Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Tout le monde gagnera à une réduction des inégalités excessives —Christine Lagarde

le 17 juin 2015

  • Relever les revenus des pauvres et de la classe moyenne aura pour effet de réduire
  • les inégalités et de renforcer la croissance
  • Pour parvenir à
  • une croissance plus durable, il faut assurer une croissance plus équitable
  • Une politique budgétaire intelligente est nécessaire, de même
  • que des réformes en matière d’éducation et de soins de
  • santé ainsi que sur les marchés du travail

S’exprimant lors d’une conférence à Bruxelles, elle a expliqué que l’aggravation et l’ampleur des inégalités étaient désormais un problème pour la croissance et de développement économiques.

(photo: Danny Lehman/Corbis)

Les quartiers pauvres et les quartiers huppés se côtoient à Sao Paulo, au Brésil : l’inégalité de revenu excessive tire vers le bas la croissance économique (photo : Danny Lehman/Corbis)

INÉGALITÉ ET CROISSANCE

« Nul besoin d’être altruiste pour soutenir des politiques qui rehausseront les revenus des pauvres et des classes moyennes. Tout le monde y gagne, car ces politiques sont indispensables pour rendre possible une croissance économique plus vigoureuse, plus solidaire et plus soutenable », a déclaré Mme Lagarde.

« Autrement dit, pour parvenir à une croissance plus durable, il faut assurer une croissance plus équitable ».

Des bienfaits qui viennent d’en bas et non d’en haut

Selon une nouvelle étude du FMI, une augmentation de 1 point de PIB du revenu des pauvres et des classes moyennes se traduit par une progression de la croissance pouvant aller jusqu’à 0,38 point de PIB sur cinq ans. En revanche, une augmentation de 1 point de PIB du revenu des riches se traduit par une baisse de 0,08 point de PIB.

« Nos études montrent que, contrairement aux idées reçues, les bienfaits d’une hausse du revenu viennent d’en bas et non d’en haut », a ajouté Mme Lagarde, en avançant une explication possible, à savoir que les riches dépensent une proportion moindre de leurs revenus, ce qui pourrait réduire la demande globale et saper la croissance économique.

Une étude antérieure du FMI a montré que l’inégalité excessive de revenu a pour effet de tirer vers le bas les taux de croissance économique et de rendre la croissance moins durable.

Causes et conséquences de l’inégalité excessive

Mme Lagarde a relevé la divergence entre, d’une part, la diminution régulière depuis des décennies de l’inégalité entre pays — grâce à la progression rapide des revenus moyens des pays émergents — et, d’autre part, l’accentuation des inégalités à l’intérieur des pays.

Les deux principaux facteurs à l’origine de l’écart de revenus croissants entre les travailleurs les plus et les moins qualifiés, surtout dans les économies avancées, sont le progrès technologique et la mondialisation financière, a noté Mme Lagarde. Mais il faut aussi citer la place démesurée de la finance, la faible mobilité sociale et l’inégalité d’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux services financiers, en particulier dans les pays en développement.

Les ingrédients de la croissance

« À cause de ces désavantages — de cette inégalité des chances — des millions de personnes n’ont pratiquement pas l’occasion d’accroître leurs revenus et de constituer un patrimoine », a observé Mme Lagarde. « Mais, a-t-elle ajouté, des solutions existent, qui permettent de réaliser une croissance plus vigoureuse, plus solidaire et plus soutenable dans tous les pays. »

La stabilité macroéconomique — « De bonnes politiques macroéconomiques… sont les meilleurs soutiens des plus démunis » — de même qu’une bonne gouvernance, car la corruption peut être un indicateur avancé d’une profonde inégalité économique et sociale.

L’adoption de politiques prudentes qui favorisent une plus grande égalité tout en encourageant la concurrence, l’innovation et l’investissement.

L’ajustement de la politique budgétaire par la lutte contre la fraude fiscale, la suppression des exonérations fiscales injustes, l’allégement de la taxation du travail, le recours accru aux transferts monétaires conditionnels et la libération de ressources grâce à la réduction des subventions énergétiques.

Des réformes intelligentes dans les domaines de l’éducation, des soins de santé, du marché de travail, des infrastructures et de l’inclusion financière, afin de rehausser la croissance économique potentielle et de relever les revenus et le niveau de vie à moyen terme.

Cette année, les dirigeants auront une occasion unique pour la génération actuelle de promouvoir le développement, une occasion de traduire les bonnes intentions en actions audacieuses et durables : le sommet de septembre des Nations Unies sur les objectifs de développement durable et un sommet en décembre pour tenter de conclure un accord détaillé sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le rôle important du FMI

« Dans tous ces domaines, j’estime que le FMI a un rôle important à jouer, a déclaré Mme Lagarde. Notre mission principale est de promouvoir la stabilité économique et financière. C’est pourquoi nous nous intéressons de près aux questions de développement, en aidant nos 188 États membres à concevoir et à exécuter des politiques économiques et en accordant des prêts aux pays qui sont en difficulté afin qu’ils puissent se remettre sur pied.

« En Afrique subsaharienne, par exemple, beaucoup de pays ont appliqué des politiques macroéconomiques appropriées au cours des dix dernières années, et ils en récoltent aujourd’hui les fruits sous forme d’une croissance plus vigoureuse et d’un niveau de vie plus élevé. Le FMI a soutenu leurs efforts en recourant à de nouveaux instruments, par exemple des prêts à taux zéro, ainsi qu’en augmentant ses concours financiers et en renforçant les capacités institutionnelles des pays.

« Nous intensifions aussi nos travaux sur les inégalités, la parité hommes-femmes et le changement climatique… Nous examinons aussi comment nous pourrions accroître l’accès des pays en développement à nos prêts pour les aider à faire face aux chocs extérieurs. Nous redoublons particulièrement d’efforts pour aider les pays les plus pauvres et les plus fragiles. »