Une politique budgétaire judicieuse contribuera à l’emploi

Par Vitor Gaspar, Directeur, Département des finances publiques, FMI
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Le 8 octobre 2014


Le chômage reste à un niveau inacceptable dans beaucoup de pays. Il s’est considérablement accru durant la Grande récession. À l’heure actuelle il touche plus de 200 millions de personnes dans le monde et d’ici 2018, 13 millions de personnes de plus devraient perdre leur emploi.

Le chômage des jeunes est le phénomène le plus inquiétant. Dans certains pays avancés d’Europe il dépasse 50 %. Dans plusieurs pays en développement, le rythme de création d’emplois ne parvient pas à absorber le grand nombre de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail.

Autrement dit, la lutte contre le chômage est une priorité du programme d’action mondial.

Agir de manière concertée sur les plans budgétaire et structurel

Face à cet immense problème, nous nous sommes demandé si la politique budgétaire pouvait faire plus pour l’emploi? C’est justement là le thème de l’édition d’octobre 2014 du Moniteur des finances publiques, que nous présentons aujourd’hui.

Pour accompagner la création d’emplois et la croissance, il faut agir sur plusieurs fronts. Dans certains pays, notamment en Europe, une réforme du marché du travail est sans doute nécessaire pour lever les rigidités persistantes.

La politique budgétaire ne saurait se substituer à ce type de réforme, mais elle peut s’associer au travail plus vaste de réformes structurelles pour accompagner la création d’emplois.

Le Moniteur des finances publiques signale trois pistes.

Premièrement, la politique budgétaire peut promouvoir les conditions macroéconomiques propices à l’activité économique et aux marchés du travail. Par exemple, il est possible de paramétrer la réduction du déficit et d’établir son calendrier de manière à réduire dans toute la mesure du possible les retombées pernicieuses sur l’emploi. Il est clair que la panoplie appropriée d’actions doit s’adapter aux particularités de chaque pays.

Deuxièmement, la politique budgétaire peut faciliter les réformes structurelles sur le marché du travail. Comment? Elle peut compenser les coûts éventuels de ces réformes à court terme et elle peut aussi aider à dégager un consensus politique à leur égard, par exemple en dédommageant les groupes qui pourraient subir les conséquences du changement. J’en profite pour souligner un aspect qui revêt une importance générale, celui de bien comprendre la dimension politique de la politique économique.

Pour être efficace et être en mesure d’accompagner la réforme structurelle, la politique budgétaire doit remplir un certain nombre de conditions : elle ne doit pas aggraver les risques pesant sur la viabilité de la dette; les coûts et les avantages des réformes doivent être bien identifiés; les coûts doivent être maîtrisés dans l’espace et dans le temps; et il faut avoir un degré de certitude suffisant que les réformes seront pleinement menées à terme.

Et troisièmement, la politique budgétaire peut entrer dans la conception globale des politiques structurelles.

Prenons deux exemples.

Dans les pays avancés, un allégement approprié des cotisations sociales patronales dans le cas des jeunes peut améliorer les perspectives d’emploi de ces derniers.

Dans les pays émergents et en développement, la suppression des barrières fiscales, la fourniture de services publics de base et un meilleur accès à la finance et à la formation sont autant de facteurs qui peuvent aider à résoudre les problèmes liés à l’informalité et à la faible croissance de la productivité du travail.

Conjoncture actuelle des finances publiques

Durant les six derniers mois, les taux d’intérêt ont été faibles et la volatilité des marchés obligataires modérée. Cela a contribué à atténuer les tensions immédiates sur les finances publiques dans la plupart des pays. Nous traversons toutefois une conjoncture délicate. Les vulnérabilités budgétaires sous-jacentes et les risques budgétaires continuent en effet de s’accumuler.

Dans les pays avancés, les niveaux d’endettement se stabilisent mais demeurent élevés. Dans certains d’entre eux, la dette dépasse 100 % du PIB. Il importe donc de ramener la dette publique à des niveaux plus sûrs. Mais il importe tout autant de ne pas perdre de vue le fait que la reprise économique est inégale et que le risque d’une faible inflation persiste dans certains pays, notamment dans la zone euro.

Dans les pays émergents, les déficits et les ratios d’endettement sont généralement modérés, mais ils restent supérieurs aux niveaux d’avant-crise. Dans certains cas, les transactions hors-budget et les garanties de l’État posent des risques pour la viabilité de la dette. Beaucoup de ces pays ont en commun la nécessité de relever la croissance potentielle et de reconstituer les marges de manœuvre budgétaire consommées durant la crise.

Dans les pays à faible revenu, les risques budgétaires sont modestes en règle générale. Ces pays doivent avant tout s’atteler à la mobilisation des recettes, à une meilleure hiérarchisation budgétaire et à une plus grande efficience des dépenses publiques. Certains pays doivent en outre renforcer le leur gouvernance budgétaire.

Une politique budgétaire judicieuse

D’une manière générale, les défis que je viens d’évoquer appellent une politique budgétaire judicieuse. L’inaction n’est pas de mise.

Une politique budgétaire judicieuse est impérative pour les pays traversant une difficile conjoncture de reprise timide, de faible croissance potentielle et de très basse inflation.

Une politique budgétaire judicieuse est une politique qui accompagne l’emploi tout en ramenant la dette publique à des niveaux plus sûrs.

Une politique budgétaire judicieuse est une politique qui met en valeur les investissements publics efficients et facilite la réforme structurelle.



DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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