Guinée : le conseil d’administration du FMI approuve un financement d’urgence à hauteur de 71 millions de dollars et achève les consultations de 2024 au titre de l’article IV

le 14 mai 2024

  • Le conseil d’administration a approuvé un décaissement de 53,55 millions de DTS (environ 71 millions de dollars) en faveur de la Guinée au titre du guichet « chocs exogènes » de la facilité de crédit rapide afin de répondre aux besoins immédiats résultant de l’explosion du principal dépôt de carburant fin 2023.
  • En partie en raison de l’explosion, la croissance devrait ralentir à 4,1 % en 2024 et rebondir à 5,6 % en 2025, soutenue par la résilience du secteur minier.
  • Les grandes priorités pour 2024 consistent à répondre aux besoins de financement urgents, principalement liés à l’aide en faveur des ménages affectés, au nettoyage du site, à la décontamination et à la reconstruction, pour ne pas mettre en péril la croissance et le développement économique. À moyen terme, la mobilisation des recettes intérieures, la modernisation de l’administration fiscale, l’amélioration de la gestion des finances publiques et de l’efficacité des investissements, ainsi que l’augmentation des dépenses consacrées à l’éducation, à la santé et à la protection sociale contribueront à stimuler la productivité et à réduire la pauvreté.

Washington: Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé aujourd’hui un décaissement de 53,55 millions de DTS (environ 71 millions de dollars) en faveur de la Guinée, au titre du guichet « chocs exogènes » de la facilité de crédit rapide, afin d’aider le pays à répondre aux besoins urgents de financement de la balance des paiements qui découlent l’explosion du dépôt de carburant.

Les dépenses d’urgence, qui seront incluses  dans la loi de finances rectificative 2024, comprennent les transferts aux ménages affectés ; la décontamination du site de l’explosion ; la construction de logements, d’écoles et d’infrastructures de santé ; la réhabilitation des bâtiments publics endommagés ; et le lancement des travaux de construction d’un dépôt de carburant moderne et sûr.

La croissance de la Guinée devrait ralentir à 4,1 % en 2024 en raison des pénuries de carburant et rebondir à 5,6 % en 2025, soutenue par la résilience du secteur minier. Les mesures pour 2024 visent à atténuer les effets de l’explosion tout en s’écartant le moins possible des objectifs de croissance et de développement économique à moyen terme. À moyen terme, la mobilisation des recettes intérieures, en particulier du secteur minier, la modernisation de l’administration fiscale, l’amélioration de la gestion des finances publiques et de l’efficience des investissements, ainsi que l’augmentation des dépenses d’éducation, de santé et de protection sociale, tout en alignant les dépenses sur les ressources disponibles, contribueront à stimuler la productivité et à réduire la pauvreté.

Le conseil d’administration a également achevé les consultations1 de 2024 au titre de l’article IV avec la Guinée.

À l’issue des délibérations du conseil d’administration, Madame Gita Gopinath, première directrice générale adjointe et présidente par intérim, a fait la déclaration ci-après :

« L’aide financière d’urgence au titre de la facilité de crédit rapide aidera à répondre aux besoins urgents de balance des paiements qui découlent de l’explosion d’une importante installation d’importation et de stockage de carburant fin 2023. Les besoins urgents comprennent ceux liés à la décontamination du site, à l’assistance aux ménages affectés et à la reconstruction des bâtiments, des infrastructures et d’un nouveau dépôt de carburant.

« Un assouplissement temporaire de la politique budgétaire est justifié compte tenu de la riposte aux effets de l’explosion. À moyen terme, la mobilisation des recettes intérieures, en particulier du secteur minier, et l’amélioration de la gestion des finances publiques permettraient d’accroître les dépenses d’éducation, de santé et de protection sociale, ce qui contribuerait à stimuler la productivité, à réduire la pauvreté et à préserver la viabilité de la dette. La réforme du secteur de l’électricité demeure essentielle pour remédier aux pénuries.

« Le risque de surendettement de la Guinée reste modéré, avec  une certaine marge pour absorber d’éventuels chocs. Toutefois, les vulnérabilités liées à la dette intérieure se sont accentuées avec l’émission d’obligations du Trésor pour financer des dépenses d’investissement public élevées. Pour préserver la viabilité de la dette à moyen terme, il reste essentiel de poursuivre des politiques macroéconomiques prudentes, notamment en veillant à ce que les nouveaux emprunts soient concessionnels dans la mesure du possible, en évitant l’accumulation répétée d’arriérés intérieurs, en renforçant les capacités de gestion de la dette et en améliorant la gestion des investissements publics.

« Le fait que les autorités monétaires soient prêtes à resserrer la politique monétaire, si nécessaire, et à s’assurer que les prêts de la banque centrale à l'État respectent les limites statutaires, contribuera à contenir les pressions inflationnistes. La mise en œuvre résolue du plan d’action pour le marché des titres publics, conçu avec l’aide du FMI, permettrait de mettre à disposition d’autres sources de financement pour l'État et de restreindre l’exposition des banques à l’administration centrale, qui s’est considérablement accrue. 

« La mise en œuvre de réformes structurelles aidera la Guinée à maîtriser la vulnérabilité face aux chocs intérieurs et extérieurs et à réaliser une croissance soutenue et inclusive. Dans ce contexte, il faudra veiller à ce que le projet  du minerai de fer de Simandou produise les bénéfices attendus pour l’économie guinéenne, s’adapter au changement climatique et en atténuer les effets, lutter contre les disparités liées au genre et renforcer la bonne gouvernance et la transparence en luttant contre la corruption et en améliorant le régime de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). La mise en œuvre des recommandations issues de l’évaluation des sauvegardes de 2023 sera également cruciale.

Évaluation par le conseil d’administration2

Les administrateurs souscrivent à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils reconnaissent que la Guinée fait face à de grandes difficultés, car l’explosion d’une importante installation d’importation et de stockage de carburant fin 2023 a entraîné des pénuries de carburant, des pressions inflationnistes et des besoins de financement urgents. Les administrateurs notent qu’une aide financière d’urgence sera essentielle pour répondre aux besoins urgents découlant de l’explosion, principalement ceux liés à l’aide aux ménages affectés, au nettoyage et à la reconstruction. Il reste primordial de veiller à ce que le décaissement au titre de la FCR soit utilisé de manière transparente. Les administrateurs attendent avec intérêt les avancées supplémentaires vers un programme assorti d’un financement dans les tranches supérieures de crédit pour remédier aux vulnérabilités structurelles de la Guinée et aider à mobiliser une aide internationale supplémentaire. Ils se réjouissent aussi de la perspective d’un retour à un régime civil.

Les administrateurs conviennent qu’un assouplissement temporaire de l’orientation budgétaire est justifié à la suite de l’explosion. Ils soulignent la nécessité de mobiliser des recettes intérieures afin de dégager une marge de manœuvre budgétaire pour les dépenses prioritaires tout en préservant la viabilité de la dette à moyen terme. Les administrateurs se félicitent à cet égard que les autorités se soient engagées à corriger les erreurs sur les prix de transfert et à réduire les exonérations fiscales dans le secteur minier. Ils rappellent également qu’il convient de veiller à ce que le projet Simandou produise les bénéfices attendus pour l’économie guinéenne.

Les administrateurs encouragent les autorités à améliorer la qualité des dépenses publiques en renforçant le capital humain et  les dépenses sociales ainsi que la gestion des investissements publics. Ils insistent sur la nécessité de réformer les subventions aux carburants et à l’électricité et de renforcer la gestion des entreprises publiques. Les administrateurs notent que, malgré le fait que le risque de surendettement reste modéré, les vulnérabilités se sont accrues. Dans ce contexte, ils recommandent de veiller à ce que les nouveaux emprunts soient concessionnels dans la mesure du possible, d’éviter l’accumulation répétée d’arriérés intérieurs et de renforcer les capacités de gestion de la dette.

Les administrateurs se félicitent de la volonté des autorités de resserrer la politique monétaire si nécessaire pour contenir les pressions inflationnistes. Ils mettent l’accent sur l'obligation de respecter la limite statutaire des avances à l'État, en évitant les ajustements ad hoc sauf dans des circonstances exceptionnelles, et ont également appelé à cesser d’utiliser les avoirs en obligations du Trésor comme réserves obligatoires. Les administrateurs encouragent les autorités à mettre en œuvre les recommandations de l’évaluation des sauvegardes et à renforcer la réglementation et la surveillance du secteur financier afin d’atténuer les risques pour la stabilité financière, y compris ceux qui découlent du lien entre les banques et l'État.

Les administrateurs soulignent l’importance des réformes structurelles pour favoriser une croissance inclusive. Ils rappellent qu’il convient de renforcer la bonne gouvernance et de lutter contre la corruption et saluent à cet égard l’engagement des autorités à mettre en œuvre des mesures de transparence et de gouvernance pour l’utilisation des ressources au titre de la FCR. Des efforts supplémentaires s’imposent pour renforcer le cadre de LBC/FT et pour remédier aux vulnérabilités climatiques et aux disparités liées au genre.

Les prochaines consultations au titre de l’article IV avec la Guinée devraient avoir lieu conformément au cycle habituel de 12 mois.

 

Guinée : principaux indicateurs économiques et financiers, 2021-25
(En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)
2021 2022 2023 2024 2025
Eff. Prél. Est. Projection
Production et inflation
Croissance du PIB réel (variation annuelle en %) 5.6 4.0 5.7 4.1 5.6
Secteur minier (variation annuelle en %) 2.9 6.8 9.4 7.6 10.7
Industries extractives (variation annuelle en %) 9.2 15.4 18.1 9.8 11.5
Secteur non minier (variation annuelle en %) 6.3 3.3 4.8 3.1 4.2
Inflation moyenne (variation annuelle en %) 12.6 10.5 7.8 11.0 10.2
Finances de l’administration centrale
Total des recettes et dons 13.5 13.7 13.9 13.4 13.2
Charges et capacité nette de financement 15.2 14.5 15.5 16.4 15.8
Dépenses courantes 12.8 11.0 10.9 11.1 10.5
Dépenses en capital 2.3 3.4 4.5 5.2 5.2
Solde budgétaire global (dons inclus) -1.7 -0.8 -1.6 -3.0 -2.6
Solde budgétaire de base -0.7 0.5 0.3 -0.7 0.1
Secteur extérieur
Solde des transactions courantes (y compris transferts officiels) -2.5 -8.6 -8.7 -10.6 -10.0
Solde des transactions courantes (hors transferts officiels) -2.5 -8.6 -8.7 -10.7 -10.0
Balance globale des paiements 2.4 2.1 -0.8 -0.6 -0.4
Réserves brutes disponibles (en mois d’importations)1 2.8 3.4 2.5 2.2 2.2
Dette publique brute 42.4 40.1 40.3 39.3 37.9
PIB nominal (en milliards de GNF) 159,336 170,313 195,789 226,143 262,951
0
Sources : autorités guinéennes ; estimations et projections des services du FMI.
1 En supposant que l’ « écart de financement résiduel » de la balance des paiements soit comblé. Et en mois d’importations des années suivantes, hors importations liées à l’or artisanal. Les précédents rapports des services du FMI présente un ratio de couverture calculé à partir des importations nettes des biens d’équipement.

1 Conformément à l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d’administration.

2 À l’issue des délibérations, la directrice générale, en qualité de présidente du conseil d’administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. Une explication des termes utilisés dans le résumé se trouve ici : https://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm.

Département de la communication du FMI
RELATIONS AVEC LES MÉDIAS

ATTACHÉ DE PRESSE:

TÉLÉPHONE:+1 202 623-7100COURRIEL: MEDIA@IMF.org