Note d'information au public: Le FMI conclut les consultations de 2007 au titre de l'article IV avec la Tunisie

le 9 août 2007

Les notes d'information au public (NIP) font partie des efforts déployés par le FMI pour promouvoir la transparence de ses vues et de son analyse de l'évolution et des politiques économiques. Les NIP sont diffusées, avec le consentement du ou des pays concernés, après examen par le Conseil d'administration des consultations au titre de l'article IV avec les pays membres, de la surveillance de l'évolution régionale, du suivi post-programme et des évaluations a posteriori des programmes appliqués par les pays membres nécessitant un engagement à plus long terme. Les NIP sont diffusées aussi après examen par le Conseil d'administration de questions de politique générale, sauf dans les cas particuliers où le Conseil en décide autrement.

Note d'information au public (NIP) n°07/99
le 9 août 2007

Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu, le 3 août 2007, les consultations au titre de l'article IV avec la Tunisie1.

Informations générales

Grâce à une gestion macroéconomique efficiente et à une stratégie de développement axée sur l'extérieur, les résultats économiques de la Tunisie ces dix dernières années ont figuré parmi les meilleurs de la région, la croissance moyenne du PIB réel atteignant presque 5 % dans un environnement macroéconomique stable. Durant les deux dernières années, l'économie tunisienne a fait preuve d'une grande résilience face à la montée des cours du pétrole et des autres matières premières importées : la croissance a été relativement forte et la stabilité macroéconomique préservée.

La croissance du PIB réel s'est accélérée, passant de 4 % en 2005 à 5,4 % en 2006, grâce à un redressement de la production agricole, à l'expansion de l'industrie manufacturière hors textile et à la vitalité du secteur des services. La croissance robuste des revenus et l'abondance des liquidités ont stimulé la demande intérieure. Le taux de chômage est toutefois resté inchangé en 2006, à 14,2 %. Après avoir atteint un sommet au premier semestre de 2006, l'inflation a chuté rapidement, depuis que la Banque centrale de Tunisie (BCT) a resserré sa politique monétaire au second semestre. Le déficit des transactions courantes s'est creusé, mais la balance des paiements a affiché un excédent élevé grâce aux recettes de privatisation, ce qui a contribué à réduire la dette extérieure totale de 65,4 % du PIB en 2005 à 59,1 % en 2006. La politique budgétaire a été prudente. La bonne tenue des recettes non fiscales et la maîtrise des dépenses ont permis de réduire le déficit budgétaire à 2,9 % du PIB, soit bien en deçà des 3,6 % prévus dans la loi de finances.

Les indicateurs prudentiels se sont améliorés sensiblement en 2006 par rapport à 2003, le ratio des créances improductives au total des prêts baissant de 24 à 19,2 % et celui des provisions aux créances improductives augmentant de 43,1 à 49,2 %.

Les perspectives à court et à moyen terme restent positives. D'après les projections, la croissance s'accélérera pour avoisiner 6 % en 2007 sous l'effet d'une forte production agricole, d'une reprise dans les secteurs des textiles et des vêtements et de la croissance dynamique des exportations de services. L'inflation devrait demeurer modérée et les déficits budgétaire et extérieur devraient rester plus ou moins stables. Cependant, les perspectives positives à court terme reposent sur le retour de la production agricole à son niveau tendanciel, le maintien des cours du pétrole au-dessous de 70 dollars le baril et la poursuite de la croissance dans l'UE, le principal marché d'exportation de la Tunisie.

Le principal défi de la Tunisie est de créer suffisamment d'emplois pour les diplômés universitaires dont le nombre augmente rapidement, tout en réinsérant le nombre déjà élevé de chômeurs. C'est la priorité du XIème Plan, qui vient d'être publié et qui cherche à porter la croissance annuelle à plus de 6 % sur la période 2007-11 en continuant de faire de l'économie tunisienne une économie du savoir à forte valeur ajoutée, tout en intensifiant son intégration dans l'économie mondiale.

La Tunisie continue d'améliorer la qualité et la diffusion de ses statistiques et à accroître la transparence de sa politique économique. Elle a publié tous les documents du Conseil d'administration et toutes les déclarations des missions des services du FMI ces dernières années.

Évaluation par le Conseil d'administration

Les administrateurs souscrivent aux grandes lignes de l'évaluation effectuée par les services du FMI. Ils félicitent les autorités tunisiennes pour leur bonne gestion macroéconomique et leur attachement aux réformes structurelles, qui ont contribué aux bons résultats économiques de la Tunisie ces dix dernières années. La croissance a été stable et l'inflation maîtrisée, et les autorités s'emploient à remédier aux faiblesses du secteur financier et ont orienté la dette publique à la baisse. Pour la période à venir, le principal défi est de réduire le taux de chômage relativement élevé, en particulier parmi les diplômés universitaires. Les administrateurs sont d'avis que les autorités doivent continuer d'accélérer le rythme des réformes et de renforcer la situation macroéconomique, afin de rehausser la croissance et de réduire le chômage, tout en renforçant la flexibilité et la résilience de l'économie tunisienne à mesure que se poursuit son intégration dans l'économie mondiale.

Les administrateurs jugent que les perspectives à court et à moyen terme sont encourageantes et que la politique macroéconomique actuelle est appropriée et de nature à assurer la stabilité extérieure. Ils encouragent les autorités à rester vigilantes face aux risques de surchauffe, étant donné la hausse récente des prix des produits pétroliers, la nature probablement structurelle de l'excès de liquidités et l'incidence de gros projets d'investissement dans les infrastructures. Il est important de coordonner étroitement les politiques budgétaire et monétaire

Les administrateurs félicitent les autorités pour leur politique budgétaire prudente. La consolidation budgétaire doit se poursuivre afin de préserver la viabilité des finances publiques à long terme face aux pressions croissantes sur le budget, en particulier à cause du vieillissement de la population et de la baisse des recettes non fiscales et douanières. En conséquence, il convient d'élargir l'assiette fiscale, de renforcer l'efficience des dépenses et de poursuivre le remboursement de la dette par anticipation. Comme il est prévu que les cours du pétrole resteront élevés à moyen et à long terme, il serait souhaitable d'éliminer progressivement les subventions aux carburants, qui sont de plus en plus coûteuses.

Les administrateurs apprécient les mesures prises récemment pour redresser la position financière du système de sécurité sociale à moyen terme, et notent qu'il est important d'accélérer la réforme en profondeur du système qui est prévue. Ils sont d'avis qu'un cadre budgétaire davantage tourné vers l'avenir aiderait à analyser les questions budgétaires à moyen et à long terme liées au vieillissement de la population.

Les administrateurs estiment que le niveau actuel du taux de change est plus ou moins approprié. Étant donné l'adoption du ciblage de l'inflation qui est prévue à moyen terme, les administrateurs appellent les autorités à continuer d'assouplir le taux de change et à appuyer le développement du marché monétaire et du marché des changes, en réduisant le rôle de la banque centrale sur ces marchés. Ils conseillent aussi de poursuivre la libéralisation des prix, car la part relativement élevée des prix administrés dans l'indice des prix à la consommation pourrait compliquer la conduite de la politique monétaire, en particulier dans le contexte d'un ciblage de l'inflation. Enfin, les administrateurs encouragent la banque centrale à continuer d'informer les opérateurs des marchés du processus de réforme et de ses implications, et à renforcer ses capacités en matière de recherche et de prévision.

Les administrateurs saluent la stratégie globale de réforme du système financier fondée sur le programme d'évaluation du secteur financier et sa mise à jour, qui a déjà donné des résultats positifs. Ils souscrivent aux objectifs de réduction des créances improductives et d'accroissement des provisions pour les créances improductives qui subsistent d'ici fin 2009, bien que le second objectif exige peut-être une recapitalisation des banques. Un secteur bancaire dynamique et efficient sera essentiel pour une croissance plus forte et une transition saine vers la libéralisation totale du comte de capital. Les administrateurs encouragent les autorités à envisager des mesures supplémentaires pour renforcer la gestion des banques, redynamiser la culture du crédit, améliorer la gestion des risques et accroître la transparence financière.

Les administrateurs félicitent les autorités pour les progrès accomplis concernant l'intégration de l'économie tunisienne dans l'économie régionale et mondiale. Ils attendent avec intérêt de nouvelles avancées dans la simplification et la réduction des droits de douane multilatéraux. La poursuite de l'assouplissement du marché du travail, de la libéralisation du secteur des services et de l'amélioration du climat d'investissement renforcera la compétitivité et la flexibilité générale de l'économie, et aidera la Tunisie à tirer pleinement profit des avantages de la libéralisation des échanges.

Les administrateurs notent avec satisfaction les progrès accomplis dans l'application des mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, et appuient la demande par les autorités d'une assistance technique du FMI dans ce domaine.

Il est prévu que les prochaines consultations avec la Tunisie au titre de l'article IV se tiennent selon le cycle habituel de 12 mois.


Tableau 1. Tunisie : Principaux indicateurs économiques, 2002-07  
(Quote-part : 286,5 millions de DTS)
(Population : 10,0 millions ; 2005)
(PIB par habitant : 3.117 $EU ; 2006)
(Taux de pauvreté : 4,1 %, 2000)
(Principales exportations : textiles, biens électroniques et mécaniques, tourisme ; 2006)
 

 

           
          Est. Proj.
  2002 2003 2004 2005 2006 2007
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

Production et prix

(Variation annuelle en pourcentage)

PIB réel (prix du marché)

1,7 5,6 6,0 4,0 5,4 6,0

Prix à la consommation (fin de période)

1,6 4,5 1,2 3,7 3,3 3,0

Prix à la consommation (moyenne de la période)

2,7 2,7 3,6 2,0 4,5 3,0

Investissements et épargne

(En pourcentage du PIB)

Formation brute du capital

25,7 25,0 24,5 22,0 23,8 24,3

dont : public 1/

7,5 7,2 7,0 6,4 6,2 6,1

Épargne nationale brute

22,1 22,1 22,5 20,9 21,5 21,8

dont : public 1/

4,7 4,1 4,5 3,3 3,2 3,0

Finances publiques 2/

(En pourcentage du PIB)

Total recettes, hors dons et privatisation

24,4 23,7 23,8 23,6 23,8 22,9

Dépenses

27,8 27,1 26,6 26,9 26,7 25,8

Solde administration centrale (hors dons et recettes de privatisation)

-3,5 -3,4 -2,8 -3,2 -2,9 -2,9

Solde primaire administration centrale (hors dons et recettes

           

de privatisation)

-0,4 -0,6 0,0 -0,4 -0,1 -0,4

Total dette publique

61,5 60,5 59,4 58,3 54,0 52,5

Secteur monétaire

(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Crédits à l'économie

6,7 4,6 5,3 6,3 6,7 7,9

Monnaie centrale

1,8 5,5 12,2 21,9 17,5 17,1

Monnaie au sens large

5,2 6,3 10,3 11,0 11,5 9,1

Vitesse de circulation de la monnaie au sens large

1,6 1,7 1,6 1,6 1,5 1,5

Taux des bons du Trésor sur 3 mois (moyenne période, en %)

6,1 5,5 5,1 5,1 5,1 ...

Secteur extérieur

(En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Exportations de biens (en $EU, variation en pourcentage)

3,8 17,1 20,6 8,4 9,5 17,3

Importations de biens (en $EU, variation en pourcentage)

-1,9 14,7 17,6 2,9 12,4 16,1

Balance commerciale des marchandises

-10,1 -9,1 -8,6 -6,8 -8,2 -8,2

Compte courant, transferts officiels exclus

-3,5 -2,9 -2,0 -1,1 -2,3 -2,5

Compte courant, transferts officiels inclus

-3,2 -2,7 -1,6 -0,6 -1,9 -2,1

Investissements directs étrangers

3,6 2,1 2,1 2,6 10,3 2,6

Total dette extérieure

67,5 66,8 66,5 65,4 59,1 58,9

Réserves brutes (en milliards de dollars EU)

2,3 3,0 4,0 4,4 6,8 7,8

En mois d'importations de biens et de services de l'année suivante

2,7 3,0 3,5 3,7 5,1 5,0

En % de la dette extérieure à court terme (base échéance restante)

56,9 67,4 81,7 98,1 115,7 122,3

Pour mémoire :

           

PIB nominal (en milliards de dollars EU)

22,4 26,6 29,3 27,6 31,7 34,0

Taux de chômage (en %)

14,9 14,3 13,9 14,2 14,2 14,1

Importations nettes de produits pétroliers (en millions de $ EU)

221,7 328,8 407,1 393,5 631,0 92,8

Monnaie locale pour 1 dollar EU (moyenne de la période)

1,4 1,3 1,2 1,3 -3,6 ...

Taux de change effectif réel (moyenne annuelle, variation en %)

-0,2 -5,0 -3,4 -4,5 -0,8 ...

Indice boursier 3/

1119,2 1250,2 1331,8 1615,1 2331,1 2529,0
             
 

Sources : autorités tunisiennes et estimations des services du FMI.

1/ Hors entreprises publiques.

2/ L'exercice budgétaire correspond à l'année civile.

3/ TUNINDEX (1000 = 1/4/1998). Données pour 2007 au 22 juin 2007.


1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des informations économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui est soumis à l'examen du Conseil d'administration. À l'issue de cet examen, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. La présente NIP décrit les points marquants des discussions du Conseil.

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