Note d’information au public : Le Conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2010 au titre de l’article IV avec Haïti

le 23 août 2010

Les notes d'information au public (NIP) s’inscrivent dans le cadre des efforts que déploie le FMI pour promouvoir la transparence de ses prises de position et de son analyse de l’évolution et des politiques économiques. Les NIP sont diffusées avec le consentement des pays concernés, à l’issue de l’examen par le Conseil d’administration des rapports sur les consultations au titre de l’article IV avec les pays, de la surveillance de l’évolution économique à l’échelle régionale, du suivi post-programme et des évaluations ex post de la situation des pays membres où le FMI a appuyé des programmes sur une longue durée. Les NIP sont aussi diffusées à l’issue de l’examen des questions de politique générale par le Conseil d’administration, sauf si le Conseil en décide autrement. Le rapport des services du FMI (lisible en utilisant le logiciel gratuit Adobe Acrobat Reader) pour les consultations de 2010 au titre de l’article IV avec la France peut aussi être consulté.

Note d’information au public No 10/112
Le 6 août 2010

Le 21 juillet 2010, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l’article IV avec Haïti.1

Informations générales

Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a constitué un sérieux revers pour Haïti. Les progrès accomplis depuis 2004 en matière de stabilité macroéconomique, de reprise de la croissance et d’exécution de réformes fondamentales ont permis une annulation de dette au titre des initiatives PPTE et IADM en juin 2009 équivalant à 1,2 milliard de dollars EU. La croissance, alimentée par une production agricole et manufacturière plus ferme, a atteint 2,9% en 2009, l’un des taux les plus élevés de l’hémisphère occidental. L’inflation annuelle était pratiquement nulle en décembre sous l’effet de l’atténuation du choc des prix alimentaires et énergétiques internationaux. Des politiques budgétaires prudentes ont contribué à contenir le déficit (à l’exclusion des dons et des projets financés par l’extérieur) à 4,4% du PIB, tandis que le déficit du compte courant chutait à 3,2% du PIB (au lieu de 4,8% en 2008) grâce à la fermeté des exportations, le faible niveau des prix à l’importation et la bonne tenue des transferts des migrants.

Le tremblement de terre à causé des dégâts et des pertes sans précédent estimés à 120% du PIB de 2009. Plus de 225 000 personnes ont trouvé la mort et 300 000 ont été blessées. La plupart des ministères, des hôpitaux et des écoles de la région de Port-au-Prince ont été détruits. La situation humanitaire commence seulement à s’améliorer et 1,3 million de personnes vivent toujours dans des abris temporaires. Avant le tremblement de terre, Haïti était déjà le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental et se classait dans le quartile inférieur de l’indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Lors d’une conférence à haut niveau des donateurs à New York en mars, le gouvernement a présenté son Plan d’action pour le relèvement et le développement national pour reconstruire un Haïti meilleur. Le plan se propose de relever durablement la croissance à moyen terme et de réduire la pauvreté en créant des pôles décentralisés de croissance économique, en réduisant la vulnérabilité aux catastrophes naturelles, en améliorant l’accès aux services sociaux de base et en renforçant les institutions de l’État. Les donateurs ont généreusement engagé 9,9 milliards de dollars EU pour étayer la reconstruction d’Haïti, dont 5,3 milliards de dollars EU doivent être décaissés dans les 18 mois qui viennent. Bien que jusqu’à présent les décaissements réels aient été lents, l’aide extérieure liée à la reconstruction pourrait tripler en part du PIB au cours des 3 à 5 années à venir.

La reprise de l’activité économique, tirée par un rebond de l’agriculture, du bâtiment (y compris l’enlèvement des gravats) et de l’industrie manufacturière textile, a ralenti le recul du PIB (projeté à 8,5% pour l’exercice qui se termine en septembre 2010). L’inflation en glissement annuel a atteint 6,4% en mai, ce qui correspond à une progression projetée de 8,5% pour l’année. La gourde est restée dans l’ensemble stable depuis la fin de janvier, la BRH ayant intensifié ses achats nets de devises. À la fin de mai, les réserves internationales nettes s’étaient hissées à 646 millions de dollars EU (au lieu de 402 millions de dollars EU à la fin de décembre). La lenteur des décaissements du soutien budgétaire a été compensée par une reprise du recouvrement des recettes depuis janvier et par le niveau réduit des dépenses. Pour autant, les dépenses prioritaires relatives au relogement des familles, à l’éducation, à l’énergie et à l’infrastructure des transports devraient reprendre dans les mois qui viennent. Pour maintenir la stabilité du secteur financier et relancer le crédit, la banque centrale est en train de lancer un fonds de garantie partielle du crédit avec le soutien technique du FMI et de la Banque mondiale.

Évaluation du Conseil d’administration

Les administrateurs notent que le tremblement de terre a constitué un coup dur pour Haïti après plusieurs années d’amélioration des résultats économiques. Les administrateurs félicitent les autorités d’avoir rapidement rétabli les fonctions de base de l’État et d’avoir maintenu de saines politiques dans les conditions très difficiles qui ont suivi le tremblement de terre. Ils applaudissent la reprise économique naissante et soulignent qu’il sera crucial pour une croissance durable que les ressources engagées par les donateurs soient rapidement décaissées pour assurer la reconstruction et la mise en œuvre ininterrompue du programme économique.

Les administrateurs louent la résolution des autorités à reconstruire un Haïti meilleur après le tremblement de terre. Ils accueillent favorablement le Plan d’action pour le relèvement et le développement national et sont d’accord que les priorités définies dans le Plan devraient guider le processus de reconstruction. Ils font aussi remarquer que, compte tenu des graves contraintes en matière de capacités, une étroite coordination des activités de reconstruction par la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti sera nécessaire pour la réussite du Plan d’action.

Les administrateurs conviennent qu’il est essentiel d’obtenir auprès des donateurs un soutien budgétaire adéquat pour être en mesure de financer les programmes prioritaires. Ils se déclarent satisfaits que les autorités soient déterminées à renforcer davantage la gestion des recettes et à réformer la taxation interne pour doper les recettes fiscales. Ils sont aussi heureux des efforts déployés par les autorités pour hiérarchiser et aligner les dépenses sur les priorités de la reconstruction et pour améliorer le suivi et la communication des données sur les dépenses publiques.

Les administrateurs soulignent qu'il serait indispensable d'apporter de nouvelles améliorations au cadre des opérations monétaires pour accroître l'efficacité de la politique monétaire. Ils se déclarent satisfaits que les autorités aient l’intention d'accélérer la réforme des enchères de devises, d'introduire des bons du Trésor et de recapitaliser la banque centrale. Ils notent aussi que, de l'avis des services du FMI, le taux de change est généralement conforme aux données fondamentales de l'économie et ils font remarquer qu'une plus grande souplesse du taux de change facilitera l'absorption des flux d'aide tout en évitant des pressions inflationnistes.

Les administrateurs estiment qu'il est nécessaire d'améliorer de façon suivie le climat des affaires et la gouvernance pour stimuler l'investissement et le crédit privé, réduire les goulets d'étranglement du côté de l'offre et développer la base d'exportation. Ils voient dans la mise en place du fonds de garantie partielle du crédit une étape importante pour le redémarrage de l'activité dans le secteur privé et ils notent que, pour mener à bien la décentralisation de l'activité économique, des partenariats solides avec le secteur privé seront nécessaires.

Les administrateurs sont convenus que le nouveau programme triennal soutenu par la FEC offre un ancrage important à la politique économique des autorités et au soutien des donateurs dans le contexte du processus de reconstruction. Ce programme prévoit un ensemble cohérent de politiques macroéconomiques qui contribueront à la réalisation des objectifs des autorités en matière de reconstruction et de croissance, notamment en lissant l'impact sur l'économie des importants flux d'aide attendus. Il est soutenu par une stratégie d'assistance technique à moyen terme d’envergure, centrée sur le renforcement des institutions publiques.

Les administrateurs sont d’accord qu'Haïti remplit les critères d'admissibilité pour bénéficier d'un allégement de l'encours de sa dette dans le cadre du Fonds fiduciaire pour l'allégement de la dette après une catastrophe (ADAC). Ils notent que l'allégement de dette consenti par le FMI et d'autres créanciers libérerait des ressources essentielles pour alléger les besoins de financement au titre de la balance des paiements prolongés d'Haïti, qui ont été amplifiés par le tremblement de terre. Étant donné la persistance des risques de surendettement du pays, les administrateurs soulignent que ses futurs besoins de financement devraient être couverts principalement par des dons et des financements hautement concessionnels.

 
  2006/07 2007/08 2008/09 2009/10
        (proj.)
 

 

 

 

 

 

(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Économie intérieure

       

PIB à prix constants

3,3 0,8 2,9 -8,5

Prix à la consommation (fin de période)

7,9 19,8 -4,7 8,5

Investissement intérieur brut (en pourcentage du PIB)

25,0 26,0 23,4 23,9

Épargne nationale brute (en pourcentage du PIB)

24,8 21,5 20,2 21,7
         
(En pourcentage du PIB)        

Finances publiques

       

Solde global de l'administration centrale (dons compris)

0,2 -3,1 -4,4 -2,9

Solde global de l'administration centrale (dons non compris)

-5,0 -7,5 -11,1 -17,3

Épargne du secteur public

3,2 1,4 1,2 2,2
         
(Variation, en pourcentage de la masse monétaire en début de période)        

Monnaie et crédit

       

Avoirs intérieurs nets

-1,2 3,7 8,5 7,6

Crédit au secteur public (net)

-1,9 -7,2 3,6 -5,2

Crédit au secteur privé

3,9 9,6 5,9 -3,2

Masse monétaire au sens large (y compris dépôts en devises)

4,8 17,7 11,0 11,4
         
(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)        

Secteur extérieur

       

Exportations (f.à.b.)

5,7 -6,2 12,4 -12,1

Importations (f.à.b.)

4,5 30,2 -3,3 15,5

Solde courant (y compris dons officiels, en pourcentage du PIB)

-0,3 -4,5 -3,2 -2,1

Solde courant (dons officiels non compris, en pourcentage du PIB)

-6,9 -11,7 -10,6 -28,7

Dette publique extérieure (fin de période, en pourcentage du PIB)

25,6 29,5 16,6 22,0

Service de la dette publique extérieure (en pourcentage des exportations de biens et de services hors revenus des facteurs)

8,3 8,2 3,9 3,1

Réserves internationales nettes (en millions de dollars EU) 1/

290,4 313,6 438,6 300,5

Réserves brutes liquides (en millions de dollars EU) 2/

544,7 707,8 947,5 1076,2

En mois d'importations de l'année suivante

2,3 2,9 2,9 3,1

Taux de change effectif réel (appréciation +)

15,3 2,9 1,0
         
 

Sources : Ministère de l'économie et des finances; Banque de la République d'Haïti; et estimations des services du FMI.


1/ Ne comprend pas les dépôts en devises des banques commerciales auprès de la BRH.

2/ Réserves brutes hors contributions au capital des organisations internationales.

 

Haïti : principaux indicateurs économiques et financiers

 
  2006/07 2007/08 2008/09 2009/10
        (proj.)
 

 

 

 

 

 

(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Économie intérieure

       

PIB à prix constants

3,3 0,8 2,9 -8,5

Prix à la consommation (fin de période)

7,9 19,8 -4,7 8,5

Investissement intérieur brut (en pourcentage du PIB)

25,0 26,0 23,4 23,9

Épargne nationale brute (en pourcentage du PIB)

24,8 21,5 20,2 21,7
         
(En pourcentage du PIB)        

Finances publiques

       

Solde global de l'administration centrale (dons compris)

0,2 -3,1 -4,4 -2,9

Solde global de l'administration centrale (dons non compris)

-5,0 -7,5 -11,1 -17,3

Épargne du secteur public

3,2 1,4 1,2 2,2
         
(Variation, en pourcentage de la masse monétaire en début de période)        

Monnaie et crédit

       

Avoirs intérieurs nets

-1,2 3,7 8,5 7,6

Crédit au secteur public (net)

-1,9 -7,2 3,6 -5,2

Crédit au secteur privé

3,9 9,6 5,9 -3,2

Masse monétaire au sens large (y compris dépôts en devises)

4,8 17,7 11,0 11,4
         
(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)        

Secteur extérieur

       

Exportations (f.à.b.)

5,7 -6,2 12,4 -12,1

Importations (f.à.b.)

4,5 30,2 -3,3 15,5

Solde courant (y compris dons officiels, en pourcentage du PIB)

-0,3 -4,5 -3,2 -2,1

Solde courant (dons officiels non compris, en pourcentage du PIB)

-6,9 -11,7 -10,6 -28,7

Dette publique extérieure (fin de période, en pourcentage du PIB)

25,6 29,5 16,6 22,0

Service de la dette publique extérieure (en pourcentage des exportations de biens et de services hors revenus des facteurs)

8,3 8,2 3,9 3,1

Réserves internationales nettes (en millions de dollars EU) 1/

290,4 313,6 438,6 300,5

Réserves brutes liquides (en millions de dollars EU) 2/

544,7 707,8 947,5 1076,2

En mois d'importations de l'année suivante

2,3 2,9 2,9 3,1

Taux de change effectif réel (appréciation +)

15,3 2,9 1,0
         
 

Sources : Ministère de l'économie et des finances; Banque de la République d'Haïti; et estimations des services du FMI.


1/ Ne comprend pas les dépôts en devises des banques commerciales auprès de la BRH.

2/ Réserves brutes hors contributions au capital des organisations internationales.

 

1 Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, en général tous les ans, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des informations économiques et financières et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui est soumis à l’examen du Conseil d’administration. À l’issue de cet examen, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d’administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. Les termes convenus qui sont utilisés dans les résumés sont expliqués à l’adresse http://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm.




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