Communiqué de presse: Le FMI prévoit un ralentissement des perspectives de croissance pour l’Afrique subsaharienne et en appelle à des politiques économiques adaptées au nouvel environnement

le 27 octobre 2015

Communiqué de presse n° 15/479
Le 27 octobre 2015

L’activité économique de l’Afrique subsaharienne a nettement ralenti, même si la croissance y demeure plus vigoureuse que dans bien d’autres régions, avec un taux de croissance attendu de 3,75 % en 2015 puis de 4,25 % en 2016, a déclaré aujourd’hui le Fonds monétaire international (FMI). Dans l’édition d’octobre 2015 du rapport sur les Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, intitulé Faire face un environnement qui se dégrade, le FMI attribue le ralentissement de l’activité à la conjonction d’une forte baisse des cours des produits de base et de conditions financières moins favorables.

«Ce tableau globalement sombre masque des disparités importantes à l’intérieur de la région», a déclaré Antoinette Sayeh, Directrice du Département Afrique du FMI. «Dans la plupart des pays à faible revenu, la croissance économique se maintient grâce à la poursuite des investissements d’infrastructure et à la vitalité de la consommation privée. Mais même au sein de ce groupe, certains pays pâtissent de la chute des cours des principaux produits de base qu’ils exportent, même si la baisse des cours du pétrole allège leur facture d’importations énergétiques. Les pays exportateurs de pétrole de la région, dont le Nigéria et l’Angola, sont encore plus durement touchés, car la baisse des recettes d’exportation et la sévérité des ajustements budgétaires qui s’ensuivent pèsent sur l’activité. Plusieurs pays à revenu intermédiaire, dont l’Afrique du Sud, le Ghana et la Zambie, se heurtent aussi à une situation défavorable, notamment la faiblesse des cours des produits de base, le durcissement des conditions financières et des pénuries d’électricité. En outre, plusieurs pays de la région doivent affronter cette situation avec des amortisseurs extérieurs et budgétaires plus restreints qu’au début de la crise financière mondiale».

Madame Sayeh a ajouté que les politiques économiques devaient être adaptées à ce nouvel environnement : «Sur le plan budgétaire, la baisse prononcée et apparemment durable des cours du pétrole rend l’ajustement inévitable pour les pays exportateurs de pétrole de la région et si certains pays disposent d’une marge de manœuvre pour recourir aux amortisseurs ou emprunter afin d’étaler l’ajustement dans le temps, cette marge d’action se rétrécit rapidement. Pour la plupart des autres pays, la politique budgétaire doit tenir compte à la fois de l’impératif de viabilité de la dette et des besoins de développement.»

Sur le front monétaire, Madame Sayeh a noté que, là où les termes de l’échange se sont nettement détériorés et où le taux de change n’est pas rattaché à une autre monnaie, il est important de laisser la dépréciation du taux de change afin d’amortir les chocs. Même dans les pays qui ne sont pas fortement tributaires des exportations de produits de base et qui ont vu dernièrement leur monnaie subir des tensions, toute action visant à résister à ces tensions risque d’engendrer une perte de précieuses réserves. En conséquence, les interventions devraient être limitées aux épisodes de mouvements désordonnés des taux de change. La politique monétaire ne devrait servir qu’à contrer les éventuels effets secondaires sur l’inflation et l’évolution du taux de change et des autres facteurs de hausse. Enfin, il convient de surveiller de près les risques que font peser sur le secteur financier la baisse des cours des produits de base et la dépréciation de la monnaie.

«Face à cet environnement, il est d’autant plus important de diversifier les moteurs de la croissance économique en réduisant la part relative des industries extractives. La croissance rapide de ces dix dernières années a occulté la détérioration de la compétitivité, surtout dans les pays exportateurs de produits de base. Pour favoriser l’émergence de nouvelles sources de croissance économique et créer suffisamment d’emplois pour la population jeune croissante de la région, les politiques publiques doivent être axées sur le renforcement de la compétitivité, par l’amélioration du climat des affaires, des infrastructures et de l’éducation. Il sera aussi essentiel de consolider les progrès accomplis récemment et de continuer à renforcer la mobilisation des recettes intérieures afin de dégager les ressources additionnelles indispensables pour financer l’investissement dans l’avenir de la région. Enfin, la réduction des inégalités, au moyen d’initiatives budgétaires et financières bien conçues ainsi que par la suppression des restrictions légales fondées sur le sexe, pourrait produire des dividendes de croissance appréciables.»

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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