Retour sur l’année écoulée : l’économie mondiale en cinq graphiques

Par Oya Celasun, Gian Maria Milesi-Ferretti et Maurice Obstfeld
18 décembre 2017


Sur le front économique, l’année 2017 se termine sur une note positive (photo : allstars/shutterstock).

Cette année a été mouvementée, marquée par des catastrophes naturelles, des tensions géopolitiques et de profondes divisions politiques dans bien des pays.

Sur le front économique, en revanche, 2017 se termine sur une note positive : la poursuite de l’accélération du PIB observée dans une très grande partie du monde constitue la reprise conjoncturelle la plus ample de la décennie.

Voici cinq graphiques illustrant et expliquant les développements économiques de l’année écoulée.

1. L’un des aspects notables de la reprise en 2017 est son ampleur. L’accélération de la croissance a concerné près des trois quarts des pays du monde et n’avait jamais été aussi généralisée depuis 2010. Surtout, certains des pays qui affichaient des taux de chômage élevés depuis assez longtemps, dont plusieurs dans la zone euro, participent à la poussée de la croissance et enregistrent une forte progression de l’emploi. Quelques-uns des grands pays émergents comme l’Argentine, le Brésil et la Russie, en ont fini avec la récession. Toutefois, la croissance du PIB par habitant dans près de la moitié des pays émergents et en développement (PED), en particulier les plus petits, est à la traîne par rapport à celle des pays avancés et s’est affichée en baisse dans presque un quart des PED. Les pays en difficulté comprenaient les exportateurs de pétrole et les pays à faible revenu en proie à des conflits civils ou des catastrophes naturelles.

2. Stimulée par un redémarrage de l’investissement, la croissance du commerce international, qui, hormis durant la récession de 2009, n’avait jamais été aussi lente depuis 2001, est repartie. La faiblesse des dépenses d’équipement dans le secteur de l’énergie avait largement contribué à la mollesse de l’investissement mondial en 2016.

3. Les prix des métaux et des combustibles ont été soutenus par l’élan plus puissant de la demande mondiale et les restrictions de l’offre dans le secteur énergétique, y compris les pannes de production liées aux ouragans aux États-Unis, les turbulences financières au Venezuela et les problèmes de sécurité dans certaines régions d’Iraq. Comme les prix à terme semblent annoncer une stabilité générale ou une relative modération des cours, les pays exportateurs de produits de base doivent continuer de s’adapter à la baisse des recettes tout en diversifiant leur production nationale et leurs exportations pour être plus résilients et soutenir la croissance à venir.

4. La croissance des salaires est restée étonnamment molle dans les pays avancés, malgré la baisse des taux de chômage. L’atonie persistante sur les marchés du travail — illustrée par des taux de chômage encore élevés dans certains pays ou des niveaux importants de chômage partiel subi — ainsi que la faible croissance de la productivité sont largement responsables de la morosité observée.

5. Les valorisations boursières ont poursuivi leur progression et approchent des niveaux record, les banques centrales ayant conservé des cadres de politique monétaire accommodante sur fond d’inflation très modérée. Ceci s’inscrit dans une tendance qui balaie plus largement tous les marchés financiers mondiaux, où des taux d’intérêt bas, des perspectives économiques plus favorables et un appétit plus solide pour le risque ont dopé les cours des actifs et supprimé la volatilité (mesurée par l’indice VIX). Le desserrement des conditions financières a donné un coup de fouet à la croissance, mais il ne sera pas sans risque si la quête de rendements va trop loin.

Et en 2018?

Surtout, ne pas perdre le bénéfice de cette bonne année de reprise.

Il est permis de rêver du remède miracle, mais il ne s’agit pas pour les dirigeants ni pour les marchés de verser dans la complaisance. La période faste actuelle est très certainement temporaire. Pour garantir une reprise plus durable, il faut profiter de la conjoncture pour lancer des réformes.
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Oya Celasun est Chef de division adjointe au Département Hémisphère occidental du FMI. Elle est actuellement Chef de mission pour l’Uruguay. Chargée des États-Unis entre 2008 et 2012, elle avait auparavant passé six années au Département des études. Ses travaux portent principalement sur les questions liées à la viabilité de la dette publique, le risque souverain et la dette des entreprises, l’inflation, ainsi que le coût des flux d’aide imprévisibles dans les pays à faible revenu.


Gian Maria Milesi-Ferretti est Directeur adjoint du Département des études au Fonds monétaire international. Il supervise les travaux du Département consacrés à la surveillance multilatérale, y compris les Perspectives de l’économie mondiale et les rapports sur les effets de contagion. Il était auparavant Directeur adjoint du Département Hémisphère occidental au FMI et Chef de mission pour les États-Unis. ll a obtenu son diplôme de premier cycle en économie à l’université de Rome La Sapienza en 1985 puis son doctorat à Harvard, en 1991. Il a ensuite travaillé à la London School of Economics, avant d’entrer au FMI en 1993.


Maurice Obstfeld est le Conseiller économique et Directeur du Département des études du FMI, en disponibilité de l’université de Californie, à Berkeley, où il est professeur d’économie (classe de 1958) et anciennement directeur de la faculté d’économie (1998–2001). Professeur à Berkeley depuis 1991, il a auparavant occupé les postes de professeur titulaire à Columbia (1979–1986) et à l’université de Pennsylvanie (1986–1989), et de professeur invité à Harvard (1989–90). Il a obtenu son doctorat en économie au MIT en 1979, après avoir étudié à l’université de Pennsylvanie (licence, 1973) et au King’s College de l’université de Cambridge (maîtrise, 1975).



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