Le conseil d’administration du FMI achève la quatrième revue de l’accord en faveur du Tchad au titre de la facilité élargie du crédit (FEC), approuve un décaissement de 38,9 millions de dollars et conclut les consultations de 2019 au titre de l’article IV

le 3 juillet 2019

  • Les résultats obtenus dans le cadre du programme appuyé par FEC ont été globalement satisfaisants : la position budgétaire a continué de s’améliorer et les réformes structurelles ont avancé en dépit des retards observés récemment.
  • L’activité économique globale s’est affermie en 2018, mais il est nécessaire d’opérer des réformes supplémentaires pour soutenir la reprise dans le secteur non pétrolier et améliorer la situation sociale.
  • Le programme du Tchad est appuyé par la mise en œuvre de mesures et de réformes de la part des institutions régionales qui sont essentielles à son succès.

Le 3 juillet 2019, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé la quatrième revue du programme économique et financier du Tchad qui est appuyé par un accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC). L’achèvement de cette revue permet de décaisser 28,04 millions de DTS (environ 38,9 millions de dollars), ce qui porte le total des décaissements au titre de l’accord à 168,24 millions de DTS (environ 233,1 millions de dollars).

L’accord FEC en faveur du Tchad a été approuvé par le conseil d’administration le 30 juin 2017 (voir communiqué de presse n° 17/257) pour un montant de 224,32 millions de DTS (environ 310,8 millions de dollars ou 160 % de la quote-part du Tchad au FMI). Le programme appuyé par la FEC a pour objectif d’aider le Tchad à rétablir la stabilité macroéconomique, à jeter les bases d’une croissance robuste et inclusive, et à contribuer aux efforts déployés à l’échelle régionale pour rétablir ou préserver la stabilité extérieure de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC).

À l’issue des débats du conseil d’administration sur le Tchad, M. Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint et président par intérim, a publié la déclaration ci-après :

« Les résultats obtenus dans le cadre du programme appuyé par la FEC ont été globalement satisfaisants, ce qui témoigne de la forte volonté des autorités en dépit d’un contexte éprouvant, avec notamment des problèmes de sécurité et une situation sociale difficile. Tous les critères de réalisation à fin décembre 2018 et la plupart des objectifs indicatifs à fin mars ont été atteints. Le programme de réformes structurelles avance, en dépit de certains retards.

« Il est essentiel que les efforts se poursuivent pour créer un espace budgétaire pour accroître les dépenses sociales et l’investissement public, ainsi que pour réduire la dette intérieure et apurer les arriérés. À cet égard, elles doivent principalement continuer de faire preuve de prudence sur le plan budgétaire, accroître les recettes intérieures, notamment en réduisant les exonérations, et renforcer la gestion des finances publiques. En continuant également de mettre en œuvre des réformes structurelles, elles contribueront ainsi à stabiliser la position budgétaire, à dynamiser la croissance non pétrolière et à réduire la vulnérabilité du secteur bancaire.

« Le programme du Tchad est appuyé par la mise en œuvre de mesures et de réformes d’accompagnement de la part des institutions régionales dans les domaines de la réglementation des changes et du cadre de la politique monétaire, à l’appui d’une augmentation des avoirs extérieurs nets régionaux, qui sont essentielles à la réussite du programme.

Le conseil d’administration a conclu aussi les consultations de 2019 au titre de l’article IV avec le Tchad.

Le Tchad est un pays fragile à faible revenu qui dépend fortement des recettes pétrolières. Au cours des dernières années, il a beaucoup souffert d’une chute des prix du pétrole et de tensions sécuritaires, qui se sont accentuées récemment. Des progrès considérables ont été accomplis dans le cadre de l’accord FEC 2017 en ce qui concerne la viabilité de la dette et la stabilité des finances publiques. Cependant, la situation économique, financière et sociale reste très difficile, et la reprise en dehors du secteur pétrolier ne s’est pas encore bien installée tandis que l’économie continue de faire face à l’héritage de la crise et à des faiblesses structurelles qui existent de longue date.

Évaluation par le conseil d’administration [1]

Les administrateurs saluent la volonté persistante des autorités d’appliquer le programme de réforme qui est appuyé par le FMI en dépit d’un contexte difficile, caractérisé par des facteurs de fragilité et des problèmes de développement majeurs. Les perspectives sont globalement favorables, mais les administrateurs notent les risques de dégradation considérables, notamment ceux liés à la détérioration de la situation sécuritaire et à de fortes baisses des prix du pétrole. Dans ces conditions, les administrateurs soulignent qu’il est nécessaire de maintenir la discipline budgétaire, tout en opérant des réformes pour s’attaquer aux obstacles structurels qui freinent depuis longtemps l’activité non pétrolière et réaliser une croissance plus élevée et plus inclusive.

Les administrateurs félicitent les autorités de continuer de mener une politique budgétaire prudente. Cependant, étant donné le risque élevé de surendettement, ils soulignent qu’il importe d’accroître les recettes non pétrolières, notamment en réduisant les exonérations coûteuses et en améliorant la perception de la TVA, ainsi qu’en continuant de maîtriser les dépenses. Cela contribuerait à assurer la viabilité de la dette et à créer de l’espace pour les dépenses indispensables dans le secteur social et les infrastructures. Afin de réduire la vulnérabilité aux fluctuations des prix du pétrole, les administrateurs encouragent les autorités à envisager de mettre en place un mécanisme simple de lissage des prix. Ils notent qu’il reste prioritaire aussi de renforcer la gestion des finances publiques et d’apurer les arriérés intérieurs.

Les administrateurs notent que les vulnérabilités du secteur financier restent élevées, étant donné le lien étroit qui existe entre l’État et les banques. Ils encouragent à réduire le financement du budget par les banques publiques, à diminuer le niveau élevé des prêts improductifs et à améliorer la liquidité du secteur bancaire.

Les administrateurs encouragent les autorités à accélérer les réformes structurelles afin de promouvoir le développement du secteur privé, de diversifier l’économie et d’accroître la compétitivité. Ils soulignent qu’il est nécessaire d’améliorer le climat des affaires, de renforcer la lutte contre la corruption et la gestion des finances publiques, ainsi que d’accroître l’inclusion financière. Les administrateurs notent que ces efforts doivent être appuyés par un développement des capacités bien ciblé et coordonné, qui tient compte des capacités d’absorption des autorités. Pour garantir l’efficacité de l’assistance technique fournie, bon nombre d’administrateurs souscrivent à la demande d’affectation d’experts résidents à long terme qui a été présentée par les autorités.

Les administrateurs notent que le programme du Tchad continue d’être appuyé par la mise en œuvre de mesures et de réformes de la part des institutions régionales, qui sont essentielles à son succès. Il s’agit des assurances fournies dans la lettre d’appui de décembre 2018, qui ont été mises en œuvre comme prévu, et de l’assurance relative à l’accumulation des avoirs extérieurs nets en 2019 qui a été présentée dans la lettre mise à jour de juin 2019 et examinée dans le rapport des services du FMI de juin 2019 relatif à l’ensemble de l’union. L’achèvement de la cinquième revue dépendra de la mise en œuvre de l’assurance mise à jour.

Tableau 1. Tchad : principaux indicateurs économiques et financiers, 2017–2023

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Prél.

Projections

(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Économie réelle

PIB à prix constants

-2,4

2,4

2,4

5,5

4,8

5,3

4,1

PIB pétrolier1

-11,2

12,7

4,0

16,7

8,2

10,6

4,4

PIB non pétrolier

-0,5

0,5

2,0

3,0

4,0

4,0

4,0

Déflateur du PIB

-0,8

2,3

2,6

2,9

3,0

2,9

1,7

Indice des prix à la consommation (moyenne annuelle)2

-0,9

4,0

3,0

3,0

3,0

3,0

3,0

Prix du pétrole

Brent ($/baril)3

54,4

71,1

61,8

61,5

60,8

60,4

60,6

Prix tchadien ($/baril)4

49,4

65,1

58,8

58,5

56,8

56,4

56,6

Production de pétrole pour exportation (millions de barils)

36,0

42,2

45,2

53,9

58,9

65,9

69,1

Taux de change FCFA/$ (moyenne de la période)

580,9

555,2

Monnaie et crédit

Avoirs extérieurs nets

0,5

11,7

10,5

10,2

11,6

7,1

10,3

Avoirs intérieurs nets

-4,7

-7,2

0,6

-1,1

-4,6

1,0

-3,5

Dont : créances nettes sur l’administration centrale

-4,4

-7,8

5,7

-2,9

-5,7

-0,8

-4,5

Dont : crédit au secteur privé

-1,7

0,7

0,9

1,7

1,1

1,8

1,0

Monnaie au sens large

-4,3

4,5

11,0

9,1

7,0

8,1

6,8

Vitesse de circulation (PIB non pétrolier/monnaie au sens large) 5

5,3

5,2

5,0

4,8

4,8

4,7

4,7

Secteur extérieur (en dollars américains)

Exportations de biens et services, f.à.b.

15,4

37,6

-1,8

16,0

6,0

10,2

5,7

Importations de biens et services, f.à.b.

5,3

15,3

3,1

10,6

6,4

8,8

4,9

Volume des exportations

-10,8

11,6

7,2

15,7

7,8

10,1

4,5

Volume des importations

5,6

12,4

2,4

10,4

5,4

7,7

3,8

Balance globale des paiements (en pourcentage du PIB)

-1,1

1,9

1,0

1,0

1,2

-0,1

0,4

Solde courant, y compris transferts officiels (en pourcentage du PIB)

-6,6

-3,4

-6,5

-5,9

-6,4

-6,3

-5,9

Termes de l’échange

29,7

20,2

-9,0

0,2

-2,5

-1,1

0,2


Tableau 1. Tchad : principaux indicateurs économiques et financiers, 2017–2023 (fin)

Dette extérieure (en pourcentage du PIB)6

25,1

25,1

24,6

22,2

19,7

17,3

15,3

VAN de la dette extérieure (en pourcentage des exportations de biens et services)

94,1

62,9

65,5

55,3

50,1

42,8

37,6

(En pourcentage du PIB non pétrolier, sauf indication contraire)

Finances publiques

Recettes et dons

17,1

18,3

18,9

20,9

21,5

22,3

23,2

Dont : recettes pétrolières 7

4,1

6,7

6,9

8,1

8,8

9,4

9,8

Dont : recettes non pétrolières

8,7

8,1

8,8

9,4

9,8

10,0

10,4

Dépenses

18,0

16,5

18,9

18,6

19,0

18,7

18,5

Courantes

13,7

12,0

12,7

12,4

12,3

11,9

11,5

En capital

4,4

4,5

6,2

6,2

6,7

6,8

7,1

Solde primaire non pétrolier (base engagements, hors dons)8

-3,8

-4,2

-4,8

-3,8

-3,8

-3,5

-2,9

Solde budgétaire global (dons compris, base engagements)

-0,9

1,9

0,0

2,3

2,5

3,6

4,6

Solde budgétaire de référence de la CEMAC (en pourcentage du PIB)9

0,5

-0,8

-2,0

-0,4

0,1

0,9

1,6

Dette totale (en pourcentage du PIB)6

49,7

48,2

43,8

39,0

34,9

31,2

28,1

Of which: domestic debt

24,6

23,1

19,2

16,8

15,2

13,9

12,8

Memorandum items:

Nominal GDP (billions of CFA francs)

5.855

6.136

6.446

6.997

7.552

8.181

8.659

Dont : PIB non pétrolier

4.830

4.970

5.212

5.515

5.900

6.299

6.732

PIB nominal (milliards de dollars

10,1

11,1

11,2

12,3

13,4

14,6

15,5

Sources : autorités tchadiennes ; estimations et projections des services du FMI.

1 La croissance du PIB pétrolier en 2017 a été révisée de manière à tenir compte des données finales de 2016 et de 2017. Elle tient compte aussi de la production pétrolière utilisée pour la consommation locale.

2 Le taux d’inflation pour 2017 reflète les données des autorités utilisant 2014 comme année de référence.

3 Projections des PEM pour le prix du Brent.

4 Le prix tchadien est celui du Brent moins une remise au titre de la qualité.

5 Variation en pourcentage du stock de la monnaie au sens large en début de période.

6 Administration centrale, y compris dette garantie par l’État.

7 Les recettes pétrolières pour 2018 incluent les recettes liées aux cargaisons de pétrole prévues initialement pour 2017.

8 Total des recettes hors dons et recettes pétrolières, moins total des dépenses hors paiement d’intérêts nets et investissements financés sur ressources extérieures.

9 Solde budgétaire de référence de la CEMAC est égale au solde budgétaire global moins économies tirées des recettes pétrolières, à savoir la somme de 20 % des recettes pétrolières de l’année en cours et de 80 % des recettes pétrolières dépassant les recettes pétrolières moyennes des trois années précédentes.



[1] À l'issue des délibérations, le directeur général, en qualité de président du conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés du conseil d’administration à l’adresse suivante : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm.

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