Le conseil d’administration du FMI approuve un accord triennal en faveur du Sénégal au titre de l’instrument de coordination de la politique économique

le 10 janvier 2020

Le 10 janvier 2020, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un nouvel accord triennal en faveur du Sénégal au titre de l’instrument de coordination de la politique économique (ICPE) [1].

L’accord ICPE en faveur du Sénégal reposera sur les enseignements tirés des programmes précédents appuyés par le FMI. Il a pour objectif de soutenir les efforts déployés par le pays pour consolider la stabilité macroéconomique et favoriser une croissance soutenue et inclusive. Les revues du programme suivront un calendrier semestriel prédéfini. Bien que le FMI n’accorde aucun financement dans le cadre de l’ICPE, l’achèvement des revues du programme démontrera la détermination du Sénégal à continuer de mener des politiques économiques et des réformes structurelles solides.

À l’issue des délibérations du conseil d’administration, M. Tao Zhang, directeur général adjoint et président par intérim, a fait la déclaration suivante :

« Les résultats économiques obtenus par le Sénégal pendant la première phase du Plan Sénégal Émergent ont été solides. La croissance a été robuste, portée par des conditions extérieures favorables et des investissements publics considérables, tandis que le climat des affaires s’améliore. Bien que la dette publique ait augmenté et que le déficit courant se soit creusé, les perspectives restent favorables, à condition que les autorités mettent en œuvre leur vaste stratégie de réforme ainsi que visant à consolider la stabilité macroéconomique.

Le programme économique des autorités qui est appuyé par l’instrument de coordination de la politique économique met l’accent sur une croissance élevée, durable et inclusive, la consolidation de la stabilité macroéconomique grâce à une politique budgétaire prudente et à une bonne gestion de la dette, et la gestion transparente du secteur du pétrole et du gaz. Le programme ICPE offrira un cadre approprié pour un dialogue étroit et signalera les priorités et les engagements de réforme aux partenaires de développement.

Il est noté avec satisfaction que le programme de réformes met l’accent sur la promotion d’une croissance inclusive et tirée par le secteur privé. Les mesures visant à favoriser le développement du secteur privé devront être bien ciblées et efficientes afin d’atteindre les objectifs du programme.

La politique budgétaire sera ancrée par le critère de convergence de l'UEMOA qui limite le déficit budgétaire à 3 % du PIB. Il est nécessaire de continuer de chercher à mieux évaluer et contenir les risques budgétaires, notamment en apurant les obligations impayées de 2017 et 2018, en améliorant l’enregistrement et le suivi des arriérés, en éliminant les opérations au-dessous de la ligne et en gérant mieux les subventions.

Pour créer davantage d’espace budgétaire, il sera essentiel d’accroître les recettes intérieures et l’efficience des dépenses. La stratégie de recettes à moyen terme vise à juste titre une augmentation du ratio impôts/PIB jusqu’à 20 % du PIB d’ici 2023.

La production future de pétrole et de gaz aura probablement des bienfaits économiques considérables. La forte volonté des autorités de mettre en place un dispositif transparent de gestion des recettes pétrolières et gazières est notée avec satisfaction.

ANNEXE

Évolution économique récente

La croissance économique a atteint 6,5 % en moyenne au cours des cinq dernières années, portée par l’investissement public effectué dans le cadre de la première phase de la stratégie de développement du Sénégal, le « Plan Sénégal Émergent » (PSE), et le dynamisme de la consommation privée. Les besoins élevés de financement de l’État ont entraîné une hausse rapide de la dette publique et un creusement du déficit des transactions extérieures courantes. La croissance économique est estimée à 6% en 2019 et l’inflation reste faible, à 1,3 % pour la période de 12 mois prenant fin en octobre. Le déficit du compte courant s’est creusé en 2018 pour atteindre 8,8 % du PIB, en raison de l’augmentation des importations d’énergie et de biens d’équipement.

Les perspectives économiques restent favorables. Après avoir ralenti quelque peu en 2019, la croissance devrait accélérer à 7 % en 2020-21, portée par la deuxième phase du PSE, la vigueur de l’activité dans l’agriculture et les services, et l’augmentation des investissements liés aux hydrocarbures, ce qui entraînerait aussi un creusement temporaire du déficit du compte courant, aux environs de 11 % du PIB. Les perspectives risquent toutefois d’être affectées par la hausse des menaces sécuritaires dans la région, la montée des obstacles au commerce et des fortes variations dans les prix de l’énergie.

Résumé du programme

Le programme qui serait appuyé par le nouvel accord ICPE est totalement aligné sur la deuxième phase du PSE des autorités et repose sur trois grands piliers : i) réaliser une croissance élevée, durable et inclusive ; ii) consolider la stabilité macroéconomique grâce à une politique budgétaire prudente, notamment en augmentant les recettes et en améliorant l’efficience des dépenses, et à une bonne gestion de la dette ; et iii) gérer le secteur du pétrole et du gaz de manière durable et transparente.

Parmi les réformes prévues pour promouvoir une croissance inclusive, il est prévu d’améliorer le système judiciaire, les compétences des travailleurs, l’accès à la propriété et au crédit, le fonctionnement du marché du travail et l’inclusion financière. La politique budgétaire des autorités a pour objectif de consolider la stabilité macroéconomique en visant un déficit de 3 % du PIB sur toute la période couverte par le programme, ce qui correspond au critère de convergence de l'UEMOA. En ce qui concerne les recettes intérieures, une stratégie à moyen terme est en cours d’élaboration et vise à porter le ratio impôts/PIB à 20 % d’ici à 2023. L’objectif des autorités de mettre en place un dispositif de gouvernance solide et transparent pour le secteur des hydrocarbures, et le cadre juridique et budgétaire y afférent sont en train d’être mis à jour conformément aux meilleures pratiques internationales.

Sénégal : Principaux indicateurs économiques et financiers, 2017-2024

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

2024

Eff.

Prél.

Projections

(variation annuelle en pourcentage)

Revenu national et prix

PIB à prix constants

7,1

6,7

6,0

6,8

7,0

8,4

11,6

8,0

Dont : PIB hors hydrocarbures

7,1

6,7

6,0

6,8

7,0

7,1

7,4

7,3

Dont : PIB hydrocarbures

...

...

...

...

359,6

21,3

Dont : PIB hors agriculture

6,3

6,4

6,0

6,6

7,0

8,8

12,2

7,3

Déflateur du PIB

0,6

0,6

1,1

1,1

1,8

1,2

2,4

2,3

Prix à la consommation

Moyenne annuelle

1,3

0,5

1,0

1,5

1,5

1,5

1,5

1,5

Fin de la période

-0,7

1,3

2,0

1,5

1,5

1,5

1,5

1,5

Secteur extérieur

Exportations, f.à.b. (francs CFA)

12,0

10,0

13,8

13,8

13,4

24,0

37,0

10,1

Importations, f.à.b. (francs CFA)

21,2

13,5

7,8

11,4

10,8

6,2

8,6

11,3

Volume des exportations

11,3

7,9

12,0

13,6

12,0

28,9

41,6

8,8

Volume des importations

19,0

11,7

7,5

10,3

12,3

6,5

9,5

9,7

Termes de l'échange ( - = détérioration)

-1,3

0,4

1,4

-0,8

2,6

-3,5

-2,5

-0,2

Taux de change effectif nominal

1,8

4,1

...

...

...

...

...

...

Taux de change effectif réel

0,5

1,7

...

...

...

...

...

...

(variations en pourcentage de la monnaie au sens large en début d'année)

Monnaie au sens large

9,2

14,2

9,1

6,6

...

...

...

...

Avoirs intérieurs nets

6,6

4,8

4,9

9,1

...

...

...

...

Crédit à l'État (net)

-0,8

1,5

3,4

3,0

...

...

...

...

Crédit à l'économie (net)

12,9

1,4

4,4

6,6

...

...

...

...

(en pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Opérations financières de l'État

Recettes

19,5

18,6

20,3

20,7

21,5

22,0

22,7

23,0

Dons

2,2

2,0

1,9

1,9

1,9

1,8

1,7

1,6

Total des dépenses

22,5

22,2

24,0

23,7

24,5

25,0

25,7

26,0

Capacité/besoin de financement (solde global)

Dons non compris

-5,2

-5,6

-5,7

-4,9

-4,9

-4,8

-4,7

-4,7

Dons compris

-3,0

-3,6

-3,7

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

Capacité de financement(hors SENELEC) SENELEC)

-3,0

-3,6

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

Solde budgétaire primaire

-1,1

-1,6

-1,8

-0,9

-1,1

-1,3

-1,5

-1,5

Épargne et investissement

Solde courant (transferts officiels inclus)

-7,3

-8,8

-9,2

-10,7

-10,5

-7,7

-3,8

-3,7

Solde courant (transferts officiels exclus)

-7,8

-9,0

-9,4

-10,9

-10,9

-8,0

-4,1

-4,0

Investissement brut intérieur

29,7

30,1

30,7

32,2

35,2

35,0

35,6

36,6

Public2

6,8

6,4

7,5

7,7

8,5

8,8

9,2

9,4

Non public

22,9

23,7

23,2

24,5

26,8

26,2

26,4

27,2

Épargne nationale brute

22,4

21,3

21,5

21,5

24,7

27,3

31,9

32,9

Publique

6,1

5,7

7,9

8,6

8,9

9,5

11,5

12,6

Non publique

16,3

15,6

13,7

12,9

15,8

17,8

20,4

20,3

Dette publique totale3

61,2

61,4

63,7

61,9

60,8

59,6

56,0

54,7

Dette publique intérieure 4

21,4

13,0

10,2

10,0

9,8

10,9

11,5

12,7

Dette publique extérieure

39,8

48,5

53,5

51,9

51,0

48,8

44,5

42,0

Service total de la dette publique 3

Pourcentage des recettes publiques

28,3

42,7

29,8

29,8

22,8

22,0

19,6

22,6

Pour mémoire :

Produit intérieur brut (milliards de FCFA)

12 159

13 046

13 983

15 085

16 421

18 015

20 573

22 722

Dont non-hydrocarbures (milliards de FCFA)

12 159

13 046

13 983

15 085

16 421

17 740

19 277

21 119

Produit intérieur brut (milliards de dollars)

20,9

23,5

...

...

...

...

...

...

Part des hydrocarbures dans le PIB total (%)

...

...

...

...

...

1,5

6,3

7,1

Monnaie nationale/dollar (moyenne)

581

555

...

...

...

...

...

...

Sources : autorités sénégalaises ; estimations et projections des services du FMI.

1 Sur la base des nouveaux comptes nationaux, avec année de base 2014.

2 Reflète le reclassement de l’investissement public.

3 À compter de 2017, la dette, le service de la dette et les recettes publiques incluent des données préliminaires qui couvrent le secteur public au sens plus large.

4 La dette intérieure inclut les titres publiques émis en monnaie nationale et détenus par des résidents de l’UEMOA.



[1] L’ICPE est mis à la disposition de tous les pays membres du FMI qui n’ont pas besoin de ressources financières du FMI au moment de l’approbation. Il est conçu pour les pays qui cherchent à démontrer leur volonté d’exécuter un programme de réforme ou à débloquer et à coordonner des financements d’autres créanciers officiels ou investisseurs privés. (voir https://www.imf.org/en/About/Factsheets/Sheets/2017/07/25/policy-coordination-instrument).

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