La force réside dans le nombre : un filet de sécurité pour prévenir les crises dans l’économie mondiale

Par IMFBlog
19 décembre 2017

De l’utilité du filet de protection : les pays ont besoin d’être assurés et rassurés en périodes de difficultés économiques et financières (photo : Vivek Prakash/Newscom).

Il est toujours bon de pouvoir s’appuyer sur un groupe d’amis en cas de coup dur. Il en va de même pour les pays : l’assurance de pouvoir compter sur un filet de sécurité en période de difficultés économiques et financières peut changer la donne.

Une assurance contre les crises

Le dispositif mondial de sécurité financière devrait aider les pays à trois égards : fournir une assurance pour contribuer à la prévention de crises ; apporter des financements aux pays si les crises viennent à se concrétiser ; et inciter les pays à adopter les politiques adéquates.

Voici une brève décomposition du dispositif de sécurité. Il comporte quatre grandes couches :

• les réserves propres des pays ;

• les accords de swap bilatéraux entre deux pays ;

• les accords de financement régionaux ; et

• le FMI.

Toutes ces couches se sont développées au cours des 20 dernières années.

Le filet de sécurité se déploie

Les dernières décennies ont donné lieu à de grands chamboulements dans la structure de l’économie mondiale. Par exemple, les pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil comptent désormais pour 60 % du PIB mondial.

Les économies des différents pays sont plus connectées entre elles que jamais, et d’autant plus exposées aux opportunités et écueils générés par les hauts et bas de l’économie mondiale. Par conséquent, elles ont toutes besoin d’un filet de sécurité pour éviter la chute fatale lorsque le vent tourne.

Le FMI n’a de cesse d’apprendre, d’ajuster et d’améliorer la façon dont il peut venir en aide aux pays. Or le dispositif mondial de sécurité financière représente précisément l’un des moyens par lesquels le FMI et de nombreuses autres institutions peuvent aider les pays à préserver la stabilité économique mondiale.

Depuis 2000, les réserves mondiales sont passées de 2 à 11 mille milliards de dollars. Au FMI, les ressources en quotes-parts ont doublé pour atteindre environ 670 milliards de dollars. Depuis la crise, les pays membres ont augmenté de façon substantielle le montant des fonds empruntés que le FMI peut utiliser en cas de besoin.

En plus de ces couches, certains pays disposent également d’accords de swap bilatéraux et de financement régionaux, dont le rôle relatif a augmenté de façon spectaculaire au cours de la dernière décennie.

Les accords de swap bilatéraux entre pays se composent essentiellement de deux réseaux séparés :

• swaps permanents illimités entre les banques centrales de certains des principaux pays émetteurs de monnaies de réserve ; et

• un vaste réseau de swaps entre la Chine et d’autres pays, représentant environ 500 milliards de dollars, qui a pour rôle de soutenir le commerce et l’investissement.

Pendant la crise financière mondiale, certains pays ont également octroyé des lignes de swap temporaires à d’autres pays avancés et émergents, mais celles-ci sont aujourd’hui arrivées à expiration.

L’expansion des accords de financement régionaux a été tout aussi spectaculaire. Les pays ont mis en place de nouveaux dispositifs et augmenté les ressources des accords existants. Par exemple, les pays de la zone euro ont créé le mécanisme européen de stabilité, dispositif permanent doté d’une capacité de prêt de 500 milliards de dollars qui a pour rôle de contribuer à la résolution des crises.

En Asie, les pays ont transformé l’initiative de Chiang Mai en un dispositif multilatéral et doublé le montant des financements disponibles, porté à 240 milliards de dollars.

Le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine ont également mis sur pied un fonds de réserve d’urgence multilatéral de 100 milliards de dollars.

Combler les lacunes

Malgré cette expansion, des lacunes persistent. En 2016, le FMI a analysé l’état de santé et la couverture du dispositif de sécurité financière existant, et dressé un diagnostic qui identifie les différents points à améliorer.

• La couverture est inégale. Certains pays, parmi lesquels certains marchés émergents stratégiques, ne disposent pas d’un accès adéquat aux financements. Les financements peuvent également être incertains pour les pays devant solliciter des couches récemment développées qui n’ont pas encore été exploitées.

• La plupart des couches ne disposent pas des conditions adéquates pour les prêts, ce qui peut affaiblir les incitations à adopter des politiques fortes.

• Certaines couches du dispositif de sécurité peuvent aussi se révéler financièrement ou politiquement coûteuses pour les pays emprunteurs ou pour la communauté mondiale dans son ensemble, notamment en cas d’auto-assurance excessive par le biais des réserves.

Le FMI cherche des moyens d’améliorer la façon dont il sert ses 189 pays membres. Le travail sur le renforcement du dispositif mondial de sécurité financière s’inscrit pleinement dans cette démarche. À ce titre, nous œuvrons à l’amélioration de notre panoplie d’instruments de financement. Nous élaborons notamment une proposition pour un nouveau swap de liquidités à court terme, qui pourrait servir d’ébauche pour un tel dispositif à l’avenir lorsque le soutien nécessaire sera rassemblé, à condition qu’il le soit.

Le FMI a également revu les règles pour sa ligne de crédit modulable, et la ligne de précaution et de liquidité, afin d’améliorer la prévisibilité et la transparence de l’accès des pays à l’éligibilité.

Nous avons également déployé un nouvel instrument de coopération politique afin d’aider les pays à débloquer des financements à partir des différentes couches du dispositif de sécurité, notamment des accords financiers régionaux, et à prouver leur volonté de procéder à des réformes. Le premier instrument de coordination politique a été approuvé en faveur des Seychelles le 13 décembre.

Le FMI a publié une note consacrée à l’amélioration de la collaboration avec les dispositifs financiers régionaux, à la définition de principes et d’un cadre d’engagement. Nous avons également pris part à une mise au banc d’essai de la multilatéralisation de l’initiative de Chiang Mai, qui a permis d’identifier d’éventuelles améliorations pouvant contribuer à fluidifier les cofinancements.

L’économie mondiale est en mutation perpétuelle : des termes comme « chaîne de blocs » ou « venmo » n’existaient même pas il y a quelques années. Face à la vitesse du changement et de l’innovation, nous devons faire preuve de réactivité et tendre un filet de protection de meilleure qualité dont les nombreuses mailles restent connectées, coordonnées et centrées sur les besoins des pays.



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