Note d'information au public: Le Conseil d'administration du FMI a conclu les consultations de 2007 au titre de l'article IV avec Haïti

le 25 juillet 2007

Les notes d'information au public (NIP) s'inscrivent dans le cadre des efforts que déploie le FMI pour promouvoir la transparence de ses prises de position et de son analyse de l'évolution et des politiques économiques. Les NIP sont diffusées avec le consentement des pays concernés, à l'issue de l'examen par le Conseil d'administration des rapports sur les consultations au titre de l'article IV avec les pays, la surveillance de l'évolution économique à l'échelle régionale, le suivi post-programme et les évaluations a posteriori des programmes mis enœuvre par les pays membres qui font intervenir un engagement à plus long terme. Les NIP sont aussi diffusées à l'issue de l'examen des questions de politique générale par le Conseil d'administration, sauf si le Conseil en décide autrement.

Note d'information au public (NIP) no07/86
Le 25 juillet 2007

Le 23 juillet 2007, le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l'article IV avec Haïti1.

Généralités

1. Le gouvernement de transition qui a pris la direction du pays à la suite du départ du président Aristide, en février 2004, a mis enœuvre des politiques budgétaires et monétaires prudentes, et a sensiblement amélioré la gouvernance et la transparence des activités du secteur public. Ces efforts étaient appuyés par un programme-relais et deux accords mis successivement en place dans le cadre de l'aide d'urgence aux pays sortant d'un conflit entre le milieu de 2004 et la fin de 2006. De ce fait, l'inflation a été ramenée en dessous de 10 % (contre près de 40 % en 2003), la monnaie s'est stabilisée et les réserves brutes ont plus que doublé pour passer de 157 millions de dollars EU (1,2 mois d'importations) à la fin de l'exercice 2003 à 335 millions de dollars EU (1,8 mois d'importations) à la fin de l'exercice 2006. Qui plus est, le PIB réel par habitant a commencé à augmenter, même si la hausse reste modérée (0,75 point de pourcentage durant l'exercice 2005-2006). Sur la base des bons résultats macroéconomiques enregistrés par le pays, un nouvel accord FRPC et le point de décision dans le cadre de l'Initiative PPTE ont été approuvés en faveur de Haïti en novembre 2006.

2. Par ailleurs, des efforts notables ont été déployés pour rétablir la stabilité politique et améliorer la gouvernance et la transparence des activités du secteur public. Le président Préval, qui a pris ses fonctions en mai 2006, a fait de la bonne gestion des affaires publiques et de la lutte contre la corruption les thèmes principaux de sa présidence. La sécurité à Port-au-Prince s'est nettement améliorée durant les derniers mois grâce aux opérations menées conjointement par la police nationale et la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH): ces interventions ont conduit à l'arrestation d'un certain nombre de criminels et chefs de gang présumés. En dépit de ces succès, toutefois, les conditions de sécurité restent fragiles et constituent encore un obstacle sur le chemin de la stabilité politique et sociale, ce qui contribue à freiner les investissements du secteur privé et à entraver la croissance économique.

Évaluation par le Conseil d'administration

3. Les administrateurs ont approuvé dans l'ensemble l'évaluation effectuée par les services du FMI. Ils ont félicité les autorités haïtiennes pour les efforts résolus qu'elles ont déployés et les progrès substantiels qu'elles ont accomplis dans la stabilisation de l'économie dans le cadre du programme approuvé en novembre dernier au titre de la FRPC : cette politique a entraîné un fort ralentissement de l'inflation, la reconstitution des réserves internationales et le retour à une croissance positive, bien que modeste. Les administrateurs ont en outre jugé encourageants l'amélioration de la sécurité, les progrès accomplis dans le rétablissement de la stabilité politique et les efforts en cours visant à améliorer la gouvernance et à combattre la corruption.

4. De l'avis des administrateurs, le défi consiste maintenant avant tout à consolider les progrès accomplis en matière de stabilisation tout en parvenant à un taux de croissance soutenu plus élevé. Les perspectives sont positives en ce qui concerne une accélération de la croissance à moyen terme, mais ceci dépendra de la promotion des investissements privés et de la hausse de la productivité. Les administrateurs ont noté que l'amélioration de la sécurité, le renforcement des infrastructures, un approvisionnement énergétique plus sûr, des services d'éducation et de santé de meilleure qualité, le développement de l'intermédiation financière et le renforcement des institutions judiciaires contribueraient à la réalisation de ces objectifs. Ils ont jugé encourageantes les premières mesures prises par les autorités pour résoudre ces problèmes et améliorer le climat des affaires, notamment en ouvrant un guichet unique à l'usage des investisseurs et enœuvrant à l'amélioration de l'efficacité des entreprises publiques restantes. Une assistance internationale soutenue, sous la forme notamment d'assistance technique du FMI et d'autres bailleurs de fonds, est essentielle pour le renforcement des capacités nécessaires à la réalisation de ces objectifs.

5. Les administrateurs ont observé qu'une plus forte mobilisation des recettes permettrait de créer l'espace nécessaire pour financer davantage de dépenses prioritaires. À cet égard, ils ont félicité les autorités pour les augmentations récentes du recouvrement de l'impôt et ont salué les efforts en cours visant à renforcer et moderniser les administrations fiscale et douanière. Ces mesures, conjuguées à l'élargissement de l'assiette fiscale et à l'ajustement de certains taux et frais, devraient aider à accroître sensiblement les recettes intérieures. Les administrateurs ont fait remarquer que toute décision d'augmentation de taux devrait être prise dans le cadre d'une revue globale du système fiscal et en prenant dûment en compte les retombées sociales. Ils ont également souligné combien il était important d'améliorer la gestion des finances publiques et d'accroître la capacité d'exécution du budget. Compte tenu de la capacité actuelle limitée d'exécution budgétaire, ils ont fermement engagé les autorités à faire preuve de prudence quant au recours à de nouveaux emprunts.

6. Les administrateurs ont salué le ralentissement un peu plus rapide que prévu de l'inflation observé ces derniers mois et ont encouragé les autorités à utiliser l'espace disponible pour la croissance de la base monétaire dans la période à venir. La sous-exécution des dépenses publiques ayant posé des problèmes de gestion des liquidités à court terme, les administrateurs ont encouragé les autorités monétaires et budgétaires à collaborer étroitement, afin d'éviter un resserrement involontaire de la politique monétaire. Les administrateurs ont noté que, même s'il est vrai que la politique monétaire actuellement en vigueur a permis de réduire l'inflation ces dernières années, un renforcement supplémentaire du cadre de politique monétaire contribuerait à maintenir l'inflation à un niveau faible et stable, et permettrait d'accroître l`intermédiation financière comme nécessité.

7. Les administrateurs ont estimé que, globalement, le taux de change réel ne semble pas être désaligné. Ils ont noté qu'Haïti était confrontée à une appréciation du taux de change réel d'équilibre du fait qu'elle dépend beaucoup des transferts de fonds des expatriés et d'autres formes de transferts extérieurs. Les administrateurs s'accordent à penser que les autorités devraient conserver un régime de taux de change flottant, en limitant les interventions à l'accumulation de réserves, conformément aux objectifs du programme, et au lissement des fluctuations saisonnières. Tout en reconnaissant les pressions sur le secteur des exportations et des produits de substitution aux importations qui en résultent, ils ont invité les autorités à rehausser la compétitivité du pays en s'attaquant aux nombreuses contraintes structurelles.

8. Les administrateurs sont convenus que les conditions étaient réunies pour la poursuite de la mise enœuvre énergique du programme FRPC. À cet égard, ils ont noté que deux critères de réalisation relatifs à la prochaine revue étaient d'ores et déjà respectés et qu'un cadre macroéconomique indicatif, conforme aux objectifs du programme, avait déjà été élaboré pour l'exercice à venir.

9. Il est prévu que les prochaines consultations au titre de l'article IV se dérouleront selon un cycle de 24 mois, conformément aux dispositions de la décision portant sur les cycles de consultations dans les pays appliquant un programme.


Haïti : principaux indicateurs économiques et financiers
 
Exercice se terminant le 30 septembre
  2003 2004 2005 2006 2007

 

      Prél. Proj.
 
(variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Économie intérieure

         

PIB en prix constants

0,4 -3,5 1,8 2,3 3,5

Prix à la consommation (fin de période)

37,8 21,7 14,8 12,4 8,0

Investissement intérieur brut (en pourcentage du PIB)

30,7 27,3 27,4 28,9 30,9

Épargne nationale brute (en pourcentage du PIB)

29,1 25,7 30,1 28,9 32,1
(en pourcentage du PIB)

Finances publiques

         

Solde global de l'administration centrale, dons compris

-3,5 -2,4 -0,6 -0,8 -0,3

Solde global de l'administration centrale, dons non compris

-3,6 -3,8 -4,1 -4,4 -6,0

Épargne du secteur public

-0,2 1,3 1,5 1,6 2,7
(variation annuelle en pourcentage)

Monnaie et crédit

         

Crédit au secteur public (net)

22,8 12,8 0,3 -4,9 0,0

Crédit au secteur privé

33,4 9,2 21,1 5,5 5,1

Base monétaire

36,2 21,6 0,6 5,5 9,9

Monnaie au sens large (y compris les dépôts en devises)

39,8 9,1 20,3 10,0 9,7
(variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Secteur extérieur

         

Exportations (f.à.b.)

21,4 13,5 21,3 7,7 11,9

Importations (f.à.b.)

13,6 8,6 8,0 18,3 5,9

Solde du compte courant (dons officiels compris, en % du PIB)

-1,6 -1,6 2,6 0,0 1,2

Solde du compte courant (dons officiels non compris, en % du PIB)

-6,2 -4,4 -5,0 -7,9 -6,4

Dette publique extérieure (fin de période, en % du PIB)

44,4 36,2 30,9 29,3 26,0

Service de la dette publique extérieure (en % des exportations de biens et de services)

8,5 9,5 17,5 8,5 5,1

Réserves internationales nettes (en millions de dollars EU) 1/

38,8 54,5 70,4 130,3 265,3

Réserves brutes liquides (en millions de dollars EU)

157,1 207,4 228,5 335,5 534,7

En mois d'importations de l'année suivante

1,2 1,4 1,3 1,8 2,4

Taux de change effectif réel (appréciation +)

-5,9 32,5 -5,8 13,4 ,,,
 

Sources : Ministère l'économie et des finances, Banque de la République d'Haïti et estimations des services du FMI.

1/Ces montants ne comprennent pas les dépôts en devises des banques auprès de la BRH.

1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, en général tous les ans, à des consultations bilatérales avec ses États membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et de la politique économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui est soumis à l'examen du Conseil d'administration. À l'issue de cet examen, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays.

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