Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Les perspectives de croissance s’améliorent dans l’ensemble au Moyen-Orient, mais des réformes énergiques sont encore nécessaires

le 6 mai 2014

  • Les pays exportateurs de pétrole affichent une robuste croissance hors pétrole, mais doivent affermir leurs budgets et diversifier leurs économies
  • La croissance est timide dans les pays importateurs de pétrole en raison du manque de confiance, des frictions sociopolitiques et du conflit en Syrie
  • Des réformes énergiques sont nécessaires dans les pays en transition pour stimuler la croissance et créer des emplois bien rémunérés

La croissance devrait s’affermir cette année dans la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MOANAP) d’après la dernière évaluation du FMI, mais le manque de confiance et, dans certains cas, les vastes déficits publics, continuent à grever les perspectives économiques.

Atelier de tissage de tapis en Égypte. Atelier de tapis en Égypte. La croissance des pays arabes en transition est timide; des réformes énergiques sont donc nécessaires pour doper l’activité économique et créer des emplois bien rémunérés (photo : Godong/Newscom)

Atelier de tissage de tapis en Égypte. Atelier de tapis en Égypte. La croissance des pays arabes en transition est timide; des réformes énergiques sont donc nécessaires pour doper l’activité économique et créer des emplois bien rémunérés (photo : Godong/Newscom)

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DU MOYEN-ORIENT

Le FMI prévoit une croissance moyenne de 3¼ % en 2014, du fait de l’amélioration de la situation d’ensemble (voir le tableau).

«Les perspectives de croissance globales restent très en deçà de ce qui est nécessaire pour faire reculer le chômage élevé, en particulier chez les jeunes», a déclaré aujourd’hui M. Masood Ahmed, Directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, lors de la présentation du rapport à Dubaï aujourd’hui. La plupart des pays ont besoin de lever certains obstacles majeurs pour libérer le potentiel de croissance et de forger le consensus requis pour mettre en œuvre les réformes nécessaires, a ajouté M. Ahmed.

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Robuste croissance dans les pays exportateurs de pétrole

Le FMI s’attend à ce que la croissance s’affermisse dans les pays exportateurs de pétrole de la région — Algérie, Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Iran, Iraq, Koweït, Libye, Oman, Qatar et Yémen — et atteigne cette année 3½ %, contre 2 % en 2013.

La hausse de la production en Iraq et dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) favorisée par la hausse de la demande mondiale compensera la perturbation des approvisionnements pétroliers en Libye. La croissance robuste des secteurs non pétroliers se poursuivra grâce au niveau élevé des dépenses publiques et à la vigueur du crédit privé. Les cours du pétrole pourraient cependant baisser du fait de la contraction de la demande mondiale — sous l’effet du ralentissement de la croissance des pays émergents ou de la baisse de l’inflation dans les pays avancés — ou de l’accroissement des approvisionnements de sources non conventionnelles (gaz de schiste).

Le FMI signale que la situation des finances publiques est en train de se dégrader dans ce groupe de pays. Les pays exportateurs de pétrole hors du CCG et deux membres du CCG (Bahreïn et Oman) accuseront cette année des déficits budgétaires, ce qui les rend de plus en plus vulnérables en cas de baisse soutenue des recettes pétrolières (graphique 1). Par ailleurs, la plupart des pays exportateurs de pétrole ne mettent pas de côté une part suffisante de la manne pétrolière pour les générations futures.

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«Les gouvernements vont devoir trouver le moyen de freiner les dépenses courantes dont il est difficile d’inverser l’évolution, en particulier les salaires et les subventions. Il faudra parallèlement promouvoir les investissements et programmes sociaux de grande qualité», a déclaré M. Ahmed à la presse. «Il faut aussi privilégier des réformes structurelles visant à stimuler la diversification économique et la création d’emplois pour les ressortissants nationaux dans le secteur privé», a-t-il ajouté.

Timide croissance dans les pays importateurs de pétrole

Malgré des signaux positifs — hausse des investissements publics et affermissement des exportations à la faveur de l’amélioration de la croissance mondiale, surtout en Europe —, les pays importateurs de pétrole de la région — Afghanistan, Djibouti, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Mauritanie, Pakistan, Soudan et Tunisie — connaîtront dans l’ensemble une nouvelle année d’activité économique en demi-teinte (graphique 2).

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Cette faible croissance s’explique principalement par le manque de confiance face à la complexité des transitions politiques en cours et aux retombées régionales de la guerre civile dévastatrice en Syrie, qui a déjà des effets considérables sur la Jordanie, le Liban et l’Iraq. L’incertitude, les tensions sécuritaires et les troubles sociaux qui en résultent continuent à freiner l’investissement privé, analyse le FMI.

«Le redressement économique de ce groupe de pays est gravement compromis. Les frictions sociopolitiques pourraient retarder les transitions et aggraver la situation déjà tendue du chômage et de l’instabilité sociale, a signalé M. Ahmed, le ralentissement de la croissance dans les pays émergents, en Europe ou dans les pays du CCG pourrait faire fléchir les exportations», a-t-il ajouté.

Des mesures énergiques s’imposent dans les pays en transition

Il y a un contraste saisissant entre le taux de chômage de 13 % dans les pays arabes en transition — Égypte, Jordanie, Libye, Maroc, Tunisie et Yémen — et les aspirations des citoyens qui sont descendus dans les rues en partie à la recherche de meilleurs débouchés économiques.

«Cette situation nécessite une réaction des dirigeants politiques afin de mettre en œuvre une transformation économique pour stimuler une activité plus dynamique, génératrice d’emplois et de croissance», a déclaré M. Ahmed à la presse.

À l’appui de cet objectif de croissance forte, durable et inclusive, le FMI formule les recommandations suivantes à l’intention des instances dirigeantes de la région :

Prendre des mesures visant à maintenir la stabilité et à promouvoir la croissance à court terme. Il sera important de dégager la marge de manœuvre budgétaire nécessaire (au moyen de dons ou de prêts à faible taux d’intérêt supplémentaires, en réformant la protection sociale de manière à remplacer les subventions universelles coûteuses et inefficaces par des transferts mieux ciblés aux citoyens pauvres et vulnérables, et en restreignant la masse salariale du secteur public) afin d’accroître les investissements publics et les dépenses d’éducation et de santé. Ces plans doivent s’inscrire dans un cadre budgétaire à moyen terme crédible pour que l’endettement reste viable et que les appuis financiers persistent; il importe en outre de sélectionner avec soin les projets pour veiller à ce qu’ils contribuent effectivement à améliorer les perspectives de croissance économique.

Entreprendre des réformes économiques pour stimuler l’investissement privé et doper la création d’emplois. Pour améliorer durablement les perspectives économiques et créer des emplois permanents et bien rémunérés, il faudra mettre en œuvre des réformes structurelles afin de remédier aux principaux handicaps, notamment : les lourdeurs bureaucratiques et la corruption; les systèmes fiscaux qui ne soutiennent pas la compétitivité; les prix de l’énergie fortement subventionnés qui faussent la production en faveur des industries gourmandes en énergie et ne promeuvent pas la création d’emplois; les difficultés et inégalités d’accès au crédit; la faible participation des femmes à la vie active. La réglementation du travail doit aussi être réformée de manière à encourager les embauches et la participation à la vie active dans le secteur privé formel.

«Beaucoup des réformes nécessaires sont difficiles à mettre en œuvre en période de transition politique. Mais il est possible de prendre immédiatement certaines mesures, qui contribueraient à ramener la confiance, notamment de simplifier la réglementation commerciale (pour créer une entreprise, enregistrer un titre de propriété, obtenir une licence ou se raccorder au réseau électrique), de proposer des formations aux chômeurs et aux travailleurs non qualifiés, d’améliorer les procédures douanières et d’approfondir l’intégration commerciale», a déclaré M. Ahmed.

Pour encourager le débat sur les politiques envisageables pour ce groupe de pays, le FMI organise, en collaboration avec le gouvernement jordanien et le Fonds arabe de développement économique et social, une conférence régionale à Amman (Jordanie), les 11 et 12 mai, sur le thème «Construire l’avenir : l’emploi, la croissance et l’équité dans le monde arabe».