Le conseil d’administration du FMI achève les discussions annuelles sur les politiques communes de la CEMAC et sur les politiques communes en appui aux programmes de réforme des pays membres

le 22 décembre 2022

  • Le choc positif des termes de l’échange consécutif aux répercussions de la guerre de la Russie en Ukraine a globalement bénéficié à la CEMAC, renforçant sa position extérieure et sa reprise économique progressive post-COVID.
  • La hausse de l’inflation mondiale s’est répercutée sur les prix intérieurs, en exerçant des pressions sur les revenus réels et menaçant la sécurité alimentaire, tandis que le resserrement des conditions financières mondiales menace également les perspectives de croissance.
  • Une gestion prudente du surcroît de recettes pétrolières ainsi que des progrès plus rapides dans les profondes réformes structurelles et de gouvernance sont essentiels pour jeter les bases d’une croissance plus diversifiée, inclusive et durable.

Washington, DC : Le 20 décembre 2022, le conseil d’administration du FMI a conclu les discussions annuelles avec la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sur les politiques communes des pays membres et les politiques communes en appui aux programmes de réformes des pays membres [1] .

La CEMAC bénéficie globalement du choc positif des termes de l’échange consécutif aux répercussions de la guerre de la Russie en Ukraine. La reprise économique post-COVID s’installe progressivement, avec une croissance réelle du PIB qui devrait atteindre 3,4 % en 2022, tirée principalement par les cours élevés du pétrole et la levée des mesures de confinement liées à la COVID-19. Les réserves extérieures ont commencé à se reconstituer, même si elles restent encore inférieures au niveau souhaité. Les réserves extérieures brutes devraient représenter 3,5 mois d’importations prospectives à la fin de 2022, grâce à l’augmentation des recettes d’exportation de pétrole et au resserrement de la politique monétaire . Les assurances sur les politiques régionales relatives aux avoirs extérieurs nets à fin juin 2022 (2,81 milliards d’euros) ont été atteintes avec une bonne marge de 378 millions d’euros. Les tensions inflationnistes mondiales se sont répercutées sur les prix intérieurs ; l’inflation régionale devrait atteindre 4,6 % d’ici la fin de 2022, exerçant ainsi des pressions sur les revenus réels et menaçant la sécurité alimentaire.

Les autorités régionales ont resserré la politique monétaire et normalisé la régulation prudentielle en 2022, tout en continuant à faire avancer leur programme de réformes. La Banque centrale (BEAC) a relevé à trois reprises son taux directeur en moins d’un an en réponse aux pressions inflationnistes et pour soutenir le niveau des réserves extérieures. En outre, elle a renforcé son cadre de gestion des liquidités en réduisant progressivement les injections hebdomadaires de liquidités dans ses opérations monétaires, en mettant fin à leur échéance aux trois opérations d’injection de liquidités à long terme et en revenant progressivement au cadre de gestion des liquidités d’avant la COVID-19. La Commission bancaire (COBAC) a normalisé la régulation prudentielle en levant comme prévu en juillet 2022 les mesures provisoires d’assouplissement de la réglementation prudentielle liées à la COVID-19 et en augmentant le volant de conservation de fonds propres de 50 points de base à 2,5 %. En juillet 2022, la Commission de la CEMAC a achevé ses consultations au titre de la surveillance régionale dans les six pays membres, lesquelles ayant repris en avril 2022 après deux années d’interruption liée à la COVID-19.

Les perspectives pour 2023 sont globalement positives, tirées par les cours élevés du pétrole, la levée des mesures barrières liées à la COVID-19, l’hypothèse de la poursuite d’une gestion prudente du surcroît de recettes pétrolières, en ligne avec les objectifs dans le cadre des programmes appuyés par le FMI et des conseils du FMI en matière de politique économique plus généralement. L’inflation devrait ralentir pour atteindre 3,3 % en 2023 avant de revenir en dessous du critère de convergence de 3 % à partir de 2024, à mesure que la politique monétaire reste suffisamment resserrée en vue d’ancrer fermement les anticipations d’inflation et de soutenir la position extérieure. Cependant, ces perspectives restent sujettes à des facteurs de risques et à des incertitudes accrues, liés au risque élevé de surendettement, aux risques de tensions inflationnistes persistantes, à la perspective d’un durcissement continu des conditions financières mondiales et aux problèmes de sécurité régionale. En particulier, le recalibrage des positions budgétaires à court terme dans le souci d’amortir l’impact social des chocs extérieurs pourrait ralentir la dynamique positive de réduction du niveau de la dette publique et d’accumulation des réserves extérieures.

La croissance à moyen terme devrait augmenter progressivement à 3,5 %, principalement en raison d’une reprise plus dynamique du secteur hors pétrole, tandis que les réformes visant à améliorer la gouvernance, la transparence et l’environnement des affaires devraient commencer à porter leurs fruits. Les prix élevés du pétrole, s’ils se maintiennent, aideront à reconstituer les marges de manœuvre externes et budgétaires, et à réduire considérablement les niveaux de la dette d’ici 2024, à condition que les politiques budgétaires restent prudentes. La dette publique devrait diminuer pour atteindre près de 40 % du PIB d’ici 2026, contre environ 53 % du PIB en 2022. Après une amélioration en 2022, le solde du compte courant devrait baisser pour atteindre -1,2 % du PIB en 2023, mais environ -3 % du PIB à moyen terme. Les réserves extérieures brutes devraient représenter 4 ½ mois d’importations prospectives d’ici 2026, soit légèrement en dessous du seuil adéquat (5 mois) recommandé par les services du FMI pour union monétaire riche en ressources naturelles, à condition que la gestion des liquidités soit plus active et que le rapatriements de devises étrangères, notamment par les gouvernements, les entreprises publiques et le secteur extractif, soit boosté.

Évaluation par le conseil d’administration [2]

1. Les administrateurs saluent le renforcement de la position extérieure et la reprise économique progressive post-COVID dans la CEMAC, dans le contexte du choc positif des termes de l’échange lié à la guerre de la Russie en Ukraine. Étant donné les obstacles potentiels et les incertitudes accrues, liés au risque élevé de surendettement , aux tensions inflationnistes persistentes, aux conditions financières mondiales resserrées et aux problèmes régionaux de sécurité, les administrateurs exhortent les autorités de la CEMAC à gérer prudemment les le surcroît de recettes pétrolières afin de reconstituer les marges de manœuvre et soutenir une reprise économique qui protège les populations les plus vulnérables, y compris en réformant les subventions aux produits énergiques et alimentaires, tout en mettant en place des filets sociaux bien ciblés.

2. Les administrateurs saluent le resserrement de la politique monétaire de la BEAC, et l’encouragent à resserrer davantage si elle observait des signes de poussée de inflationniste, d’écarts par rapport à la trajectoire ciblée des réserves extérieures, ou des dérapages budgétaires. Les administrateurs encouragent également la BEAC à absorber plus efficacement les liquidités excédentaires et à mettre en œuvre la réglementation des changes de manière transparente et cohérente.

3. Les administrateurs encouragent les autorités nationales et régionales de la CEMAC à régler de manière coopérative l’incohérence entre la législation de la République centrafricaine sur les cryptomonnaies et la Convention de la CEMAC. Ils incitent fortement les autorités régionales à renforcer la coordination afin d’améliorer la capacité de réglementation des actifs numériques, dans le but de préserver la monnaie unique, de gérer les risques et de protéger les consommateurs, tout en permettant les innovations légitimes.

4. Les administrateurs saluent la normalisation de la réglementation prudentielle et encouragent la COBAC à effectuer une revue exhaustive et en profondeur de la qualité des actifs du secteur bancaire suite à la normalisation, afin de suivre et de traiter adéquatement les prêts improductifs ainsi que les banques sous-capitalisées. Ils conseillent à la COBAC d’adopter une approche prudente en matière de distribution des dividendes et de veiller à ce que les banques tiennent compte adéquatement des risques souverains.

5. Notant des progrès mitigés dans les programmes en cours appuyés par le FMI ainsi que les retards probables dans l’achèvement de diverses revues à venir de ces programmes, les administrateurs soulignent l’importance d’accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles et de gouvernance qui, conjuguées à une gestion prudente des du surcroît de recettes pétrolières, devraient jeter les bases d’une croissance plus diversifiée, inclusive et durable.

Les administrateurs considèrent que la BEAC a atteint l’assurance régionale concernant les avoirs extérieurs nets à fin juin 2022, tel que mentionné dans la lettre de suivi de juillet 2022, reflétant entre autres, un rapatriement plus important des devises étrangères et le resserrement de la politique monétaire. Ils souscrivent à la mise à jour de l’assurance régionale concernant l’accumulation des avoirs extérieurs nets pour fin décembre 2022 et fin juin 2023, telle que décrite dans la lettre de suivi de novembre 2022 du Gouverneur de la BEAC. Ils soulignent que la mise en œuvre de cette assurance sera essentielle pour garantir le succès des programmes appuyés par le FMI dans les pays membres de la CEMAC.



[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses statuts, le FMI procède à des consultations bilatérales au titre de l’article IV avec ses pays membres, habituellement chaque année. Dans le contexte de ces consultations bilatérales au titre de l’article IV, les services du FMI tiennent des échanges annuels bilatéraux à part avec les institutions régionales en charge des politiques communes dans quatre unions monétaires — la zone euro, l’Union monétaire des Caraïbes orientales, l’Union économique et monétaire de l’Afrique centrale et l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Pour chacune de ces unions monétaires, des équipes des services du FMI se rendent dans les institutions régionales responsables des politiques communes de l’union, recueillent des données économiques et financières, et échangent avec leurs cadres sur l’évolution des politiques économiques de l’union. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de base aux discussions du conseil d’administration. Les discussions de politiques par les services du FMI avec les institutions régionales ainsi que l’examen du rapport par le conseil d’administration font partie intégrante des consultations au titre de l’article IV avec chaque pays membre.

[2] À l’issue des délibérations, la directrice générale, en qualité de présidente du conseil d’administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera ici une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés du conseil d’administration : https://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm

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