Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Le financement du développement : la voie à suivre

le 18 avril 2015

  • Les objectifs de développement durable vont se substituer aux objectifs du Millénaire pour le développement cette année
  • Une portée plus large, mais aussi un coût plus élevé
  • Des capitaux privés seront nécessaires pour répondre aux besoins de financement

Alors que les Nations Unies s’apprêtent à adopter les nouveaux objectifs de développement durable (ODD) au cours des prochains mois, M. Min Zhu, Directeur général adjoint du FMI, a répondu aux craintes que ces objectifs ne soient trop ambitieux.

Le Directeur général adjoint du FMI M. Min Zhu s’entretient avec M. Florencio Barsana Abad des objectifs de développement durable pendant les Réunions de printemps (photo : FMI)

Le Directeur général adjoint du FMI M. Min Zhu s’entretient avec M. Florencio Barsana Abad des objectifs de développement durable pendant les Réunions de printemps (photo : FMI)

SÉMINAIRES EN MARGE DES RÉUNIONS DE PRINTEMPS

«J’en conviens : il n’est pas facile de se souvenir de la liste des 169 indicateurs et des 17 objectifs. Mais les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) étaient axés sur la réduction de la pauvreté, alors que les ODD vont bien au-delà, et couvrent un champ bien plus vaste lié à la croissance durable et la prospérité».

M. Zhu s’est exprimé au cours d’un débat portant sur la manière dont la communauté internationale pourrait financer ces nouveaux objectifs.

De nouveaux objectifs, de plus vaste portée et au coût plus élevé

M. Wu Hongbo, Sous-Secrétaire général des Nations Unies pour les affaires économiques et sociales, a expliqué que le nouveau programme de développement concernera l’ensemble des pays membres, riches et pauvres, pendant les 15 ans à venir. Mais il a admis qu’en raison de sa plus vaste portée, il aura un coût bien plus élevé que celui des OMD.

«Outre l’éradication de la pauvreté, ce travail couvrira les questions économiques, sociales et environnementales, aussi faudra-t-il un montant colossal de ressources financières pour le mener à bien».

M. Betrand Badré, Directeur financier de la Banque mondiale, a estimé que son coût se chiffrerait probablement en milliers de milliards, alors qu’actuellement, l’aide publique au développement se compte en milliards de dollars. Mais M. Badré a aussi fait observer qu’il peut y avoir là une occasion à saisir par le secteur privé, où il y a des milliers de milliards de dollars en quête de rendement.

M. Jeffrey Sachs, directeur de l’Earth Institute, a déclaré que tout plan de financement nécessitera l’implication du secteur privé car «les États occidentaux n’ont pas le sou», ajoutant toutefois que ce n’était pas tellement les questions d’argent qui le préoccupaient à ce stade.

«Nous avons besoin de nouvelles initiatives claires de sorte que les pays à faible revenu puissent atteindre les ODD se rapportant à la santé, à l’éducation ou à la faim. Nous n’avons rien de tel pour le moment. Nous n’avons pas sur la table d’initiatives précises en rapport avec les objectifs de développement durable».

Nécessité de définir des actions précises

M. Florencio Barsana Abad, Secrétaire au budget et à la gestion du gouvernement philippin, a indiqué que les ODD peuvent constituer «un véritable fourre-tout» et qu’il est indispensable, comme l’a dit M. Sachs, que des initiatives claires soient définies bien avant la Conférence internationale sur le financement du développement prévue à Addis-Ababa en juillet.

«Il faut que nous ayons défini des actions précises avant juillet. Nous ne pouvons pas simplement aller assister à cette conférence et espérer que tout le monde se satisfera de quelques platitudes. Il faut que nous ayons une idée du financement qui appuiera ces entreprises ambitieuses.»

Alors que M. Sachs et d’autres intervenants ont plaidé pour une réduction du nombre d’objectifs et indicateurs, M. Wu Hongbo a expliqué que ce sont les 193 pays membres de l’ONU qui ont sélectionné ces indicateurs comme moyen de résoudre les problèmes socioéconomiques persistants tels que les inégalités et la dégradation de l’environnement.

«Ce que nous essayons de faire, au lieu de travailler de manière cloisonnée dans différents domaines, c’est de traiter ensemble les trois aspects. Nous travaillons pour l’ensemble du monde et pour les générations futures».

Des financements à l’appui des objectifs

M. Min Zhu a suggéré qu’il serait possible de résoudre les problèmes de financement en complétant les engagements actuels des bailleurs de fonds avec des stratégies de mobilisation des ressources plus vastes, telles que les réformes des subventions et la taxe carbone, dont l’effet conjugué pourrait rapporter deux mille milliards de dollars. Le maintien d’une croissance vigoureuse contribuerait à sous-tendre des initiatives.

«Il existe donc un large bassin de ressources que nous pourrions exploiter, mais nous devons aussi développer le secteur financier et les marchés de capitaux de manière à pouvoir aussi faire usage des capitaux privés, dont le montant est bien plus important».

Jeffrey Sachs a reconnu que les capitaux privés pourraient beaucoup contribuer au financement des ODD et suggéré que l’on s’adresse aux plus fortunés du monde, qui ont les moyens de co-financer cette initiative.

«Il y a 1.826 milliardaires, dont la fortune représente 7.100 milliards. Des milliers de milliards! Comme je suis universitaire, je raisonne en termes de dotations qui financent nos établissements. S’ils allouaient 5 % de leurs actifs nets à une dotation en faveur des ODD, cela représenterait 355 milliards de dollars par an. C’est presque trois fois plus que le montant total de l’aide des États».

Mais M. Sufian Ahmed Beker, Ministre des finances de l’Éthiopie s’est empressé de signaler que jusqu’à ce que la Gates Foundation sorte son carnet de chèques, ce qui aiderait vraiment serait que les entreprises paient plus d’impôts. Il a indiqué qu’une augmentation du taux d’imposition le portant de 15 à 20 % aurait un effet déterminant sur la capacité de mobilisation des recettes intérieures de son pays.

L’ensemble des 17 objectifs de développement durable et les 169 indicateurs devraient être adoptés par l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2015.