Faire face à la réalité – Lever les malentendus sur le FMI et les dépenses sociales

Par Benedict Clements et Sanjeev Gupta
Publié le 31 août 2011 sur le blog du FMI - iMFdirect

On entend trop souvent dire que les programmes appuyés par le FMI dans les pays à faible revenu pénalisent les plus vulnérables en imposant des réductions des dépenses sociales. Rien n’est plus éloigné de la réalité. Notre étude montre que – contrairement à cette affirmation – les programmes mis en œuvre avec le soutien du FMI stimulent les dépenses d’éducation et de santé dans les pays à faible revenu tant que les pays concernés coopèrent avec le FMI.

Laissons parler les chiffres

Notre analyse porte sur les dépenses d’éducation et de santé de 140 pays entre 1985 et 2009. La série de données observée est la plus complète jamais recueillie sur le sujet. Les résultats montrent qu’à bien des égards, les programmes ont eu des effets bénéfiques sur les dépenses sociales des pays concernés.

Premièrement, l’augmentation des dépenses sociales a été plus rapide dans les pays appliquant un programme et en particulier dans les pays à faible revenu en programme avec le FMI (voir graphique) qu’ailleurs. Cela se vérifie, tant en termes de ratio dépenses sociales/PIB, de part du total des dépenses publiques que d’accroissement des dépenses sociales par habitant après ajustement sur l’inflation.

Variation annuelle médiane des dépenses d'éducation et de santé, 1985-2009


Deuxièmement, les retombées positives sur les dépenses sociales se sont progressivement accrues, dans les pays à faible revenu.

  • L’augmentation médiane annuelle des dépenses d’éducation et de santé dans les pays à faible revenu depuis 2000 a été plus du double de la moyenne des années 1985 à 1999. En chiffres cumulés sur une décennie, ces dépenses ont augmenté tous les dix ans de 0,7 point de PIB pour l’éducation et de 0,6 point de PIB pour la santé.
  • Le PIB augmentant aussi à un rythme accéléré dans ces pays, l’augmentation des dépenses par rapport au PIB entraîne une forte poussée des dépenses par habitant. Le taux de croissance des dépenses depuis 2000 indique que par personne, les dépenses d’éducation et de santé, après ajustement sur l’inflation, augmenteraient de 50 et 60 % environ, respectivement, sur dix ans.

Il est évident que les programmes mis en œuvre avec l’appui financier du FMI ne sont pas le seul déterminant de l’évolution des dépenses sociales d’un pays. Bien d’autres facteurs – la structure des classes d’âge de la population, les niveaux de revenus et les conditions macroéconomiques – entrent en ligne de compte. Une évaluation objective de l’impact des programmes appuyés le FMI sur les dépenses sociales doit donc tenir compte de ces facteurs.

En utilisant les techniques statistiques qui permettent d’analyser l’impact des programmes en les distinguant des autres facteurs, nous constatons une fois de plus que les programmes appuyés par le FMI ont un effet positif plus prononcé encore sur le taux d’accroissement des dépenses sociales dans les pays à faible revenu. À titre d’exemple, sur cinq ans de mise en œuvre d’un programme appuyé par les ressources du FMI, les dépenses d’éducation augmentent, dans les pays à faible revenu, d’environ ¾ de point de PIB tandis que l’augmentation des dépenses de santé est de l’ordre de 1 point de PIB.

Favoriser les dépenses sociales

Le FMI est déterminé à contribuer à préserver l’augmentation des dépenses sociales par les programmes de réforme qu’il soutient dans les pays à faible revenu. À cet égard, l’augmentation des dépenses d’éducation et de santé peut être favorisée par divers canaux :

  • Les réformes visant à accroître les recettes publiques – en moyenne, les pays en programme voient leurs recettes augmenter à un rythme plus soutenu que les autres pays – permettent de créer une «marge de manœuvre budgétaire».
  • Les programmes soutenus par le FMI aident les pays à mobiliser l’appui des bailleurs de fonds.
  • Pour autant que les programmes permettent de stimuler la croissance, ils peuvent aussi induire une plus grande «marge de manœuvre budgétaire».
  • Enfin, les programmes mettent l’accent sur l’affectation des ressources additionnelles – y compris celles dégagées par l’allègement de la dette extérieure – au renforcement des dépenses de réduction de la pauvreté, ce qui a accru la part des dépenses d’éducation et de santé dans le total des dépenses publiques.

Les résultats indiquent que les programmes appuyés par le FMI sont compatibles avec les efforts que déploient les pays pour accroître les dépenses sociales essentielles pour l’amélioration de leur situation sociale. Mais il importe tout autant – comme ne cessent de le souligner les travaux des chercheurs – d’améliorer le ciblage et l’efficacité des dépenses publiques pour les transformer en un instrument plus performant d’amélioration des conditions de vie des populations démunies.


Benedict Clements est chef de la division de la politique des dépenses publiques au Département des finances publiques du FMI. Il occupait auparavant les fonctions de chef de division au Département Hémisphère occidental où il a dirigé les équipes chargées du Brésil et de la Colombie. Il est l’auteur de plusieurs études sur les finances publiques et les questions macroéconomiques.

Sanjeev Gupta est Directeur-adjoint du Département des finances publiques. Avant d’occuper ses fonctions actuelles, il a été Directeur-adjoint du Département Afrique et chef de la division de la politique des dépenses publiques au Département des finances publiques. Il a dirigé les missions du FMI dans plus de 25 pays en Afrique, en Asie, en Europe et au Moyen Orient. Avant d’entrer au FMI, il avait travaillé au Kiel Institute en Allemagne, enseigné à l’Institut national d’administration publique de l’Inde à Hyderabad, et exercé les fonctions de secrétaire général de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie de l’Inde basée à New Delhi.



DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

Relations publiques    Relations avec les médias
Courriel : publicaffairs@imf.org Courriel : media@imf.org
Télécopie : 202-623-6220 Télécopie : 202-623-7100