Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : L’Afrique cherche à maintenir sa croissance : optimisme et réalisme

le 11 avril 2014

  • Créer des emplois pour la population en croissance rapide de l’Afrique
  • Trouver des financements pour combler le déficit d’infrastructure de l’Afrique
  • Réduire la pauvreté rurale en fournissant des technologies appropriées au secteur agricole

Les résultats économiques de l’Afrique subsaharienne au cours des dix dernières années ont déclenché une vague d’optimisme à propos d’un continent qui monte en puissance, mais ces progrès suscitent aussi de la prudence en ce qui concerne les problèmes fondamentaux auxquels les dirigeants doivent encore s’attaquer. Telles sont les conclusions d’une conférence qui s’est déroulée à Washington.

RÉUNIONS DE PRINTEMPS FMI-BANQUE MONDIALE

Cette combinaison d’optimisme et de réalisme se trouvait au cœur de la conférence intitulée “Africa Rising: Polices for Sustained and Inclusive Growth” qui s’est déroulée pendant les réunions de printemps 2014 du FMI et de la Banque mondiale.

Les participants ont examiné quelques-uns des problèmes fondamentaux auxquels il faut s’attaquer pour que l’Afrique subsaharienne poursuive sur la lancée de la croissance vigoureuse qui a transformé ses perspectives économiques. Plusieurs orateurs ont noté que l’Afrique doit préserver sa dynamique de croissance tandis que les pays industrialisés cherchent à sortir de la récession et en dépit d’un ralentissement de la croissance dans les pays émergents, dont la demande et l’investissement soutiennent la croissance africaine.

Trois priorités ont été évoquées lors de la conférence : une croissance dont les bienfaits sont partagés, la transformation structurelle et la diversification économique, et l’augmentation de l’investissement public. Parmi les participants figuraient des chercheurs universitaires qui se spécialisent dans les priorités de la région, ainsi que des responsables de la politique économique dans des pays d’Afrique subsaharienne.

« L’Afrique continuera de monter en puissance dans les dix prochaines années et les cent prochaines années », a déclaré le Directeur général adjoint du FMI, Min Zhu, dans son allocation d’ouverture. « Il nous revient maintenant de veiller à ce que la montée en puissance de l’Afrique soit durable ».

Confiance en soi

Benno Ndulu, Gouverneur de la Banque de Tanzanie, a évoqué les résultats et les espoirs de l’Afrique. La forte croissance « des 19 dernières années a changé les attitudes et a donné un sentiment de confiance en soi », a-t-il déclaré. « Espérons qu’il ne s’agisse pas d’une assurance excessive », a-t-il ajouté. Quelques pays africains procèdent à un rééquilibrage de leurs finances publiques après une période de dépenses anticycliques en réaction à la crise financière mondiale de 2008. « La question est de savoir à quel rythme nous pouvons avancer dans ce rééquilibrage », a déclaré M. Ndulu.

Le partage des bienfaits de la croissance est un enjeu fondamental pour l’Afrique subsaharienne. Il devrait aussi figurer en bonne place dans le prochain rapport du FMI sur les Perspectives économiques régionales de l’Afrique subsaharienne, qui sera publié le 24 avril. Francisco Ferreira, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, établit une distinction entre la croissance économique de la région au cours des 15 dernières années et sa croissance par habitant, qui a correspondu plus ou moins à celle des autres pays en développement sur la même période.

Muthoni Ngatia, maître de conférences en économie à l’université Tufts, a noté que la réduction de la pauvreté en Afrique subsaharienne reste lente en partie à cause de l’insuffisance des efforts déployés pour développer l’agriculture. La pauvreté rurale étant si tenace, il est essentiel de fournir des technologies appropriées à ce secteur, de rehausser la productivité agricole et « d’améliorer l’accès des agriculteurs aux marchés pour accroître leurs revenus ».

Entreprises familiales

La conférence a mis en lumière aussi beaucoup d’autres éléments de la transformation structurelle qui est nécessaire, tels que le développement des infrastructures, la modernisation de l’industrie agroalimentaire et d’autres activités manufacturières, ainsi que l’amélioration de la qualité des exportations, la création d’emplois supplémentaires pour la population en croissance rapide de la région, en particulier les diplômés universitaires, et la satisfaction des besoins des entreprises familiales, dont beaucoup opèrent dans l’économie informelle.

Selon Bartholomew Armah, de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, la croissance africaine a été portée par les cours élevés des produits de base, la demande intérieure vigoureuse et l’investissement dans les infrastructures : cela semble indiquer que « la question de la viabilité est réelle ». Si un nombre limité de produits de base tire la croissance, a-t-il ajouté, il sera très difficile de créer de nouvelles possibilités d’emploi. « La transformation structurelle dépend d’une main-d’œuvre productive », a-t-il noté, « et l’action des pouvoirs publics doit donc être axée sur les ressources humaines ».

Sean Nolan, Directeur adjoint du Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation du FMI, a indiqué que l’augmentation de la productivité agricole et l’appui à la transformation structurelle peuvent se compléter. Il a noté aussi que de bons paramètres fondamentaux et de bonnes politiques économiques, la libéralisation des échanges commerciaux, ainsi que des réformes agricoles et bancaires sont importants pour favoriser la transformation structurelle et la diversification économique de manière plus générale.

Augmentation de l’investissement public

Le débat sur l’augmentation de l’investissement public a servi de mise en garde. Les orateurs ont signalé les contraintes inévitables qui résultent, entre autres, des limites du financement disponible ; de la nécessité de préserver la viabilité des finances publiques et de budgétiser les dépenses d’exploitation et de gestion découlant des investissements dans les infrastructures ; des obstacles techniques et politiques qui peuvent réduire le rendement de l’investissement social, et des inefficiences des dépenses.

Un membre de l’audience a réagi en demandant aux orateurs de « se tourner vers l’avenir » et de reconnaître qu’il subsiste un déficit d’infrastructure considérable sur le continent. Les orateurs et l’audience sont convenus que les partenariats public-privé pouvaient contribuer à combler ce déficit.

En clôture de la conférence, la Directrice du Département Afrique du FMI, Antoinette Sayeh, a évoqué la tension entre optimisme et modération. Il est important d’éviter une exubérance excessive alors même que l’Afrique cherche à « canaliser cette énergie pour tirer parti des actifs » qui peuvent permettre à la région d’aller de l’avant en s’appuyant sur ses progrès économiques récents, a-t-elle dit.

â–  La montée en puissance de l’Afrique sera le sujet d’une conférence internationale de haut niveau qui sera organisée par le FMI et le Mozambique les 29 et 30 mai à Maputo. Cette conférence rassemblera des dirigeants de l’Afrique entière, des partenaires au développement, des entreprises et des organisations de la société civile, et permettra d’examiner comment il est possible de maintenir la croissance actuelle tout en en partageant les bénéfices parmi tous les Africains.