Le FMI approuve des propositions relatives à la banque islamique

Par Ghiath Shabsigh, Ross Leckow et Zeine Zeidane
Affiché le 21 février 2017 par le blog du FMI - iMFdirect

Les services bancaires islamiques, un secteur modeste mais en pleine expansion du monde des finances, font l’objet d’une attention croissante de la part des autorités de réglementation et des responsables politiques. Le FMI a récemment adopté un ensemble de propositions relatif à la banque islamique, et appelé à l’élaboration d’un train de mesures plus complet pour assurer la stabilité financière dans les pays où ces services existent, et pour soutenir le développement viable du secteur. Le FMI demande maintenant à ses services d’engager de nouveaux travaux et de coopérer avec d’autres organismes internationaux en vue d’encourager l’adoption de normes pertinentes et de combler les lacunes réglementaires restantes.

La banque islamique a vu ses actifs augmenter de façon spectaculaire, passant de quelque 100 milliards de dollars à la fin des années 90 à 1,5 mille milliard de dollars l’an dernier. Elle est désormais présente dans soixante pays, essentiellement au Moyen-Orient et en Asie du Sud et du Sud-Est, mais elle gagne du terrain en Afrique, en Asie centrale et en Europe. Bien qu’elle représente moins de 2 % des actifs bancaires mondiaux, sa part est nettement supérieure dans de nombreux pays, et elle a acquis une importance systémique (c’est-à-dire que ses actifs comptent pour plus de 15 % du total) dans quatorze d’entre eux, dont l’Arabie saoudite, le Koweït et la Malaisie.

La banque islamique en chiffres

La banque islamique réunit les services financiers conformes aux principes financiers islamiques qui interdisent les intérêts, la spéculation excessive, les jeux de hasard et les ventes à découvert; appellent à un traitement équitable; et introduisent le concept d’inviolabilité des contrats. Quelques chiffres :

  • 60 pays où elle est présente
  • 1.500 milliards d’actifs dans le monde en 2016
  • 14 pays du Moyen-Orient et d’Asie où plus de 15 % des actifs relèvent de la banque islamique
  • 2010 , l’année où les sukuks (obligations islamiques) ont commencé à être négociés sur la bourse de New York (ils le sont aussi à Londres, Hong Kong et Singapour).

La banque islamique permet d’offrir des services financiers à des populations actuellement mal desservies et de soutenir le développement économique. Ses principes directeurs peuvent en outre favoriser la résistance du secteur financier aux chocs. Néanmoins, la croissance rapide de la banque islamique et les caractéristiques qui la distinguent des services bancaires classiques posent des défis aux autorités de contrôle et aux responsables de banques centrales. La communauté internationale s’accorde donc quant à la nécessité d’un cadre d’action et d’un environnement qui contribuent à sa stabilité financière et à son développement.

Normes internationales

Pendant plus d’une décennie, le Conseil des services financiers islamiques, basé à Kuala Lumpur, a guidé les travaux visant à établir des normes de réglementation et de supervision pour compléter les normes internationales existantes dans des domaines intéressant la banque islamique. Ce processus a abouti en 2015, avec l’élaboration de principes fondamentaux pour la réglementation de la finance islamique applicables aux services bancaires, les Core Principles for Islamic Finance Regulation. L’enjeu consiste désormais à en assurer l’application uniforme et à grande échelle.

D’autres domaines importants doivent encore être traités. Il conviendra notamment de mettre au point des régimes de résolution efficaces (pour les banques en faillite) et d’autres dispositifs de sécurité financière, et d’accélérer l’émission d’actifs liquides de qualité, comme par exemple un Sukuk souverain (un type de titre émis par l’État). Enfin, l’apparition récente de produits financiers hybrides qui reprennent des aspects de la finance classique dans le contexte de la banque islamique a créé des risques nouveaux et complexes sur lesquels les autorités de réglementation doivent se pencher.
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Ghiath Shabsigh, spécialiste principal des services bancaires et de la finance islamiques du FMI, est sous-directeur au Département des marchés monétaires et de capitaux. Il était auparavant chef de la division responsable de la gestion des opérations relatives au secteur financier du FMI dans la région Moyen-Orient et Asie centrale. Il est titulaire d’un doctorat en économie monétaire et en finance internationale de l’Université du Wisconsin-Milwaukee.


Ross Leckow est conseiller juridique adjoint au Département juridique du FMI. De nationalité canadienne, M. Leckow a une vaste expérience des opérations réglementaires et financières du FMI et dirige actuellement les travaux des juristes de l’institution sur les questions relatives à la réforme des lois financières dans les pays membres. Il a également participé aux travaux du FMI en vue d’élaborer un cadre juridique international pour la résolution des faillites des établissements financiers transfrontaliers. Avant de rejoindre le FMI en 1990, M. Leckow a pratiqué le droit dans les secteurs privé et public au Canada. Il donne souvent des conférences, aux États-Unis et à l’étranger, sur des aspects du droit financier international.


Zeine Zeidane, de nationalité mauritanienne, est sous-directeur au Département de la stratégie, des politiques et de l'évaluation du FMI. Il a précédemment été conseiller au Département Moyen-Orient et Asie Centrale de l’institution, où il a dirigé les travaux consacrés aux Émirats arabes unis et à la finance islamique. Il a également été chef de mission en Algérie. Avant de rejoindre le FMI en mars 2012, il a occupé diverses fonctions en Mauritanie, notamment celles de Premier ministre, de Gouverneur de la banque centrale et de Conseiller économique du Président. Il a également travaillé avec la Banque mondiale et le secteur bancaire. M. Zeidane est titulaire d’un doctorat en mathématiques appliquées et d’un diplôme de troisième cycle en macroéconomie de l’université de Nice (France).



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