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Le FMI et la société civile

Civil society organizations discuss food prices with IMF MD Strauss-Kahn and WB President Zoellick

«Certains pays sont au point de basculement», a déclaré le Directeur général du FMI (juillet 2008), Dominique Strauss-Kahn, en rendant publique l'étude qui repose sur des données et des analyses d'économistes du FMI travaillant sur 162 pays.

L'autre crise : les prix des denrées alimentaires et des carburants continuent de représenter un risque

le 26 septembre 2008

Alors que tout le monde s'inquiète de la crise sur les marchés financiers américains, il est essentiel de ne pas perdre de vue l'«autre crise» qui a des répercussions directes sur les pauvres de notre monde, à savoir la montée des prix des denrées alimentaires et des carburants.

Tel était le message du Directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, lors d'une séance d'information où il a fait le point des travaux de l'institution relatifs à la crise alimentaire et pétrolière. Face aux médias et à des représentants d'organisations de la société civile, M. Strauss-Kahn a déclaré que le «choc» résultant des hausses des prix restent sérieux: une cinquantaine de pays à revenu faible ou intermédiaire demeurent vulnérables à une détérioration de la balance des paiements et à l'inflation globale.

Selon la mise à jour de l'analyse des répercussions macroéconomiques de la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants que les services du FMI avaient effectuée en juillet, les prix restent largement supérieurs à ce qu'ils étaient avant leur montée récente.

M. Strauss-Kahn a souligné que si la communauté internationale se soucie aujourd'hui principalement de la crise financière dans les pays avancés, «il est important de ne pas perdre de vue 'l'autre crise' : la persistance des effets néfastes du renchérissement des denrées alimentaires et des carburants sur certains des pays les plus pauvres du monde». Une soixantaine de représentants des médias, de groupes de réflexion, d'organismes publics et d'organisations de la société civile ont participé à la séance d'information.

Appel à une action plus énergique

Après avoir présenté les observations et les recommandations du FMI, M. Strauss-Kahn a déclaré que la réaction de la communauté internationale a été décevante jusqu'à présent et a appelé les donateurs «à tenir leurs promesses». Il a aussi fait le point de l'aide accordée par le FMI aux pays touchés, sous la forme de conseils et d'assistance technique et financière.

«Si les prix des denrées alimentaires et des carburants ont reculé par rapport à leurs records récents, ils restent malheureusement bien supérieurs à ce qu'ils étaient avant leur montée récente», a noté M. Strauss-Kahn. «Pour un grand nombre de pays, surtout en Afrique, il s'agit d'un choc considérable». Le Directeur général a appelé à une «action plus énergique» de la communauté internationale, sous la forme d'un surcroît d'aide et de mesures supplémentaires en faveur des pays vulnérables.

Selon le rapport originel de juillet, la montée des prix a touché principalement les pays pauvres et les pays à revenu intermédiaire tributaires de leurs importations, en présentant un risque de détérioration de la balance des paiements, de hausse de l'inflation et d'aggravation de la pauvreté.

Selon l'évaluation révisée, les répercussions des hausses des prix des denrées alimentaires et des carburants sur les pays en développement, loin de s'atténuer, ont continué de s'aggraver depuis le rapport de juillet. À la mi-septembre, les cours du pétrole étaient inférieurs d'environ 40 % au record de la mi-juillet, mais quand même deux fois plus élevés qu'à la fin de 2006. Les prix des produits alimentaires ont, quant à eux, reculé de 8 % par rapport à leur sommet de juin, mais ils restent supérieurs à ceux de la fin 2006.

Hugh Bredenkamp, Patricia Alonso-Gamo (tous les deux du Département de la stratégie, des politiques et de l'évaluation, anciennement Département de l'élaboration et de l'examen des politiques), Thomas Helbling (Département des études), Benedicte Christensen (Département Afrique) et Sanjeev Gupta (Département des finances publiques) ont participé aussi à cette séance d'information. À l'aide de diapositives, M. Bredenkamp a présenté plus en détail les travaux du FMI avant d'animer une brève séance de questions-réponses.

Le point de vue du FMI

Des membres de l'assistance ont posé des questions concernant les liens entre la crise financière et la crise alimentaire et pétrolière. Mme Christensen a répondu que la crise financière a eu jusqu'à présent un effet moins direct sur les pays africains, mais qu'il y aura des répercussions sur les cours des matières premières, par exemple s'ils continuent de reculer en raison du ralentissement de l'économie mondiale. Par ailleurs, si la croissance dans les pays d'Afrique subsaharienne s'est accélérée plus que dans les autres régions, l'Afrique subsaharienne n'est pas à l'abri. Tous les pays seront touchés d'une manière ou d'une autre, avec des variations d'un pays à l'autre. M. Bredenkamp a ajouté qu'il peut y avoir des retombées financières et réelles, en particulier pour les pays émergents. Certains pays à faible revenu qui reçoivent de plus en plus de capitaux privés pourraient aussi rencontrer des problèmes à l'avenir.

Peter Bakvis, de la Confédération internationale des syndicats, a indiqué que le ciblage des programmes d'assistance sur des groupes spécifiques qui est recommandé par le FMI pose des problèmes pour les pays qui n'ont pas les moyens de gérer ces programmes. Selon lui, cet argent risque de pâtir des défaillances du système. Il a demandé si des subventions générales ne seraient pas préférables. M. Gupta a répondu que le FMI est conscient de ces problèmes, mais il a signalé plusieurs choses que les gouvernements peuvent faire, par exemple relever plus graduellement le prix des biens qui sont consommés essentiellement par les pauvres, ou recourir à un ciblage indirect, peut-être en déterminant quelles sont les régions les plus touchées et en augmentant les transferts vers ces régions. M. Bakvis a aussi mis en question une autre recommandation du FMI selon laquelle les gouvernements doivent faire attention en augmentant les salaires face à la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants du fait du risque de pressions budgétaires. M. Bredenkamp a répondu qu'il n'est pas possible d'éviter un ajustement à la baisse des revenus réels face à une détérioration considérable des termes de l'échange, mais que le niveau des salaires soutenables varierait selon la situation des pays.

En ce qui concerne les subventions, Mme Christensen a donné l'exemple du Sénégal, où les autorités ont éliminé les contrôles des prix et les subventions après qu'une analyse des impacts sur la pauvreté et le social a conclu que les riches profitaient de ces mesures plus que les pauvres. En remplacement, le Sénégal a maintenant mis en place un programme d'alimentation scolaire. Le Togo a réglé les impayés vis-à-vis des fonctionnaires qui étaient plus touchés par la crise que les paysans pratiquant une agriculture de subsistance. Le pays a mis en place aussi des subventions ciblées pour les engrais et les graines.