L’inclusion financière des petites et moyennes entreprises au Moyen-Orient et en Asie centrale

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Résumé

L’importance de l’inclusion financière est de plus en plus reconnue par les dirigeants dans le monde entier. En particulier, l’inclusion financière des petites et moyennes entreprises (PME) est un aspect essentiel des enjeux de diversification et de croissance auxquels sont confrontés de nombreux pays. Dans les régions du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, les PME représentent une part importante des entreprises, mais leur accès au financement est plus faible que dans la majorité des autres régions.

Une meilleure inclusion financière des PME peut favoriser la croissance économique, la création d’emplois et l’efficacité des politiques budgétaires et monétaires, et aussi contribuer à la stabilité financière. Dans les régions du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, les avantages potentiels sont particulièrement élevés : dans certains cas, les gains de croissance pourraient atteindre 1 % par an, ce qui permettrait de créer environ 16 millions d’emplois d’ici 2025.

L’expérience internationale amène à penser que de nombreux éléments peuvent favoriser le crédit bancaire aux SME, parmi lesquels :

  • les paramètres économiques fondamentaux et des caractéristiques du secteur financier, comme la stabilité macroéconomique, la taille modeste du secteur public (afin d’éviter l’évincement des PME en matière d’accès au crédit), la solidité du secteur financier, un système bancaire concurrentiel et plus généralement, une économie ouverte et compétitive à même de stimuler l’investissement et la demande de crédit des PME;
  • des facteurs institutionnels, comme une bonne gouvernance et de solides capacités de réglementation et de contrôle du système financier, des informations sur le crédit aisément accessibles et un climat des affaires propice à l’activité, reposant notamment sur des régimes de garantie et de faillite modernes, et des systèmes juridiques permettant la bonne exécution des droits de propriété et des contrats.

D’autres facteurs peuvent aussi faciliter l’accès des PME au financement, comme l’accroissement de l’offre de crédit bancaire. L’expérience internationale montre que les marchés financiers peuvent y contribuer à différents stades du développement des PME. De même, les technologies financières («fintech») peut à la fois desserrer les contraintes qui pèsent sur le crédit bancaire (en améliorant l’évaluation du crédit ou en intensifiant la concurrence par exemple) et créer de nouveaux circuits de financement pour les PME. Tant les marchés financiers que les fintech sont encore peu développés au Moyen-Orient et en Asie centrale.

Toute une série de mesures et de réformes en faveur de l’inclusion financière des PME a déjà été mise en œuvre : interventions directes visant à augmenter l’offre de crédit bancaire, notamment par le biais de banques publiques pour les PME, instauration de mécanismes de garantie de crédit et réglementation des taux d’intérêt, entre autres. Ces dernières années, un nombre croissant de pays ont également défini des stratégies nationales visant à lever les principaux obstacles à l’inclusion financière des ménages et des entreprises.

L’une des principales conclusions est que les approches partielles, comme les mesures axées uniquement sur les financements et les garanties publics directs, ont peu de chances de générer des avantages importants. Au contraire, pour que les PME aient un accès effectif, sûr et durable au crédit, il est indispensable d’adopter une approche globale portant sur les éléments fondamentaux susmentionnés, depuis les paramètres macroéconomiques jusqu’aux aspects juridiques et réglementaires. Cette approche peut également créer un cercle vertueux de renforcement de la transparence des PME et de réduction du secteur informel, qui entraînerait des gains plus vastes pour l’économie et stimulerait la demande de crédit. Enfin, il est nécessaire de mettre en place des cadres d’action et de réglementation spécifiques pour favoriser le développement du financement des PME par un recours accru aux marchés financiers et aux nouvelles technologies.

Le cadre d’action proposé dans le présent document peut aider les dirigeants à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies nationales de réformes en faveur de l’inclusion financière des PME. Le FMI et les autres organisations internationales ont vocation à jouer un rôle important à cet égard en apportant analyses et conseils concrets sur la base des différents aspects de ce cadre, en s’appuyant sur les leçons tirées de l’expérience internationale.