Bulletin du FMI pour la société civile
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Bulletin pour la société civile
Novembre 2003
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au sommaire de ce numéro

Relations du FMI avec les OSC
 
À la une
   Un entretien avec Montek S. Ahluwalia
 
L'Assemblée annuelle 2003 à Dubaï
  Rapport du Comité monétaire et financier international (CMFI)
  Le dialogue avec la société civile à Dubaï
  Le FMI au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
  Le rôle du FMI dans les pays à faible revenu
  Guide sur les relations entre les services du FMI et les OSC — Ouverture du débat public
 
Sur le terrain
  David Yuravlivker, Équateur
  Dennis Jones, Guinée
  Jeremy Carter, Sri Lanka
 
Bloc-notes
  Autres réunions récentes entre les services du FMI et les OSC
  Mouvements de personnel et changements au sein du FMI
  Allocutions
  Publications

Relations du FMI avec les OSC

La présente édition du Bulletin pour la société civile paraît à un moment de débat intense sur les stratégies de développement économique. Les efforts déployés pour parvenir à un nouvel accord commercial mondial s'étant heurtés à de sérieux obstacles lors de la réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce à Cancun, en septembre, la communauté internationale se trouve face à un nouveau défi. De plus, les événements politiques survenus récemment en Amérique latine ont une nouvelle fois suscité des interrogations sur ce qui constitue une bonne stratégie économique. En même temps, de nombreux pays en développement de tous les continents ont accompli des progrès sur le plan économique, ce qui a encouragé le FMI à réfléchir à la meilleure contribution qu'il puisse apporter au développement à long terme et à la réalisation des Objectifs de développement pour le Millénaire.

Pour la plupart, ces questions étaient au centre des débats qui ont eu lieu en septembre à Dubaï, lors de l'Assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale. Le Comité monétaire et financier international (CMFI), instance ministérielle du FMI, s'est exprimé clairement sur l'échec de Cancun en réaffirmant l'attachement de la communauté mondiale au système commercial multilatéral, et il a discuté des stratégies d'aide au pays en développement (cf. l'article sur le communiqué du CMFI). Le Directeur général du FMI, Horst Köhler, a aussi évoqué ces questions dans son discours d'ouverture à l'Assemblée annuelle. De même, plusieurs séminaires et débats organisés à Dubaï en marge de l'assemblée ont porté sur des thèmes fondamentaux, notamment le rôle du FMI dans les pays à faible revenu (cf. article). Dans un document publié récemment, le FMI analyse comment il peut aider au mieux les pays à faible revenu tout en restant dans le cadre de son mandat ; il invite le public à faire part de ses observations à ce sujet. Dans le document sur la viabilité de la dette, qui touche de près cette question et était évoqué dans le dernier numéro du Bulletin d'information, le FMI réfléchit au meilleur moyen pour la communauté internationale d'aider les pays pauvres, notamment les plus lourdement endettés, à retrouver durablement un niveau d'endettement viable.

Les organisations de la société civile (OSC) sont aussi intervenues pendant l'Assemblée annuelle, en particulier les groupes du Moyen-Orient. Des représentants des OSC ont participé avec de nombreux autres personnes à une réunion publique avec Gordon Brown, Chancelier de l'Échiquier du Royaume-Uni et Président du CMFI, Trevor Manuel, Ministre des finances d'Afrique du Sud et Président du Comité du développement de la Banque mondiale, Horst Köhler, Directeur général du FMI, et James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale. C'était la première fois que ces quatre hauts dirigeants rencontraient ensemble des représentants des OSC. Au cours de cet échange, de nombreuses questions intéressant particulièrement les OSC ont été évoquées, en particulier l'un des points figurant à l'ordre du jour des réunions de Dubaï, à savoir "la voix et la représentation" des pays en développement dans les instances dirigeantes du FMI et de la Banque mondiale.

Une séance avec des représentants des OSC a été consacrée au tout récent "Guide sur les relations entre les services du FMI et les organisations de la société civile, préparé en étroite collaboration avec Jan Aart Scholte du Centre for the Study of Globalisation and Regionalisation de l'université de Warwick au Royaume-Uni sur la base des contacts qui ont déjà lieu entre les services du FMI et les groupes de la société civile. Ce guide a été distribué au personnel du FMI et affiché sur le site internet externe de l'institution, avec un appel à commentaires. Il est conçu comme un "document vivant" qui pourra être modifié en fonction de l'évolution sur le terrain des relations entre les services du FMI et les OSC.

Enfin, on trouvera dans cette édition du Bulletin un long entretien avec Montek Singh Ahluwalia, Directeur du Bureau indépendant d'évaluation du FMI, qui est chargé d'évaluer le travail du Fonds. Le BIE est devenu un intermédiaire de communication essentiel entre le FMI et la société civile, et M. Ahluwalia donne son point de vue sur ces échanges.

Comme d'habitude, la rédaction du Bulletin pour la société civile encourage les lecteurs du monde entier à lui faire part de leurs commentaires.

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À la une

Un entretien avec Montek S. Ahluwalia

Âgé de 60 ans, Montek Singh Ahluwalia est le premier directeur du Bureau indépendant d'évaluation (BIE) du FMI. Le BEI a été créé en 2001 pour fournir des évaluations objectives des travaux du FMI. Conformément à cette mission, le BIE établit son propre programme de travail indépendamment de la direction et du Conseil d'administration du FMI. En outre, M. Ahluwalia et ses successeurs ont l'interdiction de travailleur pour le FMI à l'avenir. Économiste de formation, M. Ahluwalia a commencé sa carrière à la Banque mondiale en 1968, avant de retourner 11 ans plus tard dans son Inde natale, où il a occupé les postes de Secrétaire aux finances du Ministère des finances, Secrétaire du Département des affaires économiques, Secrétaire au commerce, Secrétaire spécial attaché au Premier ministre et Conseiller économique du Ministère des finances. M. Ahluwalia a fait ses études à l'université de Delhi et à l'université d'Oxford. Il a pris ses fonctions de directeur du BIE le 9 juillet 2001.

Q : Dans quelle mesure considérez-vous que les OSC font partie de vos mandants ?

R : Elles en sont assurément une composante très importante. C'est en partie parce que les OSC reprochaient très vivement au FMI de manquer de transparence que le BIE a vu le jour. Comme cela est expliqué dans notre Rapport annuel, les OSC ont joué un rôle de premier plan pendant la période au cours de laquelle le Conseil d'administration réfléchissait à l'opportunité de créer le Bureau. Notre mandat est d'ailleurs très clair : nous avons entre autres pour mission de promouvoir une meilleure compréhension des activités du FMI parmi un groupe plus large de parties prenantes. Par conséquent, toute OSC qui s'intéresse à des questions qui relèvent du FMI fait partie des mandants du BIE.

Q : Quelles méthodes le BIE a-t-il mis au point pour communiquer avec la société civile ?

R : Nous avons imaginé des mécanismes d'échange à plusieurs stades. Premièrement, au stade de l'élaboration du programme de travail, nous avons prévu la prise en compte de contributions "latérales". Avant d'arrêter notre programme de travail, nous établissons un document de réflexion qui présente succinctement plusieurs possibilités ; nous l'affichons sur notre site internet et nous invitons toutes les parties concernées, dont les OSC, à faire part de leurs observations. Elles ont six semaines pour faire connaître leurs points de vue sur le thème qui, à leur avis, est le plus important, et même pour proposer des thèmes auxquels nous n'aurions pas pensé. Nous avons aussi organisé des discussions avec des groupes de la société civile qui souhaitent avoir des échanges de vues avec nous. Toutes ces contributions sont prises en compte lors de l'élaboration du programme de travail.

Une fois que nous avons choisi un thème, nous nous efforçons de veiller à ce que le protocole de l'étude ne pose pas d'a priori au sujet des questions essentielles et n'élude pas certaines préoccupations légitimes. Nous procédons en deux temps pour arrêter ce protocole. Tout d'abord, nous affichons un document de synthèse sur notre site internet, dans lequel nous indiquons quelles sont, à nos yeux, les principales questions à traiter et nous invitons le public à faire part de ses observations. Après examen des commentaires reçus, nous affichons le protocole définitif de l'étude sur notre site.

Enfin, nous invitons toutes les parties concernées, y compris les OSC, à apporter des contributions de fond sur les questions pertinentes indiquées dans le protocole de l'étude.

Q : Le but est-il de laisser les OSC décider des thèmes à étudier et de vos méthodes de travail ?

R : Non, pas de les laisser décider — c'est à nous que ce rôle revient — mais certainement de leur donner l'occasion de participer. En définitive, c'est le BIE qui a la responsabilité des évaluations, mais cette vaste consultation donne aux OSC l'occasion de se faire entendre. Elles peuvent légitimement nous critiquer si elles estiment que leurs points de vue n'ont pas été dûment pris en considération

Q : Comment les OSC participent-elles au processus d'évaluation proprement dit ?

R : Comme je l'ai dit, nous invitons les OSC à faire des observations de fond sur les questions pertinentes indiquées dans le protocole de l'étude. Si une OSC a beaucoup travaillé sur un dossier ou un pays particulier, elle peut nous envoyer ses documents et nous en tiendrons vraisemblablement compte. Le rapport final relève de notre responsabilité. Nous ne déléguons pas les évaluations aux OSC, mais nous sommes disposés à écouter ce qu'elles ont à dire.

Pour notre étude en cours sur l'Argentine, nous avons reçu énormément de contributions, non pas des OSC classiques, avec lesquelles nous sommes en contact régulier, mais de petits groupes de déposants argentins qui se plaignent de ce qu'ils considèrent comme une violation du droit de propriété, résultant de la conversion asymétrique en pesos des dépôts bancaires en dollars. Cet exemple illustre bien que les contributions peuvent vraiment prendre les formes les plus variées.

Q : L'internet est-il le seul moyen utilisé par le BIE pour communiquer avec les organisations de la société civile qui se trouvent dans des régions reculées ?

R : Non ; si nous n'utilisions que l'internet, nous ne pourrions pas toucher toutes les ONG concernées. Nous avons donc recours à la communication directe. Lors d'une consultation en Afrique en 2001, au cours de laquelle certains de nos agents ont rencontré un grand nombre de délégations nationales, nous avons compris que ce n'est pas parce qu'une information est affichée sur un site internet qu'elle est facilement accessible à tous. Il y a des problèmes d'accès dans nombre de pays, le téléchargement n'est pas facile et il y a la barrière de la langue. Nous nous employons actuellement à rendre nos documents plus accessibles à un public non spécialiste et dans des langues autres que l'anglais, qui est la langue du FMI. Dans le cas du projet concernant les crises du compte de capital, par exemple, certaines parties du rapport seront traduites et seront disponibles dans la langue locale.

Q : À ce jour, vous avez publié trois rapports. Ont-ils des thèmes en commun ?

R : J'en vois plusieurs. Par exemple, comment concilier franchise et transparence ? L'exercice de la surveillance confère au FMI un rôle important : il doit sensibiliser ses interlocuteurs aux problèmes qui se posent ou risquent de se poser dans leur pays. Tant que cela reste confidentiel, il n'y a pas de problème — vous pouvez être aussi franc que vous voulez en privé. Or, la mesure dans laquelle un pays sera disposé à être franc avec le FMI dépend du degré de transparence avec lequel le Fonds traitera ensuite les informations reçues. Il n'est pas facile de trouver le juste équilibre.

Autre thème commun : l'excès d'optimisme qui, dans le cas de nombreux pays, a marqué l'élaboration des programmes. Je citerai aussi le décalage entre la durée d'un programme du FMI et le délai nécessaire pour que les mesures à long terme produisent leurs effets. Un programme dure, tout au plus, trois ans. Or, de nombreux problèmes structurels demandent plusieurs années pour être corrigés. Si, dans votre programme, vous privilégiez les mesures devant donner des résultats en trois ans, vous serez amenés à vous concentrer sur le court terme, au détriment des mesures qui ont des effets à long terme. Pourtant, ce sont ces dernières qui sont plus importantes.

Q : Si cette tension entre franchise et transparence est incontournable, quelle approche a la préférence du BIE ?

R : Nous sommes favorables à ce que le FMI donne davantage d'importance à la transparence. Nous sommes bien conscients du fait qu'une transparence complète n'est pas toujours possible. Dans certains cas, elle risque d'avoir des effets trop perturbateurs et il y a lieu de s'en préoccuper, surtout s'il s'agit de porter un jugement alors que la situation est incertaine et s'il n'est pas sûr que le caractère probabiliste du jugement exprimé sera reconnu comme tel. Cette question a pris une acuité accrue du fait que, après les crises des années 90, l'idée a fait son chemin que le FMI doit jouer un rôle important dans l'information des marchés. Cette vision des choses repose sur la conviction que des marchés mieux informés se comporteront mieux et seront plus stables. D'où l'idée que la surveillance exercée par le FMI peut jouer un rôle déterminant. Si tel doit être le rôle du Fonds, la surveillance doit être plus transparente — le FMI doit dire aux marchés ce qu'il pense vraiment. Cela peut poser des problèmes. En effet, le souci de garder son influence en tant que conseiller peut amener le FMI à être moins critique des politiques économiques, mais au delà d'un certain point, la surveillance risque d'y perdre en efficacité.

Q : En ce qui concerne le décalage temporel dont vous avez parlé, il est ironique qu'il encourage à mettre l'accent davantage sur les résultats à court terme, ce que déconseillent les organisations multilatérales comme le FMI.

R : C'est vrai. Prenons l'exemple d'un pays qui a des problèmes de viabilité budgétaire parce que sa base d'imposition est trop étroite. Pour obtenir des résultats en deux ou trois ans, le plus simple peut consister à relever le taux d'une taxe existante. Or, ce qui est peut-être plus important à long terme, c'est d'élargir la base d'imposition et d'améliorer l'efficacité de l'administration fiscale. Cependant, il n'est pas sûr que ce type de résultat puisse être obtenu en trois ans. Il n'est tout simplement pas possible de restructurer une administration fiscale en trois ans.

Dans ces conditions, comment traiter le solde budgétaire à court terme ? Allez-vous réduire certaines dépenses ou bien allez-vous vous accommoder d'un déficit plus lourd ? La solution proposée par l'une de nos études est que le FMI mette à profit l'exercice de la surveillance pour s'entendre avec le pays sur une feuille de route devant mener aux réformes, en en laissant l'entière maîtrise au pays. Lorsque le moment vient d'élaborer un programme, le FMI pourrait se servir de cette feuille de route pour en tirer des solutions réalistes. Actuellement, ce mécanisme n'existe que pour les pays à faible revenu ; c'est le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), qui présente une feuille de route. Nous ne pensons pas que les autres pays devraient être obligés d'adopter la méthode du DSRP, mais nous estimons qu'il serait bon d'envisager la possibilité de faire de la surveillance un moyen d'encourager le dialogue avec les pays pendant les années hors programme et de les inciter à mettre au point leur propre feuille de route. Le risque est que la surveillance apparaisse trop abusive ; c'est un problème qu'il faut régler.

Q : D'après le rapport du BIE sur l'assainissement des finances publiques, l'application des programmes du FMI n'entraîne pas une réduction globale des dépenses sociales — ce qui semblerait aller plutôt dans le sens de ce que dit le FMI, et non ses détracteurs.

R : Les résultats de l'étude sont contrastés. Il en ressort effectivement que certains des reproches adressés couramment au FMI ne sont pas valables et que, globalement, les dépenses sociales ne diminuent pas forcément. D'un autre côté, il apparaît aussi que, très souvent, même si les dépenses sociales ne diminuent pas globalement, beaucoup de composantes essentielles de ces dépenses sont comprimées lorsque des difficultés budgétaires surgissent. S'il est impossible de résister aux demandes d'augmentation des salaires réels, par exemple, on peut se retrouver dans une situation où les salaires du secteur de la santé augmentent, mais l'argent disponible pour les médicaments diminue.

Que doit faire le FMI ? Il n'est pas question que des micro-détails de cette nature soient inclus dans un programme du FMI. Nous recommandons d'encourager les pays à réfléchir en période normale à ce qu'ils feraient pour préserver les programmes sociaux essentiels en période de difficulté. Ces idées pourraient être discutées à l'occasion des entretiens qui ont lieu dans le cadre de la surveillance exercée par le FMI. Les pays qui ont besoin d'aide pour mettre au point des mécanismes de protection pourraient l'obtenir auprès de la Banque mondiale.

Q : Beaucoup de vos recommandations pourraient être considérées comme allant trop loin. Comment les gouvernements ont-ils réagi ?

R : De notre point de vue, nous devons apprécier la réaction des gouvernements telle qu'elle s'exprime au Conseil d'administration. Nous nous félicitons que, pour l'essentiel, nos recommandations ont été largement approuvées par le Conseil — tant par les pays emprunteurs que par ceux qui, en général, n'empruntent pas au FMI. Parfois les réactions sont contrastées, mais cela n'a rien de surprenant. Il est vrai que ce que nous proposons va souvent au delà des interventions traditionnelles du FMI, mais notre rôle ne peut être utile que si nous testons les limites en nous efforçant de prendre en compte les préoccupations légitimes qui surgissent alors.

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L'Assemblée Annuelle 2003 à Dubaï

Rapport du Comité monétaire et financier international (CMFI)

Des hauts fonctionnaires du monde entier se sont retrouvés dans la région du golfe Persique cette année pour l'Assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale. Les conseils des gouverneurs des deux institutions, où siègent des ministres et gouverneurs de banques centrales des 184 pays membres, se sont réunis en séance plénière les 23 et 24 septembre à Dubaï, dans les Émirats arabes unis. Comme à l'accoutumée, cette réunion a été précédée d'une réunion distincte du Comité monétaire et financier international (CMFI) des gouverneurs du FMI.

Le communiqué du CMFI passe en revue le climat économique mondial et salue la multiplication des signes de reprise dans le monde. Cependant, le Comité a aussi relevé les risques auxquels sont exposés de nombreux pays et insisté sur la nécessité pour les pays riches comme pour les pays pauvres d'appliquer durablement des réformes vigoureuses pour soutenir une croissance équilibrée.

En outre, le CMFI a attiré l'attention sur un danger pour toute l'économie mondiale : la menace qui pèse sur la croissance du commerce international. Dans son communiqué, le Comité lance un appel pour que reprennent sans tarder les négociations sur le commerce et le développement (le cycle de Doha), qui ont été interrompues au début du mois de septembre, à Cancun, au Mexique. Une fois que ces pourparlers auront été remis sur les rails, ont dit les ministres, les gouvernements devraient se concentrer sur l'ouverture des marchés, avec des conditions d'accès équitables, et la réduction des subventions qui faussent les échanges dans tous les domaines — surtout dans le secteur agricole. Seule l'expansion du commerce permettra une croissance mondiale solide et la réalisation des objectifs de développement approuvés par toute la communauté internationale. Le CMFI a entériné une initiative du FMI visant à aider les pays à faire face aux effets des réformes commerciales.

En ce qui concerne les défis que doivent relever les pays industrialisés, le CMFI a recommandé que les politiques monétaires continuent de soutenir la demande dans un contexte d'inflation faible, et que les politiques budgétaires soient axées sur la réduction des déficits à moyen terme, tout en gardant une certaine souplesse à court terme en cas de repli de l'activité. Il estime que l'application résolue de réformes structurelles ainsi que l'amélioration de la gouvernance et de la transparence des entreprises sont des conditions fondamentales d'une croissance plus forte et équilibrée au niveau mondial. Il a notamment formulé les recommandations suivantes : les États-Unis devraient axer leur politique budgétaire sur le renforcement de la viabilité des finances publiques à moyen terme ; l'Europe devrait poursuivre ses réformes structurelles pour stimuler l'emploi et l'investissement ; et le Japon devrait renforcer le secteur bancaire et celui des entreprises.

Pour ce qui est des pays à faible revenu, le Comité a noté que nombre d'entre eux avaient renforcé leur politique macroéconomique et entrepris des réformes, qui ont amélioré les perspectives de croissance. Mais les ministres ont aussi souligné qu'une nette accélération de la croissance serait nécessaire pour réduire la pauvreté et atteindre les Objectifs de développement pour le Millénaire. La consolidation des institutions et du cadre de la politique économique, une meilleure gouvernance, de meilleurs débouchés commerciaux et des flux d'aide plus abondants et plus efficaces sont autant d'éléments indispensables, ont-ils dit.

Le CMFI a affirmé que le FMI continuerait de venir en aide aux pays à faible revenu, en ajoutant que des initiatives s'imposaient pour améliorer ce soutien. Ces initiatives pourraient prendre la forme de mesures tendant à garantir que le cadre de la politique macroéconomique favorise une croissance plus forte et soutenue et la réduction de la pauvreté, et à réduire la vulnérabilité aux chocs. En outre, le FMI devrait aider les pays à s'affranchir d'une longue dépendance à l'égard de ses concours financiers. En ce qui concerne l'Afrique, les pays africains devraient poursuivre activement la mise en œuvre dans toute la région du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), afin en particulier de créer un terrain plus propice à l'investissement et à une croissance tirée par le secteur privé.

Par ailleurs, le CMFI a invité le FMI à mettre au point des stratégies, en collaboration avec la Banque mondiale, afin d'aider les pays à mettre en œuvre les politiques nécessaires pour obtenir un allégement de dette au titre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et sortir durablement du surendettement. Le Comité a engagé instamment tous les créanciers qui ne l'ont pas encore fait à débloquer la totalité de l'allégement de dette et invité le FMI à faire rapport sur le respect des engagements pris par les pays. Reconnaissant qu'il est important d'accorder, le cas échéant, un complément d'allègement aux bénéficiaires de l'initiative PPTE, le Comité a pris note des discussions en cours sur la méthodologie y afférente et ses conséquences financières.

Le CMFI a exprimé son soutien en faveur d'un effort multilatéral pour reconstruire l'Iraq, et s'est dit favorable à ce que le FMI fournisse à ce pays une aide financière et son concours dans d'autres domaines.

Le CMFI a réaffirmé que l'exercice par le FMI d'une surveillance renforcée et efficace était indispensable pour renforcer la prévention des crises et promouvoir la stabilité et la croissance durable de l'économie mondiale. Il examinera en 2004 le résultat des efforts déployés pour améliorer la qualité et l'efficacité de sa surveillance et pour en faire un meilleur instrument de persuasion. Le Comité a souligné qu'il était important que les conseils que le FMI fournit à ses membres soient caractérisés par une plus grande transparence et une plus grande franchise. Enfin, il a salué le travail accompli par le Bureau indépendant d'évaluation, créé il y a deux ans (cf. l'article à ce sujet dans ce numéro), pour développer la culture de l'apprentissage, l'efficacité et la responsabilité du FMI.

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Le dialogue avec la société civile à Dubaï

L'Assemblée annuelle est l'occasion d'organiser une multitude de consultations et de séminaires en marge des réunions officielles. Les autorités de Dubaï ont pris d'excellentes dispositions pour permettre aux représentants des OSC d'y assister, ce qui a facilité l'organisation sur presque toute une semaine de séances de dialogue avec la société civile. Certaines séances ont été organisées par les OSC elles-mêmes, d'autres par des fonctionnaires des deux institutions. Étant donné que c'était la première fois que l'Assemblée annuelle se tenait au Moyen-Orient et que de nombreux représentants d'OSC locales n'avaient pas assisté aux assemblées précédentes, les discussions ont comporté, entre autres sujets, un tour d'horizon du travail accompli au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. D'autres séances ont été consacrées aux pays à faible revenu et à l'information des OSC par le FMI.

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Le FMI au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Mohamad Chatah et Zubair Iqbal (respectivement du Département des relations extérieures et du Département Moyen-Orient du FMI) ont animé une séance d'information sur la diversité du travail du FMI dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MOAN). Cette diversité reflète l'étendue géographique de la zone relevant du Département Moyen-Orient, qui ne comprend pas seulement les pays arabophones mais aussi des pays aussi éloignés que le Soudan et le Pakistan. Et cette couverture géographique va encore s'agrandir à la suite de la réorganisation du FMI, qui étend la compétence de ce département (rebaptisé "Département Moyen-Orient et Asie centrale") à plusieurs pays d'Asie centrale (à compter du 1er novembre).

Les questions posées par les 15 participants traduisaient les principales préoccupations de la région, dont la plupart dépassent largement le simple souci de parvenir à la stabilité macroéconomique. Les conseils de politique économique devraient-ils porter davantage sur l'amélioration de la répartition des revenus que sur la croissance ? Le FMI peut-il soutenir les progrès de la démocratie ? Le FMI pourrait-il imposer des conditions tendant à améliorer la bonne gouvernance ? Que pourrait faire le FMI pour venir en aide à la Palestine ? Comment le FMI pourrait-il faire profiter les OSC de son aide au renforcement des capacités ?

Compte tenu du mandat du FMI, ces questions ne relèvent pas directement de lui ou de lui seul. MM. Iqbal et Chatah ont expliqué que le FMI avait trois grands domaines de compétence : les conseils et le dialogue de politique économique dans le cadre de ses activités de "surveillance", le renforcement des capacités par le biais de son assistance technique et l'octroi de prêts. La mission centrale du FMI concerne les politiques macroéconomiques et financières, mais ses conseils débordent inévitablement le cadre restreint de la stabilité macroéconomique. Le changement structurel est la grande priorité dans de nombreux pays : réforme du secteur financier, consolidation des finances du secteur public aux moyens de réformes dans le domaine de la fiscalité et des dépenses publiques, promotion de la transparence et aide à la diversification des économies.

Dans les pays qui sortent d'un conflit — tels que l'Afghanistan, l'Iraq ou la Palestine —, le FMI a essentiellement pour tâche de rétablir ou de créer les capacités nécessaires pour mettre en place les bases d'un système monétaire et financier efficace et d'une bonne gestion du secteur public. En pareil cas, les conseils et l'assistance technique sont fournis même s'il est impossible d'octroyer des prêts. Dans ce type de situation, comme d'ailleurs dans la plupart des pays, le FMI travaille en étroite collaboration avec d'autres organismes internationaux — la Banque mondiale, les Nations Unies et les donateurs bilatéraux — pour faire en sorte que sa contribution porte ses fruits et aille bien dans le sens des objectifs nationaux et des stratégies internationales.

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La función del FMI en los países de bajo ingreso

Le FMI a ouvert un débat public au sujet d'un document consacré à son rôle dans les pays à faible revenu. L'Assemblée annuelle de Dubaï a offert une bonne occasion d'engager un dialogue direct à ce sujet. Deux séminaires y ont été organisés, l'un à l'intention des invités et visiteurs officiels de l'assemblée, l'autre à l'intention plus particulièrement des organisations de la société civile. On trouvera ci-après un compte rendu de ces deux séminaires.

Exposé des données du problème
En ouvrant les débats, Mark Plant, Conseiller au Département de l'élaboration et de l'examen des politiques du FMI, a émis l'idée que, pour accroître leurs chances d'atteindre les Objectifs de développement pour le Millénaire (ODM), les pays à faible revenu devaient adopter des politiques propres à favoriser la croissance et la lutte contre la pauvreté. Mais il faudra aussi qu'ils reçoivent beaucoup plus d'assistance — tant technique que financière — dont une grande partie sous forme de dons. Comment le FMI peut-il apporter un concours aussi efficace que possible, compte tenu du fait que ce n'est pas une institution de développement et qu'il n'a ni les moyens ni le mandat de contribuer aux importants flux de ressources à long terme indispensables pour atteindre les ODM ? Pour sa part, le FMI peut aider les pays à parvenir à la stabilité macroéconomique nécessaire à une croissance durable et à faire face aux chocs venus de l'étranger.

Mais comment les programmes appuyés par le FMI peuvent-ils aller au delà de la stabilité macroéconomique pour favoriser une croissance plus forte et durable ainsi que la réduction de la pauvreté ?

M. Plant a dégagé plusieurs principes pour éclairer le débat. Le FMI restera engagé à long terme dans les pays à faible revenu, en faisant du Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) le cadre de sa collaboration avec ces pays pour atteindre les ODM. Il est souhaitable d'accroître l'aide, mais, à terme, le but doit être d'amener ces pays au point où ils pourront avoir recours essentiellement aux sources privées de financement. Et le FMI doit travailler avec les pays développés pour faire en sorte que leurs politiques — surtout dans les domaines commercial et agricole — contribuent à la croissance des pays à faible revenu. Le FMI se concentrera sur ses principaux domaines de compétence, à savoir les politiques macroéconomiques et financières. Son assistance prendra surtout la forme de conseils de politique économique, qu'il fournira par le biais de la surveillance et de l'assistance technique, et de programmes appuyés par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC).

Le débat
Les intervenants se sont félicités que le FMI soit disposé à ouvrir un débat. La plupart ont réclamé que la place accrue accordée à l'internalisation des réformes soit accompagnée d'une plus grande souplesse de la part du FMI. Lucie Kasanga, de Jubilee Zambia, a insisté sur l'importance que le FMI multiplie ses évaluations au niveau national, en faisant valoir qu'il doit s'intéresser davantage au contexte social et politique qui servira de toile de fond aux politiques économiques et aux stratégies de réduction de la pauvreté. Elle a aussi regretté que le FMI n'ait pas jugé bon de procéder à une revue plus large des DSRP.

Selon Saifur Rahman, Ministre des finances et de la planification du Bangladesh, le FMI et la Banque mondiale doivent parvenir à une meilleure coordination s'ils veulent que leurs conseils soient plus efficaces. M. Rahman a aussi souligné que les flux de capitaux privés ne se matérialiseraient que lorsque les pays en développement auront créé des conditions propices à l'expansion du secteur privé — ce qui est un processus de longue haleine. Ulan Sarbanov, Président de la Banque nationale de la République kirghize, estime que le FMI doit s'occuper d'autres questions, même si elles dépassent le cadre de ses principaux domaines de compétence. À titre d'exemple, si un pays a un vaste secteur public, le FMI ne doit pas s'intéresser uniquement à la politique fiscale, mais aussi au secteur de l'énergie ou au secteur financier si c'est de là que viennent les problèmes macroéconomiques.

Aux yeux de Paul Ladd, de Christian Aid, les conseils du FMI devraient s'appuyer fermement sur les ODM ainsi que sur les analyses d'impact sur la pauvreté et la situation sociale. Il estime aussi qu'il faut réduire le rôle de "gardien du temple" du FMI — dont les donateurs et les investisseurs attendent le feu vert pour débloquer leurs propres prêts.

Les débats ont touché à de nombreux sujets. Parmi les thèmes récurrents ont figuré la nécessité de fonder le travail du FMI sur les ODM et, dans le même ordre d'idée, l'importance extrême de la lutte contre le VIH/sida pour en atténuer les effets sur l'économie des pays africains. D'autres intervenants ont demandé que les programmes des pays pauvres appuyés par des prêts du FMI soient davantage en phase avec les stratégies de réduction de la pauvreté de ces pays, afin que les conditions des premiers n'entravent pas la réalisation des objectifs des secondes.

Des participants ont aussi mis en question certains aspects des politiques soutenues par le FMI, en particulier la privatisation — dont les avantages, selon eux, restent à prouver — et la façon, qualifiée de "mécanique", dont sont élaborés les programmes de stabilisation. Un intervenant a fait valoir qu'il serait préférable de se concentrer davantage sur la répartition des revenus, plutôt que sur la croissance, qui profite plus aux riches. D'autres participants ont mis en exergue le rôle important que peut jouer l'assistance technique et beaucoup ont repris à leur compte l'appel en faveur d'une plus grande souplesse et d'une plus grande sensibilité des conseils de politique économique.

Les lecteurs sont invités à participer à ce débat en faisant connaître leurs observations sur le document intitulé "Le rôle du FMI dans les pays membres à faible revenu", qui sera disponible (en anglais) sur le site du FMI jusqu'au 31 décembre 2003. Veuillez envoyer vos observations, le 31 décembre au plus tard, à l'adresse suivante : licfundrole@imf.org.

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Guide sur les relations entre les services du FMI et les OSC — Ouverture du débat public

Les représentants des OSC présents à Dubaï ont salué, avec quelques réserves, le "Guide sur les relations entre les services du FMI et les organisations de la société civile", peu avant sa diffusion. Ce guide a désormais été distribué au personnel du FMI et a été publié avec un appel à commentaires. À Dubaï, un groupe de discussion au sujet de ce guide s'est réuni avec la participation de Michael Bell, du Département des relations extérieures du FMI, Alan Whaites, Directeur pour les politiques et actions internationales à World Vision International, et Wahyu Widiarto, Directeur de l'Institut du développement et de l'analyse économique d'Indonésie. Environ 25 participants ont assisté aux discussions.

M. Bell a retracé l'historique du guide : i) un premier projet a été élaboré par Jan Aart Scholte, professeur au Centre for the Study of Globalisation and Regionalisation de l'université de Warwick au Royaume-Uni, sur la base de consultations avec les services du FMI ; ii) un deuxième projet a été rédigé après une vaste consultation coordonnée par M. Scholte, au cours de laquelle les représentants d'une trentaine d'OSC ont examiné le document, qui faisait parallèlement l'objet d'un examen interne au FMI; et iii) un projet final a été établi après une dernière série de consultations des services du FMI. Selon M. Bell, ce processus a révélé qu'une quantité surprenante de contacts et d'échange d'informations avaient déjà lieu entre l'ensemble des services du FMI et la société civile. Cependant, il a noté un souci pratiquement constant chez le personnel du FMI : celui de tenir compte des conséquences, sur le plan des ressources nécessaires, d'une information accrue de la société civile. La recherche d'un juste équilibre à cet égard a fait partie des principales questions soulevées pendant la dernière série de consultations.

M. Whaites a rappelé qu'un document de World Vision publié antérieurement avait identifié trois domaines essentiels — les capacités institutionnelles, la culture de communication et le processus de dialogue — dans lesquels le FMI se devait d'agir s'il voulait améliorer ses relations avec la société civile. Selon lui, le guide ne traite qu'un seul de ces domaines : le processus de dialogue. D'après l'expérience de World Vision, les relations sur le terrain avec les services du FMI sont souvent difficiles. Il y a encore beaucoup à accomplir, surtout en ce qui concerne la capacité du FMI d'entreprendre une véritable politique d'information dans les pays. M. Whaites regrette aussi que le FMI se soit cantonné à un guide indicatif, au détriment de la note d'orientation plus directive qui avait été envisagée dans un premier temps.

Pour M. Wahyu, la question fondamentale et déterminante à se poser pour apprécier l'utilité du guide est de savoir s'il encourage l'internalisation. Le guide semble confirmer l'existence d'un fossé entre les élites — les décideurs — et les citoyens. Par exemple, demande M. Wahyu, comment les OSC peuvent-elles faire progresser l'internalisation dans un pays aussi gigantesque que l'Indonésie ? Les obstacles sont énormes : les OSC n'ont guère accès à l'information, aux processus décisionnels ou aux décideurs. Comment de véritables progrès sont-ils possibles dans ces conditions ?

Le débat animé qui a suivi a fait écho à ces préoccupations :

  • La démarche est trop prudente ; elle se soucie trop des intérêts des gouvernements ;

  • Le guide paraît incomplet, dans la mesure où il fait abstraction de nombreux détails institutionnels, en particulier du rôle de la société civile elle-même dans les pays ;

  • S'attendre à ce que les services du FMI évaluent d'abord le "statut légal" des OSC peut poser des problèmes dans les pays où la société civile n'a que des droits limités ou est à peine reconnue ;

  • Lorsqu'ils évaluent la légitimité des OSC, les services du FMI devraient être conscients du fait que, parfois, les gouvernements créent des OSC artificielles ;

  • Les services du FMI ne devraient pas laisser les considérations de coût l'emporter sur leur intention de poursuivre le dialogue ; ils doivent trouver le temps nécessaire, au besoin en renonçant à d'autres activités ;

  • Bien souvent, il n'y a tout simplement pas de dialogue. Les gens continuent d'avoir le sentiment que personne ne les écoute, comme ce fut le cas récemment en Argentine lors de la controverse sur le prix de l'électricité.

  • Le FMI ne doit pas réinventer la roue ; il devrait mettre à profit l'expérience et les compétences des autres organisations internationales, en particulier la Banque mondiale et les Nations Unies.

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Sur le terrain

Une visite dans le Sud de l'Équateur
David Yuravlivker, Représentant résident en Équateur

Avec Mac Benjamin, représentant de la Banque mondiale en Équateur, j'ai participé à une réunion d'une demi-journée avec la société civile et les autorités locales dans la province méridionale de Loja. Il s'agissait d'une des réunions de suivi organisées dans le prolongement des consultations avec la société civile qui avaient eu lieu lors de la préparation du récent document sur la stratégie-pays.

La première partie de la réunion a été consacrée à la stratégie de la Banque mondiale en Équateur et la seconde à la situation et aux perspectives économiques du pays. Une trentaine de personnes étaient présentes, parmi lesquelles des représentants des communautés indigènes de la province.

Les participants ont soulevé les questions suivantes : les coûts sociaux de l'émigration vers d'autres pays, l'accès insuffisant au crédit pour les collectivités locales et les entreprises, l'augmentation de la pauvreté et ses liens avec la dollarisation, le conflit apparent entre les institutions financières internationales et les mouvements sociaux, l'incapacité apparente des institutions multilatérales d'être à l'écoute des citoyens ordinaires, et la nécessité de faire en sorte que ce ne soit pas toujours les pauvres qui supportent le poids des programmes d'ajustement.

J'ai fait un compte rendu des nombreuses discussions que nous avions eues avec les dirigeants indigènes au niveau national, en faisant observer que nous étions ouverts aux points de vue exprimés au niveau local. J'ai ensuite présenté les grandes lignes de notre programme en insistant sur le fait que la plupart de ses composantes concernaient directement les sujets qui préoccupaient les participants, notamment les mesures anti-corruption visant l'Office des douanes et la Agencia de Garantia de Depositos (agence de garantie des dépôts). Un participant a aussi posé une question sur la subvention au gaz de cuisine, ce qui a permis d'expliquer pourquoi le FMI préfère des subventions transparentes profitant aux gens plutôt que des subventions régressives visant des produits. L'auditoire s'est montré très intéressé par notre approche.

Dans la soirée, nous avons dîné avec le maire de Loja et le recteur de l'université technique privée de Loja. Le maire est très dynamique, jouit d'une bonne réputation dans tout le pays et a été réélu plusieurs fois. Il attache beaucoup d'importance à la protection de l'environnement, comme en témoigne la propreté et le bon entretien de la ville. Un tiers environ des revenus de la ville provient des impôts locaux, un tiers des transferts de l'administration centrale et le reste de sources externes. Ses principales plaintes sont que l'administration centrale a pris du retard dans le paiement des transferts et que les grandes villes de Quito et Guayaquil se servent d'abord en ne laissant que des miettes aux autres villes.

Globalement, la visite a été productive. En particulier, le forum organisé par la Banque mondiale, qui entretient un dialogue constant avec la société civile, a été très utile pour expliquer le programme du FMI et entendre directement les points de vue de la population locale. Les habitants de la ville ont apprécié que le FMI leur rende visite pour les écouter directement et espèrent qu'ils auront d'autres occasions de poursuivre ce dialogue.

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Une rencontre avec le secteur privé de Guinée
Dennis Jones, Représentant résident en Guinée

J'ai rencontré le Conseil national du secteur privé en Guinée le 21 août, en compagnie de l'ambassadeur du Canada, pour expliquer en termes généraux le rôle du FMI et pour discuter des relations actuelles entre le FMI et la Guinée ainsi que des recommandations formulées récemment par le Fonds. La réunion a porté essentiellement sur le dérapage du programme économique actuel. Les échanges ont été animés et francs, et les cadres ont donné de nombreux exemples des difficultés auxquelles ils se heurtent. De notre côté, nous avons pu clarifier certains aspects importants du rôle du FMI, en précisant par exemple qu'il n'accorde pas un soutien budgétaire direct aux gouvernements or qu'il ne prête pas d'argent directement aux entreprises, et en expliquant les différences entre le FMI et la Banque mondiale. Cette rencontre sera suivie de réunions régulières de même nature, sans doute tous les trois mois. Pour faire mieux connaître les activités du FMI, j'ai aussi organisé le 12 août une table ronde avec la presse locale et internationale en Guinée.

Les médias locaux ont rendu compte de façon complète et impartiale des réunions avec la presse et les entrepreneurs. Les missions du FMI rencontrent habituellement divers groupes de la société civile pendant leur séjour dans le pays, dont le plus récent date de mai 2003 à l'occasion des consultations au titre de l'article IV. J'ai l'intention de rencontrer moi-même un large éventail d'associations civiles au cours des mois à venir.

Pour faciliter l'accès aux informations sur les relations entre le FMI et la Guinée, la mission résidente en Guinée a mis en service un nouveau site internet (www.imf.org/conakry). On y trouvera certains documents du FMI ainsi que d'autres informations en anglais et en français. L'existence de ce site a été portée à la connaissance d'un grand nombre d'entités (donateurs, administrations publiques, organisations de la société civile). Jusqu'à présent, les réactions sont positives.

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La société civile de Sri Lanka prend la parole
Jeremy Carter, Représentant résident principal au Sri Lanka

Dans le cadre du dialogue avec la société civile, j'ai rencontré 16 représentants de groupes locaux à Colombo le 29 juillet, avant l'arrivée en août de la mission chargée des consultations au titre de l'article IV. Les représentants de la société civile ont posé des questions sur la manière dont les programmes du FMI sont conçus et exécutés, ainsi que sur la politique économique menée par leur gouvernement. Ce sont là des questions politiquement très sensibles, mais les discussions se sont déroulées dans une bonne ambiance.

Parmi les participants se trouvaient des personnes critiques à l'égard de la stratégie de développement du gouvernement, telle qu'elle est exposée dans le document intitulé "Regaining Sri Lanka" ("Se réapproprier Sri Lanka"), à laquelle le FMI et la Banque mondiale ont donné leur aval et estimé pouvoir s'appuyer pour accorder leurs concours. En particulier, Sarath Fernando, du Mouvement pour une réforme foncière et agricole nationale, a fait valoir que le plan retenu allait accroître l'écart entre les riches et les pauvres, et encourager l'exode des paysans pauvres vers les villes. Il a ajouté que les auteurs de cette stratégie n'avaient pas tenu compte des suggestions de leurs critiques.

J'ai expliqué que, du point de vue du FMI, le soutien apporté à l'ensemble de cette stratégie ne signifiait pas forcément que le FMI était d'accord avec tous ses détails. J'ai aussi fait observer que les stratégies de réduction de la pauvreté déjà adoptées par le gouvernement en place et le gouvernement précédent avaient produit des résultats positifs. À propos d'une question connexe posée par Sarath Iddamalgoda, de Janawa Bode Kundara (Sensibilisation du public), qui critiquait les conditions de travail et de vie dans les zones franches, j'ai fait remarquer que le FMI désapprouvait les violations du droit du travail et encourageait les gouvernements à travailler avec les syndicats pour revoir la législation du marché du travail.

Gloria De Silva, du Centre pour les services familiaux, a regretté que le parlement n'exerce qu'un contrôle limité sur la politique économique. J'ai répondu que le FMI est favorable à une plus grande participation des membres du parlement, tout en reconnaissant que, à l'heure actuelle, ce contrôle était faible. À des questions connexes sur la conditionnalité des programmes du FMI et sur la qualité des données de l'administration, j'ai répondu que tout portait à croire que les données communiquées par l'administration étaient exactes. J'ai précisé que les OSC étaient encouragées à se mettre en relation avec le FMI si elles veulent obtenir des renseignements sur les données utilisées pour suivre le programme appuyé par le FMI. Pour ce qui est des conditions dont sont assortis les prêts, j'ai noté que tous les gouvernements qui empruntent au FMI s'engagent à atteindre un certain nombre d'objectifs chiffrés et à adopter les politiques indispensables à la réalisation des objectifs globaux de leur programme économique. Cependant, ces objectifs sont à considérer davantage comme des points de repère et non comme des objectifs stricts et rigides ; ils permettent au gouvernement du pays et au FMI de suivre et, au besoin, de corriger les politiques appliquées.

J'ai dit l'importance que j'attachais à ce que la société civile continue de faire part de ses idées, en soulignant que le FMI était disposé à incorporer ces contributions dans ses programmes de prêt futurs, même s'il ne saurait garantir qu'elles seront toutes systématiquement prises en compte. Mais même celles qui sont écartées enrichissent le débat. Dans le même ordre d'idée, les participants ont été invités à rencontrer la mission du FMI en août pour poursuivre le dialogue (la réunion a eu lieu depuis), des réunions similaires étant en préparation aussi avec les syndicats.

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Bloc-notes

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Autres contacts entre des représentants du FMI et des OSC

  • Le 19 août, Mark Plant, Conseiller au Département de l'élaboration et de l'examen des politiques (PDR) a assisté à un séminaire international DSRP-société civile à Copenhague. Ce séminaire était parrainé par la Coalition Nord-Sud du Danemark et a rassemblé des représentants d'organisations de la société civile des pays nordiques et leurs partenaires/affiliés en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Les participants ont manifesté une impatience croissante à l'égard du processus DSRP, et des promesses de "changements à venir" des institutions financières internationales : les OSC ont déclaré qu'elles entendent ce refrain depuis trois ans, mais ne voient guère de changements concrets.

  • Le 28 août, Godfrey Kalinga, Chef de Division au Département Afrique (AFR) et le Directeur PPTE de la Banque mondiale, Vikram Nehru, ont participé à un débat sur la dette de l'Afrique avec Njoki Njehu, du réseau 50 Years is Enough et Albert Gyan Jr., consultant sur les questions d'économie et de développement international. Ce débat était organisé par afrikafé, organisation de professionnels et d'expatriés africains basée à Washington.

  • Le 5 septembre 2003, la Coalition New Rules for Global Finance et la Fondation Friedrich Ebert ont organisé une discussion-débat sur le thème Démocratie et développement : propositions du FMI et de la Banque mondiale en vue des réformes de la gouvernance, qui s'est tenue à la Banque mondiale. Ce débat faisait suite à une rencontre de discussion qui s'est tenue en mars au FMI. Guillermo Le Fort (administrateur du FMI pour le Chili), a participé à cette réunion.

  • Les 9 et10 septembre, Kristin Roesser, du Département des relations extérieures du FMI, et Axel Palmason, du Bureau du FMI auprès de l'ONU, ont assisté à New York à la 56e Conférence annuelle Département de l'information/ONG sur le thème Sécurité et dignité : tenir la promesse de l'ONU. Cette conférence a réuni plus de 2000 représentants de quelque 700 ONG.

  • Les 11 et 12 septembre, le FMI et la Banque mondiale ont organisé au siège du FMI à Washington un atelier sur la viabilité de la dette des pays à faible revenu. Cet atelier a réuni des responsables des pays donateurs et bénéficiaires, des représentants des institutions internationales et des OSC, des milieux universitaires et de laboratoires de réflexion. Les discussions — ainsi que les séances qui ont précédé cet atelier, à Paris, Berlin, et Accra au cours des mois de mai et juin — ont alimenté l'analyse développée dans un rapport conjoint FMI-Banque mondiale sur les implications stratégiques de la viabilité de la dette des pays à faible revenu.

  • Axel Palmason, du Bureau du FMI auprès de l'ONU, à participé le 18 septembre à une table ronde ONU-ONG à New York sur les moyens de financer les Objectifs de développement du Millénaire (ODM), intitulée Sources possibles de financement complémentaire pour le développement. Les sujets abordés ont été notamment la proposition de mécanisme de financement international, les DTS, la taxation et la coopération fiscale internationales. M. Palmason s'est attaché à situer le débat dans le contexte de la stratégie plus vaste à deux volets définie à Monterrey, soulignant la nécessité d'un équilibre de base entre politique intérieure, aide, commerce international et allègement de la dette. Il a aussi pris part à une conférence sur le rôle des OSC dans la prévention des conflits, où il a également été question des fonctions de l'aide au développement, ainsi qu'à une réunion d'information sur l'économie politique des conflits armés.

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Mouvements de personnel et changements au sein du FMI

  • Timothy Geithner, Directeur de PDR, quittera le FMI en novembre pour devenir Président de la Federal Reserve Bank de New York. M. Geithner est entré au FMI en 2001, après une carrière au Département du Trésor américain, où il a occupé divers postes, dont celui de Sous-Secrétaire aux affaires internationales. M. Horst Köhler, Directeur général du FMI, a indiqué que le successeur de M. Geithner serait désigné dans les meilleurs délais.

  • Shigemitsu Sugisaki, Directeur général adjoint du FMI, quittera son poste vers le début de l'année 2004. M. Sugisaki est entré au FMI en août 1994 en qualité de Conseiller spécial du Directeur général et est devenu en février 1997 Directeur général adjoint, avec un mandat initial de 5 ans. Son mandat a été reconduit en février 2002. Sa succession sera assurée par Takatoshi Kato, ressortissant japonais (voir annonce). Ce dernier, ancien Vice-Ministre des finances du Japon pour les affaires internationales est actuellement Conseiller du Président de la Banque de Tokyo-Mitsubishi et professeur invité à l'Université Waseda.

  • Le FMI a entrepris, à compter du 1er novembre, la consolidation de ses départements géographiques, dont le nombre sera ramené de six à cinq. Ce changement fait suite à une étude interne sur la façon de structurer et de gérer au mieux les départements géographiques. En particulier, compte tenu de l'évolution de la nature de ses fonctions, le département Europe II (EU2), qui regroupait les pays de l'ex-URSS, a été dissous. Sept des pays qui relevaient de EU2 sont passés sous la tutelle du département Europe I, rebaptisé Département Europe (EUR). Les huit autres pays qui relevaient auparavant de EU2 sont passés au Département Moyen-Orient (MED), qui a été rebaptisé Département Moyen-Orient et Asie centrale (MCD). Michael Deppler, qui était à la tête de EU1, est désormais Directeur de EUR. Le 1er septembre, Mohsin Khan, précédemment Directeur de l'Institut du FMI, est devenu Directeur associé de MED, et deviendra Directeur de MCD, lorsque son directeur actuel, George Abed, prendra sa retraite en décembre. John Odling-Smee, qui avait dirigé EU2 depuis sa création, a annoncé son intention de prendre sa retraite au début de 2004.

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Discours et allocutions

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Publications diverses (les hyperliens renvoient uniquement au texte en anglais)

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