Discours Prononcé Par M. Eduardo Aninat À La Cérémonie d'Ouverture du Centre Régional D'Assistance Technique Pour L'Afrique de l'Ouest

le 29 mai 2003

Discours Prononcé Par M. Eduardo Aninat À La Cérémonie D'Ouverture Du Centre Régional D'Assistance Technique Pour L'Afrique De L'Ouset
Bamako, le 29 mai 2003

Excellence Monsieur le Premier Ministre, Messieurs les Ministres, Messieurs les Gouverneurs, Mesdames et Messieurs les invités d'honneur, Mesdames et Messieurs,

1. C'est pour moi un honneur et un privilège d'assister à la cérémonie d'inauguration du Centre régional d'assistance technique pour l'Afrique de l'Ouest (AFRITAC Ouest). Nous sommes ici aujourd'hui grâce aux autorités du Mali qui ont généreusement offert d'accueillir ce deuxième AFRITAC. Avec l'ouverture de ce nouveau centre, les dix pays participants pourront immédiatement profiter de l'aide au renforcement des capacités dont ils ont tant besoin. Au nom de la Direction générale du FMI, je tiens à vous remercier personnellement, Monsieur le Premier Ministre, ainsi que le gouvernement et le peuple maliens.

2. La création de l'AFRITAC Ouest résulte de la collaboration étroite d'un grand nombre d'intervenants. Nous sommes redevables en tout premier lieu aux gouvernements de tous les autres pays qui participent à ce projet : la Côte d'Ivoire, qui a fourni une aide précieuse aux étapes préliminaires de la mise en place du centre, ainsi que le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Togo. Les dirigeants de ces pays ont oeuvré de concert avec les services du FMI, les partenaires au développement, la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique, le NEPAD et la Banque mondiale. Il convient de remercier tout particulièrement les services de la Banque africaine de développement qui ont joué un rôle majeur dans la conception du projet AFRITAC et qui participent aujourd'hui activement à sa mise en oeuvre. Merci également à la BCEAO qui, sous la direction du Gouverneur Banny, a généreusement accepté de fournir au Centre d'excellentes installations ici-même à Bamako. Rappelons-nous que les pays participants ont chacun préparé leur propre plan d'évaluation des besoins, dont ils ont débattu avec leurs partenaires à Dakar et à Paris, au cours de l'été 2002, afin d'établir un ordre de priorités. Ces rencontres ont également permis de définir les grandes règles de fonctionnement du Comité d'orientation, l'instance chargée de définir les orientations stratégiques du Centre. J'aimerais en outre dire notre profonde reconnaissance pour tout ce qui a été fait, en particulier aux pays participants qui ont joué un rôle de premier plan dans la réalisation du projet et qui l'ont pris en charge, ainsi qu'aux partenaires au développement qui nous ont fourni des conseils judicieux et une aide financière généreuse.

3. En cette importante occasion, je voudrais partager avec vous quelques réflexions sur trois points:

  • Premièrement, que peut apporter le FMI dans le cadre de son initiative pour le renforcement des capacités en Afrique?

  • Deuxièmement, quels sont les progrès accomplis jusqu'à maintenant dans le cadre de cette nouvelle initiative?
  • Troisièmement, quels sont, selon nous, les nouveaux défis qu'il nous faudra relever en priorité pour faire des Centres régionaux d'assistance technique un véritable succès?

Que peut apporter le FMI dans le cadre de son initiative pour le renforcement des capacités en Afrique?

4. Tout le monde reconnaît aujourd'hui qu'il est essentiel, pour assurer le développement et la croissance de l'économie, de pouvoir compter sur des institutions robustes. Ces institutions aident les autorités à maintenir le cap d'une politique économique saine et peuvent empêcher les décideurs de privilégier des intérêts politiques à court terme. C'est ainsi qu'elles favorisent une plus grande prévisibilité des politiques économiques et, par ricochet, le développement et le fonctionnement ordonné des marchés. Les pays africains ont besoin d'institutions solides pour être en mesure d'élaborer eux-mêmes et de mettre en oeuvre d'une manière cohérente les politiques économiques dont ils ont besoin.

5. C'est la raison pour laquelle le FMI considère que le renforcement des capacités est une priorité essentielle en Afrique, et qu'il a donc répondu sans attendre aux appels des dirigeants africains, notamment ceux relayés par le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), exhortant le FMI à accroître l'aide qu'il accorde à la région.

6. L'initiative pour le renforcement des capacités en Afrique, lancée il y a un an, comporte deux grands volets : le premier est celui de l'intensification de notre aide aux institutions et aux activités de renforcement des capacités qui existent déjà en Afrique, et l'approfondissement de notre collaboration avec elles; le second est celui de la création de centres régionaux d'assistance technique (AFRITAC). Qu'il me soit d'abord permis d'évoquer l'approfondissement de notre collaboration avec les instances de renforcement des capacités. Nous nous sommes associés au Partenariat pour le renforcement des capacités en Afrique (PACT) de la Banque mondiale et à son organisme d'exécution africain, la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (FRCA). Notre collaboration étroite avec la Fondation, sous la direction éclairée de M. Sako, commence déjà à porter des fruits. Nous nous sommes récemment entendus avec la Fondation sur les détails d'un programme de travail annuel en vertu duquel huit séminaires et ateliers seront organisés conjointement par la Fondation et les centres régionaux d'assistance technique. Nous apportons également notre aide à d'autres institutions africaines comme l'Institut de gestion macroéconomique et financière pour l'Afrique de l'Est et du Sud, et considérons que notre initiative s'inscrit dans le droit fil du programme de renforcement des capacités et de bonne gouvernance économique du NEPAD que nous soutenons pleinement.

7. Avec l'AFRITAC Ouest que nous inaugurons aujourd'hui, nous disposerons désormais de deux centres d'assistance technique pour le renforcement des capacités desservant 16 pays d'Afrique subsaharienne. Le principal objectif est d'aider les gouvernements africains à répondre à leurs besoins en la matière avec une structure qui permette de localiser une assistance de proximité et en offrant des moyens plus souples et efficaces pour offrir cette assistance. Les experts résidents, dont les spécialités correspondront aux besoins définis par les pays membres, seront particulièrement à même d'appuyer la composante de renforcement des capacités dans le cadre du processus des documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), de fournir rapidement une assistance pratique et d'assurer plus efficacement la coordination et le suivi continus des projets d'assistance technique en cours. Selon les besoins, le travail de ces experts sera complété et appuyé par d'autres spécialistes dépêchés pour de courtes périodes — y compris des experts locaux compétents — et par des missions provenant du siège du FMI.

8. Je soulignerai que notre philosophie est d'apporter un appui décisif au renforcement des capacités qui permettra de développer et compléter le savoir-faire local, et non de nous substituer aux experts présents sur place. Cette distinction est très importante : nous entendons dissiper toute idée qui voudrait que l'assistance technique se limite à colmater les carences. Cette démarche, qui s'est révélée insuffisante à long terme, peut en outre avoir des effets pervers tant chez les bénéficiaires que chez les prestataires de l'aide. Nous sommes convaincus que le FMI a un rôle de premier plan à jouer dans le transfert des connaissances et de l'expérience qui contribueront effectivement à renforcer les capacités locales dans ses domaines de compétence : la conception des politiques macroéconomiques et des politiques monétaire et de change, la stabilité du secteur financier, l'administration et la politique fiscales, la gestion des dépenses, la gestion de la dette publique et les statistiques macroéconomiques.

9. Les centres régionaux d'assistance technique contribueront aux efforts déjà déployés pour le renforcement des capacités et les consolideront. Parmi les exemples importants des efforts en cours, nous pouvons citer le Mali qui, au cours des quelques dernières années, a amélioré son administration fiscale et la gestion des dépenses publiques. Ce pays a notamment adopté, en 2003, une nouvelle classification budgétaire qui donne aux autorités les moyens de surveiller les dépenses de réduction de la pauvreté et de faire ainsi en sorte qu'elles respectent les priorités établies dans le DSRP. On s'emploie par ailleurs à améliorer la base de données macroéconomiques du Mali. Au Bénin et au Niger, les autorités portent une attention particulière au renforcement des capacités en matière d'administration fiscale et de gestion des dépenses publiques. En Guinée, des progrès importants ont été effectués pour améliorer la base de données statistiques, renforcer la gestion de la liquidité et mettre en place un système informatisé de gestion des finances publiques. Les autorités mauritaniennes ont quant à elles fait bon usage de l'assistance offerte dans les domaines de la réforme de la fiscalité et de l'administration fiscale, de la gestion des dépenses publiques et de l'élaboration d'instruments monétaires en harmonie avec le marché. Le Sénégal et le Burkina Faso donnent l'exemple d'une réforme fructueuse des administrations fiscale et douanière, étayée par la formation du personnel et par la modernisation des systèmes de gestion.

10. Ce sont là autant d'expériences qui peuvent être utilement partagées avec les autres membres de l'AFRITAC Ouest, en faisant appel à des experts locaux. Cela serait d'un concours particulièrement précieux pour le Togo, par exemple, où d'importants efforts sont requis pour rétablir la capacité institutionnelle et administrative, et pour la Guinée-Bissau, qui se relève d'un conflit armé et où l'AFRITAC Ouest pourrait créer les conditions favorables à la coordination et à la mise en oeuvre d'un plan complet de renforcement des capacités propre à aider le pays à surmonter ses difficultés actuelles. Enfin, les institutions de la Côte d'Ivoire ont été sérieusement mises à mal par la crise qui a récemment secoué ce pays, et nous croyons que l'AFRITAC Ouest pourrait ici également jouer un rôle utile en aidant les autorités ivoiriennes à relancer et à intensifier le processus de renforcement de leurs capacités.

Progrès accomplis

11. Je sais que nous sommes nombreux à nous accorder pour dire que des progrès ont été accomplis depuis le lancement du projet AFRITAC. Comme je l'ai déjà rappelé, les pays ont préparé leurs propres plans d'évaluation des besoins de renforcement des capacités. Dans le cas de l'AFRITAC Est, ces plans ont été intégrés dans un programme de travail annuel détaillé qui a été approuvé par le Comité d'orientation et qui s'est traduit par la mise en oeuvre de 20 projets précis. J'ai déjà indiqué que nous avons collaboré de façon très constructive avec le personnel de la Fondation. À la lumière de ces premières expériences, nous pouvons relever certaines tendances encourageantes :

  • Premièrement, les pays participants se sont dès le départ engagés résolument dans le projet AFRITAC et l'ont internalisé. Ce sont là deux conditions absolument essentielles. Par le passé, le renforcement des capacités n'a pas toujours produit les effets escomptés, en partie parce que les pays ne s'y étaient pas investis. Certains de nos partenaires affirment par contre aujourd'hui que notre projet donne au FMI un «nouveau visage». Les entretiens de Dakar et de Paris, les travaux qui ont suivi et les premières expériences de l'AFRITAC Est ont clairement montré l'importance d'une internalisation nationale du projet.

  • Deuxièmement, les premières expériences de l'AFRITAC Est confirment que les pays participants endossent de plus en plus la responsabilité des incidences de l'aide dont ils bénéficient, y compris grâce au processus d'examen mutuel inhérent au fonctionnement du Comité d'orientation. Par le biais de cet examen, les pays membres pourront suivre la mise en oeuvre de tous les projets et se prononcer sur la future répartition des ressources, en tenant compte des résultats enregistrés.

  • Troisièmement, l'AFRITAC a créé les conditions propices à la promotion de la collaboration entre les pays bénéficiaires et les donateurs. Ce progrès s'inscrit dans le droit fil d'un des principaux objectifs du projet qui est d'assurer une bonne coordination entre donateurs et une harmonisation des procédures.

  • Quatrièmement, nous sommes satisfaits de l'approche à deux niveaux adoptée aux fins de l'évaluation par les pays couverts par l'AFRITAC Est. Ce système permet d'assurer un suivi et une évaluation appropriés de chaque projet ainsi que du travail du centre. À ce propos, je souhaite que le cadre d'évaluation mis en place pour l'AFRITAC Ouest commence à faire ses preuves même à l'occasion de la réunion du Comité d'orientation qui se tiendra cet après-midi.

Les défis à relever

12. Je voudrais pour terminer attirer votre attention sur les principaux défis que selon nous les centres régionaux d'assistance technique devront relever :

  • Les pays doivent d'abord et avant tout maintenir leur engagement dynamique en faveur du projet et jouer un rôle prépondérant dans son exécution. Je pense que ces conditions se réaliseront à mesure que les centres commenceront à montrer des résultats concrets et que les initiatives de renforcement des capacités se développent.

  • Les partenaires au développement et les autres pourvoyeurs d'assistance technique doivent en second lieu maintenir leur soutien actif au projet. Le cadre des DSRP se prête naturellement à ce type de travail. Nous avons tous besoin, à cet égard, d'appliquer le principe de l'avantage comparatif lorsque la question se pose de savoir quel donateur doit fournir tel ou tel autre type d'assistance. Il existe des domaines pour lesquels le FMI est selon moi le mieux placé pour fournir l'aide requise. Il est par ailleurs des activités où d'autres partenaires peuvent donner de meilleurs résultats que nous, et le FMI doit donc s'abstenir de s'engager sur ce terrain. Je sais que nous avons déjà fait d'excellents progrès dans le partage efficace des responsabilités, et il convient de maintenir le cap.

  • Enfin, il devient de plus en plus évident que le niveau de compétence des experts résidents doit aller au-delà des simples aptitudes techniques. Ces personnes doivent assurer la coordination du travail d'un grand nombre de donateurs et des autorités de divers pays, et déterminer les stratégies qui permettront le mieux d'aider les pays à atteindre leurs objectifs, compte tenu des ressources disponibles. C'est la raison pour laquelle la sélection des six experts résidents de l'AFRITAC Ouest a tenu compte des aptitudes des candidats en matière de gestion et de leur habileté en communications interpersonnelles. Ces experts sont avec nous aujourd'hui, et je ne doute pas qu'ils feront un excellent travail sous la houlette du Directeur du Centre.

Conclusion

13. Monsieur le Premier Ministre, Messieurs les Ministres, Messieurs les Gouverneurs, Mesdames et Messieurs les invités d'honneur, Mesdames et Messieurs, permettez-moi de conclure sur une note personnelle. Comme vous le savez probablement, je quitterai en juillet mon poste de Directeur général adjoint du FMI pour de nouvelles responsabilités dans mon pays, le Chili. Vous savez également que la création des centres régionaux d'assistance technique était pour moi un projet clé que j'ai piloté personnellement au FMI. Je suis donc particulièrement heureux de conclure mon travail au FMI en achevant la première étape de ce projet, avec l'ouverture du deuxième AFRITAC. La matérialisation de tous les plans que nous avions élaborés depuis le début en collaboration avec les pays participants et les partenaires au développement constitue pour moi une grande source de satisfaction au plan personnel et professionnel. À mesure que se poursuit cet excellent travail, je suis sûr que d'autres centres seront créés pour couvrir l'ensemble de l'Afrique avec le concours de la communauté internationale.

14. Cela dit, il est un point sur lequel je me dois d'insister. Ce centre, mes chers amis africains, est le fruit de votre vision de l'avenir, dont vous tracez vous-mêmes les contours. C'est vous-mêmes qui en assurez l'orientation et qui, en dernière instance, en assumez la responsabilité. Notre rôle, et celui des autres partenaires au développement, consiste à vous aider à atteindre ces objectifs. Au nom du FMI, je réaffirme notre engagement et notre soutien. Je vous souhaite à tous la persévérance nécessaire à la réalisation de cette entreprise.

Merci de votre attention.





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