lagarde a expliqué que la Chine a fait fonction de force stabilisatrice au cours de la récente crise économique et que sa politique de relance a donné un coup de fouet salutaire à la croissance mondiale, alors que l’activité s’étiolait dans le reste du monde.

«La réussite de la Chine est cruciale pour la prospérité économique mondiale», a déclaré la Directrice générale.

«En prenant les mesures requises pour réussir sa prochaine transformation, la Chine ne s’aidera pas seulement elle-même, elle aidera aussi le monde entier», a-t-elle poursuivi.