Communiqué de presse : Les services du FMI achèvent une mission de revue au Burkina Faso

le 19 mars 2015

Les communiqués de presse de fin de mission comportent des déclarations des équipes des services du FMI exprimant des conclusions préliminaires au terme d'une visite dans un pays donné. Les points de vue exprimés sont ceux du personnel du FMI et ne représentent pas nécessairement ceux du Conseil d'administration du FMI.

Communiqué de presse No. 15/126
19 mars 2015

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), conduite par Mme Laure Redifer, a séjourné à Ouagadougou du 5 au 19 mars 2015 pour s’entretenir avec les autorités Burkinabé au sujet de la seconde et troisième revue de leur programme économique et financier au titre de la Facilité élargie de crédit.1 L’accord FEC avec le Burkina Faso fut approuvé par le Conseil d’administration du FMI le 27 décembre 2013 (voir Communiqué de presse N°13/542).

Au terme de la visite, Mme Redifer a fait la déclaration ci-après :

« La mission et les autorités ont conclu un accord ad référendum portant sur des politiques économiques et financières qui pourraient appuyer l’approbation de la seconde et troisième revue du programme de 3 ans conclu avec le Burkina Faso au titre de la FEC. Le Conseil d’administration du FMI devrait examiner ces revues au mois de mai.

En dépit d'un environnement économique difficile, le gouvernement de transition est en train de mettre en œuvre des politiques macroéconomiques saines et de préparer le pays aux élections prévues pour octobre 2015. L'activité économique au Burkina Faso a ralenti considérablement en 2014, avec une croissance du PIB réel en 2014 estimée à 4 %, taux sensiblement inférieur aux moyennes historiques des cinq dernières années qui tournaient autour de 6,5 %. Cette situation découle de multiples chocs exogènes et de la conjoncture sociopolitique interne. Les cours internationaux des deux produits d'exportation du pays - l'or et le coton - ont chuté, alors que les secteurs du tourisme et des services ont été fortement perturbés par la crise d'Ebola survenue dans d'autres pays de la région. L'activité économique a également été affectée par le climat d'incertitude politique qui a conduit à une profonde crise socio-politique à fin octobre et qui a entraîné un changement de gouvernement. En même temps, l’inflation a baissé en raison des prix des denrées alimentaires, suite en partie aux programmes de subvention de l’état.

Ces évolutions ont entraîné une forte baisse des recettes fiscales en 2014, qui ont terminé l'année à 80 % à peine des prévisions budgétaires. Cette situation, combinée à une augmentation de la masse salariale, a nécessité une forte réduction des dépenses d'investissement public, sapant ainsi la mise en œuvre de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) du gouvernement.

Pour l'année 2015, ces tendances devraient se poursuivre et être accentuées par l'effet de la dépréciation du taux de change qui accroît les coûts des importations. La production minière devrait baisser en 2015, avec quelques mines d'or arrêtant leurs opérations, ainsi que quelques retards anticipés dans les nouveaux investissements. La production et les recettes minières devraient rester bien en deçà des niveaux des années fastes qu'ont été les années 2012-2013. De même, le rendement cotonnier devrait connaître une baisse en 2015 en raison d’une réduction des activités suite à la chute des cours internationaux en 2014. D'importantes mesures sont en train d'être prises pour accroître la productivité du secteur cotonnier, qui demeure l'une des principales sources d'emploi et de revenu en milieu rural.

Au total, la croissance du PIB réel en 2015 devrait se situer autour de 5 %, ce qui est inférieur aux prévisions antérieures de 7 %. Cette baisse entraînera de nouveau des difficultés à mobiliser suffisamment de recettes pour couvrir les besoins en dépenses d'investissement. Toutefois, les autorités ont envisagé des mesures de réduction des coûts en matière de dépenses courantes (par exemple la réduction des voyages et des per diem pour les fonctionnaires) pour financer une augmentation des dépenses consacrées à la réduction de la pauvreté (0,4 % du PIB), y compris à la santé, à l'éducation et à la création d'emplois pour les femmes et les jeunes. Par ailleurs, les autorités continueront à renflouer les stocks de sécurité alimentaire.

En fin 2014, la baisse des cours mondiaux des produits pétroliers a entraîné une inversion des pertes financières accumulées depuis longtemps par la Société nationale Burkinabè d'hydrocarbures (SONABHY) ; celles-ci découlaient en partie du prix fixe à la pompe et d’une structure de coût élevée. Le gouvernement de transition a baissé les prix à la pompe en janvier et en mars. Cependant, au vu des cours internationaux des produits pétroliers actuels et de la forte dépréciation du FCFA de ces dernières semaines, il n’est plus possible de réduire d’avantage les prix à la pompe sans occasionner de pertes à la SONABHY.

Capitalisant sur la réussite de réformes récentes, les autorités se sont engagées à prendre plusieurs mesures immédiates visant à accroître les recettes et à lutter contre la fraude, au regard du besoin d’accroissement des recettes à court terme. En outre, des mesures ont également été prises en vue d’optimiser la gestion de la trésorerie, d’améliorer les statistiques sur l’activité économique et de freiner la hausse de la masse salariale de l’état. À la suite des audits réalisés au sein de la Société nationale Burkinabè d'hydrocarbures (SONABHY) et de la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL), le gouvernement a consenti d’intégrer des réformes à moyen terme dans le programme. Celles-ci devraient contribuer à réduire les coûts sous-jacents des deux structures publiques et à régulariser leurs transactions financières avec le gouvernement. La baisse des coûts sous-jacents devrait pouvoir servir de base à l’introduction de prix au consommateur plus souples. Ces réformes importantes soulignent l'engagement du gouvernement de transition à mener le pays résolument vers les échéances électorales du mois d'octobre tout en mettant en œuvre des politiques macroéconomiques durables.

Pour 2016 et dans le moyen terme, la croissance du PIB devrait remonter progressivement à ses niveaux historiques, alors que l’inflation devrait être à la hausse, tout en restant faible, à environ 2 %. Le déficit budgétaire général devrait rester inférieur à 3 % du PIB, en raison des mesures de limitation des dépenses prises par le gouvernement de transition. L’amélioration du solde extérieur dépendra de l’évolution des cours de l’or et du coton et de celle du taux de change, ainsi que des importations liées à la reprise progressive prévue des investissements publics.

L'équipe a été reçue par le Président du Faso Michel Kafando, le Premier ministre Isaac Zida, le Ministre de l'économie et des finances Jean-Gustave Sanon, le Ministre de l'agriculture Francois Lompo, le Ministre de l'industrie, du commerce et de l'artisanat Hypolite Dah, le Ministre des mines et de l'énergie Boubacar Ba, ainsi que plusieurs partenaires au développement et des représentants de la presse. Les discussions ont été franches et fructueuses et l'équipe du FMI remercie les autorités pour leur hospitalité. »


1 La Facilité élargie de crédit est le principal outil du FMI pour apporter un soutien financier à moyen terme aux pays à faibles revenus. Il offre des financements plus importants, des conditions plus concessionnelles, d’avantage de souplesse dans la conception du programme, et des conditionnalités plus fluides et mieux ciblées. Le financement au titre de la FEC ne comporte aucun taux d’intérêt et est assorti d’une période de grâce de 5 ½ ans ainsi que d’une période de maturité à terme de 10 ans.

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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