Communiqué de presse : Déclaration d’une mission du FMI au terme des entretiens sur les consultations de 2014 au titre de l’article IV avec la République du Congo

le 27 mai 2014

Communiqué de presse No. 14/245
27 mai 2014

Une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Mme Dalia Hakura, Chef de mission pour la République du Congo, a séjourné à Brazzaville du 13 au 26 mai 2014 pour mener les entretiens relatifs aux consultations de 2014 au titre de l’Article IV1. La mission a rencontré le Ministre d'État, Ministre de l'Économie, des finances, du plan, du portefeuille public et de l'intégration, M. Gilbert Ondongo, le Ministre à la Présidence de la République chargé de l'Aménagement du territoire et de la Délégation générale aux grands travaux, M. Jean-Jacques Bouya, le Ministre délégué chargé du Plan et de l'intégration, M. Raphaël Mokoko, le Conseiller spécial du Président de la République, M. Denis Gokana, le Directeur national de la BEAC, M. Cédric Ondaye Ebauh, le Président de la Commission Économie et finances de l’Assemblée nationale, M. Maurice Mavoungou, le Président de la Commission Économie et finances du Sénat, M. Fila de Saint-Eudes, et d’autres hauts responsables. La mission a également rencontré des représentants du secteur privé, de la société civile et des partenaires au développement.

Au terme de la mission, Mme Hakura a rendu publique la déclaration suivante à Brazzaville :

«Les résultats macroéconomiques de la République du Congo continuent d’être globalement satisfaisants. La croissance a été en moyenne de l’ordre de 3,5 % durant ces trois dernières années, sur fond de réduction de la production pétrolière imputable au vieillissement de certains gisements. L’économie devrait connaître un taux de croissance annuel d’environ 6 % entre 2014 et 2019, en raison des augmentations de la production pétrolière et du démarrage de la production de minerai de fer. L’inflation est en repli, notamment sous l’effet de la réduction des prix alimentaires et de l’appréciation du taux de change réel du franc CFA. Les investissements publics et le remboursement d’arriérés sociaux et commerciaux ont porté les dépenses publiques totales à environ 2.735 milliards FCFA en 2013, niveau proche de celui de 2012, quand les dépenses ont dû être relevées suite à l’explosion du dépôt de munitions de Mpila, mais sensiblement supérieur aux 1.865 milliards FCFA de 2011. Les réserves officielles à la Banque centrale des États de l’Afrique centrale (BEAC) ont diminué de 265 milliards FCFA pour se situer à 2.509 milliards FCFA à la fin 2013, soit l’équivalent d’environ 7 mois d’importations de biens et de services. La note de crédit favorable accordée à la dette souveraine congolaise par les agences de notation internationales en 2013 a été récemment confirmée.

«Les perspectives du pays à moyen terme seront prometteuses pour autant que d’importantes mesures soient adoptées, dont la mise en œuvre efficiente d’un ambitieux programme d’investissements publics destiné à diversifier l’économie et à rendre la croissance plus inclusive. La pauvreté et le chômage restent élevés. Le budget de l’État dépend fortement des recettes pétrolières et par conséquent la volatilité des cours et le caractère épuisable des réserves pourraient présenter des risques pour la stabilité macroéconomique et pour la réalisation des objectifs de croissance élevée, soutenue et inclusive à moyen terme dans le secteur non pétrolier. Face à ces risques, la mission a centré ses entretiens sur la nécessité de maîtriser la croissance des dépenses publiques et de placer l’économie sur la voie d’un rééquilibrage budgétaire visant une diminution graduelle du déficit primaire hors pétrole tout en préservant des dépenses sociales ciblées et les dépenses d’investissement propices à la croissance. La République du Congo devrait continuer de suivre une politique prudente d’endettement et de dépenses pour éviter une accumulation rapide de dette extérieure et préserver les gains durement acquis en matière de viabilité de la dette à l’issue de l’allégement consenti en 2010 dans le cadre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’initiative d’allégement de la dette multilatérale (IADM).

«Pour 2014, la mission encourage les autorités à adopter des mesures adéquates afin de tenir les objectifs budgétisés de recettes non pétrolières et de dépenses. Cela sera particulièrement important au vu des tensions en matière de dépenses liées à l’organisation des Jeux africains de 2015 et des élections présidentielles de 2016. En outre, compte tenu du vieillissement des gisements pétroliers, la production et les recettes pétrolières sont sujettes à des incertitudes considérables. À cet égard, la mission salue les efforts consentis par les autorités pour améliorer la mobilisation de recettes non pétrolières, notamment à la faveur des réformes douanières en cours et du renforcement de la cellule des gros contribuables. Un travail devrait être assuré pour réduire l’octroi d’exonérations fiscales. Dans l’idéal, un collectif budgétaire permettrait de formaliser, le cas échéant, les changements par rapport aux objectifs budgétaires.

«La mission salue les mesures adoptées par les autorités pour renforcer la gouvernance et la responsabilisation. Les autorités ont élaboré un projet de loi sur la transparence et la responsabilité fiscales qui mettra en application plusieurs des directives de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sur la gestion des finances publiques et qui vise à améliorer la comptabilité, la préparation et l’exécution du budget. La mission encourage les autorités à tirer pleinement parti de la revue de la gestion des dépenses publiques et de la responsabilisation financière (PEMFAR) menée par la Banque mondiale et d’autres partenaires au développement. La PEMFAR devrait aider à définir les mesures propres à améliorer l’exécution du budget et les procédures de passation de marché et de décaissement. La revue des dépenses publiques sera importante pour améliorer l’efficience et la qualité de la dépense dans les secteurs clé de l’économie. Il importe de redoubler d’efforts pour améliorer la sélection, l’évaluation et le suivi des projets d’investissement ainsi que la budgétisation des coûts d’exploitation et d’entretien y afférents. La mission a recommandé à titre prioritaire de mener à terme un audit systématique des arriérés intérieurs et d’inclure un plan d’apurement dans la préparation du budget.

«Les autorités ont lancé d’importantes initiatives pour promouvoir une croissance non pétrolière inclusive et corriger les profondes faiblesses structurelles qui nuisent à la compétitivité. Dans le cadre des efforts déployés pour diversifier l’économie et créer des emplois, les autorités avancent également dans la création de quatre zones économiques spéciales (ZES), l’une d’entre elles étant d’ores et déjà opérationnelle. Toutefois, la mission a invité les autorités à analyser de près les répercussions que pourraient avoir les incitations fiscales accordées aux ZES prévues dans la loi de finances de 2014. La mission a engagé les autorités à redoubler d’efforts pour renforcer le climat des affaires dans l’ensemble du pays conformément au plan d’action appuyé par la Société financière internationale (SFI). Des réformes sont nécessaires pour développer le secteur financier, de sorte qu’il puisse pleinement contribuer au financement des objectifs de développement de la République du Congo.

«La mission salue les efforts déployés par les autorités pour appuyer la revue en cours du dispositif de mise en commun des réserves de la CEMAC. Elle salue également les mesures qu’elles ont prises pour renforcer l’Institut national de la statistique avec l’assistance technique et la formation du FMI. Cela sera important pour renforcer la qualité et l’actualité des données économiques.

«La mission a confirmé que le FMI se tient prêt à continuer de travailler avec les autorités congolaises pour relever ces défis, y compris en fournissant son assistance technique. Le Conseil d’administration du FMI devrait examiner le rapport des services du FMI sur les consultations de 2014 au titre de l’article IV en juillet prochain. La mission remercie les autorités de leur chaleureuse hospitalité et de leur coopération constructive».


1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des renseignements économiques et financiers et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution de la situation économique et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de base aux délibérations du Conseil d'administration.

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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