Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Résilience de l’économie mondiale et reprise durable : priorités de travail du FMI

le 6 juin 2013

  • Miser sur une reprise durable, renforcer la résilience de l’économie mondiale
  • Agir sur les dossiers de l’emploi et de la croissance, des déficits et de la dette, et du renforcement des systèmes financiers
  • Placer l’économie mondiale sur une trajectoire de croissance durable et équilibrée.

Le programme de travail du FMI pour les prochains mois se centrera sur les moyens d’insuffler une reprise durable et de renforcer la résilience de l’économie mondiale.

Commerçante à Hyderabad, en Inde. Le développement des circuits financiers constitue un des axes du programme de travail du FMI dans les pays émergents (photo : Noah Seelam/AFP/Newscom)

Commerçante à Hyderabad, en Inde. Le développement des circuits financiers constitue un des axes du programme de travail du FMI dans les pays émergents (photo : Noah Seelam/AFP/Newscom)

PROGRAMME DE TRAVAIL DU FMI

À l’heure où l’économie mondiale a réussi à éviter le pire mais connaît un redressement qui demeure fragile et inégal, le programme de travail examiné par le Conseil d’administration du FMI le 3 juin vise à la replacer sur une trajectoire de croissance durable et équilibrée.

A l’occasion de l’examen semestriel de son programme de travail, le Conseil a veillé à transposer les priorités énoncées dans le Plan d’action mondial en un plan d’action précis sur les six à douze prochains mois à l’intention des 188 pays membres de l’institution. Le plan d’action mondial du FMI a été présenté par la Directrice générale, Mme Christine Lagarde, lors des dernières réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.

Outre qu’il prévoit d’aider les pays membres à détecter les nouveaux risques et à élaborer des politiques adaptées en faveur d’une croissance plus forte et plus durable, le programme de travail souligne la nécessité de s’attaquer aux dossiers structurels à moyen terme dans le but de rétablir la résilience de l’économie mondiale : renforcer les systèmes financiers, corriger les niveaux élevés de déficit et d’endettement, favoriser la croissance et la création d’emplois, réduire les déséquilibres mondiaux et anticiper les effets de contagion.

Le Bulletin du FMI s’est entretenu avec Siddharth Tiwari, Directeur du Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation, sur les principaux volets de ce programme de travail.

Bulletin du FMI : Les réunions de printemps de 2013 ont mis l’accent sur un meilleur équilibre des stratégies monétaire, budgétaire et structurelle. Comment cela se traduit-il dans le programme de travail?

M. Tiwari : Lors des réunions de printemps, il était clair que même si l’humeur générale s’était améliorée, la croissance et l’emploi restaient à la traîne dans de nombreux pays. De plus, de nouveaux risques apparaissaient en raison du peu de progrès accompli pour remédier aux problèmes issus de la crise. Dans un tel contexte, il fallait doser les politiques pour répondre au double besoin de soutenir la croissance et de remédier à la faiblesse des fondamentaux, tant ceux se rapportant au budget et aux finances, que ceux liés aux entreprises ou aux ménages. Le programme de travail actuel se centre sur ces questions.

Pour les pays de la zone euro, les travaux du FMI viseront à promouvoir une compréhension commune des options de redressement et de réforme des secteurs budgétaire et financier et des réformes structurelles propices à la croissance.

Dans les autres pays avancés, notamment aux Etats-Unis et au Japon, nous analyserons les conséquences des politiques monétaires non conventionnelles, tout en tenant compte des priorités de ces pays en termes de croissance et de réformes structurelles.

Les pays émergents, qui ont affiché un rythme soutenu de croissance, doivent ré-étalonner leurs politiques pour se prémunir contre tout excès financier et reconstituer leurs marges de manœuvre. Dans cet esprit, nos travaux porteront sur leurs résultats et perspectives de croissance et sur l’approfondissement de leurs secteurs financiers, lequel devrait renforcer leur résilience et leur capacité d’absorption et de gestion des flux de capitaux.

Dans les pays à faible revenu, nous conseillerons surtout de reconstituer les marges de manœuvre tout en répondant aux besoins urgents dans les domaines social et infrastructurel. Nous renforcerons davantage nos conseils dans la gestion de la richesse provenant des ressources naturelles, le développement des circuits financiers et les transformations structurelles. La revue de notre politique relative aux plafonds d’endettement, qui devrait être achevée fin 2013, devrait aussi encourager les pays à faible revenu à intensifier leurs investissements tout en sauvegardant la viabilité de leur dette.

Bulletin du FMI : Comment ce programme de travail va-t-il s’articuler avec l’analyse en cours du rôle des politiques monétaires non conventionnelles pendant et après la crise mondiale?

M. Tiwari : Lors des réunions de printemps, des craintes ont été émises sur les effets de contagion des politiques monétaires accommodantes et non conventionnelles des pays avancés et sur les risques liés à leur retrait. Le programme de travail en cours prévoit un certain nombre de rapports sur ce sujet. Nous entendons publier en septembre un rapport sur l’impact mondial de la politique monétaire non conventionnelle, qui analysera les effets de cette politique sur les économies des pays avancés et émergents, en quoi elle contribue à combler les déséquilibres mondiaux, et les conséquences des stratégies de retrait de cette politique.

L’évolution de la politique monétaire avant et pendant la crise et les questions liées à son architecture feront l’objet d’un document de synthèse qui sera publié en novembre sous le titre Monetary Policy: Its Role Now and in the Future. De même, le Rapport sur les effets de contagion en juillet examinera les effets de stabilisation de la politique monétaire non conventionnelle ainsi que les questions liées au retrait d’une telle politique.

Bulletin du FMI : En quoi le programme de travail du FMI des mois à venir répond-il à l’objectif mondial de création d’emplois et de croissance solidaire?

M. Tiwari : La création d’emplois et la croissance solidaire sont des impératifs unanimement reconnus par les pays membres et notre programme de travail prévoit un certain nombre d’initiatives dans ces domaines. Une note d’orientation, reposant sur l’examen par le Conseil en mars dernier du document Jobs and Growth, devrait être prête dans les mois qui viennent, et permettra aux services du FMI d’adapter leurs conseils et recommandations à la problématique et aux contraintes de chaque pays.

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M. Tiwari : «La création d’emplois et la croissance solidaire sont des impératifs unanimement reconnus par les pays membres et notre programme de travail prévoit un certain nombre d’initiatives dans ces domaines» (photo FMI)

Nous procédons aussi actuellement à des travaux d’analyse poussée des facteurs macroéconomiques et structurels qui pourraient contribuer à stimuler la croissance en Europe. Un rapport imminent sur les évolutions et les perspectives de croissance des pays émergents présentera un examen de leurs performances au lendemain de la crise, une évaluation de leurs perspectives de croissance à moyen terme, et les conséquences pour la surveillance du FMI. Pour les pays à faible revenu, un document prévu en novembre examinera les questions de transformation structurelle et de productivité pour doper leurs perspectives de croissance à long terme. Un document de politique générale sur la politique budgétaire et l’équité, qui analysera le rôle joué par les politiques fiscales et les politiques de dépenses dans la poursuite des objectifs d’équité, devrait être prêt début 2014.

Bulletin du FMI : Ce programme de travail sera-t-il aussi axé sur la correction des déséquilibres mondiaux et la prise en compte des effets de contagion transfrontaliers?

M. Tiwari : En nous appuyant sur notre cadre de surveillance remanié, nous allons continuer à approfondir notre analyse de la cohérence des politiques au niveau multilatéral et des effets de contagion transfrontaliers. Le prochain Rapport sur les effets de contagion, en juillet, abordera une série de sujets, notamment l’impact des mesures prises aux Etats-Unis et dans la zone euro pour réduire les risques extrêmes et l’impact de la politique monétaire non conventionnelle; il servira aussi de base aux rapports sur les consultations au titre de l’article IV qui dressent un bilan de santé des économies d’importance systémique. Le Rapport sur le secteur extérieur, prévu en juillet, comportera un examen des conséquences des flux de capitaux, en se fondant sur des méthodes renforcées d’évaluation du solde extérieur. Nous poursuivrons également notre analyse de l’interdépendance des pays, de façon à mieux appréhender les modes de transmission des chocs et à en tirer les conséquences pour la surveillance du FMI.

Dans la logique directe de la Décision sur la surveillance intégrée approuvée l’an dernier, nous apportons une perspective de plus en plus multilatérale à notre surveillance bilatérale, en adoptant la notion de surveillance par groupes de pays. A compter de juillet, nous commencerons à examiner les effets de contagion et les risques pour des pays interdépendants exposés à des chocs communs, en procédant à des rapports groupés au titre de l’Article IV, en nous penchant d’abord sur les pays d’Europe centrale et ceux de la région nordique.

Bulletin du FMI : Le FMI porte un nouveau regard sur la restructuration de la dette souveraine. Que peut-on attendre de cette analyse?

M. Tiwari : La question de la restructuration de la dette souveraine a considérablement évolué depuis le dernier examen du Conseil d’administration en 2005. En mai, le Conseil a examiné un rapport des services du FMI intitulé Sovereign Debt Restructuring—Recent Developments and Implications for the Fund’s Legal and Policy Framework. Ce document examine la façon dont les politiques et les pratiques du FMI ont récemment été appliquées en matière de restructuration de la dette souveraine et a identifié les problèmes soulevés par ces récentes expériences. Il constate notamment que ces restructurations ont souvent été trop limitées et trop tardives dans certaines crises récentes, et n’ont donc pas permis de rétablir la viabilité de la dette ni l’accès aux marchés de façon durable.

Il est prévu de poursuivre les travaux sur les questions liées à la pertinence qualitative et temporelle des restructurations de dettes souveraines et d’analyser les éventuelles mesures et méthodes pour améliorer la démarche contractuelle basée sur le marché. Les services du FMI prévoient d’approfondir l’analyse afin de mieux comprendre les raisons pour lesquelles ces restructurations ont souvent été retardées ou inefficaces pour vraiment rétablir la viabilité, en se penchant notamment sur le rôle joué par la disponibilité de vastes financements publics. Les travaux envisagés devraient aussi porter sur les éventuelles mesures à prendre pour renforcer le cadre contractuel existant et sur un examen des avantages et de la faisabilité des différentes possibilités de lier l’appui du FMI à la résolution de problèmes d’action collective.

Bulletin du FMI : Quelles sont les prochaines étapes de la réforme de la gouvernance du FMI?

M. Tiwari : Il est essentiel de mener à son terme la réforme de 2010 sur les quotes-parts et la gouvernance pour assurer la légitimité et l’efficacité du FMI. Nous avons rempli deux conditions sur les trois nécessaires pour que la réforme de 2010 sur les quotes-parts et la gouvernance puisse entrer en vigueur. La dernière condition consiste à s’assurer des 85 % du total des voix nécessaires pour que l’amendement à la réforme du Conseil d’administration entre en vigueur. Le Conseil continuera à être tenu régulièrement informé des progrès et sera appelé à examiner en juin un document mettant à jour les calculs des quotes-parts sur la base des toutes dernières données.