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01/06
Prêts du FMI aux pays pauvres — Qu'est-ce qui distingue la FRPC de la FASR ?

Services du FMI

Avril 2001

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Qu'est-ce qui distingue la FRPC de la FASR ?
Caractéristiques principales des programmes appuyés par la FRPC
Progrès réalisés dans la mise en œuvre de la nouvelle approche
Conclusion


En septembre 1999, le FMI a placé la lutte contre la pauvreté au cœur de ses activités dans les pays à faible revenu, en décidant de remplacer la Facilité d'ajustement structurel renforcée (FASR) par la nouvelle Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC). La FRPC a pour principal objectif de promouvoir des politiques qui viseront de façon plus explicite la croissance économique et la réduction de la pauvreté, et seront mises en œuvre de manière plus cohérente grâce à une meilleure appropriation des programmes par les pays concernés. Au-delà du simple changement de nom, la nouvelle facilité s'accompagne d'un certain nombre d'innovations conçues pour faire en sorte que les programmes de prêts soient favorables aux pauvres et conformes à la stratégie de réduction de la pauvreté du pays. La FRPC compte également sur une collaboration plus étroite avec la Banque mondiale pour accroître l'efficacité et les retombées durables des efforts de réduction de la pauvreté.

Qu'est-ce qui distingue la FRPC de la FASR ?

Le remplacement de la FASR par la FRPC a suscité de nouvelles attentes quant au rôle joué par le Fonds monétaire international dans les pays les plus pauvres du monde. Plus qu'un simple changement d'appellation, la création de la nouvelle facilité a entraîné de profondes modifications dans les opérations du FMI pour concrétiser son engagement à lutter contre la pauvreté. à l'époque de la mise en place de la FRPC, 33 accords de prêt au titre de la FASR étaient en vigueur. Il a fallu du temps au FMI pour élaborer sa nouvelle approche et les nouvelles méthodes applicables à ces accords et aux accords subséquents, et aux pays visés pour élaborer de nouvelles stratégies de réduction de la pauvreté sur lesquelles viendraient s'appuyer les accords de prêt conclus en vertu de la nouvelle facilité. Néanmoins, les éléments clés qui distinguent la FRPC des programmes qui l'ont précédée sont déjà clairs.

Le processus participatif d'élaboration du Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) est l'innovation la plus importante de la nouvelle facilité. Tous les pays à faible revenu qui souhaitent obtenir un prêt du FMI ou de la Banque mondiale ou obtenir un allégement de leur dette en vertu de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) préparent ce document. Les autorités nationales s'appuient à cette fin sur des consultations élargies avec les parties prenantes, dont la société civile et les bailleurs de fonds, plutôt que sur des négociations avec les services du FMI ou de la Banque mondiale. L'objectif est d'intégrer l'évaluation de la pauvreté et l'élaboration des moyens de la combattre dans les politiques macroéconomiques officielles. Comme ce processus peut prendre beaucoup de temps, les pays produisent des DSRP intérimaires décrivant les politiques et les plans existants et les moyens envisagés pour élaborer le document définitif à partir d'une plus ample participation. Les programmes au titre de la FRPC peuvent donc incorporer certaines des améliorations du nouveau processus avant même que les DSRP ne soient achevés.

La FRPC a pour objectif fondamental de promouvoir des politiques davantage centrés sur la croissance et la réduction de la pauvreté et qu'une meilleure appropriation nationale permettra d'appliquer de façon plus cohérente. Les programmes appuyés par la FRPC sont ainsi issus des DSRP et plusieurs traits les distinguent clairement des programmes entrepris au titre de la FASR :

Certaines retombées sont déjà évidentes : une plus grande transparence; une évolution des dépenses publiques en faveur des pauvres; une plus grande attention accordée à la bonne gestion des affaires publiques et l'utilisation responsable des ressources publiques; une application plus rationnelle de la conditionnalité; et l'intention manifestée par certains bailleurs (par exemple, le Royaume-Uni et l'Union européenne), d'utiliser le DSRP pour la définition de leur assistance. D'autres changements en cours deviendront plus évidents avec le temps, à mesure que les processus participatifs seront mis en place et que les DSRP définitifs seront achevés.

Caractéristiques principales des programmes appuyés par la FRPC

L'utilisation de la FRPC met en évidence plusieurs des caractéristiques propres à cette nouvelle facilité. La plus important d'entre elles est l'ample participation du public et la plus grande appropriation des programmes par les pays. En fondant les programmes appuyés par la FRPC sur le DSRP du pays, on fera en sorte que la société civile participe à leur élaboration, que les autorités du pays conservent la pleine maîtrise du processus et que les programmes s'insèrent convenablement dans la stratégie globale de croissance et de réduction de la pauvreté. Ainsi, les services du FMI sont tenus de montrer au Conseil d'administration que ces programmes découlent de la stratégie de réduction de la pauvreté et qu'ils viennent compléter les activités et la conditionnalité de la Banque mondiale.

La nouvelle démarche a également pour effet important d'insister plus que par le passé sur la bonne gestion économique. Elle s'intéresse en outre davantage aux retombées sociales des grandes réformes lancées dans le cadre du programme. S'il est prévu d'entreprendre ce type de réformes, il conviendra désormais d'en analyser l'impact sur les pauvres (cette analyse est normalement confiée à la Banque mondiale, lorsque les autorités n'ont pas les moyens de s'en charger), et, le cas échéant, d'incorporer des mesures compensatoires dans le programme appuyé par la FRPC. Grâce à la meilleure appropriation du processus, la conditionnalité attachée à la FRPC peut et devrait être plus sélective, portant principalement sur les mesures essentielles au succès de la stratégie du pays, notamment dans les secteurs macroéconomique et financier.

Participation du public

La mise en valeur du processus participatif dans la préparation des DSRP est bien engagée. Les pouvoirs publics s'efforcent de promouvoir la participation des parties prenantes et des partenaires au développement aux discussions qui en sous-tendent l'élaboration, même dans des pays où cela n'est pas la tradition. Certains intervenants nationaux et certains bailleurs ont suggéré qu'il serait utile qu'ils participent plus tôt et qu'on leur fournisse plus d'informations en prévision des discussions; les services du FMI et de la Banque mondiale encouragent les pays à tenir compte de ces préoccupations.

Si le processus d'élaboration des DSRP doit émaner des pays, il est clair qu'il appartient aux autorités d'en assurer la direction. Le FMI ne peut accorder son appui qu'aux stratégies qui répondent véritablement aux besoins des pauvres et dont les possibilités de mise en œuvre sont crédibles. D'aucuns se sont inquiétés, au départ, du risque de voir le processus participatif miner la légitimité des pouvoirs publics, mais rien n'indique que cela se soit produit. Il appartient aux autorités de décider qui elles consulteront et comment elles le feront, et de déterminer la teneur finale de leur stratégie. Chaque pays doit élaborer son processus participatif à la lumière du contexte qui est le sien, et trouver un équilibre approprié.

Bonne gestion économique

La nouvelle démarche accorde une attention plus grande à la gestion des ressources publiques et, plus généralement, à la bonne gestion économique. Les budgets élaborés dans le cadre des programmes appuyés par la FRPC doivent se montrer plus favorables aux pauvres et à la croissance. Les dépenses publiques doivent être consacrées à des activités qui bénéficient clairement aux pauvres, notamment dans les cas où l'allégement de la dette en vertu des initiatives PPTE permet de libérer des fonds jusque-là consacrés au service de la dette. En même temps, les réformes fiscales doivent promouvoir l'équité et l'efficacité. Il convient également de donner à la politique budgétaire la souplesse nécessaire, notamment en ce qui a trait aux objectifs d'équilibre des finances publiques. Il faut prévoir une marge de manœuvre pour réagir aux chocs habituels tels que la détérioration des termes de l'échange ou les mauvaises récoltes. Il convient finalement de prévoir les moyens de dépenser l'aide étrangère pouvant devenir disponible au cours de l'année financière, lorsqu'il devient clair qu'elle peut servir à des fins productives.

On insiste également sur les mesures visant à améliorer la responsabilisation de la gestion des ressources publiques. La bonne gestion des finances publiques aux fins de l'amélioration des services et de l'utilisation adéquate des ressources libérées par l'allégement de la dette dans le cadre de l'initiative PPTE et des autres ressources publiques est au cœur des programmes appuyés par la FRPC.

Conditionnalité

La conditionnalité doit tenir compte de la nécessité de promouvoir l'efficacité des programmes et leur appropriation par les pays : c'est là un corollaire important de la décision de fonder les programmes appuyés par la FRPC sur les stratégies nationales de réduction de la pauvreté. La conditionnalité devrait viser à renforcer les priorités établies dans le cadre des stratégies nationales, et s'appliquer de façon plus mesurée, pour ne porter que sur quelques questions prioritaires plutôt que sur une foule de détails. La participation active de la Banque mondiale nécessite également qu'on établisse clairement la conditionnalité appliquée par les deux institutions, chacune s'attachant aux domaines relevant plus particulièrement de ses compétences. La Banque mondiale a mis en place le Crédit de soutien à la réduction de la pauvreté (CSRP) afin d'établir le lien avec les stratégies de réduction de la pauvreté.

Les progrès réalisés en matière de rationalisation de la conditionnalité dans les nouveaux accords appuyés par la FRPC (ceux négociés depuis la mise en œuvre de la nouvelle approche) se sont avérés prometteurs. Presque toutes les conditions structurelles attachées à ces programmes sont limitées à quatre domaines fondamentaux d'intervention du FMI : gestion des finances publiques (contrôle, comptabilité et vérification des dépenses); réforme fiscale; réforme du secteur des finances; et bonne gestion publique. Les programmes mis en œuvre dans certains pays comme le Bénin, la Guinée-Bissau et le Niger ne comportent aucune condition structurelle en dehors des finances publiques. Par ailleurs, le nombre de conditions imposées est généralement très inférieur à la moyenne observée dans le cadre de la FASR. Toutefois, des conditions plus détaillées s'appliquent toujours lorsqu'elles sont jugées nécessaires : les programmes adoptés au Kenya et au Cameroun, par exemple, sont assortis de conditions assez détaillées en matière de gestion des finances publiques qui reflètent le contexte particulier à ces pays.

Progrès réalisés dans la mise en œuvre de la nouvelle approche

De nombreux pays commencent à intégrer la nouvelle approche, mais les progrès réalisés dépendent, dans une certaine mesure, de l'état des travaux de préparation des DSRP. La plupart des pays admissibles à la FRPC n'en sont encore qu'aux premières étapes de l'élaboration de leur stratégie de réduction de la pauvreté. à l'heure actuelle, les Conseils du FMI et de la Banque mondiale ont examiné quatre DSRP (Burkina Faso, Mauritanie, Tanzanie et Ouganda), mais on s'attend à ce que d'ici la fin 2001, quelque deux douzaines de pays (dont 18 PPTE) aient achevé le processus. Entre-temps, 32 DSRP intermédiaires qui intègrent les données existantes sur la pauvreté et les politiques formulées par les pouvoirs publics ont été achevés dans un contexte moins participatif.

Les DSRP intérimaires se distinguent largement les uns des autres tant par leur contenu que par leur processus de préparation, mais ils se caractérisent tous par le degré élevé d'appropriation qu'en ont les pouvoirs publics. Chacun de ces documents trace la voie pour l'élaboration participative du DSRP définitif. En règle générale, le processus a donné des résultats plus rapides dans les pays qui disposaient déjà d'instances ou de plans nationaux de développement comme le Ghana, l'Ouganda et la Tanzanie.

Conclusion

Il est encore trop tôt pour distinguer des signes visibles de l'effet de la nouvelle démarche sur la croissance et la réduction de la pauvreté. Toutefois, des changements réels et importants ont été apportés aux programmes appuyés par le FMI dans le cadre de la nouvelle facilité. Ces programmes, en partant des stratégies participatives de réduction de la pauvreté, devraient permettre, mieux que les programmes antérieurs du FMI, d'améliorer concrètement le sort des populations les plus pauvres du monde.

Modalités de la FRPC

  • Au total, 77 pays à faible revenu sont admissibles à bénéficier de la FRPC.

  • Les principaux critères d'admissibilité sont le revenu par habitant et l'admissibilité au concours de l'Association internationale de développement (IDA), le guichet concessionnel de la Banque mondiale (pour qu'un pays soit admissible à l'IDA, il faut que son PIB par habitant de 1999 soit inférieur ou égal à 885 dollars).

  • Les pays admissibles peuvent emprunter à hauteur de 140 % de leur quote-part au FMI dans le cadre d'un accord de trois ans; ce plafond peut toutefois être relevé à un maximum de 185 % dans des circonstances exceptionnelles. L'accès maximum n'est pas automatique, le montant du prêt étant fonction des difficultés de balance des paiements du membre, de la vigueur de son programme d'ajustement, de l'encours des crédits du FMI et de ses antécédents en la matière.

  • Les prêts au titre de la FRPC sont assortis d'un taux d'intérêt annuel de 0,5 % et sont remboursables sur dix ans par paiements semestriels, avec un différé de cinq ans et demi.