Les services du FMI ont mené des discussions portant sur la première revue dans le cadre du programme soutenu par la Facilité Elargie de Crédit avec le Burundi

le 22 janvier 2024

Les communiqués de presse de fin de mission comprennent les déclarations des équipes du FMI qui transmettent les conclusions préliminaires après une visite dans un pays. Les avis exprimés dans cette déclaration sont celles de l’équipe du FMI et ne représentent pas nécessairement ceux du Conseil d'administration. Sur la base des conclusions préliminaires de cette mission, les services du FMI prépareront un rapport qui, sous réserve de l'approbation de la direction, sera présenté au Conseil d'administration du FMI pour discussion et décision.
 
  • Une reprise économique plus forte est prévue en 2024, avec une croissance du PIB réel projetée à 4,3 pour cent tirée par la production agricole, l’investissement et les réformes ; après une croissance estimée à 2,7 pour cent en 2023.
  • Les mesures d'ajustement récemment adoptées, y compris l'assainissement budgétaire dans le cadre du budget révisé pour l’exercice 2023/24 (juillet-juin), le resserrement de la politique monétaire et la libéralisation du marché de changes devraient soutenir la viabilité macroéconomique. La prime de change sur le marché parallèle a baissé le 4 mai 2023 suite à la dépréciation de 38 pour cent du taux de change officiel opérée par la banque centrale (Banque de la République du Burundi ou BRB). Toutefois, elle s’est accrue depuis lors.
  • Le programme de réformes du Burundi vise à soutenir la reprise économique après les récents chocs, à rétablir la viabilité extérieure et à renforcer la soutenabilité de la dette, tout en créant un espace budgétaire pour une croissance forte et inclusive, et en tenant compte des vulnérabilités du secteur financier.
  • Les discussions sur les performances et les politiques qui sous-tendent la première revue dans le cadre de la Facilite Elargie de Crédit (FEC) se poursuivront au cours de la période à venir.

Bujumbura: Une équipe du Fonds Monétaire International (FMI) dirigée par Madame Mame Astou Diouf, Cheffe de Mission pour le Burundi, s'est rendue à Bujumbura du 11 au 21 janvier 2024 pour tenir avec les autorités burundaises des discussions dans le cadre de la première revue de laFacilité Élargie de Crédit (FEC) approuvée le 17 juillet 2023 (voir PR No.23/266). A l'issue de la visite, Mme Diouf a fait la déclaration suivante :

“La mission s’est focalisée sur les performances et politiques macroéconomiques qui sous-tendraient la première revue de l’accord de 38 mois dans le cadre de la FEC. Les discussions ont porté sur les évolutions macroéconomiques récentes et les développements de politiques macroéconomiques, les performances sous le programme, les perspectives macroéconomiques à court terme et les politiques prévues dans le futur.

“La croissance économique s'est redressée pour atteindre 2,7 pour cent en 2023 (contre 1,8 pour cent en 2022). Une activité économique relativement faible dans le premier trimestre de 2023 et la pénurie de carburant ont entravé la reprise économique, atténuée par le rebond de la production agricole pendant le reste de 2023, l’investissement public et les activités bancaires. La croissance devrait s’accélérer pour atteindre 4,3 pour cent en 2024, grâce à une forte production agricole, des investissements productifs, et les réformes en cours.

L'augmentation des prix à la pompe et du volume des importations de carburant a permis d’atteindre le prix de revient afin de contenir les subventions implicites et de limiter les pénuries. Les pressions inflationnistes étaient élevées en 2023, avec une inflation moyenne estimée à environ 27 pour cent. Cependant, elles se sont atténuées durant le dernier trimestre de l’année. L’inflation moyenne devrait baisser à environ 22 pour cent en 2024.

“La viabilité extérieure reste un défi. Le déficit du compte courant est resté élevé en 2023 (13,3 pour cent du PIB) tandis que le niveau des réserves de change est relativement bas (96,4 millions de dollars, soit 0,8 mois d'importations à la fin de 2023), en raison de la facture des importations. Le regain des transferts de fonds privés, les exportations d'or, le premier décaissement du Fonds Monétaire au titre de la FEC et d'autres appuis de bailleurs de fonds ont permis d'atténuer la pression sur les réserves.

“La dépréciation nominale de 38 pour cent du taux de change opérée par la BRB le 4 mai 2023 a temporairement réduit la prime de change sur le marché parallèle (à environ 40 pour cent le 4 mai). Cette prime s'est toutefois élargie depuis lors, s’établissant récemment au-delà de 55 pour cent. Le secteur financier a fait preuve de résilience face à la baisse de la liquidité en circulation et à la dépréciation du taux de change.

“Le programme de réformes des autorités burundaises dans le cadre de la FEC comprend une feuille de route élargie de recalibrage de politiques macroéconomiques visant à relever les principaux défis.

Un assainissement budgétaire porteur de croissance afin de soutenir la viabilité de la dette tout en protégeant le niveau de vie des populations.Les autorités ont adopté en fin décembre 2023 un budget révisé pour l'exercice 2023/24 qui prévoit un large assainissement budgétaire. Ce dernier repose principalement sur l'augmentation des recettes intérieures, des coupes et reports d'investissements publics (pour les maintenir à un niveau plus soutenable que celui prévu dans le budget initial) et d'autres économies de dépenses, tout en préservant les dépenses sociales. Un financement accru des partenaires, catalysé par le programme de FEC, facilitera également cette consolidation. Le ratio de la dette publique sur le PIB devrait diminuer à moyen terme.

Rééquilibrage extérieur et réduction du financement monétaire.Les autorités ont élaboré une feuille de route en vue de rétablir la viabilité extérieure du pays. Elles ont récemment adopté une nouvelle règlementation de changes ainsi que plusieurs mesures de libéralisation du marché de changes, notamment (i) la libéralisation du secteur de l'or, tel que prévu par le nouveau code minier ; (ii) l'autorisation accordée au secteur privé de déposer leurs recettes d’exportation, y compris celles minières dans les banques commerciales et (iii) le transfert des comptes des organisations non gouvernementales de la BRB vers les banques commerciales. La BRB prévoit de suivre de près l'efficacité de ces mesures à améliorer les conditions de liquidité du marché des changes.

Une politique monétaire agile. Le resserrement de la politique monétaire amorcé en 2023 a contribué à atténuer l'inflation. Cependant, un nouveau resserrement pourrait s'avérer nécessaire. La modernisation du cadre de la politique monétaire, avec notamment l'adoption d'un taux directeur et de déclarations trimestrielles à la presse, devrait améliorer la transmission de la politique monétaire. La limitation du financement monétaire du budget soutiendra les efforts en cours pour atténuer l'inflation et renforcer la viabilité extérieure.

"La gouvernance et les réformes structurelles garantiront un environnement des affaires propice à une croissance inclusive tirée par le secteur privé et riche en création d’emplois.

“La mission a également évalué les performances et la mise en œuvre des politiques macroéconomiques dans le cadre du programme. Les objectifs quantitatifs à la fin des mois de juillet et septembre 2023 ont été globalement atteints, les difficultés étant principalement liées au financement monétaire et à la pénurie de devises. La collecte des recettes et l'exécution des dépenses sociales ont été performantes. Les discussions concernant la première revue dans le cadre du programme FEC vont se poursuivre dans un futur proche en vue de parvenir à un accord sur des politiques et des objectifs du programme qui soutiendraient un accord avec les services du FMI pour la finalisation de la revue. Le FMI reste engagé à soutenir les efforts des autorités burundaises visant à atteindre les objectifs du programme.

“La mission a rencontré S.E. Monsieur le Premier Ministre Gervais Ndirakobuca ; S.E. Audace Niyonzima, Ministre des Finances, du Budget et de la Planification Economique (MFBPE) ; Mr. Edouard Normand Bigendako, Gouverneur de la Banque de la République du Burundi et Mme Francine Inarukundo, Secrétaire Permanente du MFBPE. La mission a également rencontré d'autres responsables du gouvernement et de la BRB, ainsi que des représentants du secteur privé et des bailleurs de fonds.

"La mission souhaite saisir cette occasion pour remercier chaleureusement les autorités burundaises pour leur grande hospitalité et leur coopération, ainsi que pour les discussions ouvertes et fructueuses. “

Département de la communication du FMI
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